mardi 26 novembre 2024 07:55

A partir d'aujourd'hui, vendredi 11 février, et ce jusqu'au 20 février prochain, l'Office des foires et expositions de Casablanca (OFEC) accueille la 17ème édition du Salon du livre et de l'édition de Casablanca organisée par la Direction du livre du ministère de la Culture. Il mettra cette année l'Italie à l'honneur et proposera au public, stands de maisons d'éditions, conférences, débats et rencontres. Tour d'horizon.

Après les Marocains du monde l'an passé en collaboration avec le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, le Salon du livre et de l'édition de Casablanca (SIEL) met cette année à l'honneur la Botte -dont le centre culturel fête en 2011 les quarante ans de présence au Maroc- sous le signe “Voyage et migration des personnes et de la culture d'une rive à l'autre de la Méditerranée”.

Les particularités du SIEL 2011

270 éditeurs, soit la même moyenne que lors des précédentes éditions. Côté budget également, selon le ministère, ce sera le même que l'an passé soit quelque 8 millions de dirhams.

Comme à l'accoutumée, trois salles de conférences seront aménagées à l’intérieur du salon et porteront le nom de trois intellectuels maghrébins décédés en 2010. Il s’agit de Abed El Jabri, Mohamed Arkoun et Edmond Amran El Maleh auxquels des hommages seront d'ailleurs rendus.

Quels sont donc les grands changements de cette année? Tout d'abord, la suppression des spectacles, pièces de théâtre et concerts qui animaient l'an passé le salon le soir car, selon les organisateurs, “trop peu de gens se déplaçaient”.

Mais aussi, la création d'un tout nouveau rendez-vous, la “Sqala du SIEL”. Le célèbre restaurant casablancais La Sqala accueillera ainsi chaque soir durant tout le Festival -en partenariat avec le CCME, le Centre culturel italien, l’Institut Cervantès de Casablanca et la Délégation Wallonie Bruxelles- une série de rencontres, lectures et signatures “permettant au public de rencontrer de façon conviviale les nombreux auteurs présents sur le Salon”, explique le communiqué de presse de l'Ambassade de France présente au SIEL via le stand France.

La migration et l'immigration au coeur du Salon

S'ils ne sont plus à l'honneur cette année, les Marocains du monde, autrement appelés MRE ont néanmoins, via le thème de cette année 2011, une place de choix au sein du salon qui s'intéresse particulièrement à la migration.

Entre autres par la participation de la “Huna Amsterdam”, département arabe de la station radio internationale des Pays-Bas (Radio Netherlands Worldwide), qui présentera des “chroniques sur le vécu et l'expérience de la première génération de Marocains aux Pays-Bas, ainsi que le lancement de l'édition maghrébine du site Huna Amsterdam”, explique le communiqué de la station.

Intitulées “Moi, Driss”, ces chroniques sont nées des histoires compilées et écrites par la deuxième génération, sur la base de l’expérience de leurs parents. Des histoires uniques qui seront racontées pour la première fois pour une expérience littéraire novatrice. Elles seront présentées au public le 12 février à 18h à la salle Mohamed Aabid Jabiri lors d’un débat animé par Mohamed Amezian, présentateur de Huna Amsterdam. Avec un expert en littérature marocaine, il débattra de l'influence de la culture sur la littérature. Ils seront rejoints par trois écrivains marocains (Yassin Adnan, Latifa Baqa et Abdellatif Laâbi).

Mais aussi grâce au Conseil de la communauté marocaine à l'étranger qui sera également présent sur le salon en partenariat avec le Secrétariat d'état chargé de l'artisanat, et qui a choisi pour thème “Littératures, migrations, Méditerranée”.

“La thématique de l'immigration en Méditerranée a inspiré des auteurs et des intellectuels de tous les pays riverains. La programmation du CCME donne à voir et à entendre une large palette de ce foisonnement littéraire, poétique et philosophique.” Le CCME.

Ainsi, ce sont quelque 150 invités marocains et étrangers, originaires ou résidant dans plus de 20 pays, célèbres ou jeunes talents qui viendront du 11 au 20 février faire découvrir leurs écrits et réflexions.

Comme l'an passé, le CCME publie également à cette occasion une dizaine d'ouvrages d'écrivains méditerranéens et arabes de l'immigration et met à disposition du public sa “grande bibliothèque de l'immigration” avec plus de 1.000 titres, espace revues et espace enfants.

Rencontres érudites en perspective

Aux côtés de tous ces ouvrages adultes et jeunesse, le SIEL, c'est aussi de nombreux débats et conférences qui offrent des occasions, rares, de rencontres érudites.

Du côté du pays à l'honneur, l'Italie, des spécialistes aborderont “l'impact de l'architecture arabe sur l'Italie du Sud” et le thème de l'immigration marocaine en Italie fera l'objet d'une table ronde. Des médiévistes italiens animeront quant à eux une conférence sur “Léon L'Africain”. Enfin, entre autres, une table ronde sera organisée sur “L'Union pour la Méditerranée”, avec la participation de l'historien et essayiste italien Franco Cardini.

Le public pourra également rencontrer au Stand France (qui place “la rencontre” au cœur de cette édition 2011): Salim Bachi, Georges Olivier Châteaureynaud, Eric Fottorino, Mohamed Hmoudane, Maylis de Kérangal (prix Médicis 2010), Katherine Pancol, Daniel Picouly, Gonzague Saint Bris, Romain Simenel, Elizabeth Tchoungui, Dominique Wolton. Et pour le jeune public avec Marguerite Abouet, Corine Baret-Idatte ou encore Roland Fuentès. Certains de ces auteurs se rendront également à des rencontres littéraires organisées au Carrefour des livres, en partenariat avec l'Ambassade de France (cf.programme de la librairie).

