La journée internationale de la femme, célèbre, au delà des frontières le combat des femmes pour l'égalité, la justice et dans certains cas le droit tout simplement à la dignité humaine. Bien entendu les avancées en matière des droits des femmes se situent à différents degrés selon les pays et selon les continents avec des variations sociales, économiques et culturelles qui jouent un rôle de facteurs déterminants dans l'évolution des Droits de l'homme en général et ceux des femmes en particulier.
La semaine qui vient de s'écouler, qui précède donc la journée du 8 Mars, aura été marquée par trois faits divers, qui témoignent de la violence faite aux femmes dans notre société, qui ne peuvent que susciter notre colère et notre indignation :
Fatima et le supplice d'un viol de trois ans
Il y'a eu l'histoire de Fatima, jeune femme de 34 ans de la campagne de Taounat qui, pendant 3 ans, a subi le viol et les agressions de son bourreau, et malgré ses plaintes à répétition auprès de la Gendarmerie sont restées lettres mortes.Et, ne supportant plus l'affront et les humiliations d'être violée à son domicile en présence de son père, vieux et malade, au domicile familial, s'est résignée à se défendre toute seule et à se débarrasser de son bourreau en le tuant à coups de hache .
Fatima vient d'être condamnée à 10 ans de prison pour assassinat.
Zahra accouche par terre devant les portes closes du dispensaire de Debdou
Originaire de Douar Beni Fachat, dans la province de Taourirt, Zahra a du parcourir 40 km avec son mari, à bord d'un pick-up, car le président de la commune aurait refusé d'accorder le transport dans une ambulance. Arrivée devant les portes closes du dispensaire en milieu d'après-midi, Zahra n'a eu d'autre choix que de donner naissance à son bébé sur le trottoir, aidée par des femmes qui passaient par là.
Violence et agression physique dans les rues de Casablanca
Depuis quelques jours une vidéo amateur prise apparemment d'un café, en plein centre de Casablanca, montre une jeune fille trainée par terre, tirée par les cheveux, par un "homme" ou plutôt ce qui ressemble à un homme. La scène dure quelques secondes, la jeune fille crie ''au secours'' '' au voleur'', avec autour plusieurs passants, que je n'ose pas appeler ''hommes'' regardant le spectacle sans réagir, l'agresseur ne lâche prise qu'après avoir arraché le sac de sa victime.
Trois scènes de violences de différentes natures faites aux femmes et à chaque fois, c'est ce qui ressemble à ''l'homme'' qui en est l'auteur ou le responsable direct.
Je vous laisse imaginer les scènes de violences non filmées, notamment les violences conjugales qui s'accomplissent entre quatre murs, à l'abri des regards dont sont victimes notamment des femmes démunies dans nos quartiers populaires et nos campagnes obscures, dans un silence coupable.
La Journée internationale de la femme est aussi l'occasion de marquer un arrêt pour faire le bilan du progrès accompli, bien que la société marocaine ne soit pas à la traine par rapport aux sociétés qui relèvent de son environnement naturel. Car, il n'en demeure pas moins que devant tant de violence qui persiste encore, cette journée internationale de la femme doit être aussi et surtout la journée de la colère contre les violences faites aux femmes.
Hamid Soussany