jeudi 12 décembre 2024 20:43
lundi, 25 novembre 2024 20:25

Mineurs non accompagnés : comment l’Espagne compte gérer ce dossier sensible ? Spécial

Face à l’afflux croissant de mineurs non accompagnés, arrivant par des voies clandestines, l’Espagne se prépare à adopter des réformes législatives majeures. Ces mesures visent à mieux répartir la charge entre les régions et à renforcer la coopération internationale pour gérer ce phénomène migratoire complexe.


Une réforme au cœur des priorités politiques

Ángel Víctor Torres, ministre espagnol de la Politique régionale, a annoncé une réunion stratégique la semaine prochaine avec le Parti Populaire et les présidents des îles Canaries et l'enclave occupée de Seuta, deux régions particulièrement touchées. Cette rencontre portera sur la réforme de l’article 35 de la loi sur l’immigration, qui encadre la prise en charge des mineurs étrangers.

Dans une lettre adressée à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, Torres a plaidé pour une approche solidaire à l’échelle continentale. Il a proposé une meilleure répartition des mineurs entre les États membres de l’Union européenne, tout en renforçant les partenariats avec les pays d’origine comme le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal. L’objectif est également de redistribuer équitablement ces jeunes migrants au sein des régions autonomes espagnoles, afin de désengorger les zones les plus affectées.
Soutien attendu de l’Union européenne

Pour Torres, l'Union européenne doit intensifier son appui aux territoires confrontés à une pression migratoire accrue, notamment les îles Canaries et l’enclave occupée de Sebta. « Les défis logistiques et humains nécessitent des ressources supplémentaires et une meilleure coordination entre les États membres », a-t-il affirmé.

Cette réunion pourrait aussi permettre de rétablir le dialogue entre le gouvernement et le Parti Populaire, ce dernier ayant boycotté une précédente tentative de négociation en septembre dernier. Malgré ces tensions, Torres se dit optimiste quant à la possibilité d’un accord global pour une réforme équitable et ambitieuse.
Renforcement des relations avec le Maroc

Le Maroc joue un rôle clé dans cette équation. Lors d’une conférence de presse conjointe au Maroc avec Fernando Clavijo, président du gouvernement des îles Canaries, Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, a confirmé la disponibilité du Maroc à coopérer pleinement.

« Le Maroc est prêt à rapatrier tout migrant en situation irrégulière dont la nationalité marocaine est avérée, y compris les mineurs », a déclaré Bourita, tout en appelant les pays européens à résoudre les contraintes juridiques liées à leurs procédures internes.

Cette posture proactive du Maroc, saluée par Clavijo, s’inscrit dans une série de consultations entre Rabat et Bruxelles pour trouver des solutions équilibrées et pérennes.
Une pression migratoire en constante augmentation

En parallèle, Torres, en sa qualité de président de la commission ministérielle mixte sur la migration, a intensifié ses rencontres à Bruxelles. Il s’est notamment entretenu avec Ylva Johansson, commissaire européenne aux affaires intérieures, pour explorer des solutions concrètes à l’échelle européenne.

Cette mobilisation traduit l’urgence de repenser la gestion des mineurs non accompagnés, alors que les régions frontalières de l’Espagne continuent de faire face à une pression migratoire sans précédent. Les prochaines étapes dépendront de la capacité des acteurs politiques à s'accorder sur des mesures durables et de la solidarité européenne à s’affirmer.

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