Un rendez-vous qui promet donc de nombreux moments de littérature, de discussion et d'érudition, tout en faisant la part belle à la rencontre, l'intérêt pour l'autre et aux liens littéraires qui unissent le Maroc aux autres pays présents. A visiter impérativement.

Source : Aufait

A l'école primaire, par l'intermédiaire du dispositif ELCO (enseignement des langues et cultures d'origine), l'enseignement de la langue arabe aux enfants issus de l'immigration est laissé à la discrétion d'Etats autoritaires du Maghreb (Algérie, Maroc) ou en passe de ne plus l'être (du moins on l'espère) : la Tunisie. Ces enfants français d'origine maghrébine sont ainsi maintenus en situation de tutelle culturelle par rapport aux pays dont sont originaires leurs parents alors qu'ils n'y sont eux, très souvent, même pas nés !

Au secondaire, c'est un champ de ruines. Depuis de nombreuses années, la langue arabe est cantonnée soit dans les établissements de l'élite des centres-villes (Lycée Henri IV…) soit dans les collèges des villes les plus en difficulté où la République a ghettoïsé les populations issues de l'immigration et de ses anciennes colonies. Les professeurs d'arabe y enseignent comme leurs collègues avec des moyens dérisoires et dans des conditions très difficiles.

La spécificité de l'arabe tient à ce que souvent les professeurs certifiés ou agrégés d'arabe ne se voient pas confier d'affectation complète voire se retrouvent sans affectation ou bien sont amenés à enseigner d'autres matières que celle pour laquelle ils se sont formés. Il n'est pas rare qu'ils soient aussi encouragés à devenir le VRP de leur matière : faire le tour des établissements et des salons pour inciter les élèves et leurs parents à choisir l'arabe. C'est en feignant de constater cette situation issue de ses propres orientations que les gouvernements de droite prétextent depuis 2002 l'absence de demande en arabe pour organiser méthodiquement la baisse régulière, chaque année, du nombre de postes mis aux concours de recrutement des professeurs jusqu'à la fermeture pure et simple du Capes d'arabe en 2011 !

Rappelons que cette politique s'inscrit dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) et que l'arabe est loin d'être la seule matière à en payer le prix : le russe (pas de Capes de russe non plus cette année), les langues anciennes, l'Education physique et sportive (EPS) et d'autres matières comme l'histoire-géographie jugées accessoires par le ministère font les frais des économies de grande échelle imposées à l'éducation nationale en France au nom du dogme de la rigueur budgétaire alors que le gouvernement s'apprête à alléger l'impôt sur la fortune (ISF) au bénéfice des plus riches.

GHETTOÏSATION ET ÉLITISME

Dans le supérieur, on a coutume d'affirmer (comme pour le primaire) que la situation de la langue arabe est plus enviable. Il n'en est rien. L'arabe dispose certes de diplômes labélisés LLCE (lettres, langues et civilisations étrangères) ou LEA (Langues étrangères appliquées) dans plusieurs universités de région parisienne et de province ainsi que d'une vitrine à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), diplômes animés par des professeurs renommés, reconnus et méritants mais cela ne permet pas de sortir cette langue de ses ghettos académiques : ghetto de pauvres issus de l'immigration à la recherche légitime de leurs racines ou ghetto de riches issus des classes intellectuelles les plus favorisées.

A l'occasion du salon Expolangues (du 3 au 5 février) mettant à l'honneur la langue arabe, nos politiques en profitent pour ressortir leurs beaux discours éculés sur l'enseignement de l'arabe en France "qui ne doit pas être laissée aux associations culturelles et qui a toute sa place dans l'école de la République". Et le ministre d'affirmer jeudi 3 février que "la France est le seul pays de l'espace européen à proposer un enseignement laïc de l'arabe, du collège à l'université". Mensonge par omission car la langue arabe au primaire est plus que jamais majoritairement enseignée par des associations dites "culturelles" dans les quartiers populaires, hors de l'école publique.

Tout ce que le ministre a à proposer, ce sont des dispositifs de classes européennes, "pôles linguistiques d'excellence", où les langues arabes et orientales auraient toute leur place. On ne sort pas d'une logique de ghettoïsation et d'élitisme. N'oublions pas que ce sont les mêmes qui étalent leur mépris de cette langue depuis tant d'années, mépris de l'éducation et de la culture en général ! Rien n'est fait pour combattre les préjugés contre la langue arabe et ses locuteurs !

Il me parait fondamental de réserver à l'enseignement de la langue arabe une place aussi importante que des langues comme l'espagnol ou l'allemand en permettant, aux élèves issus des classes moyennes d'accéder à son apprentissage, en lançant des campagnes nationales de promotion de cette langue et de la civilisation arabo-musulmane et enfin en rouvrant les concours avec un nombre de postes décent. N'en déplaise à M. Sarkozy, la France a une dette envers les populations issues de ses ex-colonies dont celles d'Afrique du Nord. Qu'elle l'honore dignement !

11/2/2011, Julien Leers

Source : Le Monde

Les Etats-Unis n'ont cessé de renforcer leur frontière au sud du pays, mais c'est la récession qui a fait chuter l'immigration illégale. Reportage à San Diego, l'un des hauts lieux du passage clandestin entre le Mexique et la Californie.

