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Témoignage : paroles de Afellouss

mercredi, 20 mai 2009
Afellouss devant sa cabane Afellouss devant sa cabane

 Notre exposition sur les mémoires de Renault commence par l'image de la baraque que Louis Renault avait sur l'Ile Seguin et qui allait devenir l'Usine Renault. Mon fils Mohammed informaticien m'a parlé aussi d'un inventeur d'ordinateur qui a commencé son invention dans un garage.

 

Moi aussi j ai commencé ma vie dans une baraque. J'ai travaillé comme berger, transporteur de produits agricoles du Douar aux différents souks de la région de Hawara à dos d'âne, gardien de fermes. J'ai été mineur dans les mines du nord de la France, puis OS à Renault où je n'arrêtais pas de dire à mes compatriotes ouvriers : « Nous ne sommes pas des baguettes pour être vendus sans réagir ». La direction de Renault a vite réagi en me licenciant avec 4 de mes camardes dont Omar Oubrik, ici présent avec nous dans la caravane « mémoires vives ». Cela s'est passé en 1975 et les ouvriers de Renault se sont cotisés pour qu'on puisse avoir l'équivalent de notre salaire. C'est ça la vraie solidarité. Au bout de 4 mois de seating,  la direction a trouvé un compromis avec la CGT pour que le comité d'entreprise nous réintègre comme salariés de la cafeteria de l'usine. A la cafete je suis passé d'éplucheur de légumes à gestionnaire. Je sais lire, écrire et compter grâce au syndicat. Comme membre du syndicat, je défendais mes frères en imposant de dégager des fonds pour que notre camarade Idbihi nous organise des fêtes avec les meilleurs interprètes de la chanson marocaine et arabe. Notre ministre de la culture c'est bien Si Idbihi, il laisse son bleu de travail pour négocier des contrats avec  Doukali, Demsiriya, Warda... Grâce à lui et à notre militantisme,  nous avons occupé notre usine mais aussi les plus prestigieuses salles de spectacles de Paris pour honorer nos artistes.

Nous avons milité et nous avons défendu notre pays et nos familles dans le bled alors que l'amicale nous  traitait de communistes. Aujourd'hui,  Alhamdou lillah,  je suis fier de ce passé. Avec ma femme j'ai éduqué mes enfants ;  Noureddin est ingénieur,  Faysal inspecteur du travail et Amina sage femme.

Moi, dans ma ville de Trappe,  j'ai demandé aux barbus de prendre l'exemple sur nous, les anciens de Renault.  Il vaut mieux éduquer vos filles pour devenir médecins, au lieu de pleurnicher auprès du maire « nous voulons des médecins femmes pour nos femmes !! ».  La vie  n'est pas une tarte aux pommes facile à cuisiner.

 

M. Afellouss avec les scolaires
M. Afellouss avec les scolaires

 

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