Le Club des journalistes accrédités au Maroc (CJAM) a accueilli, mardi 25 juin 2024 à Rabat, le président du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), M. Driss El Yazami, pour une conférence-débat sur le thème « les Marocains du monde face aux nouvelles mutations et aux nouveaux défis ».
Dans son intervention lors de cette rencontre modérée par M. Monaim El Amrani, membre du (CJAM), M. El Yazami a estimé que la migration marocaine, qui s'étend sur plus d'un siècle et demi, est un déterminant de l'histoire marocaine à plusieurs niveaux, passant en revue ses étapes historiques les plus importantes, à commencer par la migration d’un groupe d'habitants du Rif qui ont été amenés par la France vers sa colonie en Afrique du Nord (actuellement l'Algérie) en 1852, un mouvement qui s'est poursuivi jusqu'au début de la guerre de libération dans les années 1950 et s'est achevé par l'expulsion de milliers de Marocains par l'Algérie dans les années 1970.
La deuxième phase historique de la migration marocaine a été définie par la Première Guerre mondiale, tant en ce qui concerne la participation de soldats marocains dans l'armée française parmi les recrues provenant des colonies d'Afrique du Nord, que la migration de milliers de Marocains pour travailler dans les usines et les champs afin de remplacer les Français partis à la guerre ; une communauté marocaine s'y est formée entre les deux guerres et s’est consolidée avec l'envoi de la première mission d'étudiants marocains en France, qui a contribué à la création de l'Association des étudiants musulmans d'Afrique du Nord, constituant le premier noyau de la résistance marocaine pour l'indépendance.
Dans les années 1950 et 1960, la course européenne à la main-d'œuvre a commencé, marquée par la signature par le Maroc d'accords de main d’œuvre avec des pays européens tels que la France, la Belgique et l'Allemagne, une étape que M. El Yazami considère comme le début de l'européanisation de la migration marocaine, qui se consolidera dans les années 1990 avec les flux migratoires vers l'Italie et l'Espagne.
Parmi les grandes mutations de la migration marocaine, le président du CCME s’est attardé sur la mondialisation due à la présence des communautés marocaines dans des dizaines de pays à travers le monde. Il a souligné que cette caractéristique nous met face à une pluralité non seulement linguistique mais aussi politique et culturelle et pose le défi de s'y adapter. Les productions littéraires des Marocains du monde dans différentes langues basés sur la culture marocaine sont le reflet de cette mondialisation qui enrichit à la fois la culture des pays d'accueil et du pays d'origine.
La migration marocaine impose aussi des défis, dont le plus important selon M. El Yazami est de redéfinir les liens avec les nouvelles générations, ainsi que de renforcer la contribution des Marocains aux grands chantiers de développement du Royaume afin de mettre en œuvre les orientations de Sa Majesté le Roi en ce sens.
De par ses politiques publiques, le Maroc joue un rôle central dans la gouvernance de la migration, que ce soit au niveau national en lançant le processus de régularisation de milliers de migrants sur le sol marocain et en développant la stratégie nationale de migration et d'asile ; au niveau continental, car Sa Majesté est le chef de file de la migration au sein de l'Union africaine, un enjeu clé pour le développement d'une politique migratoire africaine ; et au niveau mondial en contribuant au lancement du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières en 2018.
CCME