mercredi 3 juillet 2024 04:45

8:45 - 9:15 : Accueil des participants

9:15 - 10:30 :  Ouverture de la manifestation

  • M. Ahmed Akhchichene, Ministre de l'Education Nationale, de l'enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique
  • Mme Amina Benkhadra, Ministre de l'Energie, des Mines, de l'eau et de l'environnement
  • M. Mohammed Ameur, Ministre délégué auprès du Premier Ministre chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger
  • M. Pierre Lafitte, Sénateur honoraire, chargé de mission auprès du Président de la République française
  • M. Ian Shapiro, Director of the Mac Milan Center for International Affairs, Yale University 

« Lorsque Renault tousse, la France s'enrhume », aurait dit dans les années 1960 un homme politique français. Et dans l'empire Renault, l'usine de Boulogne-Billancourt installée sur l'Ile Seguin, était depuis le Front populaire le lieu symbolique de cette longue période, une sorte de thermomètre de la vie politique et sociale française, la forteresse ouvrière, avait-on coutume de dire. 

 Agadir abrite la sixième édition du festival Cinéma et migrations. Un rendez-vous dont la régularité vient indiquer la justesse des choix et des principes qui ont présidé à la naissance de cette manifestation : un concept pertinent (l'immigration est un thème moderne et transversal) une ville accueillante et disponible et l'abnégation d'une équipe d'organisation.




Monsieur le Ministre Délégué auprès du Premier Ministre, Chargé de la Communauté Marocaine Résidente à l'Etranger

Madame la Secrétaire d'Etat auprès du Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération

Monsieur le Président du conseil de la communauté marocaine à l'étranger

Madame la Conseillère auprès de la Ministre de la Culture et de l'Audiovisuel de la communauté française de Belgique,

Monsieur le Haut commissaire de l'Association 1200ème anniversaire de la Fondation de la ville de Fès.

Mme la présidente du groupe de travail  « Approche genre et nouvelles générations » au sein du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger

Excellences, Mesdames et Messieurs



Permettez moi de commencer mon propos sur le sujet qui m'a été suggéré par les organisateurs « Femmes, discriminations et changement social » en rappelant que toute réflexion sur le droit des femmes doit rappeler que leur statut inférieur par rapport aux hommes est un fait universel et transculturel. Face à cette inégalité, il existe une motivation historique des femmes de lutter pour leur émancipation.


Ces luttes de femmes ne sont pas nécessairement liées à un événement ou à un facteur ponctuel ou isolé, mais elles sont le fruit d'une maturation et se reflètent dans les principales évolutions et changements sociaux et politiques. Elles sont le produit d'un long cheminement de l'histoire politique, économique et sociale des pays.

Dans le monde entier, les femmes poussent pour les changements de leur société. Ainsi, dans son dernier rapport, lancé il y a deux jours au niveau de l'Afrique du Nord à Rabat, sur Les progrès des femmes dans le monde 2008/2009, l'UNIFEM examine ce combat des femmes pour influencer les politiques,les stratégies et les programmes nationaux et souligne les défaillances des systèmes nationaux dans la prise en compte des priorités des femmes.

Plusieurs exemples sont présentés, qui sont autant de raisons de luttes pour les femmes afin de changer leurs sociétés, que ce soit l'absence d'accès à l'eau comme en Afrique au sud du Sahara où 40 milliards d'heures sont dévouées par an à la collecte de l'eau, en grande partie par les femmes, (ce qui est l'équivalent d'une année de travail de l'ensemble de la population active en France), leur accès limité aux services publics, ou encore le droit à la terre dont les femmes sont privées. Il faut savoir que les Africaines fournissent 70 % de la production alimentaire mais ne disposent souvent d'aucun droit foncier. Ces droits sont, en grande partie, détenus par des hommes ou des groupes de parenté contrôlés par des hommes. La dernière mobilisation au Maroc pour le droit des femmes aux terres collectives s'inscrit dans cette lutte globale du droit à la succession pour les femmes.


