La campagne électorale pour les départementales battait son plein lorsque le Président de l'UMP Nicolas Sarkozy, s’est fendu d’une déclaration hors contexte sur le plateau de TF1, et s’est dit ''opposé aux repas de substitution dans les cantines scolaires'' pour mieux soutenir la décision du Maire de Chalon-sur-Saône qui avait fait l'annonce de supprimer les repas de substitution au porc dans les écoles de sa mairie, au nom dit-il du ''principe de laïcité''.
Cette énième stigmatisation des Musulmans de France, par l'ancien président de la République, est une surenchère de plus sur des thèmes xénophobes qui vise, on l'aura compris, à récupérer les voix d'un électorat de plus en plus large du Front national.
Nicolas Sarkozy pousse la chansonnette pour marquer sa fermeté « Si vous voulez que vos enfants aient des habitudes alimentaires confessionnelles, vous allez dans l'enseignement privé confessionnel ». Une déclaration irresponsable qui pousserait donc les enfants de la République qui ne mangent pas la viande de porc dans l'enfermement des écoles religieuses.
En avril 2014, Marine Le Pen avait déjà agité le spectre des cantines scolaires en déclarant sur RTL, que la première action municipale FN, sera de « garantir ou de rétablir s'ils ont été supprimés les menus avec porc dans les cantines scolaires », pour « sauver la laïcité, qui vit de grandes difficultés ». Devant le tollé soulevé, Marine le Pen avait relativisé ses propos en expliquant qu'ils visent à interdire l'interdiction du porc et qu'il y aura toujours deux menus. D'ailleurs et à titre d'exemple significatif, le Maire FN de Fréjus a fait le choix de maintenir un repas de substitution au porc.
Donc et sur ce terrain des cantines scolaires, certains élus UMP sont plus ''en avance'' que les élus FN. Cependant, Nicolas Sarkozy semble faire un grand amalgame en la matière, car les repas de substitution ne sont pas des repas halal comme il le laisse entendre dans ses propos.
Henri Guaino, ancien conseiller spécial du Président Sarkozy n'a pas mâché ses mots en dénonçant au sein de l'UMP ceux qui attisent « les feux de la colère » en poursuivant « Nous avons une nation à refaire. Quelle allure aura-t-elle si on dresse les français les uns contre les autres, musulmans contre musulmans ? »
Alain Juppé, concurrent de Sarkozy pour les primaires aux présidentielles, avait aussi pris ses distances lors d'un meeting à Bordeaux, en déclarant « A Bordeaux on sert depuis très longtemps, des repas où on peut choisir entre viande ou poisson, viande ou pas viande cela n'emmerde personne ».
De toute évidence et au travers les questions liées à l'identité et à l'islam, c’est l’une des batailles pour les primaires de l'UMP et l'alternance qui se profile pour les présidentielles. Cette primaire à droite se jouera entre d'un côté les tenants d'une lepénisation de la droite et avec elle une partie de la société française et de l'autre les partisans d'une droite républicaine sociale et gaulliste avec le soutien d'une frange centriste et des électeurs de gauche. Ce qui pourrait pousser Alain Juppé à s'affranchir des primaires de l'UMP qui semblent à ce jour acquises à Nicolas Sarkozy, et adopter la doctrine gaulliste qui considère l'élection présidentielle comme la rencontre d'un homme et d'un peuple.
Hamid SOUSSANY