Le naufrage, le 12 septembre, de 700 migrants, ces damnés de la terre, et ce au aux portes de l'Europe, est l’un des plus dramatiques. Partis des côtes libyennes pour regagner l'Italie, ce cauchemar vient de rappeler cette tragédie récurrente qui dure depuis le déclenchement de la guerre civile en Libye.
Il y a presque quatre ans déjà. Car, c'est bien une succession de naufrages qui se déroulent depuis, mais ce dernier bouleverse les consciences par le nombre massif des victimes.
Ces migrants sont essentiellement des Subsahariens qui tentent de fuir la misère et regagner l'Europe. On y dénombre des Maliens et autres Nigériens, Érythréens, Ivoiriens, Somaliens, Sénégalais, Gambiens… . Le départ des chalutiers se fait sans conteste des rives libyennes qui ne sont pas contrôlées par le gouvernement officiel. Mais bel et bien des côtes sous le contrôle des groupes armés, qui tirent, entre autre, bénéfice de ce business qui peut s'avérer très lucratif. Le prix du voyage par tête, selon les survivants, varie entre 700 et 7000 dollars.
Parmi les miraculés, on trouve trois Bangladeshis, et un Sierra-Léonais. C’est dire que les candidats viennent de très loin pour rejoindre les terres Libyennes, pourtant réputées dangereuses. Les migrants considèrent l'Italie comme un point de passage, avec comme objectif de rejoindre les pays nordiques de l'Europe où la législation est plus clémente à l'égard des réfugiés, tant au niveau des régularisations qu'au niveau des aides financières. Les survivants ont indiqué qu'en Libye, ce sont des groupes armés qui tiennent l'organisation du trafic sur place. Un vrai réseau international s'est donc mis en place pour organiser les migrations de force, et en tirer bénéfice.
Pour l'Europe, pas de plan d'accueil mais un plan militaire qui se dessine:
Devant cet afflux massif des migrants, l'Italie a obtenu le 23 courant une réunion d'urgence des 28 dirigeants de l'union Européenne, afin de prendre les mesures d'y faire face.
Apparemment, les dirigeants européens ne souhaitent pas créer un appel d'air à la migration, en annonçant un plan d'accueil des migrants, mais préfèrent aborder la problématique par son côté sécuritaire pour l'empêcher et la freiner. Ainsi on a annoncé le renforcement de la surveillance des côtés italiennes et on a évoqué également une possible demande d'autorisation du conseil de sécurité de l'ONU pour opérer des frappes militaires contre les bateaux qui se trouveraient sur les côtes italiennes et identifiées comme étant des chalutiers de trafiquants.
Pour François Hollande, traiter en profondeur le drame des migrants de la mer méditerranée c'est surtout traiter en urgence le chaos libyen. Le Président français a déclaré « comment se fait-il qu'après une intervention militaire, il y'a maintenant plus trois ans et demi, il n'y ait aucune réflexion sur ce qui devait se passer après? Maintenant, il faut réparer les erreurs d'hier ». Une manière aussi de pointer la responsabilité de Nicolas Sarkozy, qui avait joué un rôle majeur, dans le déclenchement de l'intervention militaire internationale en Libye contre le régime Khadafi.
Une seconde intervention militaire en Libye est-elle nécessaire pour rétablir l'ordre, la stabilité et faire cesser le chantage des groupes armés qui déversent des milliers de migrants à la mer ?