Les dernières élections du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) qui se sont déroulées le samedi 8 juin 2013, confirment le leadership des Franco-Marocains et l'officialisation de la prédominance de la marque marocaine de l'islam de France en dépit de l'abstention des deux grandes mosquées d'Evry et de St Etienne tenues par des marocains.
Le résultat de ces élections a été le suivant : le RMF (rassemblement des musulmans de France , d'obédience Marocaine) = 25, FNGMP( fédérations de la Grande mosquée de Paris, d'obédience Algérienne )= 8
CCMTF (coordination des musulmans turcs) = 7, UOIF (union des organisations musulmanes de France = 2, Divers (2).
Les élections ont mobilisé 3.460 délégués, soit 77% des inscrits, désignés par 901 mosquées. Ceci, malgré le mot d'ordre de boycott lancé par l'union des organisations islamiques de France (UOIF) considérée comme le prolongement du mouvement des frères musulmans en Europe et financée par certains pays du Golfe.
L'UOIF, entre tentations hégémoniques et mauvaise foi
Pourtant, l'UOIF avait validé les récentes réformes statutaires et le calendrier électoral du CFCM, ce qui ne l'a pas empêché à deux jours de la tenue du scrutin de tenter un coup de chantage et d'appeler au boycott du scrutin. Car, les ''frères'' de l'UOIF ont vite compris qu'ils ne pouvaient avoir le résultat électoral qui pourra leur permettre de jouer le rôle politique qu'ils convoitent au sein de l'organisation du culte musulman.
Dans cette affaire, on est loin de la spiritualité et des vœux pieux de servir Dieu et les musulmans de France. L'UOIF fidèle à ses objectifs politiques et à la doctrine des frères musulmans, vise à faire main basse sur l'islam de France.
La sagesse des marocains du RMF
De son côté, la fédération de la grande mosquée de Paris, vient de réintégrer le CFCM, qu'elle avait quitté, par orgueil, lors des précédentes élections qui ont consacré le marocain Mohammed Moussaoui Président de cette institution. Il faut bien préciser, que malgré la prédominance des marocains au sein du nouveau conseil d'administration, qui se réunira le 23 juin prochain, le futur président du CFCM sera Dalil Boubakeur président de la fédération de la grande mosquée de Paris (d'obédience algérienne), pendant une période de deux ans sur un mandat de 6 ans, ceci, conformément à la réforme des statuts qui prévoient une gouvernance collégiale tournante au profit des fédérations qui composent le CFCM. Une concession cédée par les marocains pour préserver dans une large mesure l'unité des composantes musulmanes au sein du CFCM.
L'islam de France sera d'inspiration marocaine
Ces derniers résultats électoraux qui font voter les mosquées de France, peuvent avoir beaucoup d'enseignements: l'organisation de l'islam de France, connait ses propres limites dans la recherche du consensus large.
- Il faudra se résigner à construire l'islam de France, sans sa frange intégriste avec ses velléité politiques, mais bien avec sa composante majoritaire et sa conception essentiellement spirituelle et morale de la pratique de l'islam.
- Il faudra observer dans la durée cette alliance salutaire entre marocains et algériens au sein du CFCM.
- Ces derniers résultats, confirment une progression marocaine dans la gestion du culte musulman en France. Une progression qui se fait en douceur et dans la discrétion : une attitude proche de la vision laïque de l'exercice du culte.
- La capacité des responsables musulmans marocains à gérer et à construire dans la concertation, le rassemblement autour du projet de la construction d'une instance représentative de l'islam de France.
- L'islam malékite et modéré, tel qu'il a été pratiqué au Maroc, et qui, à travers des siècles a fait preuve de tolérance en matière de coexistence pacifique avec les chrétiens et les juifs, est le mieux qualifié aujourd'hui pour inspirer et favoriser l'émergence d'un islam français compatible avec les exigences des principes de laïcité de la République Française et du vivre ensemble.