Chroniques de la citadelle d’exil
Avec ces Chroniques de la citadelle d’exil, Laâbi nous donne un nouveau témoignage sur la prison : il s’agit cette fois d’un choix de lettres qu’il a écrites pendant les huit années de sa détention.
Des lettres qui sont des documents bruts, une douloureuse radiographie de la vie quotidienne dans les geôles marocaines. Pour combattre sa solitude, et dirait-on pour la nier, le prisonnier s’accroche à deux étoiles qui n’ont cessé de scintiller en lui : l’amour et le travail de l’esprit. La plupart de ces lettres sont adressées à sa femme, et ce livre raconte, au jour le jour, l’histoire d’un couple interdit, déchiré : il ne leur reste que le langage, que les mots et le papier pour vivre leur passion, et cela la renforce au lieu de la briser, comme si le simple fait d’écrire l’amour le rendait encore plus absolu.
Le chemin des ordalies
Maroc, 1980. Le narrateur sort de prison. Sa voix est celle d'un être dédoublé : d'une part celle de l'ancien prisonnier qui garde en lui, inoubliable, le souvenir de l'univers carcéral ; d'autre part, celle du détenu à peine libéré qui retrouve l'espace, la lumière, ses semblables, qui s'étonne, s'émeut et se réinsère peu à peu dans le mouvement du siècle.
Les rides du lion
Partant de son vécu personnel, Abdellatif Laâbi affronte dans Les Rides du lion une fêlure liée à la condition humaine que l'exil peut, selon les circonstances, engendrer en tout un chacun :
bannis sans espoir de retour au pays d'origine, déplacés en quête de liberté ou de survie, chercheurs d'altérité et autres rebelles aux consensus. La littérature a depuis toujours scruté cette fêlure au point d'en faire l'un des lieux féconds de l'écriture. Mais rarement son effet de cataclysme sur la perception de soi et du monde a été aussi minutieusement disséqué que dans le récit que nous en offre Laâbi.
L’œil et la nuit
Publié en 1969, en pleine vitalité de la revue souffles dont Laâbi fut la cheville ouvrière, présenté à juste titre comme un livre-manifeste, L'Oïl et la nuit est sans conteste l'un des textes fondateurs qui ont permis à la littérature marocaine de s'affranchir du colonialisme et de s'engager librement dans l'aventure de la modernité.
Ecrit entre deux événements tragiques qui ont marqué au fer rouge les consciences au Maroc et dans le monde arabe (répression sanglante d'une émeute populaire en mars 1965 à Casablanca et défaite humiliante des pays arabes en juin 1967), ce récit opère une sorte d'autopsie sur un corps vif et profondément meurtri. A la violence de la réalité répondent une langue et un mode de narration radicalement nouveaux où la poésie ne lâche pas les commandes. Annonçant sur bien des points l'œuvre à venir de Laâbi, L'Oïl et la nuit brille déjà et brillera encore de l'étrange éclat des œuvres majeures.