La commission d'enquête sénatoriale française, chargée de réfléchir sur la lutte contre les filières jihadistes, vient de rendre ses conclusions et ses recommandations autour de 5 axes principaux.
Volet prévention et détection
Améliorer la détection de la radicalisation des individus par la mise en place des formations obligatoires pour tous les acteurs de terrain (enseignants, éducateurs, assistants sociaux ou professionnels de la santé mentale..) avec la mise en place d'une ''grille d'indicateurs'' d'une possible radicalisation : ruptures relationnelles, contestations en classe, changements vestimentaires...
Surveillance accrue des détenus islamistes en prison
La prison a souvent été un lieu privilégié de recrutement pour les djihadistes. Les sénateurs préconisent une surveillance accrue et le renforcement du renseignement à l'intérieur des prisons par des agents pénitenciers formés pour cette tâche. La question d'un recrutement supplémentaire des aumôniers musulmans est posée, mais aussi la mise en place d'un programme de suivi des détenus islamistes, 6 mois avant leur sortie et deux ans après, sur le modèle suivi par le Danemark et l'Allemagne.
Lutter contre le financement
Le renforcement de la cellule spécialisée du ministère des finances, la plafonnement des cartes prépayées et le renforcement des justificatifs d'identité lors de leurs achats. Ainsi que la création d'un programme européen unifié de surveillance des transactions bancaires, une sorte d'Interpol de la finance.
Contrôle aux frontières
Plus de contrôle des services de police, notamment sur la destination et la provenance des voyageurs, et une proposition de créer ''un profil combattant étranger'' dans le système d'information Schengen à côté du fichier ''personnes recherchées''.
Contrecarrer le « Jihad médiatique »
Pour faire face au ''Jihad médiatique'', la commission veut faciliter le signalement des contenus suspects et le blocage des sites faisant l'apologie du terrorisme. La création d'une liste des pays qui ne coopèrent pas, les (Cyber-paradis). Enfin, en matière de guerre de l'info, la commission souhaite la multiplication et la diffusion sur les réseaux sociaux des radicaux repentis pour contrecarrer la propagande djihadiste.
Ces recommandations nourriront la prochaine loi anti-djihadiste en cours d'élaboration. Au-delà des mesures d'ordre sécuritaire somme toute légitimes, qui visent à protéger la société, une profonde réflexion doit être engagée et poursuivie sur les racines du mal, qui poussent des jeunes à quitter une société paisible, qui leur garantit un des meilleurs système éducatif au monde, pour aller rejoindre des conflits d'une grande violence et prendre part à une entreprise terroriste au nom d'un idéal ténébreux. Mais aussi tenter de comprendre et de cerner cette rancune criminelle et suicidaire qui a animé Merah, Coulibaly, les frères Kouachi…jusqu'à commettre l'ignoble et l'irréparable.