C'est une zone de collines arides, faites de caillasse et de sable, parsemée de courts arbustes, et où les scorpions et les serpents sont légion. D'un côté la Californie, de l'autre le Mexique. Entre les deux, un mur de métal marque la frontière. La route n'est pas très loin : à quelques centaines de mètres se trouve le village de Jacumba, réputé pour ses sources d'eau chaude, à 70 kilomètres de San Diego. Le vent refroidit la tiède journée d'hiver. Enrique Morones, avec l'aide d'un jeune lycéen, Angel, dispose des bidons d'eau dans les rares endroits ombragés. Ils sont destinés aux clandestins qui, la nuit venue, vont sauter le mur. Seul signe tangible de leur passage, les étoffes de laine dont ces derniers entourent leurs chaussures pour éviter de laisser des empreintes dans le sable et qu'Isolde, la patronne suisse d'un café du village, a récupérées et suspendues à un arbre dans sa cour.

Une voiture de la patrouille des frontières apparaît, mais laisse faire. Enrique Morones leur est connu. Il est le fondateur de « Border Angels », une association qui cherche à apporter de l'aide à ceux qui traversent la ligne de démarcation serpentant dans ces montagnes désertiques.

Plus de 20.000 agents patrouilleurs

Pendant des années, près de 45 % des immigrants venus du Sud sont passés par San Diego, une ville aujourd'hui cossue, qui fait face à Tijuana la dangereuse, au Mexique. Mais depuis la signature de l'accord de libre-échange nord-américain, en 1994, les Etats-Unis ont entrepris de sceller une partie de la frontière avec le Mexique. En récupérant des plaques de métal sur lesquelles se posaient des hélicoptères pendant la guerre du Vietnam puis lors de l'opération « Desert Storm » (première guerre en Iraq), un premier mur a été construit. Pas très élevé, franchi en quelques secondes à l'aide d'une échelle à corde, il est plus symbolique qu'efficace sur les 65 kilomètres où il a été édifié. L'administration de George W. Bush a entrepris de consolider la frontière en faisant ériger à quelques mètres du premier mur une seconde barrière métallique, plus moderne et plus élevée, parfois couronnée de fils électriques et qui s'étend sur 20 kilomètres. Ca ne l'empêche pas d'être régulièrement cisaillée -des rectangles juste assez larges pour faire passer quelqu'un... Pour être aussitôt raccommodée par une équipe spécialisée de la patrouille des frontières. « Ils nous surveillent en permanence, ils ont des éclaireurs, ils se guident à l'aide de points lumineux », constate Jerry Conlin, un agent de la « Border Patrol ». Il faut aussi compter avec les tunnels, creusés sous les deux murs et le plus souvent financés par les narcotrafiquants qui cherchent à écouler discrètement cannabis et cocaïne. Depuis 1990, une quarantaine de tunnels ont été repérés, dont deux en novembre dernier.

Les moyens des patrouilles des frontières ont pourtant été considérablement renforcés - y compris sous l'administration Obama -avec 20.500 agents (contre 10.000 en 2004) et un budget annuel d'environ 11 milliards de dollars. Dans la région de San Diego, ils étaient 1.500 patrouilleurs en 2005 et sont 2.600 aujourd'hui, qui se déplacent en 4 x 4, en quad, à cheval, en hélicoptère ou même à vélo. « Notre objectif l'an dernier était d'avoir un contrôle opérationnel de la frontière sur 82 kilomètres, cette année nous voulons maîtriser l'environnement maritime », explique Jerry Conlin.

On compte environ 33 millions d'immigrés aux Etats-Unis, dont 12 millions seraient sans papiers. Près d'un million auraient quitté le pays entre 2008 et 2009, sous l'effet de la crise économique et du durcissement des contrôles, ce qui ramène leur nombre à 10,8 millions en 2010, selon un récent rapport du Homeland Security.

Sur la totalité de la population immigrée, une personne sur quatre vient du Mexique et une sur deux d'Amérique latine. L'instabilité économique dans leur pays, la volonté de mieux subvenir aux besoins de leurs proches (25 milliards de dollars sont envoyés au Mexique chaque année) ou le désir de se rapprocher de leur famille déjà exilée sont autant de raisons de franchir le pas. Environ 60 % des immigrants illégaux sont arrivés aux Etats-Unis avec un visa qui a ensuite expiré. Les autres ont le plus souvent tenté le passage de la frontière avec un « coyote », un passeur qui leur prend au minimum 4.000 dollars pour trois tentatives. « Les murs ont eu pour effet de rediriger les flux de clandestins vers la partie la plus à l'est du comté de San Diego et vers l'Arizona », constate David Shirk, professeur de sciences politiques à l'université de San Diego. Les immigrants ont dû prendre des risques plus importants dans ces régions désertiques, et le nombre de décès sur la frontière Sud a augmenté pour atteindre 400 personnes par an depuis cinq ans, principalement en raison de leur exposition au climat (déshydratation, hypothermie), ou parce qu'ils meurent étouffés dans des compartiments à bestiaux, ou sont renversés sur la route par des voitures... D'où les actions d'associations comme « Border Angels » qui créent des postes de ravitaillement, ou comme celle qui vient ramasser et incinérer les corps de ceux qui sont décédés.

Le tournant de 2010

2010 a toutefois marqué un changement. Pour la première fois l'an dernier, plus de Mexicains sont retournés au Mexique qu'ils ne l'ont quitté. Davantage un effet de la récession économique aux Etats-Unis que du meilleur contrôle des frontières. Car les travailleurs illégaux sont un formidable réservoir de main-d'oeuvre à bas coût pour les entreprises du cru, qui les exploitent sans vergogne. En particulier dans les services (restauration, hôtellerie), l'agriculture, mais surtout dans le bâtiment. La crise du marché de l'immobilier a d'ailleurs eu un effet dramatique sur les travailleurs immigrés (clandestins ou pas), qui ne trouvent plus d'emploi. Depuis la récession, beaucoup sont condamnés à chercher de l'ouvrage au jour le jour. Dans la banlieue de San Diego, un groupe d'hommes fait le pied de grue tous les jours à l'entrée du parking d'un grand magasin de bricolage. « On peut gagner 100 dollars par jour, ça ira jusqu'à 250 si c'est du travail de spécialiste », explique Manuel. Ils espèrent qu'on les embauchera pour la journée - travaux de terrassement, carrelage, peinture... tout est bon. Parfois des « minute men » (une sorte de milice qui s'oppose à l'immigration clandestine) viennent les harceler et prendre en photo ceux qui chercheraient à les employer.