Mesdames et Messieurs ;

On ne peut pas occulter la question centrale du statut des femmes au sein de la famille, des luttes qu'ont menées les femmes à l'échelle de toute la planète pour remettre en question la hiérarchisation des rôles et l'infériorisation institutionnelle dont elles sont victimes. Ce statut au sein de la famille a été considéré par les mouvements des femmes du monde entier comme l'une des principales entraves à leur libération ; l'égalité dans la sphère publique ne pouvant être atteinte si les femmes restent soumises dans la sphère privée. Selon le rapport de l'UNIFEM sur les progrès des femmes dans le monde 2008/2009, les femmes éprouvent des difficultés à faire prévaloir leurs droits du fait que leurs voix et leurs preuves n'ont pas le même poids que celui des hommes.

De multiples exemples peuvent être cités pour illustrer toutes les résistances, et je parlerai enfin de la question du partage du pouvoir et de l'accès aux postes de décision. A ce niveau encore, on peut noter que l'accès des femmes aux partis politique reste très limité, cela est particulièrement flagrant dans les postes de prise de décision, ce qui limite la capacité des femmes à influer sur les politiques. Cet état de fait, à quelques nuances près, est une réalité partagée par les femmes mondialement. Malgré les progrès, le taux de progression actuel, la parité dans les espaces de prise de décision nationales ne sera atteint qu'en 2045 dans les pays en développement.

On comprend dès lors que les femmes à travers leurs mouvements se positionnent dans une perspective de transformation des sociétés et sont de ce fait un acteur doté d'un projet politique et social cohérent et ambitieux, à savoir celui de rétablir les femmes dans leurs droits et dans leur dignité et, par conséquent, de contribuer à transformer les structures familiales et sociales des pays.

C'est donc un choix de progrès qui ne se limite pas au domaine des relations hommes femmes mais qui englobe des prises de position par rapport aux questions de l'égalité en général, du respect des droits de l'Homme et de la démocratie.

Grâce à leurs luttes, on peut aisément affirmer que les femmes du Maroc ont contribué aux changements survenus dans l'évolution de leur statut et jouent un rôle leader dans la mobilisation à l'échelle régionale, ceci grâce aux réseautages qui sont établis, dont le dernier en date est celui de la levée des réserves à la CEDAW.

Mais plus largement, en luttant pour leur droits, les femmes contribuent directement à l'instauration d'une bonne gouvernance des pays.


Ainsi, Mesdames et Messieurs,

Pour parler du rôle des femmes actrices de changement, il est important de bien valoriser leur rôle dans l'exercice de responsabilisation des institutions. Comme l'UNIFEM l'a analysé dans son Rapport biennal intitulé Qui est responsable envers les femmes, le cycle de redevabilité exige de passer par l'autorisation (par exemple, les élections, le mandat législatif), la mise en oeuvre (d'un mandat électoral, d'un programme gouvernemental en directives, ressources et mesures incitatives), l'examen et le suivi des performances et enfin les mesures correctives en cas de besoin. Or dans toutes ces étapes, les femmes sont engagées fortement pour influer sur le cycle de la redevabilité et provoquer le changement.


J'ai choisi d'axer mon intervention sur 4 caractéristiques qui me paraissent centrales pour illustrer le rôle des « femmes transformatrices » de leurs sociétés.


Premièrement, Les femmes sont « porteuses d'Alternatives ». Bien qu'étant une force de contre pouvoir, les femmes ne se contentent pas de revendiquer des droits mais proposent des alternatives, ceci dans tous les domaines. En ce sens c'est un mouvement porteur d'une vision et d'un projet de société. Leurs actions de terrain permettent une prise sur la réalité du vécu des femmes et donc une connaissance empirique et militante des problèmes et préoccupations de genre.

Tous les domaines sont investis: juridique, économique, politique et social. Les femmes constituent une force de pression et mènent des plaidoyers pour changer les lois, les politiques et les mécanismes institutionnels en faveur d'une plus grande prise en compte des besoins des femmes. Au Maroc, ceci a été particulièrement illustré par les batailles menées en faveur de la réforme de la Moudawana, du code du travail, du code pénal, du code électoral, du code de la nationalité, de la politique d'éducation nationale, du budget national, de la lutte contre les violences, etc. En agissant pour un nouveau rapport entre les sexes, les femmes sont porteuses d'un projet novateur plus global pour l'ensemble de la société.



