mercredi 3 juillet 2024 04:25

 

Casablanca, Dimanche 31 Mai 2009



Monsieur le Ministre Délégué auprès du Premier Ministre, chargé de la communauté marocaine à l'étranger

Monsieur le Président du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger

Mesdames et Messieurs les présidents (es) des associations internationales et nationales

Honorable assistance

 


C'est pour moi un grand honneur et aussi un plaisir de prendre part, à la séance de clôture de ce séminaire international organisé par le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger autour du thème « Vieillir dans l'immigration : quel statut et quelle prise en charge des marocains vieillissants ? ».


Je voudrais à cette occasion, présenter à l'ensemble des organisateurs et organisatrices et à leur tête le CCME, mes sincères félicitations pour cette excellente initiative, pour la sélection des thématiques abordées et la prise en compte de la dimension genre dans l'analyse des questions du 3ème âge des RME.


Je voudrais aussi rendre un hommage aux marocains et marocaines résidents à l'étranger, et surtout la première génération qui atteint maintenant le 3 âge.

Ce sont des personnes qui ont du quitter leur pays à une époque marquée par des conjonctures économiques difficiles. Ils ont travaillé dur pour gagner leur vie et celle de leurs familles. Ils ont contribué au développement économique de leurs pays d'accueil, mais ils ont gardé avec force l'amour du pays, le patriotisme et ils ont également contribué au développement de leur pays le Maroc, pas seulement à travers les transferts de devises mais aussi par le transfert de compétence et d'expérience acquises en terre d'émigration.

C'est notre devoir de les appuyer et d'œuvrer pour leur assurer un troisième âge avec une qualité de vie bien méritée.

Mesdames et Messieurs


Les MRE constituent un potentiel, un gisement d'expertise et un atout majeur pour le Maroc.

Comme vous le savez, en moins de 15 ans -1993, 2007- l'effectif des Marocains inscrits sur les registres des consulats est passé de 1.300.000 à 3 300 000.

Les caractéristiques démographiques, éducatives, culturelles, socioprofessionnelles et économiques des MRE ont connu des changements profonds au cours des quarante dernières années.


Chaque génération a un profil, des besoins et des problèmes particuliers qu'il faut reconnaître pour y apporter des réponses appropriés.


Dans plusieurs discours, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'Assiste, accorde une attention particulière à cette population. Il a appelé à œuvrer pour préserver la dignité des MRE et pour promouvoir leurs droits sociaux et humains au Maroc et dans les pays d'accueil.

La création du Conseil Supérieur de la Communauté Marocaine à l'Etranger en tant que cadre de concertation et de proposition d'aide à la prise de décision est un signal fort de la plus haute volonté politique de placer cette question au cœur des chantiers de développement que connaît notre pays.


Il est important aussi de noter que, dans le cadre des priorités gouvernementales, les efforts entrepris par les différents départements ministériels, la Fondation Mohamed V pour la Solidarité, et la Fondation Hassan II pour les marocains résidents à l'étranger, présidée par son Altesse La Princesse Lalla Meryem , et qui œuvre pour le maintien des liens des marocains du monde avec leur pays et pour les aider à surmonter les difficultés qu'ils rencontrent du fait de leur migration.


En plus de ces acteurs publics, les MRE sont aussi marqués par le dynamisme de la société civile, à l'échelle nationale et internationale, ce qui a donné une grande impulsion pour la prise en conscience des besoins, des contraintes et problèmes des MRE.


Et je voudrai saluer et féliciter l'ensemble de ces acteurs associatifs pour leurs actions citoyennes qui témoignent leur engagement pour le développement humain de notre pays.


Mesdames et Messieurs


Le vieillissement de la population est un phénomène qui touche actuellement tous les pays du monde. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le nombre des personnes âgées de 60 ans et plus aura franchi le cap du milliard d'ici 2020.


Au Maroc, selon le recensement 2004, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus est de 2376 000 dont 1 243 000 sont des femmes et 1 133 000 sont des hommes.


Ainsi, les enjeux du vieillissement démographique constituent un véritable enjeu des politiques publiques.


Notre pays doit s'efforcer d'apporter des réponses adaptées à cette situation spécifique s'inspirant des fondements de notre identité, de notre capital civilisationnel de solidarité intergénérationnelle.