« La plupart ne veulent pas devenir citoyens, raconte Enrique Morones, ils veulent juste des papiers pour pouvoir légalement travailler. » Pour Miguel, un ouvrier du bâtiment qui vit avec sa femme et ses deux petits enfants en Californie, « il n'y a tout simplement pas de travail au Mexique, trop de crimes, trop d'inégalités et un gouvernement et une police corrompus ». Dans chaque famille d'immigrés établie aux Etats-Unis, on trouve autant de statuts que d'individus. Des citoyens, des personnes avec des documents de travail ou des visas, des sans-papiers. Ils cohabitent dans un pays où la carte d'identité n'existe pas. Pedro Navarro, le patron d'une entreprise d'entretien de jardins à San Diego, estime que l'Etat impose injustement à l'employeur de faire son travail en l'obligeant à vérifier le statut du salarié. Plutôt que de voir renforcer la frontière, il préfèrerait que les travailleurs immigrés puissent être légalisés car il a besoin de cette main-d'oeuvre dure à la tâche et peu chère.

« L'immigration clandestine est devenue une sorte de subvention directe pour les entreprises tandis que les contribuables paient pour l'éducation, le système judiciaire et la santé », se scandalise Ira Mehlman, le porte-parole de la Federation for American Immigration Reform (FAIR), une association résolue à fermer les frontières, et qui ne tolère qu'une immigration très sélective. Elle veut s'en prendre directement aux employeurs peu scrupuleux, éliminer les services non essentiels, obliger les gouvernements locaux à coopérer davantage avec les services d'immigration.

Un enjeu politique énorme

Le débat, dans le pays, est extrêmement tendu, d'autant que l'immigration clandestine progresse hors du sud-ouest des Etats-Unis vers des Etats comme l'Idaho, la Pennsylvanie ou le Kansas. Entre ceux qui pensent « qu'il faut créer une voie vers la citoyenneté pour ceux qui vivent aux Etats-Unis », comme Jon Rodney, porte-parole du California Immigrant Policy Center (CIPC), et ceux qui, comme FAIR, sont hostiles à toute idée d'amnistie et militent ouvertement pour le rapatriement des sans-papiers, le fossé est immense. La dernière tentative au Congrès faite avant Noël - le passage d'un texte dénommé « Dream Act » qui aurait donné aux enfants entrés illégalement aux Etats-Unis la possibilité d'étudier à l'université ou de s'enrôler dans l'armée et d'accéder à la citoyenneté -a avorté. Mais pour Barack Obama, la question de l'immigration illégale reste une priorité. Le 26 janvier dernier, à l'occasion de son discours annuel sur l'Etat de l'Union, il a affirmé être « préparé à travailler avec les républicains et les démocrates pour protéger nos frontières, appliquer nos lois et attaquer la question des millions de travailleurs sans papiers qui vivent aujourd'hui dans l'ombre ». Les plus optimistes veulent bien y croire pour son éventuel deuxième mandat, mais les démocrates n'ont tout simplement pas les voix pour y parvenir avant 2012. « Le sujet est trop polémique pour qu'Obama puisse engager une réforme maintenant », observe David Shirk.

L'enjeu politique est énorme et explique en partie la paralysie du Congrès. « Les démocrates désirent fortement ajouter les nouveaux immigrés à leur base, mais les républicains voient d'un très mauvais oeil 12 millions d'immigrés obtenir la citoyenneté et voter pour le clan opposé ! » résume le professeur. Du coup, les républicains préfèrent focaliser leur discours sur la protection de la frontière. « Ils ont tort. Les "latinos" sont catholiques, socialement conservateurs, et il y a toutes les chances pour que leurs votes se partagent équitablement entre les deux partis », estime-t-il.

L'incapacité à gérer cette question au niveau fédéral a poussé certains Etats à essayer d'agir à leur niveau. L'Arizona est chef de file dans cette démarche car, après San Diego, la seconde porte d'entrée pour l'immigration illégale se trouve dans la région de Tucson. L'Etat du Grand Canyon a suscité un tollé l'an passé quand son assemblée a voté une loi demandant à la police de contrôler le statut de tout individu qui suscitait une « suspicion raisonnable ». Il vient de faire plus fort en introduisant, fin janvier, un texte qui veut interdire d'accorder la citoyenneté américaine à un enfant né en Arizona de parents sans papiers. C'est une remise en cause directe du 14 e amendement de la Constitution, écrit spécialement en 1868 pour que les esclaves nés en Amérique obtiennent la citoyenneté américaine.

L'Arizona pourrait faire des émules. D'autres Etats, comme le Nebraska, le Texas, le Missouri, l'Idaho et la Pennsylvannie ont adopté des législations qui punissent les employeurs, les loueurs d'habitations résidentielles ou encore les écoles qui acceptent des travailleurs illégaux ou leurs enfants. Finalement, plus que l'activisme d'associations des droits de l'homme, ce genre d'initiatives - qui sont combattues par les associations et parfois même le Département de la Justice -finiront peut-être par contraindre, par ricochet, le Congrès à agir... car les tribunaux ne manqueront pas de rappeler que l'immigration est d'abord une affaire fédérale.

11/02 /2011, Virginie Robert

Source : Les Echos.fr

Ils étaient plus de 150 journalistes marocains venus des quatre coins du monde pour débattre sur la question de la perception de l'immigration par la presse marocaine, le traitement de la question est jugé saisonnier, parcellaire, stéréotypé.