Deuxièmement, les femmes sont une « force de mobilisation ». Par exemple, ces femmes ouvrières au Bangladesh, entrées dans le secteur de la confection poussées par la pauvreté et qui ont réussi à revendiquer leurs droits par des actions de groupe et obtenir la promulgation d'un nouveau Code du travail adopté par le gouvernement après 12 ans de délibérations. Ou encore l'exemple du réseau de soutien au plan d'action au Maroc, initié par le mouvement des femmes et qui a réussi à fédérer de larges pans de la société pour le soutien à un projet gouvernemental en faveur des droits des femmes est également une belle illustration de la capacité de mobilisation. Les mobilisations sur la réforme du code de la famille sont un formidable exemple de force d'influence du mouvement, ainsi que les toutes dernières mobilisations menées au sujet de la participation politique: d'abord parce que le sujet est difficile, ensuite parce qu'il ouvre la perspective de nouvelles formes d'alliances du mouvement des femmes sur les acteurs politiques. A titre d'exemple, au Philippines, une mobilisation réussie a permis d'obtenir des dispositions offrant à des groupements sociaux non conventionnels de se présenter aux élections. C'est ainsi qu'une Association de Femmes (GABRIELLA) a pu se présenter aux élections et gagner suffisamment de voix pour avoir deux représentants dans le Parlement.



Troisième point, les femmes, « constructrices d'opinion ». L'expression de l'avis des femmes sur des questions publiques, est un saut qualitatif important dans les modalités de travail des organisations féminines. Il s'agit ici de la systématisation de la « veille » par rapport au politique. Cette responsabilité des mouvements des femmes est tout aussi importante que celle des gouvernants, dont la responsabilité est l'élaboration et la mise en œuvre de politiques. Les ONG quant à elles, ont la responsabilité de s'exprimer sur ces politiques. Aussi, la pratique de la critique systémique dans le sens d'une interaction positive des forces en présence consacre le rôle du mouvement en tant que force politique influente exprimant son opinion, la faisant connaître et surtout partager par le plus grand nombre.

Enfin, la quatrième caractéristique de ces femmes transformatrices est qu'elles sont un « vecteur de l'idéal égalitaire » : il s'agit là de leur action visant le changement des mentalités. Le travail d'éducation aux valeurs d'égalité entre les sexes, au progrès et à l'ouverture est une tâche difficile et une responsabilité immense que le mouvement des femmes a investi. Nous voyons, ces dernières années une multitude d'initiatives d'universités d'été, de sessions de sensibilisation mais également de développement d'outils, de guides ou de manuels, déclinant une conception égalitaire des rôles sociaux des sexes pour une société respectueuse des droits des femmes. Cette conception est également portée dans leur plaidoyer en direction des politiques afin que le système éducatif s'engage sur l'universalité des droits. Ce projet à long terme est celui de tous les avocats de l'égalité, femmes et hommes, et devra réussir à modifier les partis pris et les préjugés culturels qui sont profondément ancrés.


Mesdames et Messieurs,


Permettez moi pour conclure de saisir l'occasion de la célébration du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et de l'annonce de SM le Roi Mohamed VI relative à la levée des réserves à la CEDAW, pour rendre hommage à toutes les femmes marocaines d'ici et d'ailleurs, qui luttent tous les jours pour que les femmes vivent une vie exempte de violence, pour qu'elles bénéficient des fruits de leur labeur, pour qu'elle aient accès à des services sensibles à leurs besoins, pour qu'elles puissent décider librement, entre autres, de leur façon de vivre, du nom de leur époux, du nombre d'enfants qu'elles auront, de leur lieu de résidence et du moyen de gagner leur vie.
En bref, pour toutes ces femmes qui luttent pour une plus grande redevabilité des sociétés envers leurs citoyennes.


Merci pour votre attention.



Zineb Touimi Benjelloun, Directrice régionale des programmes de l'UNIFEM pour l'Afrique du nord



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Biographie

Agé de 39 ans, il travaille en indépendant pour la presse française depuis une dizaine d'années. Il vient de rejoindre le collectif de photographes, l'Oeil public.

