Au festival Twiza d’Amsterdam, l’appellation « Les Marocains du Monde », nouvelle, mieux en conformité avec la réalité d’aujourd’hui s’impose de plus en plus au détriment de communauté marocaine ou résidents marocains à l’étranger qui renvoient à un autre âge.
Pendant trois jours, les 7, 8 et 9 juin 2014, les Marocains des Pays-Bas ont vécu à Amsterdam aux rythmes amazighs, mais aussi, à l’occasion, arabes, trois jours que la bête de scène qu’est Najat Atabou a clôturés en enflammant un public, une dizaine de milliers, qui n’attendait qu’à faire vibrer ses ailes aux sons de ses racines. Organisé par le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger en collaboration avec des associations des Marocains de Hollande (Argan et Marmoucha), le premier festival "Twiza" pour la culture Amazigh a fait quelque chose que peu de gens ont retenu, la mise en œuvre des dispositions de la constitution de 2011 qui a redonné à la part berbère du Royaume toute la place qui lui revenait de jurée et aujourd’hui de droit. Il va de soi que dans une rencontre de ce genre on ne pouvait qu’emprunter les passages obligés. Des chercheurs dans les domaines de l'immigration et de la culture amazighe ont donc débattu de la situation de la culture berbère aux Pays-Bas. Débats contradictoires où l’on se jette mutuellement les responsabilités pour finir par laisser penser que nous sommes tous responsables. Débat contradictoire, parfois frontal, souvent virulent mais toujours utile. Une façon, pour reprendre le propos d’un intervenant de « célébrer l'Amazigh en tant qu'affluent principal de l'identité marocaine et une facette de son identité plurielle. » Un air de déjà entendu qui va sans dire mais qui va mieux en le disant.
Un autre débat tout aussi passage obligé mais tout aussi intéressant : la politique marocaine dans le domaine de la migration, ce qui se fit non sans une vague confusion avec la participation des Marocains du Monde à la vie nationale. Le panel composé de ténors et de moins ténors de la majorité et de l’opposition allait se trouver en décalage avec une assistance très nombreuse venue parler d’autres choses, ses préoccupations personnelles, que de ce que les politiques du Maroc voulaient lui raconter. Membres du gouvernement, de la majorité ou de l’opposition, chacun vendait les produits de sa chapelle avec toutefois mention assez bien pour Hakim Benchemas, président du groupe PAM à la chambre des représentants, qui a fait une approche sociologique construite, des mutations générationnelles et socioprofessionnelles que connaissent les Marocains du Monde. Les Marocains du Monde précisément, une nouvelle appellation mieux en conformité avec la réalité d’aujourd’hui et qui s’impose de plus en plus au détriment de communauté marocaine ou résidents marocains à l’étranger qui renvoient à un autre âge. On retiendra également qu’au Maroc il y a plusieurs intervenants dans ce domaine et peu de coordination et de suivi.
Sinon il y a eu le "Souk marocain" qui a donné à voir les produits de l'artisanat, les richesses gastronomiques et l'habit du bled. Mais surtout, pour le bonheur d’un public familial, une pléiade d'artistes, Hanae Fadili, Aicha Tachinouite, Daoudia, Saida Charaf, Milouda Al Hoceimia, Ithran, Badr Sultan, Khadija Atlas et la meilleure de toutes, Najat Atabou.
Naïm Kamal est journaliste
La chronique a été publiée par l'hebdomadaire L'Observateur