Lles trois millions de Marocains à l'étranger, une population méconnue faute d'un intérêt des pouvoirs publics également…Suite

Les sénateurs ont approuvé l'allongement de la durée maximale de la rétention administrative à 45 jours, lors de l'examen en première lecture du projet de loi sur l'immigration.

Le Sénat a approuvé, jeudi 10 février, l'allongement de la durée de rétention des sans-papiers de 32 à 45 jours tandis que les étrangers condamnés pour actes de terrorisme pourront être maintenus jusqu'à 18 mois en rétention administrative.

Selon l'exposé des motifs du projet, il s'agit de faciliter ainsi la négociation des accords de réadmission des étrangers en situation irrégulière avec leurs pays d'origine.

Malgré l'opposition des sénateurs de gauche, le Sénat a aussi décidé que les étrangers condamnés en France pour terrorisme pourront, une fois leur peine purgée, être maintenus jusqu'à 18 mois en rétention administrative pour permettre l'exécution de la mesure d'éloignement qui les frappe.

Ces dispositions, déjà votées en commission, devront être soumises, comme l'ensemble du projet, à une seconde lecture à l'Assemblée le 8 mars prochain.

Source : Nouvelobs.com

Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) prendra part à la 17e édition du Salon international de l'édition et du livre (SIEL), qui sera organisé du 11 au 20 février à Casablanca sur le thème "Littératures- Migrations- Méditerranée".

Le SIEL de 2011, organisé par la Direction du Livre du ministère de la Culture, connaît la participation de 150 invités marocains et étrangers, originaires ou résidents dans près de 20 pays, qui font découvrir à travers leurs écrits, leurs réflexions et leurs expériences, la richesse de ce patrimoine partagé, à travers des tables rondes, des conférences, des dialogues d'auteurs, des lectures poétiques et des rencontres, indique le CCME dans un communiqué.

Cette grande manifestation culturelle vient confirmer la volonté du CCME de donner à la culture une place centrale dans la problématique migratoire et démontre l'engagement intellectuel des migrants marocains dans leur pays de résidence et les liens forts qui les attachent à leur pays d'origine, le Maroc. Elle vise également la promotion et la consolidation du dialogue entre eux et confrères méditerranéens.

Fidèle à ses orientations, le CCME publie une dizaine de livres, dont les actes des colloques qu'il a organisés et deux anthologies des écrivains méditerranéens et arabes de l'immigration.

Partenaire des centres culturels étrangers au Maroc, le CCME propose au public une programmation riche et variée hors SIEL, de même qu'une grande bibliothèque de l'immigration avec plus de 1.000 titres, d'un espace-revues et d'un espace-jeunes et enfants.

Le CCME a rendu hommage en 2010, avec ses partenaires, le ministère de la Culture et le ministère délégué chargé de la Communauté marocaine Résidant l'Etranger, aux écrivains marocains du monde, invités d'honneur de la seizième édition du SIEL.

10/02/11

Source : MAP

Une fois de plus, avec le projet de loi sur l'immigration qu'ils ont voté jeudi en première lecture, les sénateurs ont fait de la résistance en adoptant une version largement édulcorée par rapport au projet initial et au texte voté en octobre dernier par les députés.

Les sénateurs ont en effet retoqué les deux mesures-phare du texte, l'extension de la déchéance de nationalité aux meurtriers de représentants de l'autorité publique ainsi que la réforme du contentieux judiciaire pour l'expulsion des sans-papiers.

Le texte, voté à main levée, sera de nouveau examiné pour une seconde lecture par l'Assemblée le 8 mars. Même si de nombreux députés de la majorité avaient eu quelques états d'âme devant les aspects les plus sécuritaires du texte, les mesures-phare du projet initial devraient cependant être rétablies.

Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui défendait le texte, a d'ailleurs rappelé jeudi que la Constitution donnait le dernier mot aux députés.

Symbolique du discours de Grenoble, l'extension de déchéance de nationalité vise les personnes qui, dans un délai de 10 ans suivant leur accession à la nationalité, ont été condamnées pour meurtre ou violences contre une personne "dépositaire de l'autorité publique".

La mesure avait été incluse à l'automne dans le projet sur l'immigration préparé par le ministre de l'époque Eric Besson, au grand dam des associations de droits de l'homme et de l'opposition de gauche.

Allant au-delà du vote de la commission des Lois qui avait conservé l'extension de cette déchéance, en se bornant à raccourcir la longue liste des "dépositaires de l'autorité publique", le bloc gauche-centre du Sénat a refusé le dispositif.

"Nous ne voulons pas créer deux catégories de Français", ont fait valoir ces sénateurs, en écho aux oppositions manifestées à l'automne, à l'Assemblée, au-delà des rangs de la gauche.

A peu près dans les mêmes proportions (184 voix contre 153), les sénateurs socialistes et centristes ont aussi refusé la réforme du régime de rétention des sans-papiers en instance d'expulsion.

Considérée comme "le coeur de la réforme" par le chef de file des sénateurs UMP Gérard Longuet, la mesure, approuvée en première lecture par les députés, prévoyait de retarder l'intervention, en rétention, du juge des libertés et de la détention (JLD) à cinq jours (au lieu de deux jours actuellement).

Elle visait à une meilleure efficacité des procédures d'éloignement, puisqu'actuellement, moins de 30% des sans-papiers placés en rétention sont finalement reconduits aux frontières.

Si les sénateurs ont adopté sans guère rechigner la transposition dans le droit français de trois directives européennes, ils ont encore refusé d'autres dispositions, notamment la pénalisation des mariages "gris", définis comme "fondés sur une tromperie volontaire".

