Les derniers évènements liés à la tragédie de Gaza et à la prise de position du pouvoir socialiste en France ont fait perdre la boussole aux franco-maghrébins qui croyaient avoir trouvé au PS un allié politique, du moins pour une large majorité d'entre eux qui avaient apporté leur soutien et leur voix à François Hollande aux dernières élections présidentielles et législatives.
Il est vrai que l'ancien président, Nicolas Sarkozy et l'UMP avaient déclenché une véritable campagne islamophobe : le débat sur ''laïcité et Islam'' avec comme conséquence la stigmatisation des musulmans de France, l'opposition de l'immigration et de l'identité nationale à travers la création du ministère de l'immigration et de l'identité nationale française. L'atmosphère était irrespirable, il faut le rappeler, notamment lors du débat lancé d'une manière vicieuse sur l'identité nationale par le gouvernement Sarkozy avec des dérapages racistes et la libération de la parole xénophobe...c'est dans la logique des choses que les maghrébins de France avaient voté massivement contre l'UMP.
Cette réconciliation avec le PS a été faite sur le dos de la xénophobie de l'UMP.
Le soutien de François Hollande apporté à l'agression israélienne de Gaza a eu l'effet d'une gifle inattendue. C'est d'abord une rupture par rapport aux prises de positions historiques de la France, qui vont dans le sens de la justice et de l'équilibre. Comment peut-on concevoir que la patrie des droits de l'homme puisse cautionner des bombardements d'une population civile dont les femmes et les enfants sont les premières victimes ?? Des images insoutenables d'enfants palestiniens déchiquetés circulant sur le net traumatisent les esprits les plus durs. La deuxième méprise est venue sous forme d'interdiction des manifestations de soutien à Gaza, ressentie comme un parti pris.
Le gouvernement, sous le feu des critiques, y compris venant de son propre camp, a cherché , depuis, à rectifier le tir notamment via Laurent Fabius Chef de la diplomatie française. Le déplacement de Manuel Valls vendredi soir à la mosquée d'Evry pour un iftar, sonne comme une volonté de réconciliation. Au cours de cet iftar, le premier ministre a eu ces paroles fortes: « En partageant ce repas de rupture du jeûne, je veux dire, avec force, que les musulmans de France, c’est la France ».
Ce sont certainement des mots d'apaisement et de reconnaissance envers 10 millions de musulmans de France, dont beaucoup d'entre eux doutent aujourd'hui de leur alliance politique, en quête d'un parti capable de prendre en compte le respect de leur dignité, de leur identité et de leur sensibilité.
Hamid SOUSSANY