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Les évolutions de la recherche sur les migrations internationales : Théories, concepts, méthodes et défis contemporains, Rabat, 29 et 30 octobre 2010

mercredi, 27 octobre 2010

Le CCME soutient l'organisation du colloque international de l'AMERM à Rabat les 29 et 30 octobre 2010, intitulé : "Les évolutions de la recherche sur les migrations internationales : Théories, concepts, méthodes et défis  contemporains".

L’intérêt pour la question migratoire est apparu tardivement dans les préoccupations de la recherche. Il s’est imposé comme conséquence des dynamiques migratoires et de l’insertion progressive de la problématique dans l’agenda politique des Etats du Nord et des Etats du Sud et comme question qui se trouve aujourd’hui au centre de débats sur la migration tant dans le cadre de relations entre nations qu’à l’intérieur même des pays.

 L’évolution a suivi non seulement celles de la prise de conscience de la stabilisation du processus migratoire et du caractère définitif de la migration mais également l’émergence de la recherche  menée par les migrants sur leur propre condition. On passe progressivement de la phase où les écrits sont essentiellement concentrés sur une vision  généraliste à celle où on commence à aborder la question dans ses multiples aspects de manière plus approfondie  et plus objective en s’attaquant à des problèmes de fond.

Dans cet effort de réflexion, s’amorce, désormais en même temps, l’idée qu’il revient à la recherche non seulement d’exposer les faits, de les analyser, mais aussi de proposer des alternatives.

Dans un premier temps, les connaissances produites sont surtout descriptives. Elles identifient les tendances des processus migratoires dans les pays de destination et dans les pays d’origine, tentent de quantifier les flux migratoires sous toutes leurs formes, cernent les caractéristiques sociodémographiques et socioculturelles, exposent les réglementations légales et administratives. Les études s’intéressent plus particulièrement aux motivations et raisons des départs et à l’impact sur les sociétés d’origine, les familles et les individus. Elles évaluent les flux des transferts et les conséquences de ces flux sur le développement.

Les questions de recherche se sont au fil du temps diversifiées pour donner naissance à des études plus approfondies.

 Le champ migratoire révèle ainsi l’immensité des questions, des espaces et des temporalités à explorer. L’étude des migrations oblige à introduire tous ces aspects, elle transforme et approfondit les paradigmes de recherche en migration (le changement social, le développement etc.) et en décèle d’autres (la mondialisation, le transnationalisme, etc.) qui sont soumis à l’appréciation.

Aux nouvelles questions, elle tente d’apporter de nouvelles réponses. S’ensuit un renouvellement de la pensée sur la question au niveau thématique, conceptuel, théorique et analytique.

La recherche ne se contente plus du descriptif. Elle exige la confrontation des problématiques des différentes disciplines entre elles. Elle s’enrichit de nouvelles thématiques telles la migration circulaire, le genre, la migration de transit, la migration des mineurs.

La perspective devient de plus en plus pluridisciplinaire. Certes, chaque discipline a sa façon particulière de traiter la question, en fonction de laquelle elle trie et sélectionne ses informations, produit ses interprétations. Pour autant, dans ce domaine, plus que dans d’autres, les incursions et confrontations méthodologiques et théoriques réciproques s’imposent et restituent à la migration sa dimension globale.

L’analyse s’en trouve considérablement améliorée. Elle tend à prendre en considération tous les aspects dans leurs multiples interdépendances et interactions.

Cette complexité des thématiques et des transformations des processus dans leur nature, leur visibilité et leur fonctionnement exerce une influence directe sur la formulation des problématiques.

Les défis consistent à faire face à la diversité des situations en intégrant l’ensemble des facteurs explicatifs dans leur complexité et dans leur mouvement.

Aujourd’hui, l’enrichissement est indéniable. Pourtant, malgré ce développement positif de la recherche, de nombreux domaines restent peu, voire non investigués.

Deux questions majeures étroitement liées structurent désormais la recherche sur la question migratoire. La première permet de dépasser l’évidente hétérogénéité du thème en faisant l’hypothèse qu’au-delà de la diversité des formes de mobilité, de la multiplicité des aspects à investiguer et de la complexité des nouveaux champs d’analyse théorique et pratique, l’interprétation doit obéir à une cohérence qui fait des études migratoires un champ d’étude à part entière

La seconde question repose sur un autre constat : la migration est dynamique et ne saurait être assujettie à une méthode et à une interprétation valable une fois pour toutes. De ce point de vue, le scientifique doit en permanence tenir compte des évolutions.

 Le partenariat établi depuis 2006 entre la fondation suisse « Population, Migration et environnement » PME et l’AMERM qui a pour objectif de promouvoir la recherche sur la migration internationale des Marocains (MIM), s’insère dans ce contexte. Le programme mis en place a ainsi permis de financer 24 recherches dont une dizaine sont aujourd’hui achevées

 Pour rendre compte de l’état de la recherche et pour en apprécier l’impact sur la société et sur les politiques, le colloque se propose de mettre l’accent d’une part, sur les avancées des études au Maroc en les mettant en perspective tant au niveau théorique et méthodologique qu’au niveau de l’apport scientifique et en tentant de lier l’apport scientifique à l’aspect opérationnel et d‘autre part, sur les défis que devrait relever la recherche dans l’avenir, compte tenu de la complexité de la question migratoire

Les chercheurs impliqués dans le programme PME-AMERM qui ont achevé leurs travaux pourront présenter leurs conclusions. De même, des représentants des groupes de recherches de Turquie MiReKoc et de Pologne CEFMR, également engagés dans le partenariat avec la PME, participeront à ce séminaire. Dans le souci d’évaluer le niveau atteint par la recherche en dehors du programme, des experts de la question migratoire  issus de différents horizons seront sollicités.

Les principales questions qui seront abordées dans ce colloque sont les suivantes :

 1) Comment les cadres théoriques et analytiques mis en place pour comprendre les migrations ont permis de produire des connaissances suffisamment pertinentes et comment les démarches ont abouti à améliorer les savoirs?

Sachant que la recherche s’est particulièrement développée dans les pays récepteurs de migrants, la question se pose de savoir quels types d’appropriation et d’innovation théorique et conceptuelle s’en sont suivis dans les pays d’origine comme c’est le cas du Maroc ? Comment les chercheurs se sont saisi des nouveaux concepts et comment les ont-ils appliqués ?

 2) Quels sont les allers-retours, enrichissements et lacunes entre les courants d’interprétation et interférences entre disciplines et entre chercheurs du Nord et chercheurs du Sud? Quels sont les apports en termes d’approfondissement des connaissances ?

 3)  Comment est traitée la dimension territoriale fréquemment mise en avant pour expliquer les différences ? Quelle est la place accordée aux études comparatives dans les préoccupations des chercheurs à un échelon local, national et international?

 4) Quels sont les avantages et limites des études quantitatives et des enquêtes qualitatives ?

 5) Quels sont les avantages et limites de ces interdépendances disciplinaires

 6) Dans quelle mesure la recherche permet l’action, autrement dit comment les politiques utilisent le savoir ainsi accumulé pour  prendre leurs décisions ?

 Toutes ces dimensions seront explorées pour évaluer l’amélioration des connaissances et les possibilités d’impact de la recherche sur les politiques.

 

Pour télécharger le programme, cliquez ici.

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