Ils ont donc choisi d'intégrer le fait de "dissimuler ses intentions à son conjoint" dans la législation sur les mariages frauduleux ou "blancs" et de conserver l'actuelle échelle des peines de 5 ans d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende - contre 7 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende votés par les députés -.

De même, ils ont refusé de restreindre la possibilité de droit au séjour pour les personnes sans papiers lorsqu'elles sont atteintes de pathologies graves.

10/2/2011, Anne-Marie LADOUES

Source : AFP

Le président français Nicolas Sarkozy a défendu, jeudi soir lors d'un débat télévisé, sa politique intérieure sur plusieurs sujets d'actualité, estimant, à son tour, que le multiculturalisme en France était un "échec".

"Oui, c'est un échec. La vérité c'est que dans toutes nos démocraties, on s'est trop préoccupé de l'identité de celui qui arrivait et pas assez de l'identité du pays qui accueillait", a relevé M. Sarkozy qui était l'invité de l'émission spéciale de la chaîne de télévision privée +TF1+ pour répondre aux questions d'un panel de neuf Français et d'internautes.

"Nous ne voulons pas d'une société dans laquelle les communautés coexistent les unes à côté des autres. Si on vient en France, on accepte de se fondre dans une seule communauté, la communauté nationale. Si on n'accepte pas cela, on ne vient pas en France", a-t-il dit.

Bien que le concept du multiculturalisme n'est pas bien évident dans le cas de la France, le président Sarkozy est le troisième dirigeant européen à dresser ce constat d'échec, après la Chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron.

Evoquant la place de l'islam en France, M. Sarkozy a défendu l'idée d'"un islam de France", jugeant "normal" qu'il y ait des mosquées, pour éviter que "l'on prie de façon ostentatoire dans la rue".

"Nos compatriotes musulmans doivent pouvoir vivre et pratiquer leur religion, comme n'importe quel compatriote" d'autres religions, "mais il ne peut s'agir que d'un islam de France et non pas d'un islam en France", a-t-il déclaré.

Des propos de la dirigeante du Front National (FN- parti d'extrême droite), Marine Le Pen avait provoqué une polémique en France récemment. Mme Le Pen avait établi une comparaison entre les prières des musulmans dans les rues et l'Occupation nazie.

Quant à la question d'immigration, M. Sarkozy a refusé de mener des régularisations massives des sans-papiers tant qu'il sera président.

Le président a, par ailleurs, consacré une large partie de son intervention télévisée à rassurer ses compatriotes sur le plan de politique intérieure: la sécurité, l'emploi et le pouvoir d'achat, la polémique sur les vacances des ministres et la réforme de dépendance.

Dans le domaine sécuritaire et judiciaire, M. Sarkozy s'est engagé à adopter de nouvelles mesures contre la délinquance des mineurs et à introduire des jurys populaires dans les tribunaux correctionnels "avant l'été".

Concernant l'emploi, il a annoncé un demi-milliard d'euros supplémentaires pour le budget du ministère de l'Emploi, qui vise notamment à aider les chômeurs de longue durée et les jeunes, ainsi que la mise en place d'un système de "bonus malus" pour encourager les entreprises à embaucher des apprentis.

Selon le président, la création d'"une cinquième branche de la sécurité sociale" qui prendrait en charge les frais engendrés par les soins des personnes dépendantes est aussi prévue cet été.

Source : MAP/Aufait

L'immigration marocaine vers les Pays-Bas a connu, quarante ans durant, une évolution sociodémographique importante se reflétant dans son interaction et son intégration par des contraintes économiques, sociales et culturelles d'un pays qui a modifié sa politique d'émigration.

Par Fadoua Ben Hakka

L'ouvrage "Quarante ans d'immigration marocaine aux Pays-Bas: bilan et perspectives", publié récemment par l'Institut universitaire de la recherche scientifique (Université Mohammed V-Souissi) met en avant les développements et

les spécificités de la communauté marocaine établie en Hollande, ainsi que l'intégration et la participation de cette communauté au sein de la société d'accueil.

La situation des deux premières générations de la communauté marocaine, qui compte 380 mille âmes, soit la 3ème plus importante communauté aux Pays-Bas, a été au centre de plusieurs ouvrages, études et rapports depuis les années 1960.

L'intérêt porté à cette communauté trouve son origine chez les chercheurs néerlandais qui ont constitué une importante documentation dédiée à cette immigration.

40 ans après la convention sur le recrutement et le placement de travailleurs marocains aux Pays-Bas

Le Maroc et les Pays-Bas, liés par des relations ancestrales remontant à 1610, ont célébré, le 14 mai 2009, le 40ème anniversaire de la signature de la convention relative au recrutement et le placement de travailleurs marocains aux Pays-Bas.

En dépit de l'importance de cet accord, le recrutement officiel des travailleurs dans le cadre de cette convention n'est qu'un simple article dans l'histoire de cette émigration. Par la suite, la région du Rif fournira un grand nombre d'immigrés marocains vers ce pays dans le cadre d'une immigration spontanée.

De temporaire, cette émigration s'est transformée en permanente après l'opération du regroupement familial pour passer à une immigration qui dépasse les frontières. Une génération s'est ainsi constituée composée d'entrepreneurs, écrivains et artistes, faisant partie intégrante de la société néerlandaise.

Le poids de la communauté marocaine aux Pays-Bas, particulièrement depuis les années 1980 et la politique du regroupement familial, a soulevé un nombre de problématiques poussant ce pays d'accueil à jeter les bases d'une politique d'intégration basée, dans un premier temps sur une approche purement culturelle et cultuelle.

Le discours dur et croissant à l'égard de l'Islam a poussé par la suite à adopter une politique insistant sur l'identité néerlandaise.

