L’exposition sur Le Maroc et l’Europe se propose de faire le tour de « six siècles dans le regard de l’autre. » Objets d’art, manuscrits, ouvrages d’histoire, tableaux, et reliques essayent de faire revivre, en dépits de ses crispations, un passé commun que la géographie a imposé à tous pour jeter des ponts vers un futur moins tumultueux et plus fécond.
Visitant le pont Vasco de Gama en compagnie de Driss Ajbali, membre du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger, qui est surtout mon ami et une des plus belles plumes des chroniqueurs de Quid.ma, nous ne pouvions nous empêcher de parler de cette folle et généreuse idée de Hassan II qui fit un jour le rêve éveillé de réparer les méfaits d’Hercule en projetant de construire avec les Espagnols une liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar qui unirait le Maroc à l’Espagne, l’Afrique à l’Europe. Des années d’études fines et de recherches poussées ont été effectuées pour réaliser ce pont qui va rester pour longtemps encore un songe.
Le pont Vasco de Gama est le viaduc le plus long d’Europe, plus de dix sept kilomètres, qui franchit l’estuaire du Tage offrant une vue envoutante sur l’embouchure de ce fleuve en fin de course juste avant de se jeter dans l’Océan Atlantique. Des roues de la voiture au contact du tablier du pont, on touchait le génie de l’homme qui quand il veut, il peut. De là on devait rejoindre Belém, quartier à l’ouest de Lisbonne où se dresse majestueusement l’église Santa Maria qui constitue un ensemble historique bien intégré avec le Monastère des Hiéronymites. Clin d’œil de l’histoire, l’église abrite l’imposante sépulture de Dom Sébastien, si c’est bien lui comme dit son épitaphe, l’un des héros, avec le Saadien Abdelmalek et son frère, allié du portugais, Al Moutawakil, morts à Oued El Makhazine dans la bataille des trois rois.
A moins d’une encablure, les galeries du monastère s’apprêtaient à s’ouvrir à un événement qui n’est pas sans rapport avec cette longue histoire faite d’entente mais le plus souvent de conflits. Une exposition sur Le Maroc et l’Europe qui du 15 septembre au 15 octobre, se propose de faire le tour de « six siècles dans le regard de l’autre. » Objets d’art, manuscrits, ouvrages d’histoire, tableaux, et reliques essayent de faire revivre, en dépits de ses crispations, un passé commun que la géographie a imposé à tous pour jeter des ponts vers un futur moins tumultueux et plus fécond.
Une idée née dans quelques esprits éclairés que le CCME et l’ambassade du Maroc à Lisbonne ont entrepris de concrétiser et probablement de faire migrer vers Madrid puis Strasbourg. Dans la pénombre du Monastère je lis dans la préface du beau catalogue édité pour l’occasion que « présentée en Europe et au Maroc, l’exposition contribuera au long travail, absolument nécessaire, de « déminage » des fausses représentations et des préjugés, sans lequel aucun avenir n’est possible». Un ruisseau d’espoir qui va rejoindre les affluents du Tage pour former la confluence du bonheur des deux continents que sépare la méditerranée. Il ne faut pas rêver cependant. Que d’eau coulera sous les ponts avant que la liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar ne voit le jour.