Ces réponses doivent être conçues à la lumière des exigences de l'Etat de droit et du projet de société moderne et démocratique prôné par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'Assiste, et partagé par l'ensemble des forces vives de notre pays.


Pour ce qui est de notre Ministère nous avons la mission de coordonner l'action des différents secteurs gouvernementaux en faveur des personnes âgées en matière de protection médicale et sociale afin que l'Etat assure son devoir à l'égard de cette catégorie conformément aux principes et recommandations, de l'ONU.

Dans ce cadre, le MDSFS a inscrit dans son plan stratégique 2008-2012 l'élaboration d'une stratégie sous le thème « un Maroc pour tous les âges » relative à cette catégorie et basée sur le renforcement de la solidarité familiale et des liens intergénérationnels, qui veille à la promotion de la participation active de ces personnes âgées dans les activités d'encadrement et des actions sociales, et appuie l'accès des personnes âgées aux différents modes de protection sociale.

Cette stratégie, en cours de finalisation s'appuie sur les grands piliers suivants:

  • Axe revenu/ retraites ;
  • Axe santé ;
  • Axe logement et conditions de vie ;
  • Axe rôle et place des personnes âgées dans la société.


Au niveau des centres dédiés aux personnes âgées, L'Entraide Nationale : Etablissement public sous-tutelle du MDSFS, dispose aujourd'hui, en partenariat avec la société civile sous forme de gestion déléguée, de 42 Etablissements Sociaux Spécifiques aux personnes âgées répartis sur le territoire au service de 2200 bénéficiaires et le MDSFS prévoit la création de 16 centres sociaux de référence destinés à cette catégorie au titre de 2008-2012.


D'autres programmes spécifiques sont mis en place, à savoir :

  • Programme de création de clubs de loisir pour les personnes âgées. Deux clubs ont été crées dans une première étape à Casablanca et à laâyoune, dans l'objectif de leur offrir un cadre convenable d'échanges, de loisir et de tirer profit de leur expériences personnelles et professionnelles ;
  • Programme de sensibilisation qui vise à impliquer et appuyer les différents acteurs de la société civile dans les programmes de la protection sociale des personnes âgées sachant que les associations de la société civile sont aujourd'hui des partenaires institutionnels des politiques publiques particulièrement depuis le lance ment de l'INDH par SM le Roi Mohammed VI le 18 mai 2005.

  • La sensibilisation et la promotion de la culture de solidarité intergénérationnelle ;
  • Le renforcement des programmes médias destinés à donner une image positive des personnes âgées dans la société .


A ce sujet, il y a lieu de noter que les retraités aujourd'hui âgés de 60 ans sont jeunes, l'espérance de vie ayant augmenté à 72 ans , ils sont porteur de compétences et d'expérience dont la société a grand besoin et il est indispensable d'offrir à ceux et celles qui le désirent l'opportunité d'investir ou de s'engager dans des actions citoyennes au service de leur pays.

Il y a lieu aussi d'évoquer les problèmes de la femme retraitée qui sont parfois encore plus durs que ceux vécus par les hommes, ne serait ce que parcequ'elles sont le plus souvent plus pauvres que les hommes. Il y a également les veuves de retraités RME qui restent parfois démunies et ne savent pas comment bénéficier de leurs droits et se trouvent parfois exposés à des intermédiaires véreux.

Comme vous l'avez sûrement constaté, l'ensemble des problèmes évoqués par les MRE peut être analysé et traité selon les axes prévus par la Stratégie nationale des Personnes âgées.

Bien sûr les difficultés ne manquent pas car les conditions du 3eme âge des MRE varient d'un pays à l'autre selon son système de protection sociale, les lois qui réglementent les droits des retraités ainsi que les différentes prestations offertes.

Notre Ministère, qui a suivi avec intérêt les travaux de ce séminaire important, veillera à intégrer les besoins et les attentes des MRE dans ce projet. Notre

Mesdames et Messieurs

Je voudrais aussi exprimer, à cette occasion, l'appui du Ministère de Développement Social de la Famille et de la Solidarité aux stratégies du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger.

Nous sommes très sensibles à identifier toutes les possibilités de partenariat afin d'intégrer les besoins des MRE dans les stratégies sectorielles.

Je souhaite plein succès à vos démarches et je vous félicite pour la qualité et le niveau d'expertise des ressources que vous avez mobilisés.

