''Un mouton dans la baignoire'' est le titre du livre publié en Avril 2007 par Aziz Begag, ministre démissionnaire, à la promotion de l'égalité des chances du gouvernement De Villepin. Nicolas Sarkozy visé par le livre, à l'époque ministre de l'intérieur et candidat à l'élection présidentielle, avait prononcé sur un plateau de télévision, en février 2007 cette fameuse phrase « je ne veux plus de fille excisée, plus de fille mariée de force, plus de moutons égorgés dans les baignoires ».
Formule choc et populiste dont Sarkozy a le secret, qui fait mouche en terme de communication politique, auprès d'une catégorie de l'électorat populaire angoissée par le danger que représenteraient des cultures venues d'ailleurs.
Pour être objectif, la pratique du ''mouton dans la baignoire'' ou l'abattage clandestin à domicile , a bel et bien existé, notamment dans les années 70-80 et a commencé à s'atténuer dans les années 90, pour devenir très marginal. Il est évident que le risque encouru en terme de poursuite par la loi est grand: 15 000 euros d'amende et six mois d'emprisonnement.
Un fait indéniable, la communauté musulmane de mieux en mieux organisée en relation avec les préfectures qui mettent à disposition des abattoirs agrées, et conformes aux exigences sanitaires et d'hygiènes répondent bien que partiellement dans certains cas, à la demande, en permettant aux musulmans de vivre la fête de l'Aid El Kebir et de perpétuer le rituel du sacrifice d'Abraham.
Il faut bien se rendre à l'évidence: ici, le rituel est vidé de sa substance. Ramener une carcasse de mouton, c'est comme revenir de chez le boucher. On est loin de l'ambiance du ''mouton'' dans les souks, le rituel du sacrifice et toute l'animation familiale et du voisinage avec ses avantages et ses inconvénients. L'aseptisation et la ''domestication'' du rituel du sacrifice d'Abraham finira probablement par une évolution qui s'adapte aux exigences de l'environnement dans lequel on vit. Y compris au Maroc, où environ de 4 à 5 millions de moutons sont abattus à l'occasion de l'Aid où de plus en plus de voix s'élèvent pour évoquer la gestion des déchets liés à cette fête populaire, notamment en milieu urbain: déjections d'animaux, paille, vente sauvage dans les garages, odeurs, obstructions des réseaux d'assainissement, pollution due au grillade des têtes et des pieds..pendant trois jours voire plus, c'est l'hécatombe écologique !
En France, de plus en plus, pour marquer le coup, des cadeaux plus conséquents sont offerts aux enfants, et le gigot acheté chez le boucher halal remplace le mouton. Les imams ne cessent de rappeler que le sacrifice du mouton n'est pas une obligation dans l'islam, que l'on peut remplacer par l'aumône (Sadaka) au profit des nécessiteux, et des associations caritatives, comme celles qui s'occupent des orphelins ou des enfants de rue au Maroc.
Hamid SOUSSANY