dimanche 1 décembre 2024 03:26
samedi, 30 novembre 2024 22:46

La Belgique confrontée à un afflux record de demandes de protection internationale Spécial

En 2023, la Belgique a enregistré 29 589 premières demandes de protection internationale, marquant une légère baisse de 8 % par rapport à l’année précédente. Pourtant, sur la scène européenne, la tendance est bien différente : les demandes ont bondi de 20 %, selon les derniers chiffres du Centre fédéral Migration (Myria). Ce constat souligne l’ampleur de la crise migratoire qui persiste à l’échelle continentale.


Les Syriens et les Palestiniens en tête

Parmi les demandeurs de protection, les Syriens occupent la première place, suivis par les Palestiniens, qui enregistrent un pic historique. Les Afghans, bien qu’en recul par rapport à 2022, continuent de représenter un groupe significatif, tandis que les Turcs et d'autres nationalités voient des fluctuations notables dans leurs taux de reconnaissance.


Augmentation des décisions et taux de protection

L’année 2023 a vu le Commissariat général aux Réfugiés et aux Apatrides (CGRA) traiter 24 012 dossiers, concernant 28 289 personnes. C’est un bond de 22 % par rapport à 2022 et le plus haut niveau depuis plusieurs années. Le CGRA a octroyé un statut de protection internationale dans 43,5 % des cas, touchant 12 779 individus, dont 97 % ont été reconnus réfugiés, et 3 % ont reçu une protection subsidiaire.

Myria met en lumière des variations notables entre 2022 et 2023 : les taux de protection des Palestiniens ont bondi de 17 points, tandis que ceux des Iraniens ont augmenté de 35 points, contrastant avec la chute de 29 points pour les Turcs.


Des chiffres inquiétants : l'Afghanistan en tête des rejets

Plus d’un tiers des décisions négatives émises en 2023 concernent des demandeurs afghans, illustrant la difficulté de leur situation dans le contexte actuel.


La protection temporaire, une autre facette de la crise

En 2023, la Belgique a délivré 15 626 attestations de protection temporaire à des personnes fuyant le conflit en Ukraine, un chiffre en baisse par rapport à 63 356 en 2022. Ces protections ne sont pas intégrées dans les statistiques des demandeurs de protection internationale, des réfugiés ou des bénéficiaires de la protection subsidiaire, mais elles montrent une autre dimension de l’accueil dans le pays.


La crise de l’accueil : un système à bout de souffle

Myria tire la sonnette d’alarme : la crise de l’accueil s’intensifie. En juin 2024, plus de 4 000 hommes isolés attendaient désespérément une place d’accueil, soit le double par rapport à l’année précédente. L’augmentation de la capacité d’accueil est jugée insuffisante, et des solutions prévues par la loi, telles que la suppression du code 207, sont mal appliquées, selon le centre.

Le rapport plaide pour des mesures immédiates et renforcées, y compris des collaborations entre les autorités fédérales, les entités fédérées et l’Union européenne. Myria suggère que tant que l’accueil d’urgence, piloté par Fedasil, n’est pas pleinement opérationnel, chaque demandeur d'asile privé de logement devrait pouvoir bénéficier d’un hébergement d’urgence ou, à défaut, d'une aide sociale via les CPAS.


Les apatrides : une reconnaissance tardive mais insuffisante

L’instauration en février 2024 d’un droit de séjour spécifique pour les apatrides, imposée par la Cour constitutionnelle depuis 2009, a été un pas en avant. Mais Myria rappelle que les conditions strictes de la nouvelle procédure risquent d'exclure de nombreuses personnes de ce dispositif essentiel.

Dernière modification le samedi, 30 novembre 2024 22:50
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