Ceci démontre clairement le sérieux et la pertinence de l'approche prônée par votre institution.

Nous ne manquerons pas enfin d'accorder tout notre intérêt à toutes les propositions et recommandations de votre séminaire .

Je vous remercie.



Nouzha Skalli, Ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité


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L'islam en europe: de plus en plus visible, de moins en moins étranger, de plus en plus national

 

Messieurs les maires

Mesdames et Messieurs les intervenants et participants

Mes chers collègues, membres du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger

Chers amis,alt


Il me revient le grand honneur d'ouvrir ce colloque académique organisé par notre Conseil sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, et qui constitue, autant que je sache, une première dans un grand pays musulman d'émigration.


Je voudrais en préambule exprimer d'abord mes remerciements les plus sincères à vous, chers intervenants, qui avez bien voulu accepter notre invitation malgré, nous le savons, des agendas chargés par vos travaux de recherches et d'enseignement, vos fonctions publiques ou votre action militante.


Mes remerciements vont aussi au groupe de travail de notre Conseil, à Monsieur le secrétaire général et à leurs collaborateurs qui ont veillé, en un temps limité, à la conception et à l'organisation de ce séminaire.


Comme vous l'aurez remarqué dans le programme, la qualité et la diversité des intervenants promettent des discussions fécondes et intenses. Il y a en premier lieu de nombreux universitaires, juristes mais aussi sociologues de la religion et de l'immigration ou familiers de l'analyse des politiques publiques. Permettez-moi à cet égard de saluer la présence parmi nous des pionniers que furent MM. Felice Dassetto et Albert Bastenier, dont les travaux précurseurs nous ont nourris dès le milieu des années 1980. Je me souviens en tout cas pour ma part de l'émotion et du plaisir intellectuel que constituèrent la lecture de l'islam transplanté ou plus tard de leur « media u akbar ».


Vos échanges promettent aussi d'être enrichis par les interventions de plusieurs responsables publics chargés de la gestion au niveau central des cultes, mais aussi de maires et de responsables des communautés musulmanes, qui essaient, au plus près des besoins et attentes des croyants, et souvent dans des contextes polémiques, d'accompagner la lente et complexe acclimatation de l'islam à son environnement européen.


Nous sommes au fond et les témoins et les acteurs, chacun à notre niveau d'un processus historique inédit, celui de l'enracinement de l'islam dans des sociétés pluralistes et profondément sécularisées et toutes attachées, quelle que soit leur tradition nationale spécifique, à une même laïcité culturelle européenne, pour reprendre une expression du professeur Jean-Paul Willaime, laïcité culturelle qu'il définit ainsi : « neutralité confessionnelle de l'État et de la puissance publique, reconnaissance de la liberté religieuse (y compris la liberté de non-religion), reconnaissance de l'autonomie de la conscience individuelle (liberté personnelle de l'homme et de la femme par rapport à tous les pouvoirs religieux et philosophiques), réflexivité critique appliquée à tous les domaines (religion, politique, science...) ».

 

Certes, l'organisation de l'enseignement (places respectives du public et du privé, de l'enseignement religieux,..) et les modalités de financement du culte différent d'un pays à l'autre, et l'espace européen « connaît une grande diversité de modèles institutionnels de rapports entre États et religions » (Christian Mellon, 1994) mais il y a ce fonds européen commun qu'on ne peut, ni sur le plan de la réflexion ni sur le plan politique, ignorer.


Mais ce n'est pas là le seul élément commun aux pays européens. L'une après l'autre, les sociétés européennes connaissent une diversification de plus en plus évidente et cette diversification se fait à un rythme historique accéléré, transformant de manière essentielle le paysage religieux et culturel de ces pays. Induits par les décolonisations et les vagues successives de l'immigration, les mouvements de population de ces dernières décennies ont transformé le visage de l'Europe.


Le nouveau partenaire musulman de l'équation religieuse européenne est ainsi de plus en plus visible, de moins en moins étranger ou immigré et de plus en plus national, puisque revendiqué et assumé par une partie des enfants de l'immigration.


Ce partenaire demande de manière de plus en plus pressante sa place sur l'échiquier démocratique. Il la demande alors que les religions établies et les Etats européens ont conclu à travers l'histoire des accords explicites ou implicites de cohabitation, conférant aux confessions « anciennes » des avantages et des moyens que l'islam, nouveau venu, revendique à juste titre.


