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La marche des beurs, 30 ans après...

Le 15 octobre 1983 une quinzaine de jeunes maghrébins, issus de l'immigration partent de Marseille pour sillonner la France, dans une marche contre le racisme et pour l'égalité des droits. Au fur et à mesure que les marcheurs avançaient, les comités de soutien et d'accueil dans les villes se multipliaient et les cortèges s'élargissaient. La France ouvrait ses bras pour accueillir ses nouveaux enfants dans un élan de solidarité et de fraternité. C'était l'expression forte de la deuxième génération de l'immigration post coloniale, pour dire simplement: "nous faisons partie de cette société nous refusons la violence et le racisme".

Deux mois plus tard, et après avoir parcouru un millier de kilomètres, la marche des ''beurs'' a été accueillie par plus de 100 000 personnes à Paris: ils ont réussi à créer un véritable fait de société en signant l'acte fondateur d'un mouvement social et politique des jeunes issus de l'immigration.

François Mitterrand, le premier président socialiste de la Vème République est sorti accueillir les marcheurs pour annoncer la généralisation de la carte de résident de 10 ans. Mais, au delà de cette avancée symbolique, c'est la reconnaissance officielle de la République de ses enfants naturels. Ses nouveaux enfants, et ses nouveaux visages qui saisissent le succès et l'opportunité offerte pour réclamer leurs droits de citoyens nés ici...en France, berceau de la Déclaration Universelle des droits de l'Homme et du Citoyen.

La marche est finie, les marcheurs, eux, sont rentrés chez eux auprès de leurs familles et dans leurs quartiers, n'étant ni prêts ni préparés à gérer un tel succès et sa continuité. D'autres personnes plus avisées ont su se saisir de cet élan populaire anti-raciste pour créer Sos-Racisme,cette grande organisation qui a su mener des actions médiatiques anti-racistes, développer un discours et maintenir une mobilisation sur l'ensemble du territoire national à travers ses comités locaux de SOS, des milliers de français arboraient la petite main ''touche pas à mon pote'' afin de manifester publiquement leur refus du racisme.

Des jeunes d'autres pays d'Europe se sont inspirés de l'expérience française et de l'impact médiatique de sos-racisme, en créant des comités de SOS racisme.

Trente ans après, je ne pense pas que les effets de ce mouvement ont été vains, malgré ce que l'on pourrait lire ou entendre de la bouche même, quelque peu amère, de certains marcheurs. Car, cette marche a donné le goût à beaucoup de jeunes de s'engager civiquement et politiquement dans la vie de leurs cités. La France compte aujourd'hui des milliers d'élus locaux issus de l'immigration; beaucoup ont pu poursuivre des études brillantes pour entreprendre ou occuper des postes de responsabilité dans le privé et dans le public. La marche vers l'intégration, même si des fois peine et trébuche, ne s'est jamais arrêtée.

Il n'en demeure pas moins, qu'aujourd'hui, nous sommes en droit de se poser la question du ''retour d'une France raciste'' comme cela a été fustigé par le journaliste Harry Roselmack, dans une tribune publiée dans ''le Monde'', dans laquelle il parle d'une France dont les valeurs sont mises à mal par une société de plus en plus raciste; un article où il exprime sa colère suite aux insultes racistes à l'encontre de la ministre Christiane Taubira. Ce journaliste vedette de la télévision, fait référence à sa peau noire et aux insultes racistes dans une phrase symboliquement forte: "me voilà ramené à ma condition de nègre", il termine son article par les propos suivants :"tant que l'on laissera ces peaux de Banania traîner dans nos cerveaux, des glissades et dérapages vers l'injure raciste sont à craindre. Surtout par les temps qui courent, avec cette crise qui alimente la xénophobie".

D'autres voix s'élèvent pour dénoncer la montée du racisme en France, le dernier en date étant le Président de la République, François Hollande, qui a appelé à la plus grande fermeté et qui pourrait se saisir de la commémoration centenaire de la 1ère guerre mondiale pour rappeler les valeurs de la France.

La France a peut être besoin d'un électrochoc, d'un sursaut pour se ressaisir !

Hamid Soussany*

(*membre du comité d'accueil de la marche à Strasbourg et ancien membre du premier conseil national de sos-racisme au congrès d'Epinay en 1986)

 

SG au JT de 2m: spécial programmation de la journée internationale des migrants

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