Institution consultative et de prospective installée auprès de Sa Majesté le Roi du Maroc, le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) s'est impliqué sans hésiter aux côtés des équipes du Festival Sixième continent pour préparer cette édition. Il l'a fait aux côtés du Ministère délégué auprès du Premier Ministre chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger pour deux raisons essentielles.
Conscient des mutations radicales que connaissent les populations marocaines et d'ascendance marocaine installées en Europe, il a inscrit la question de la culture comme une priorité centrale. Engagées dans un processus complexe d'enracinement dans les pays de résidence, ces populations souhaitent maintenir et renouveler le lien avec la terre d'origine. A cet égard, toute manifestation culturelle « venant du pays » participe de cette dynamique, surtout si elle donne à voir l'énergie et la créativité des artistes de l'autre rive. Le programme conçu par l'équipe du Festival Sixième continent est de ce point de vue exemplaire et ambitieux et c'est cette ambition qui nous a fait, sans hésiter, adhérer à leur projet. Loin des clichés sur une culture marocaine qui serait figée une fois pour toutes, les spectateurs pourront voir toute la variété des scènes marocaines, enracinées dans une longue histoire et sans cesse en renouvellement.
Le deuxième enjeu a trait à ce que nous appelons en France le vivre ensemble. La diversification de la société française est aujourd'hui une réalité incontournable et soulève des problématiques inédites. On peut estimer à cet égard que l'identité nationale est donnée une fois pour toutes, une évidence qu'il s'agit d'intégrer sans négociation aucune. Comme on peut considérer qu'elle est multiple, soumise à des tensions et à de nécessaires renouvellements. Fondée sur des valeurs démocratiques (le respect de la dignité humaine, l'égalité, ...) qui sont elles non négociables, elle est en même temps un ensemble de comportements, d'usages et d'attitudes qui sont nécessairement ouvertes sur des réalités sociales mouvantes. C'est cette dernière alternative que nous faisons nôtre et qui nous semble, y compris sur le plan des droits de l'Homme la plus juste et, d'un point de vue politique la plus raisonnable. Toutes les sociétés humaines, et en premier lieu les grands pays d'immigration, sont appelés à faire une place aux nouveaux citoyens et à leurs cultures. Toutes doivent sans cesse s'élargir pour une citoyenneté renouvelée et irriguée par les sons et les couleurs du monde. Modestement, mais de manière ô combien exemplaire, ce festival y contribue.
Driss El Yazami