Ce nouveau partenaire s'enracine dans un environnement polémique, régulièrement réactivé par les tensions internationales. Il se développe alors que sa base sociale est restée longtemps et est encore dans une large mesure marquée par son histoire ouvrière et son statut social défavorisé, manquant de cadres de qualité, d'équipements dignes. Si la liberté religieuse est garantie en théorie, elle reste trop souvent méconnue en pratique.


C'est dans ce contexte que nous avons choisi, pour amorcer notre réflexion sur l'islam en Europe, une approche par le droit, qui définit dans toute société démocratique, les droits et les obligations des groupes et des individus.


L'approche européenne nous a semblé aussi évidente, non seulement parce 80% des 3,5 millions de Marocains émigrés habitent cette région du monde, mais aussi parce qu'elle devrait permettre des comparaisons probablement utiles pour les uns et les autres.


Je ne peux clore ce discours sans invoquer la mémoire d'un ami qui vient de nous quitter et qui a été pour un nous un maître, un compagnon et une source d'inspiration. Bruno Etienne vient de disparaître, mais je ne peux oublier son empathie, sa curiosité et sa disponibilité. Je dédie cette rencontre à sa mémoire.

 

Driss El Yazami
 

 

 

 

Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la première conférence internationale des conseils et institutions de l'émigration s'est déroulée les 3 et 4 mars 2009 à Rabat, sur invitation du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).


Ont participé à cette première rencontre du genre une centaine de personnalités, incluant des ministres et responsables gouvernementaux, des représentants des conseils des émigrés, des élus des communautés émigrées aux institutions représentatives de leur pays d'origine, des représentants des partis politiques marocains et des experts en matière migratoire. Les délégations étrangères invitées ont représenté 16 pays à travers le monde (l'Algérie, la Belgique, le Bénin, la Côte d'Ivoire, la Croatie, l'Equateur, l'Espagne, la France, l'Italie, le Liban, la Lituanie, le Mali, le Mexique, le Portugal, le Sénégal et la Tunisie).


Conformément au programme de la conférence, les exposés et les débats ont été riches et variés. Ils ont permis d'examiner les problématiques générales des migrations ainsi que les expériences concrètes des pays participants en matière de politiques publiques envers les émigrés. Plusieurs interventions ont par ailleurs traité des modalités de participation politique au sein de leur pays d'origine et des institutions consultatives des populations émigrées.


Ainsi a-t-il été permis aux participants de relever que :

  • Les phénomènes migratoires se globalisent et génèrent des problématiques au niveau mondial, interpellant de plus en plus d'Etats qui, à des degrés certes divers, deviennent à la fois des pays de départ, d'accueil et de transit plus ou moins durable des migrants.
  • L'équation de l'intégration des migrants dans les pays d'accueil et la préservation de leur identité et de leurs liens avec leur pays d'origine engendre certes quelques malentendus, voire quelques tensions, appelant des solutions négociées, dans le respect du droit international des droits de l'Homme, tout en tenant compte de la diversité des ordres juridiques nationaux et du contexte des progrès démocratiques du monde d'aujourd'hui.
  • Par delà les incompréhensions et l'instrumentalisation politicienne, et en dépit des dérives xénophobes, les phénomènes migratoires constituent un puissant levier de compréhension mutuelle, de respect réciproque et d'échanges culturels enrichissants entre les peuples. La réflexion collective au plan international sur les problématiques générées par ces phénomènes ne peut que contribuer à l'élaboration et à la mise en place de politiques concertées et pertinentes, dans l'intérêt des Etats émetteurs, récepteurs ou de transit et, avant tout, dans l'intérêt des populations migrantes et de la protection de leurs droits essentiels.
  • A cet égard, la conférence de Rabat a permis de prendre la mesure de la diversité et du caractère évolutif des politiques publiques et des modalités de participation politique et de la nature des conseils des communautés émigrées, en fonction des traditions nationales propres à chaque Etat. Elle a également permis de prendre la mesure des contraintes et dynamiques historiques à l'œuvre, dont notamment l'intensité et la pérennité des liens culturels entre populations émigrées et pays d'origine.
  • Cependant, cette diversité institutionnelle et politique offre par elle-même une riche source de réflexion, de recherche scientifique comparée et d'inspiration pour les acteurs des communautés émigrées et des pouvoirs publics. Ainsi, de nombreuses bonnes pratiques et pistes de réflexion plus ou moins adaptables au contexte de chaque Etat ont pu être mises en lumière.