Philippe Brault découvre la photographie lors d'un séjour au Liban en 1989. Après quelques années dans l'audiovisuel, il s'y consacre entièrement à partir de 1993 et commence à collaborer avec la presse: Libération, le Monde, Télérama, L'Express, Le Publico (Portugal), Courrier cadre...

 

Organe consultatif et prospectif destiné à émettre des avis à Sa Majesté le Roi concernant les questions d'émigration, le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME) a pour vocation de mettre en place les mécanismes nécessaires pour assurer une participation accrue des Marocains résidant à l'Etranger dans la vie politique, socio-économique et culturelle de leur pays d'origine.

 

Le CCME a fait de la problématique religieuse une de ses priorités, notamment à travers la mise sur pied d'un groupe de travail « cultes et éducation religieuse ». Véritable thème d'intérêt pour l'opinion publique en Europe, l'islam apparaît en effet de plus en plus comme un élément constitutif de l'identité européenne. L'islam interpelle l'Europe et à l'inverse, la société européenne interpelle aussi l'islam.

 

Dans son souci d'approfondir le débat sur le culte musulman en Europe, le CCME organise, sous le Haut Patronage de sa Majesté le Roi Mohamed VI, un Colloque international intitulé « Statut juridique de l'islam en Europe » les 14 et 15 Mars 2009 à Fès. Le colloque rassemblera des chercheurs et des juristes marocains et étrangers spécialisés en la matière ainsi que plusieurs représentants politiques et acteurs culturels et sociaux qui aborderont les divers aspects législatifs et sociaux associés à la pratique du culte musulman en Europe.

 

Une présentation de la problématique soulevée par le statut juridique de l'islam en Europe viendra en introduction du colloque, dont les travaux s'articuleront en second lieu autour des axes suivants : les législations européennes et la liberté de culte, les législations européennes et les spécificités du culte musulman, les politiques publiques et le culte musulman et enfin l'organisation du culte musulman en Europe. Une table ronde sur la gestion de l'islam dans la cité, animée par les Maires de quelques villes européennes sera également organisée dans le cadre de ce colloque. Les intervenants y débattront et confronteront leurs expériences en matière de gestion du culte musulman dans leur cité.

 

Le CCME souhaite faire de cette première rencontre un forum de dialogue et d'échanges d'expériences permettant d'établir un premier état des lieux de la situation juridique du culte musulman au sein des pays européens marqués par une « laïcité culturelle », de porter un regard croisé sur leurs expériences et d'analyser les avancées, les défis et les contraintes en la matière.

 

Télécharger le communiqué

  • Ambrosini Maurizio, Professeur de sociologie, Università di Milano, Dipartimento di Studi Sociali e Politici - Italie
  • Berriane Mohamed, Géographe, professeur, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Mohammed V-Agdal (Rabat) - Maroc
  • Bouriqui Ilhame, Chargée de mission CCME - Maroc
  • Chattou Zoubir , Ecole Nationale d'Agriculture (Meknès) -Maroc
  • El Hasnaoui Anas, Chargée de mission au CCME - Maroc
  • Escobar Sol (Cristina), CMD Princeton University - USA
  • Hily Marie-Antoinette, Sociologue, MIGRINTER, CNRS, Poitiers - France
  • Infantino Federica, Etudiante CJB- Italie
  • Kateb Kalem, chercheur, INED (Paris) - France
  • Khachani Mohamed, AMERM (Rabat) - Maroc
  • Laacher Smaïn, Sociologue, Centre d'études des mouvements sociaux (CEM), EHESS (Paris) - France
  • Madad Youssef, Chargée de mission Maroc
  • Manry Véronique, Chargée de mission au CCME - Maroc
  • Morokvasik Mirjana, Sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS, Institut des sciences sociales du politique, Université Paris Ouest Nanterre la Défense- France
  • Mouslim Asmae, Chargée de mission CCME - Maroc
  • Ohliger Rainer, Sociologue et historien, Freiburg University,, University of Michigan (USA), Network Migration in Europe (Berlin) - Allemagne
  • Peraldi Michel, Anthropologue, directeur du Centre Jacques Berque (Rabat) - Maroc
  • Rahmi Ahlame, Chargée de mission au CCME - Maroc
  • Rea Andrea, GERME, Université Libre de Bruxelles - Belgique
  • Sempere Souvannavong Juan David, Géographe, Université d'Alicante - Espagne

 

Télécharger la liste des participants

Ce séminaire a pour objet d'ouvrir le débat à travers un panel très large d'intervenants venus de plusieurs pays de l'immigration (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Pays-Bas) et de spécialiste de la retraite au Maroc même. On aura l'occasion de voir dans les différents espaces plusieurs initiatives qui participent du soutien et de l'accompagnement de ces populations.

