Notre parti, c’est bien le Maroc

Le discours royal du 20 août est vertueux. Il porte l'espoir et l'espérance, deux vertus qui semblent avoir été rongées par l'incurie d'une classe politique, portée « à la polémique stérile et détestable qui n'est d'aucune utilité ». Ce discours, imprégné de franchise et d'à-propos, est plus qu'une remontrance. C'est un appel à la mobilisation et à l'action.

 I- Dans l'ordre politique, éthique et institutionnel national, le discours royal occupe une place spécifique avec un impact évident. Il est mobilisateur, conciliateur et programmatique. C'est l'un des éléments constitutifs de cette « symbiotique entre le Trône et le peuple » qui a forgé l'histoire du Maroc moderne. Ce fut le cas du discours prononcé par feu Mohamed V à Tanger en 1947 en un moment clef de l'histoire de la lutte pour l'indépendance nationale. Son impact sur l'agenda et les projets belliqueux de l'administration coloniale fut immédiat, n'en déplaise au résident général, le Général Alphonse Juin, qui s'acharna à multiplier les restrictions et les intimidations pour faire fléchir le souverain. La déportation du sultan et de sa famille en 1954, sur ordre du général Augustin Guillaume, n'eut pour effet que de renforcer l'union et la cohésion du mouvement nationaliste et du peuple marocain derrière la Monarchie.

Le discours de feu Hassan II d'Agadir, prononcé le 5 novembre 1975, est imbibé de cette vertu qui permet au « dire » de rencontrer la décision. Feu Hassan II prend en cette année 1975 une résolution historique – la Marche Verte- placée sous le signe de la foi, du patriotisme et de l'action. C'est un verset coranique cité par le Roi en ouverture de son allocution qui précise la philosophie de cette résolution et lui donne tout son sens : "Quand vous décidez quelque chose, il faut le réaliser avec la protection de Dieu". 350 000 marocains, de tous bords et de toutes appartenances, répondent alors présents à l'Appel de la « Marche Verte ». Cette œuvre patriotique commune, qui s'était donné pour but la libération d'une terre marocaine du joug colonial espagnol, permit au Maroc de récupérer ses provinces du sud et ainsi retrouver sa profondeur saharienne brisée par la seule volonté d'un colonialisme rompant.

 

Ces deux discours témoignent au fond d'une capacité exceptionnelle, celle de concilier le « dire et le faire », l'acte et la parole, de rapprocher la décision de la réalisation, qui a fait une fois de plus ses preuves le 09 mars 2011 en pleine « tempête arabe ».

Les discours de SM le Roi Mohammed VI appartiennent à cette veine. Ils sont marqués du sceau de ce verset coranique : "Quand vous décidez quelque chose il faut le réaliser avec la protection de Dieu ». Ils inspirent la confiance, autre élément clef de la « symbiotique entre le Trône et le peuple », dont parle SM le Roi dans son discours du 20 août, et qui constitue la pierre angulaire de la « Révolution du Roi et du Peuple » dont le pays fête cette année le 60ème anniversaire.

II- Porteur d'espoir et d'espérance, le discours du 20 août est transcendant. Il fait sans concession le diagnostic d'une situation politique, sociale, économique et éducative critique et de moins en moins lisible, mais, en même temps, ouvre des horizons nouveaux.

Cette situation est troublante et difficile à évaluer. Mais, le fait est que tous les indices sont alarmants. Le plus inquiétant, c'est qu'un an et demi d'exercice de pouvoir a suffi à la majorité actuelle pour épuiser tout un capital de confiance, cumulé durant des années. Les acquis politiques et institutionnels, fruits d'une dynamique de réformes, se trouvent aujourd'hui en balance. Des chapitres entiers de la Constitution de 2011 sont toujours en congélation. Les principes juridiques et moraux qu'elle consacre relèvent à ce jour du domaine du vœu pieu.

Le discours royal du 20 août a donc le mérite de rappeler cette réalité et d'alerter la classe politique sur les travers de son inaction et les conséquences de son incurie sur l'avenir du pays et de sa jeunesse. Et ce n'est que justice, car cette jeunesse est inquiète et l'avenir ne peut attendre, il se prépare ; « On n'attend pas l'avenir comme on attend un train : on le fait » (Georges Bernanos).

III- Il n'y a pas aujourd'hui plus essentiel que de rappeler à la classe politique son devoir et ses responsabilités. Il n'y a pas plus mobilisateur, en cette période incertaine, qu'un discours franc adressé à un pays qui commence à douter et désespérer de ses élites politiques. Le discours du 20 août est, à ce titre, plus qu'un rappel à l'ordre. C'est un appel à la mobilisation lancé à l'adresse de la nation marocaine pour qu'elle garde espoir et pour qu'elle s'implique plus en avant dans une vraie révolution qui se fixe pour point de mire le développement humain et le progrès économique et social.

Cette révolution contre la précarité et l'ignorance, à laquelle invite le discours du 20 août, est particulière. Elle ne peut-être ni le fait d'un parti ou d'une majorité exclusive, ni l'apanage d'une classe politique et sociale donnée, mais l'affaire de tous. Aucun domaine ne doit échapper à sa vigilance ou être exclu de son champ d'action ; tant de domaines connaissent les carences les plus insidieuses et nécessitent de l'Etat, au même titre que l'enseignement et la formation, un intérêt soutenu et efficient.

Cette révolution doit-être, surtout, élevée au rang d'une cause nationale et accomplie sous une seule bannière. Cette bannière, le souverain l'a désignée et s'est rangé sous sa houlette le 20 août lorsqu'Il affirma : « Le seul parti auquel Je suis fier d'appartenir, Grâces en soient rendues à Dieu, c'est bien le Maroc ». Y a-t-il aujourd'hui honneur plus grand que celui d'adhérer à ce parti et de se ranger sous cette bannière ?
Y a-t-il fierté plus grande que de clamer haut et fort que « Notre parti, c'est bien le Maroc » ?

Que Dieu bénisse cette bannière et protège à jamais ce pays.

Dr Mohammed Mraizika
(Chercheur en Sciences Sociales, directeur du CIIRI-Paris)

SG au JT de 2m: spécial programmation de la journée internationale des migrants

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