vendredi 22 novembre 2024 14:22

VOYOUCRATIE, PRISON ET JIHADISME

Sans vouloir justifier quoi que ce soit ni à chercher une quelconque excuse, force est de constater qu’ll existe des dénominateurs communs entre les terroristes qui ont sévi en France ces vingt dernières années. Issus d'une vie familiale déstructurée, une adolescence émaillée d'actes de délinquance entre vols et violences, avec des séjours en prison, ultime lieu de rencontre avec l'islam radical.

Khaled Kelkal, arrivé en France d'Algérie à l'âge de deux ans, il est l'auteur principal des attentats du RER qui ont frappé la France en 1995, et qui ont fait 8 morts et 148 blessés. Avant de devenir un terroriste poseur de bombes, était connu des services de police et de la justice pour plusieurs condamnations pour vol à la voiture bélier. Au moment où son frère aîné écopait de 12 de réclusion criminelle pour vol à main armée. C'est pendant son séjour en prison de 90 à 92 qu'il fait la rencontre avec l'islam radical proche de la mouvance du GIA algérien.

Mohamed Merah, né à Toulouse, il est l'auteur des attentats en 2012, dans la même ville qui ont fait 7 morts dont 3 enfants dans une école juive. Son père, qui avait divorcé de sa mère alors qu'il avait 5 ans, a été condamné à 5 ans de prison pour trafic de cannabis. Merah vit très mal l'absence de son père qui quittera la France après avoir purgé sa peine de prison, pour s'installer définitivement en Algérie. Sa mère n'étant pas en état de s'occuper de lui, Mohamed Merah aurait fait l'objet d'un signalement, qui l'a conduit à l'âge de 7 ans à un placement dans une famille d'accueil. Puis de foyer en foyer d'assistance éducative où il s'est fait illustrer à plusieurs reprises par des violences envers des éducatrices ainsi qu'envers d'autres jeunes notamment des filles. Même sa mère se serait plainte de ses violences à son égard.

Vols et cambriolages ont rythmés l'adolescence de Merah, jusqu'à l'âge de 18 ans où il sera condamné à la prison ferme après avoir arraché un sac à une personne âgée. C'est encore en prison que Merah découvre l'islam radical. A sa sortie, il va entamer un long périple dans les pays du moyen orient, jusqu'au Pakistan et en Afghanistan.

Mehdi Nemouche est né en 1985 à Roubaix, il connaîtra les familles et foyers d'accueil, lui et ses deux sœurs, dés son 3ème mois et ce jusqu’à sa majorité. Il aura à subir plusieurs séjours en prison, pour des faits de vols et de violences. A l'âge de 21 ans il écopa d'une de 4 ans de prison ferme pour vol aggravé. C'est pendant cette longue peine que Mehdi Nemouche découvre sa foi. Après sa sortie de prison, il partira un an rejoindre le front syrien, au sein de l'Eil, Daesh. Il reviendra commettre l'attentat au musé juif de Bruxelles le 24 mai 2014, tuant 4 personnes.

Amedy Coulibaly, l'auteur de la tuerie du magasin Casher, ainsi que la jeune policière municipale, avait accumulé plusieurs condamnations pour vols à main armée et trafic de stupéfiants.

Les frères Kouachi, tous les deux nés à Paris (Said 1980 et Cherif 1982) de parents algériens, Ils sont confiés à un foyer d'accueil de la DDASS, alors qu'ils étaient adolescents suite au décès des deux parents.

C'est encore en prison que Cherif Kouachi rencontre Amedy Coulibaly ainsi que l'islam radical dans la mouvance des Salafistes. Vient ensuite un voyage au Yémen pour revenir commettre avec son frère la tuerie de Charlie hebdo le 7 janvier 2015.

C'est le parcours chaotique, de jeunes sans assise familiale, une enfance dramatique, une adolescence dans la violence avec des séjours en prison. Une vie dans le déni et la frustration, des jeunes sans projet de vie en rupture totale avec la société. La prison, on le sait, est loin d'être le lieu idéal d'apaisement, et de rencontre avec la spiritualité. Cette rencontre avec l'islam se fait dans une logique de renfermement et de rancune.

Ils n'ont qu'un objectif: celui d'en découdre avec la société, un désir de vengeance. Sinon comment expliquer les attaques contre les policiers, si ce n'est par un désir de vengeance personnelle ? Ici, la violence urbaine dérive vers la violence religieuse et intégriste, sanguinaire car imbibée par l'endoctrinement et le maniement des armes.

L'évocation de défendre le prophète n'est qu'un prétexte pour donner un sens à sa mort d'une vie non accomplie.

L'islam comme prétexte, l'islam comme exutoire de ses propres frustrations, de ses propres échecs. Les réseaux terroristes connaissent bien la faille, et savent jouer sur la fibre identitaire de ceux qui ont le profil psychologique de l'emploi, pour s'en servir comme un moyen de pression.

Seulement, Dieu et son prophète ne peuvent déléguer leur défense aux voyous et aux criminels.

Hamid Soussany

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