Des éléments de connaissance en terme statistiques, d'analyses et d'expériences de terrain ont été rassemblés. Nous avons découvert des problématiques partagées mais nous nous sommes, aussi, trouvés confrontés à une grande diversité des situations.

Vous aurez l'occasion d'en débattre dans plusieurs tables rondes et ateliers.

A ce titre, et bien que l'émigration des anciens est massivement masculine, il nous a semblé essentiel de mettre l'accent sur la problématique des femmes même si cette question est transversale à tous les sujets qui seront traités durant ces deux jours.

En effet, même si ce n'est pas un sujet de recherche très développé, nous avons suffisamment de données, aujourd'hui, pour savoir que les femmes constituent certainement la frange la plus fragile de la population âgée dans la mesure où leur parcours migratoire les rend plus vulnérables quant à l'accès à certaines prestations. Elles se retrouvent dans des situations de très grande précarité voire d'indigence. A ce titre une réflexion particulière se devait d'être menée.

Nous avons fait le choix, également, de laisser une large place au travail remarquable de veille et d'actions des associations. Je tiens à remercier très chaleureusement tous les représentants des associations présents qui donnent une dimension certaine à ce séminaire et leur dire qu'au CCME, ils sont chez eux.

Ces deux jours de travail doivent déboucher sur des propositions concrètes permettant de contribuer à une politique publique cohérente, ambitieuse et équilibrée entre le droit commun et le spécifique et entre ce qui relève des pays de résidence et ce qui relève du pays d'origine, permettant de concevoir une citoyenneté dans le vieillissement.

En marge de ce séminaire, plusieurs expositions photographiques proposées dans des lieux culturels à Casablanca et à Rabat rendront hommage à ces pionniers de l'émigration.

Merci à tous d'avoir répondu à notre invitation.

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter, à nous souhaiter d'excellents travaux.

Merci

Amina Ennceiri

 

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Plus de 15 000 spectateurs ont participé au Tremplin L'Boulvart dans la friche culturelle des abattoirs de Casablanca au cœur du quartier populaire Hay Mohammadi du 21 au 31 mai 2009.

Madame et Messieurs les ministres,

Monsieur le Conseiller de Sa majesté le Roi Mohamed VI

Messieurs les présidents des conseils de l'émigration, Mesdames et Messieurs les Directeurs

Mesdames et Messieurs,

 


Permettez- moi en premier lieu de vous souhaiter la bienvenue et de vous réitérer nos plus sincères remerciements d'avoir bien voulu répondre à l'invitation du Conseil de la communauté marocaine de l'étranger.

Cette conférence, la première de son genre à notre connaissance au niveau international, constituera, grâce à vos communications et les échanges auxquels elles donneront lieu, une occasion unique de débat et d'échanges sur une problématique finalement peu étudiée sur le plan scientifique et encore peu visible, du moins au niveau mondial, sur le plan politique.


Ainsi, ce n'est qu'au mois de septembre 2008 que s'est tenue, sous présidence française de l'Union européenne , la première rencontre des Européens établis hors de leurs pays d'origine, événement auquel notre Conseil a eu le privilège d'assister en tant qu'observateur, et qui a été pour nous une occasion importante d'information, de prise de contact et une source d'inspiration.

Pourtant, de plus en plus d'Etats mettent en place ce que l'on pourrait appeler des politiques de l'émigration, en essayant par la création de conseils consultatifs, de ministères, d'agences ..., de maintenir et de revivifier les liens avec leurs communautés expatriées, de contribuer à la défense de leurs droits conformément au droit international des droits de l'Homme et notamment la Convention pour la protection de droits des migrants et de leurs familles, et enfin d'amplifier d'une manière ou d'une autre leur participation à la vie politique, économique et culturelle de leurs pays.