Les Marocains des Pays-Bas face à la marginalisation et au racisme

"Quarante d'immigration marocaine aux Pays-Bas: bilan et perspectives"' analyse les spécificités socioéconomiques de cette communauté au niveau de la répartition géographique, la fertilité, l'éducation et le chômage.

Le taux de chômage le plus élevé dans ce pays comptait parmi la communauté marocaine, eu égard principalement à son niveau bas d'instruction.

Après avoir fourni l'effort nécessaire pour relever son niveau d'instruction, le taux de chômage parmi la communauté marocaine est passé de 18 pc en 2005 à 10 pc en 2008.

En outre, l'image de cette communauté a été affectée dans la société néerlandaise à cause du taux élevé de criminalité. Du fait, les exemples de réussite parmi la communauté marocaine passent sous silence.

L'image de la société néerlandaise, basée sur les libertés, l'égalité et la tolérance religieuse, contraste avec la réalité que vit une majeure partie des Marocains des Pays-Bas. Des études montrent, en effet, que la grande majorité se situe en bas de l'échelle sociale et économique, tout en souffrant du chômage, de l'échec scolaire, de la délinquance, outre les difficultés d'accès au marché de l'emploi.

Dans les médias et au cinéma, l'image de cette communauté est passée de celle de la victime socioéconomique à celle d'une véritable menace aux libertés et à la tolérance, notamment après les événements du 11 septembre 2001 et l'assassinat du réalisateur néerlandais Theo Van Gogh par un jeune néerlandais d'origine marocaine, ce qui a attisé la haine et le racisme envers l'Autre.

La femme immigrée aux Pays-Bas

Sur un autre registre, la présence féminine parmi les Marocains des Pays-Bas s'est renforcée, notamment après l'adoption de la loi sur le regroupement familial. Les femmes marocaines comptaient quelque 150.595 personnes, en 2005, particulièrement après que cette immigration ait changé d'orientation (poursuite des études ou travail).

L'ouvrage focalise sur les mutations sociodémographiques et la réalité quotidienne de cette immigration féminine, tant pour les femmes au foyer que pour les femmes en activité.

Les premières émigrantes marocaines vivaient isolées de la société néerlandaise, leur rôle étant limité à se charger de la famille pendant l'absence du mari.

Cette immigration est marquée actuellement par une orientation vers une catégorie de femmes instruites dotées d'une grande capacité d'intégration dans le pays d'accueil tout en maitrisant le néerlandais. Elles sont actives principalement dans les domaines de l'ingénierie, la médecine et l'enseignement.

La femme marocaine occupe ainsi un rôle économique prépondérant au même titre que l'homme, tant au sein de la société néerlandaise qui bénéficie de ses compétences qu'à travers la contribution à l'amélioration des conditions de vie de sa famille au Maroc (transfert d'argent, services sociaux).

Les transferts d'argent des Marocains des Pays-Bas

Cette immigration a eu un impact concret sur les régions émettrices notamment le Nord et le Sud du Royaume et qui ont connu une hausse sensible de leurs revenus, tout en insufflant une dynamique économique locale.

Selon une étude de terrain, la communauté marocaine établie aux Pays-Bas transfert en moyenne de 9.533 dh par personne annuellement.

Ces transferts en nature ou en argent sont un indice important pour analyser l'immigration.

Une étude publiée dans cet ouvrage indique que ces transferts jouent un rôle vital pour le Maroc et traduisent l'attachement des ces immigrés à leur famille, relevant que ces transferts ne sont pas bien exploités pour un meilleur rendement économique.

Dans ce cadre, l'étude a appelé à assurer un encadrement et un appui technique adéquats à ces immigrés, l'objectif étant de les faire participer aux efforts de développement du pays d'origine, et de bénéficier de leur compétence et de leur transferts financiers.

La communauté marocaine établie aux Pays-Bas vit aujourd'hui une nouvelle étape dans ses rapports avec son pays d'origine.
11/02/11

Source : MAP

" Jeune, indépendante, au chômage et en situation régulière" tel est le profil de la femme immigrée marocaine, installée actuellement dans la communauté autonome de Madrid, selon une étude sociologique publiée dans la capitale Espagnole.

L'étude " La femme marocaine dans la communauté autonome de Madrid : convivialité et participation sociale ", réalisée entre mai et octobre 2010, par le journaliste et sociologue marocain Mohamed Boundi et le philologue et président de l'Association de Solidarité pour l'Intégration sociale de l'Immigré (SISI), Hassan Arabi, révèle que 83 pc des immigrées marocaines sont installées légalement à Madrid et sont originaires majoritairement du Nord du Maroc (46 pc).

La moitié de ces femmes (45 pc) se situent dans la frange d'âge des 30-39 ans. Des données qui démontrent la jeunesse de la main d'Âœuvre féminine marocaine en Espagne. Une grande proportion des femmes Marocaines de Madrid, quelque 58 pc, préfèrent vivre indépendante sans lier leur destin à un homme pour être plus libre dans la recherche d'un emploi ou pour aider la famille restée au Maroc.

Les femmes célibataires sont plus nombreuses avec 29 pc de l'échantillon objet de l'enquête contre 22 pc de divorcées ou séparées. Seules 7 pc sont veuves, selon les résultats de cette enquête financée par le gouvernement régional de la Communauté autonome de Madrid (6.445.499 habitants) et publiée par la maison d'édition " Diwan ".

Femme immigrée marocaine : chômage ou emploi précaire .

L'étude, réalisée sur la base de 240 interviews de femmes marocaines du centre de Madrid, révèle également une grande proportion du chômage parmi ces femmes avec 59 pc qui affirment n'exercer aucune activité économique au moment de l'enquête, un taux très élevé par rapport à la tendance générale du marché du travail en Espagne où le taux du chômage a atteint les 20,8 pc en septembre 2010, selon l'Institut National de la Statistique (INE).

