La Catalogne est une destinée ancienne pour les Marocains qui y sont depuis plusieurs générations. Pourtant, malgré la proximité culturelle et historique avec le Maroc, il y a depuis quelques années un malaise dans la coexistence entre les Catalans et les Marocains de Catalogne parce que nous nous méconnaissons encore.
Adolescente, j'ai eu la chance de me muer au sein de la jeunesse nationaliste catalane et son idée de construire la Catalogne (Catalunya). Grâce à cette expérience, j'ai découvert combien la politique et le militantisme étaient importants...et à portée de main. Particulièrement depuis mon engagement au sein du parti « Convergence et Union » dont le fondateur, Jordi Pujol, l'un des premiers à évoquer la question migratoire en Catalogne en affirmant: « est catalan celui qui vit en catalogne ».
Bien que la communauté marocaine de Catalogne ait créé un vaste réseau d'associations, cela laisse hélas largement à désirer, car ce réseau s'est essentiellement concentré sur la culture folklorique et la religion en faisant fi de la diversité sociale et culturelle et l'évolution de la société marocaine. Ce qui a abouti à des associations qui, et cela est paradoxal, actuellement renforcent une « certaine » ségrégation de la communauté marocaine.
Il est temps semble-t-il de créer de nouvelles dynamiques relationnelles de pensée particulièrement chez les jeunes dans la mesure où les jeunes sont les premières victimes d'associations qui méconnaissent leurs problèmes. Ajoutés à cela les dégâts que cause la crise économique mondiale actuelle. Avec 78% d'échec scolaire cela fait de facto de cette catégorie le groupe de migrants les plus touchés par le chômage. Autre indicateur inquiétant : 62% des jeunes ayant des problèmes avec la justice sont d'origine marocaine.
Tout ceci pour dire que face à la complexité de cette situation et aux défis auxquels doivent faire face les Catalans d'origine marocaine, le tissu associatif en Catalogne n'est guère efficace.
Les principaux partenaires restent les représentations diplomatiques du Maroc qui constituent le maillon essentiel entre la jeunesse maroco-catalane et le Maroc. C'est pour cela, qu'il faudrait encourager les organisations et les associations à mettre en valeur une société marocaine plus ouverte et moderne afin que cette communauté ne soit pas stigmatisée.
Car, le Maroc, ne se résume pas seulement en une religion, mais aussi une histoire, une culture avec ses écrivains, ses musiciens, ses artistes...C'est pourquoi c'est devenu "un combat" que je mène en tant que médiatrice d'intégration socioculturelle à propos des problèmes de coexistence, la création d'espaces de dialogue et de compréhension mutuelle. L'idée étant de concevoir une société où tous trouvent leur place et peuvent vivre en harmonie. Mon but ultime est de faire connaître la réalité de la société aux autorités et aux institutions espagnoles parce que l'on ne peut pas faire des lois sans prendre en compte leurs conséquences sociales sur les femmes et les hommes.
Il ne peut y avoir de développement social sans la structure et la dynamique citoyenne. C'est la raison pour laquelle la participation civique me paraît essentielle, car c'est la meilleure façon de résoudre les vrais problèmes de la société.
Hanane SERROUKH
*Jordi Pujol, fondateur de "Convergence et Union »