 

Afin de poursuivre cette amorce de réflexion collective et de concertation, la conférence de Rabat a décidé de créer un comité de liaison provisoire, chargé de donner suite à ses travaux, et d'organiser les échanges entre les conseils des pays participants et d'élargir le rayon d'action et d'implication aux institutions similaires d'autres Etats qui y seraient intéressées. Ce comité est composé des institutions suivantes :

  • Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger
  • Le Conseil général de la communauté espagnole de l'extérieur
  • Le Haut conseil des Maliens de l'extérieur
  • Le Ministère pour les Equatoriens et Equatoriennes migrants

 

Le secrétariat de ce comité, chargé de préparer les prochaines initiatives entre les conseils et institutions de l'émigration, est confié au CCME.

 

 

Fait à Rabat, le 4 mars 2009

 

 

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Sous le Haut Patronage de sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette rencontre a été l'occasion de présenter l'Université Internationale de Rabat et de faire le point sur l'état d'avancement de ce projet.

J'ai passé 36 ans et 9 mois de ma vie à la chaîne. Nous avons arraché les droits: le droit d'être digne, le droit de parler la tête haute. A Tiznit, j'ai rencontré Oujan, il s'est réinstallé au pays. J'ai eu les larmes aux yeux en le voyant venir me chercher dans la salle d'exposition.

 

Monsieur le Ministre,

Monsieur le Président du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger,

Saidati Sadati,

Aitma Istma,

Ladies and Gentlemen,

Señoras Señores,

Mesdames et messieurs,


Dans toutes les langues du monde et en particulier dans la langue du cœur, je vous salue chaleureusement et à travers vous toutes les marocaines d'ici et d'ailleurs.

Je voudrais également remercier les organisateurs et organisatrices, pour cette excellente initiative.

Elle nous permet la rencontre, la visibilité, l'échange, le partage, entre marocaines d'ici et d'ailleurs. Et je les remercie aussi de me donner le privilège et l'opportunité de m'adresser à vous et de partager avec vous autour des aspects multidimensionnels de la condition féminine.

Je félicite le CCME pour le choix de la thématique et la décision d'en faire un évènement annuel car l'égalité entre les sexes est une valeur transversale des droits humains.

Et cette manifestation coïncide avec des rendez vous heureux et pleinement en rapport avec notre sujet.
Le 60eme anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme :

Notre pays a fêté cette occasion la tête haute car nous avons de quoi nous enorgueillir de tout le chemin parcouru par notre pays en matière de droits humains et d'égalité et nous continuions à marcher résolument vers l'égalité.

  • Ainsi l'Annonce a été faite par Sa majesté de la levée des réserves sur la CEDAW.
  • Le 18 décembre en plus d'être la journée internationale du travailleur migrant est aussi la date anniversaire de l'adoption de la CEDAW en 1979 par l'AG des Nations Unies.
  • La 6ème campagne de lutte contre les violences faites aux femmes organisée durant 15 jours par le Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité

 

Mesdames et messieurs,

Les problématiques sur lesquelles vous avez travaillé sont au cœur des préoccupations du gouvernement (déclaration gouvernementale) et au cœur également de la mission et des programmes du Ministère du développement Social, de la famille et de la Solidarité.

J'ai relevé avec grand intérêt les recommandations issues des débats menés au sein des différents espaces thématiques.

Vous avez relevé les avancées réalisées dans la marche du Maroc vers l'égalité et notamment:

  • Au niveau des législations qui concernent les Marocaines d'ici et d'ailleurs à savoir le code de la famille, le code de la nationalité, etc..
  • Au niveau de l'accès aux postes de décision en particulier la participation politique des femmes dans les instances élues.

La représentation politique des femmes vient d'être affirmée pour les communes comme elle l'a été pour le parlement en 2002.

Aujourd'hui, le nouveau code électoral assure un seuil minimal de 12% des sièges pour les femmes (au lieu de 0,5% actuellement) mais ce seuil peut être porté au tiers des sièges si les partis politiques jouent le jeu et apportent un soutien ferme aux candidatures féminines.

