Sur un fond de malaise identitaire, la question de l'islam de France, est devenue obsessionnelle. L'année 2015 s'augure, de ce point de vue, mal, très mal. Elle démarre en trombe avec ce que promet une oeuvre littéraire, une fiction politique qui se nourrit de l'anxiété, inspirée qu'elle est par les thèses frontiste et complotistes. Elle est surtout servie par la renommée de son auteur : Michel Houellebecq, prix Goncourt 2010. Le roman qui sort mercredi 7 janvier. Il fait déjà polémique et pour cause.
Au soir des élections présidentielles du 5 juin 2022, la France assistera à l'élection de Mohammed Ben Abbes et leader du parti de la fraternité musulmane. Elu, face à Marine LE PEN, Président de la République, par la grâce d'un front républicain qui rassemble le PS et l'UMP. Le décor est planté pour une Etat islamique qui va transformer la société française en société soumise à la loi des islamistes. Les femmes s'habilleront désormais en Jilbab. Elles quitteront massivement le monde du travail, pour se consacrer à la procréation, encouragées par les allocations familiales. Les Universités françaises s'islamisent. Les professeurs qui refusent de se soumettre sont mis à la retraire d'office. La géhenne hexagonale.
La fiction pourrait se permettre l'outrage. Seulement dans un entretien, réalisé par Sylvain Bourmeau, paru dans Mediapart, Michel Houellebecq va plus loin et justifie sa fiction par des argumentations politiques qui traitent du réel.
D'abord, il part d'un constat qu'il relève depuis le retour de son refuge irlandais : le changement de la société française et de l'occident en général, est patent. Le roman « condense une évolution, vraisemblable ». Il note que les musulmans de France, qui ne se reconnaissent ni dans des partis de gauche ni dans des partis de droite, ne se sentent pas représentés. Ils ne s'intéressent pas aux faits économiques, mais plutôt à des sujets sociétaux, comme le mariage pour tous, et que par conséquent, la création d'un parti politique musulman est une hypothèse qui s'impose.
Michel Houllebecq reconnait jouer sur la peur. Pourtant, loin de la fiction, la France a connu des tentatives de création de partis politiques à tendance islamiste, on pourra citer le parti des musulmans de France, qui a su surfer sur la vague de la solidarité des musulmans de France avec la le peuple palestinien, pour défiler par milliers à Strasbourg et Paris, mais sans pouvoir en tirer un quelconque bénéfice électoral. Ce parti a connu des défaites cuisantes lors de différentes élections locales ( à Strasbourg, Lyon et Argenteuil) au milieu des années 90, avec des scores de 1,5% des voix en moyenne, un parti qui a fini par disparaitre, sans vraiment exister.
Cependant, la fiction politique ''Soumission'', paraît incomplète, il manque un chapitre: Celui des citoyens français de confession musulmane, attachés aux valeurs de laïcité, de liberté et de fraternités, eux mêmes formés sur les bancs de l'école de la République, prêts à combattre toutes les formes de totalitarisme. Ils tiennent à préserver et à transmettre à leurs enfants une société démocrate, saine et paisible.