C'est aujourd'hui que les 44 millions d'électeurs français éliront les 74 députés sur les 751 qui siègeront au Parlement de Strasbourg, ce même parlement élira pour la première fois le Président de la commission européenne qui est en fait l'exécutif de l'Union Européenne.
Les sondages prédisent une abstention massive qui avoisinerait les 60%. Cependant, cette défiance à l'égard du scrutin européen ne date pas d'aujourd'hui, en 2009 l'abstention avait atteint 59,4%. S'agissant des intentions de vote, une première est annoncée à répétition: le front national est donné en premier avec des intentions de vote qui varient entre 23 et 26% talonné par l'UMP aux alentours des 22% et loin derrière le PS entre 16 et 17%.
Bien entendu que cette hypothèse est calamiteuse pour l'image de la France dans le monde mais c'est aussi l'expression d'un désaveu d'une partie importante des électeurs à l'égard de la classe politique française. Le PS est à l'épreuve de l'usure du pouvoir et des difficultés à surmonter ''rapidement'' la crise, mais il faut bien dire ici que beaucoup d'électeurs 'aisés'', propriétaires de leur logement dont mari et femme travaillent, des gens qui ne souffrent aucunement de la crise votent front national. Il existe une radicalisation de l'opinion française en faveur de l'extrême droite.
Schengen en ligne de mire
L'espace Schengen est aussi un accord d'abolition des frontières et de libre circulation des 26 Etats de l'union, avec le renforcement des contrôles des frontières extérieures. La question de l'abandon des accords de Schengen a pris une importance particulière dans la campagne européenne. Le front national ( extrême droite) par la voix de sa présidente réclame la sortie de l'espace Schengen en dénonçant le caractère ''passoir'' des frontières de l'Union au profit de l'immigration clandestine et des trafics criminels'' - "on rentre en Europe comme dans un moulin" disait-elle-. Sur ce sujet, la droite classique a rejoint l'extrême droite, Dans sa dernière tribune, l'ancien président français, Nicolas Sarkozy a réclamé la suspension de Schengen : ''ll faut suspendre immédiatement Schengen 1 et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu'après avoir préalablement adopté une même politique d'immigration", écrit l'ancien chef d'Etat. Les drames de Lampedusa, les polémiques autour des Roms sont autant de facteurs qui remettent en cause l'idée même de l'accord Schengen, signé en 1990 et entré en vigueur en 1995. Il y a quelque années, on parlait du ''plombier polonais'' qui viendrait concurrencer sur le marché du travail, aujourd'hui c'est la peur du travailleur bulgare et roumain qui refait surface, puisque depuis le 1er janvier 2014 les ressortissants bulgares et roumains sont libres d'aller travailler dans l'espace Schengen sans autorisation de travail.
Ceci dit ce n'est qu'à la fin du scrutin qu'on compte les voix et les sondeurs peuvent se tromper. Geert Wilders, leader du Parti pour la Liberté (extrême droite hollandaise) donné vainqueur tout au long de la campagne est arrivé finalement en 4ème position et n'a obtenu que 3 sièges perdant ainsi 2 sièges, ce qui est une bonne nouvelle dans ce marasme ambiant.
Hamid Soussany