Cela vient renforcer la politique volontariste du Maroc de promouvoir les femmes à travers la nomination de 7 femmes ministres, 5 femmes ambassadeures, 19 femmes caids, 35 femmes dans les Conseils des Oulémas etc.

La charte communale inscrit l'approche genre comme condition dans l'élaboration des plans de développement local.

 

Vous avez également débattu des inégalités et des situations de vulnérabilité

Ces questions constituent le socle de la stratégie nationale pour l'équité et l'égalité qui s'articule autour de l'intégration de l'approche genre dans les politiques publiques comme condition d'atteinte de l'égalité:

  • Au niveau des Budgets, la Réforme budgétaire axée sur les résultats et Budgétisation sensible au genre (rapport genre)
  • Au niveau des programmes de lutte contre la pauvreté, en particulier L'INDH, dont la majorité des bénéficiaires sont des femmes.

 

Vous avez discuté de lutte contre les violences faites aux femmes

Vous avez certainement évoqué les actions en cours qui viennent renforcer celles déjà en place depuis une dizaine d'années :

  • Un système d'information sur les violences basées sur le genre commun entre les principaux acteurs : police, gendarmerie, justice, santé et
  • Des dizaines de centres et cellules d'accueil ont été mis en place par ces institutions et par les ONGs qui animent 62 centres d'écoute à travers le pays
  • Notre ministère a même organisé récemment des sessions de formation au profit des policiers et gendarmes sur le thème de la violence fondée sur le genre.
  • Ces centres et cellules accueillent aussi les plaintes des femmes migrantes
  • Nous travaillons sur la mise en place d'une législation contre les violences faites aux femmes en particulier les violences conjugales qui sont les plus dominantes selon les déclarations au niveau institutionnel comme au niveau des centres d'écoute des ONGs(plus de 80% des déclarations)
  • Une enquête de prévalence a été lancée
  • L'institutionnalisation et la territorialisation de la lutte contre la violence basées sur le genre par la convergence des programmes de 13 départements Ministériels, ONGs et Universités dans 6 régions, en partenariat avec 8 agences des Nations UNIES, en plus des programmes appuyés par d'autres partenaires.

 

Vous avez souligné la persistance des stéréotypes et l'impact négatif des images véhiculées par les medias, l'école, etc :

La diffusion de la culture de l'égalité constitue un axe stratégique du Ministère car le changement des législations et les décisions politiques doivent être accompagnées pour les traduire en comportements, attitudes.

Toutes ces avancées prouvent que le Maroc entend fermement consolider sa marche vers l'égalité et le respect des droits humains des femmes.

Cependant la marche vers l'égalité est encore longue. Les défis restent nombreux et multidimensionnels : qu'il s'agisse de l'accès aux services de proximité ou de la mise en œuvre des législations. A ce sujet, nous devons avoir présent à l'esprit que le nouveau Code de la Famille est en soi un véritable projet de société basé sur l'égalité et que 5 ans de mise en œuvre c'est très peu par rapport à des siècles de traditions, de discrimination et d'assujettissement des femmes.

Mais la volonté politique est forte pour faire réussir ce chantier de règne. En témoigne la Proclamation du 10 octobre journée nationale de la femme marocaine en commémoration du discours de SM le Roi 10 octobre 2003 devant le parlement pour annoncer le code de la famille.

Le 10 octobre constituera un moment annuel pour faire le bilan en matière d'égalité entre les sexes à travers les politiques publiques et continuer à marcher sur le chemin de l'égalité.


Mesdames et messieurs,

Ces chantiers et débats ouverts nécessitent une large mobilisation de nos forces et l'engagement et la coopération de toutes les compétences qu'elles soient d'ici ou d'ailleurs.

Les contraintes et les résistances sont multiples, vous les avez évoquées mais les Opportunités sont également là :

  • Fort engagement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en faveur de l'égalité
  • la richesse et l'engagement de la société civile
  • les possibilités d'articulation entre la lutte pour vos droits, pour votre visibilité dans vos pays d'accueil respectifs et la lutte pour les droits des femmes au Maroc.

Je vous ait parlé de votre pays et de vos acquis dans votre pays mais j'aimerais aussi vous dire à quel point votre pays est fier de vous !

 

Vous constituez un trésor pour votre pays, non pas seulement par le transfert de devises, Non !