Pour quelques pays, notamment les grands pays de l'émigration, il s'agit de politiques établies depuis longtemps comme le démontrent, à titre d'exemples, les expériences espagnole, italienne ou portugaise. Il en est de même pour un pays comme la France où plusieurs institutions se sont succédées depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale.

Mais pour la plupart des pays, les populations nationales vivant à l'étranger ne faisaient pas l'objet d'une attention particulière. Ce n'est désormais plus le cas comme le rappelle le chercheur français Stéphane Dufoix : «  à partir des années 1960-1970, affirme-t-il, ces pratiques d'indifférence ou d'abstention à l'égard des expatriés se muèrent progressivement en politiques d'attention ».


Ces politiques actives en direction des communautés expatriées sont probablement la conséquence et le reflet des mutations profondes du phénomène de l'immigration avec, en particulier, la progression significative du nombre de migrants, la mondialisation des flux avec une diversification des trajectoires et des destinations, la montée en puissance des flux sud-sud et le changement du statut de nombre de pays qui ne sont plus seulement des pays émetteurs, mais qui sont aussi et de plus en plus, même si c'est à des degrés variables, des pays de transit et d'installation.

Ces nouvelles politiques reflètent aussi les mutations internes des communautés émigrées.

Engagées dans des processus inéluctables d'enracinement dans les pays de résidence, les communautés émigrées aspirent en même temps à participer d'une manière ou d'une autre à la vie politique, économique et culturelle du pays d'origine.


Au fond, la revendication est celle d'une citoyenneté élargie, renouvelée et qui pourrait s'exercer de manières et à des niveaux différents dans plusieurs espaces politiques. En s'impliquant par leurs remises dans le combat contre la pauvreté, en s'investissant à travers des ONG dans le développement solidaire avec leurs communautés d'origine, en travaillant au transfert des savoirs et des compétences, tout en agissant sur le plan civique dans leurs pays de résidence, les migrants et leurs descendants manifestent un dynamisme civique certain qui peut être une source d'enrichissement pour les deux sociétés.

En effet, si dans certains pays les communautés émigrées peuvent constituer un facteur de polémique et de tensions, elles sont aussi un élément essentiel de rapprochement entre les peuples et les gouvernements et d'approfondissement de la notion même de citoyenneté.


C'est dans ce cadre qu'il faut considérer, nous semble-t-il, la multiplication des conseils de l'émigration et des institutions étatiques dédiées aux populations nationales vivant à l'étranger et le rôle qu'ils peuvent jouer, au moins à un triple niveau.

Composés d'hommes et de femmes qui ont vécu, souvent difficilement l'expérience migratoire, faite parfois de solitude, d'éloignement et de nostalgie de la terre quittée, de migrants qui ont du faire le dur apprentissage de l'intégration dans une société différente, qui peut mieux que ces conseils et institutions se faire l'écho des préoccupations et doléances des communautés expatriées et de défense de leurs droits dans les pays de résidence, constituer un vecteur de participation dans la vie démocratique des pays d'origine et agir aussi pour une prise en compte des souffrances et des droits de tous les migrants, y compris dans leur pays d'origine.

Dans le débat trop souvent passionné à propos des migrations et des mobilités humaines, dans chacune de nos sociétés et au niveau international, nos conseils peuvent jouer un rôle de modération et de rationalisation de ce débat, en maintenant fermement le cap de la fraternité et de la solidarité humaines ainsi qu'une approche fondée sur les droits de l'Homme. C'est en tout état de cause le choix irréversible de notre pays et de notre gouvernement, qui mène, sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi, de vastes chantiers de réformes qui ambitionnent, au Maroc même comme au niveau de l'émigration, une approche participative aussi large que possible et l'élargissement des espaces de concertation et d'implication citoyennes.


Cet effort qui est le nôtre est d'évidence celui dont lequel vous êtes vous aussi engagés. C'est la raison pour laquelle je suis convaincu que de cette conférence donnera lieu à des échanges féconds et à de nouvelles initiatives dont cette réunion n'est que l'amorce.


Je vous remercie de votre attention.

 

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