Le printemps arabe qui a tant fait rêver et espérer en un avenir meilleur, s'est transformé finalement en véritable cauchemar. Du chaos politique et économique à la terreur jihadiste en Syrie et Irak, une terreur qui tue et persécute. La nouvelle stratégie des jihadistes dans leur conquête du pouvoir au nord de l'Irak et la facilité avec laquelle ils progressent, démontrent d'une part la fragilité des Etats arabes de la région et d'autre part l'erreur politique majeure et l'inconscience de tous ceux qui ont joué avec le feu en apportant le soutien aux ténébreux jihadistes.
La persécution des chrétiens d'Irak, l'intolérance religieuse entre musulmans sunnites et chiites, le déplacement des populations, les violences faites aux civils et aux femmes, la multiplication des foyers de tension suscitent des interrogations sur le rôle joué par ce que les médias ont surnommé à la va-vite "les printemps arabes".
L'horizon se noircit, par l'absence d'une alternative constructive et de lumière. La terreur takfiriste a pris le pas sur les idées progressistes, il ne suffit pas de combattre son bras armé mais également et surtout son idéologie dévastatrice.
La terreur est imprévisible et ne connait pas de frontières, telle la créature de Frankenstein, un monstre qui se retourne contre son créateur. Les dernières évolutions tragiques au nord de l'Irak, doivent inviter les Etats arabes à reconsidérer leurs positions sur la crise en Syrie et la relation avec l'Iran. Les grandes puissances, qui ont fait preuve jusqu'à présent d'un grand machiavélisme, doivent également prendre leur part de responsabilité au nom de la stabilité et la paix dans le monde.
La tragédie de Gaza a un effet déprimant sur le moral des sociétés arabes, déjà meurtri. Là encore le déni de justice imposé aux palestiniens est insoutenable. Bien entendu, les propres contradictions et les faiblesses du monde arabe contribuent à l'isolement des palestiniens et à l'éloignement d'une paix durable qui passe par le respect des droits légitimes des palestiniens.
Plus proche de nous, La libye semble sombrer dans un chaos de type irakien, où la guerre tribale se mêle aux groupes armés islamistes, pesant de sérieuses menaces sur la Tunisie, encore fragilisée. Du nord du Mali, le spectre de la violence jihadiste guette l'occasion pour passer à l'acte et déstabiliser tout le Maghreb. L'Algérie qui a payé le prix fort lors de la guerre civile face à la violence des islamistes, est certainement consciente du danger. Une coopération maghrébine s'impose d'une manière incontournable pour s'assurer de la sécurité commune dans l'intérêt de tous.
Hamid SOUSSANY