Mais parce que vous brillez de mille feux et vous fêtes briller le Maroc, sur le plan artistique, culturel, sur le plan scientifique et de la recherche, sur le plan économique, social et même sur le plan politique et que votre cœur continue à battre pour votre pays le Maroc.
Nous, vos frères et sœurs d'ici, nous sommes fiers de vous et vous disons bravo !

Nous sommes également conscients des difficultés et des problèmes que vivent certaines de nos sœurs et particulièrement dans certains pays.
Celles qui ont émigré dans des conditions difficiles ou qui sont vulnérables et exposées à différentes formes de pressions et de violences.
J'appelle à la solidarité avec elles et à leur soutien et je leur recommande de s'organiser pour faire entendre leurs voix, ici et dans leurs pays d'accueil. Nous avons entendu vos plaintes et vos souffrances. Vous vivez le problème. Les solutions nous appartiennent ensemble mais vous pouvez les construire avec le soutien des défenseurs des droits humains des femmes dans votre pays ou dans vos pays d'accueil et avec l'aide du gouvernement à travers ses différentes composantes.

Pour terminer sur une note optimiste j'aimerais enfin vous dire que vous êtes une richesse pour votre pays par la diversité culturelle que vous œuvrez à entretenir.

Quel bonheur d'entendre des marocaines parler avec autant d'aisance, le français, l'espagnol, l'anglais, l'allemand, l'italien, le néerlandais etc etc...

Notre diversité c'est notre richesse, nous devons la préserver et la développer et résister à toute tentative de nous réduire à une seule dimension.

Nous sommes arabes et musulmans et fiers de l'être. Mais nous sommes aussi amazigh, ouverts sur les langues, méditerranéens, africains. Nous avons une composante juive de notre population, composante authentique de notre histoire et nous en sommes fiers.

Nous devons nous approprier et préserver notre diversité car elle est notre richesse. Elle met à l'épreuve notre démocratie qui se doit de respecter notre droit à la diversité et elle est une des composantes de la modernité.

Je tiens à saluer particulièrement celles d'entre vous qui par leur présence ici, à travers leur parcours là bas, leur engagement ici et là bas, incarnent les valeurs qui battent en brèche les stéréotypes , et cassent l'image qui est collée à la femme arabo-musulmane et qui est loin de correspondre à la réalité.

Je voudrais aussi saluer votre patriotisme, vous qui êtes à l'affût des actions citoyennes à mener au service de votre pays, dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, en faveur de l'éducation, la protection de l'enfant, ou des personnes âgées, l'emploi ou encore l'intégration des personnes handicapées.

Vous êtes donc une composante du formidable trésor que constitue la société civile pour notre pays sachant que celle-ci est devenue un partenaire institutionnel des politiques publiques particulièrement depuis le lancement de l'INDH par SM le Roi Mohammed VI le 18 Mai 2005.
Notre département s'engage à étudier avec le CCME les possibilités d'une nouvelle initiative en partenariat avec la société civile d'ici et de là-bas sur les différentes problématiques de l'émigration.

Les résultats auxquels vous êtes parvenus, après des discussions substantielles revêtent une importance capitale pour l'élaboration de stratégies et programmes futurs impliquant les différentes instances, structures, organisations et individualités présentes avec nous.

Votre pays le Maroc est sur la bonne voie.

Il est porté par l'amour que nous lui portons tous et toutes, par notre mobilisation et nos actions citoyennes mais aussi par la chance que nous avons d'avoir un Roi, SM le Roi Mohammed VI aussi engagé en faveur des droits de l'Homme, de l'Egalité et de la modernité.

Merci à toutes et à tous !

 

Nouzha Skalli

 

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Présidente de l'atelier : Mme Najat Azmy, membre du CCME, groupe Cultures, éducation et identités

Rapporteurs : M. Abderrahim Errabaï, président de l'Association des retraités marocains en France ; Mme Asmae Mouslim et Mme Véronique Manry, chargées de mission au CCME.

