L'apparition de jeunes djihadistes français sur des vidéos de propagande de Daesh, relance le débat en France (et les angoisses) sur les motifs qui poussent de jeunes français, à peine sortis de l'adolescence, nés catholiques et récemment convertis à l'islam avec, à première vue, des caractéristiques similaires : Une connaissance superficielle de l'islam, une capacité intellectuelle limitée, une extraction sociale modeste et essentiellement originaires des quartiers populaires.
Les universitaires et spécialistes sont de plus en plus sollicités par les services de l'Etat pour tenter d'apporter des réponses à ces dérives inédites. Ainsi, le psychanalyste Patrick Amoyel, peine à dresser un « profil » du jeune djihadiste « *les profils sont multiples et, selon moi, moins de 10% des candidats au départ sont endoctrinés. Il y'a l'ado en crise, pris en charge par un groupe, le psychopathe en quête de cruauté, le névrosé-perdu qui a un idéal romantique, des pratiquants, des convertis, des révolutionnaires...vous arrivez vite à au moins vingt profils différents »*
C’est une nouvelle donnée que de voir des jeunes français convertis qui, dans des vidéos, appellent les jeunes musulmans de France à venir les rejoindre pour accomplir la ''hijra'' djihadiste ou de faire la guerre *''aux impies sur leur propre territoire*''. On est dans l’irrationnel absolu. A l’exemple de Fred, ce jeune niçois, issu d'un quartier HLM, âgé à peine 18 ans qui a disparu il y'a un an laissant sa mère dans la douleur, avec comme unique testament, un texto dans lequel il lui promet de la ramener au paradis (..*moi je veut te ramener au paradi maman*). A la lecture du texto de Fred, on ressent la souffrance du départ et une part de rêve d'aller accomplir une mission ''divine'' pour ouvrir la porte du paradis pour lui et sa mère. Quitte à vivre l’enfer préalablement.
Tout laisse croire qu’il y a là une volonté délibérée de la part de Daesh d'instrumentaliser ces français djihadistes. Non seulement, ils sont exhibés comme des trophées mais ils sont intentionnellement utilisés comme une menace, présente et à venir, pour exercer une pression sur la France et semer la peur au sein de la société française avec toutes ses composantes y compris ses citoyens de confession musulmane.
Reste une question importante: comment se fait-il que des jeunes français, nés musulmans ou catholiques, deviennent réceptifs aux appels des ténébreux djihadistes au point de quitter le cocon familial pour tenter l'aventure criminelle sur une terre qu'ils méconnaissent ? Les sociétés françaises avec ses partis politiques, ses artistes, ses écrivains et poètes, ses organisations sportives et culturelles...n’est-elle plus en capacité d'offrir un idéal ou offrir le rêve? Ou alors sommes-nous face à ceux que le psychanalyste qualifie de jeunes névrosés et psychopathes à la recherche de cruautés !
Sur les 66 millions que compte la population de France, 12 millions souffriraient de troubles psychiatriques d'après la revue European Neuropsychopharmacology. Des pathologies plus au moins graves, avec en moyenne 36 suicides par jour, soit 13 000 par an. Du coup, le chiffre de 900 djihadistes français partis rejoindre la boucherie syro-irakienne,
prend de la relativité.
En tout état de cause, c'est encore l'Islam et les Musulmans de France qui pâtissent de cette image violente et haineuse de l'islam que les psychopathes du djihad véhiculent.
Hamid Soussany