Comment peut-on se mettre devant son clavier pour écrire sans parler de la tragédie que vivent les palestiniens de Gaza. Nous avons tous en tête les images insoutenables d'enfants palestiniens déchiquetés par les bombes et de civils innocents sans défense, nous vivons tous un traumatisme collectif dans l'impuissance et la colère. Hélas tout ce que nous pouvons faire c'est exprimer notre solidarité et de dénoncer cette énième barbarie de l'Etat d'Israel et de son armée. Chaque bombardement, chaque victime, nous éloignent de plus en plus d'une paix tant souhaitée et d'une cohabitation pacifique entre juifs et arabes de Palestine.
Depuis l'assassinat d'Yitzhak Rabin, Israel a tourné le dos aux accords de paix d'Oslo, en reprenant les assassinats des leaders palestiniens, en procédant à l'emprisonnement de milliers d'entre eux, dont des enfants, en poursuivant la politique de colonisation dans les territoires palestiniens déjà réduits, en étouffant les habitants de Gaza par un blocus criminel, en bombardant périodiquement et méthodiquement toutes les installations et les infrastructures palestiniennes. Et lorsque la résistance palestinienne réagit par des roquettes, presque inoffensives qui ont plus un impact psychologique sur les habitants du sud, Israel crie au ''terrorisme'' et invoque son droit à la sécurité.
Bien entendu la poursuite de l'escalade barbare de l'Etat hébreu n'est possible que grâce au silence complice des puissances de ce monde. A l'image du communiqué de la présidence de la République Française, suite à une communication téléphonique entre François Hollande et le premier ministre israélien, au lendemain du lancement de la campagne de bombardement.Je cite : "..Il ( Le Président de la république) lui a exprimé la solidarité de la France face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza. Il lui a rappelé que la France condamne fermement ces agressions. Il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces".
Ce message peut être interprété comme un permis de bombarder. Est-ce une faute? Une erreur d'appréciation prise dans la précipitation? Ou bien une position française prise en toute conscience ? Une position qui tranche avec le principe de l'équilibre de la diplomatie française qui se basait sur l'indépendance par rapport à la ligne américaine et sur les valeurs des droits de l'Homme et le droit des palestiniens à disposer d'un Etat. En tout les cas, c'est une prise de position insoutenable, ressentie comme une gifle inattendue et une trahison, par les Franco-Maghrébins, dont une grande majorité avait contribué et d'une manière décisive à l'élection de François Hollande à la présidence de la République.
Sur les réseaux sociaux, on rediffuse presque avec nostalgie, les images de la promenade historique de Jacques Chirac en 1996, dans les ruelles d'Al Qods, au cours de laquelle l'ancien Président avait remis en place d'une manière ferme les soldats israéliens qui s'étaient livrés à des provocations pour perturber sa rencontre avec les palestiniens.
L'interdiction de manifester et d'exprimer sa solidarité avec les Gazaouis, prise par le gouvernement français, semble également une nouvelle erreur dans la gestion de ce dossier. Cette interdiction est vécue également comme un parti- pris, qui est à l'origine des débordements déplorables de la dernière manifestation à Paris.
Un véritable bras de fer semble ouvert tant que les bombes continuent de tomber sur Gaza, un nouveau débat est lancé en France sur ce nouveau revirement de la politique étrangère française ...
Hamid SOUSSANY