Avec la participation de :

  • Mme Zineb Doulfikar, directrice de l'association Les Chibanis, France
  • M. Mohamed Amri, Association des Anciens Travailleurs de Renault-Billancourt de l'Ile Seguin (ATRIS), France
  • M. Abdelkader Amali, Président de l'association des marocains âgés de Tilburg, Pays-Bas
  • M. Mohamed Sayem, consultant, Fondation de soutien aux émigrés qui retournent dans leur pays d'origine (SSR Berkane), Maroc
  • Mme Rachida El Idrissi, responsable du projet « Seniors sans frontière » à Saint-Gilles, Belgique

Actions des associations

  • Les associations axent leurs activités principalement autour des thématiques suivantes :
  • Les activités socio-culturelles et sportives ;
  • Le soutien psychologique (groupes de parole) ;
  • Le recueil et la transmission de la mémoire de l'immigration ;
  • L'assistance juridique et l'accompagnement dans les procédures administratives, essentiellement en matière de recouvrement des droits à la retraite et les aides sociales (aide au logement, santé, etc.) ;
  • L'intermédiation avec les institutions, autant dans les pays de résidence qu'au Maroc ;
  • La participation aux concertations nationales sur les réformes concernant les personnes âgées dans les pays d'accueil.

Propositions de pistes d'action

  • Couverture médicale au Maroc :
    • Mettre en place un système de cotisation qui permette la prise en charge des frais médicaux des retraités durant leur séjour au Maroc ;
    • Négocier des accords entre les caisses de sécurité sociale entre pays de résidence et d'origine.
  • Demande d'un interlocuteur institutionnel unique :
    • Création d'un guichet unique pour toutes les questions des émigrés retraités
  • Problématique des Marocains revenus au pays :
    • Problèmes de réintégration socio-économique ;
    • Problème de couverture sociale ;
    • Problème de circulation des personnes ;
    • Nécessité d'études sur la situation et les problèmes spécifiques aux émigrés retraités de retour au Maroc.
  • Création d'une plateforme associative euro-marocaine :
    • Porte-parole des retraités marocains en migration ;
    • Intermédiaire avec les institutions des pays de résidence et du Maroc ;
    • Participation aux négociations nationales et internationales sur les questions relatives aux retraités ;
    • Cette plateforme pourrait être coordonnée par une sous-commission « Retraités » au CCME.
  • Réduction des frais de transports :
    • Mise en place de tarifs seniors (transport aérien ou maritime)

 

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Dimanche 31 mai : Table ronde finale : « Défis, problématiques et pistes d'action »

Synthèse

 

Les recommandations des ateliers se rejoignent et appellent à la mise en place des principales actions suivantes :

  • L'élargissement des conventions de sécurité » sociales aux pays où il n'existe pas d'accord bilatéral en Dimanche 31 mai : Table ronde finale : « Défis, problématiques et pistes d'action »
    Synthèse
    la matière, tels que la Grande-Bretagne, l'Italie. Toute négociation devrait impliquer les associations.
  • La création d'un système de prise en charge sociale, particulièrement pour les travailleurs des pays arabes et des pays africains. Dans ce cadre, dans certains pays (Tunisie, Egypte...) les migrants cotisent à une caisse de leur pays d'origine soit pour leur sécurité sociale soit une protection complémentaire.
  • La désignation d'un interlocuteur institutionnel unique pour la question des retraités migrants et la création d'un guichet unique pour toutes les questions relatives aux migrants (assistance juridique, procédures administratives..).
  • La création d'une plateforme inter-associative euro-marocaine qui permettra de développer des passerelles de communication entre les ONG des pays d'origine et celles des pays d'accueil.
  • Le développement d'activités (culturelles, sportives...) pour un meilleur accompagnement des retraités et l'instauration d'un soutien psychologique.
  • L'implication des séniors, capital humain riche d'expérience, dans le développement de leur pays et l'institution à leur bénéfice de « tarifs séniors ».
  • La prise en charge, pour les nécessiteux, des rapatriements des dépouilles de même que le développement d'actions d'accompagnement en fin de vie.
  • La transmission de la mémoire de la migration marocaine aux nouvelles générations.
  • La nécessité de faire un état des lieux, qualitatif et quantitatif, par pays en raison des multiples spécificités, particulièrement les pays arabes.
  • La création de cahiers de charge sur les maisons de retraite (protocoles de prise en charge).

 

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Le CCME a été présent tout au long du salon, en proposant sur son stand une sélection d'ouvrages sur la thématique des migrations internationales, de la présence marocaine à l'étranger et de documentaires sur les grandes figures de l'émigration marocaine.

Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et l'Association des anciens travailleurs de Renault Ile Seguin (ATRIS), ont organisé du 30 mars au 28 avril 2009 la Caravane Mémoires Vives dans la région de Souss-Massa-Draa.

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