Pour ce qui est des femmes marocaines exerçant une activité rémunérée, la majorité, 83 pc des femmes interviewées, assurent des emplois précaires boudés en général par la population autochtone et ne nécessitant aucune formation.

Ainsi, 55 pc affirment travailler comme domestique, 14 pc comme garde d'enfants (nounous) et 13 pc chez les personnes âgées.

Les autres femmes objets de l'enquête soit 14 pc indiquent travailler dans le troisième secteur comme l'hôtellerie et les activités à caractère administratif.

Seule une proportion très réduite des femmes se dédie à l'agriculture.

La majorité de ces femmes affirment recevoir un traitement correct de la part de leurs employeurs et dans la rue.

Toutefois, 20,5 pc affirment avoir fait l'objet d'insultes dans le cadre de leur travail (13 cas), de discrimination pour son origine, sa façon de se vêtir ou sa nationalité (19 cas), ou d'harcèlement sexuel (10 cas).

Fort attachement aux origines mais volonté franche de s'intégrer dans la société d'accueil.

Mais en dépit de ces traitements vexatoires, la femme immigrée marocaine se dit généralement satisfaite de résider à Madrid : plus d'un tiers des interviewées affirment n'avoir aucun doute de rester en Espagne, contre le un quart qui pense le contraire.

L'étude révèle, également, que la majorité des femmes marocaines maintiennent des liens très forts avec la famille au Maroc, tout en veillant à s'intégrer dans la société d'accueil à travers l'apprentissage de la langue, la participation aux activités sociales et la convivialité par l'adaptation aux coutumes et usages des autochtones.

Cette révélation vient battre en brèche certains préjugés véhiculés dans les médias espagnols sur l'image qui se fait des Marocains en Espagne.

Selon les auteurs, " cet essai sociologique est le premier du genre qui embrasse les aspects de l'intégration de la femme marocaine aux plans culturel, social et professionnel pour s'occuper de ses préoccupations et inquiétudes dans la société d'accueil ".

L'étude retrace également " les étapes du projet migratoire de la Marocaine, les conditions dans lesquelles elle arrive en Espagne, et, repasse l'ensemble de l'arsenal de textes législatifs régissant les relations en matière de protection réciproque de la main d'œuvre, les processus d'engagement et de sélection des travailleurs saisonniers et de l'actualisation des accords et conventions en vigueur entre le Maroc et l'Espagne depuis 1956 ", précisent-ils.

11/02/11

Source : MAP

Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger sera présent pour la troisième année consécutive au Salon international de l’édition et du livre (SIEL) de Casablanca. Partenaire du Conseil consultatif des droits de l’Homme en 2009, il a rendu hommage en 2010 avec ses partenaires, le ministère de la Culture et le ministère délégué Chargé de la Communauté Marocaine Résidant à l’Etranger, aux écrivains marocains du monde, invités d’honneur de la seizième édition du SIEL.

La présence du CCME à l’édition 2011 du SIEL a été rendue possible grâce, notamment, au partenariat établi avec le Secrétariat d’Etat chargé de l’Artisanat. Cette collaboration se traduit par la conception et la réalisation d’un stand de 270 m², sur deux niveaux, grâce au savoir-faire millénaire et à l’excellence des artisans et des décorateurs marocains.

Grâce au partenariat noué avec les centres culturels étrangers au Maroc (le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France, l’Institut Cervantès de Casablanca, l’Institut Culturel Italien de Rabat et la délégation Wallonie-Bruxelles), une programmation hors SIEL est proposée au public à la Sqala en soirée. De même, une Nuit de l’immigration est organisée en partenariat avec la Villa des Arts de Casablanca.

Fidèle à ses orientations, le CCME publie une dizaine de livres, dont les actes des colloques qu’il a organisés et deux anthologies des écrivains méditerranéens et arabes de l’immigration.

Le public pourra encore cette année profiter de la grande bibliothèque de l’immigration avec plus de 1000 titres, d'un espace-revues et d'un espace-jeunes et enfants.

Cette grande manifestation culturelle vient encore une fois confirmer la volonté du CCME de donner à la culture une place centrale dans la problématique migratoire et démontre l’engagement intellectuel des migrants marocains dans leur pays de résidence et les liens forts qui les attachent à leur pays d’origine, le Maroc. Elle vise également la promotion et la consolidation du dialogue entre eux et confrères méditerranéens. Le SIEL se tiendra du vendredi 11 février au dimanche 20 février 2011, de 10 heures à 20 heures, à la Foire Internationale de Casablanca. La manifestation est organisée par la Direction du Livre du ministère de la Culture.

Consulter le programme

Les Échos quotidien: Quelles étaient les principales conclusions de la première conférence des journalistes marocains du monde organisée le week end dernier?

Driss El Yazami : Cette rencontre a constitué la dernière étape du processus de consultation publique du dialogue national «Médias et société». Elle a rassemblé près de 230 participants, en provenance de 18 pays et travaillant dans près de go médias ( ... ). Ces éléments quantitatifs fondent, à mes yeux, les deux premières conclusions: l'immigration a changé et il nous faut l'associer à tous les grands débats nationaux. Elle peut, sous certaines conditions, enrichir ces débats et constituer une plus-value certaine. Les autres conclusions importantes concernent la formation des journalistes traitant à partir du Maroc de l'émigration et la facilitation de leur accès aux sources d'information, le soutien aux divers médias communautaires, l'évaluation et l'amplification de l'offre médiatique publique en direction de l'émigration.

Selon vous, quelles sont les priorités dans ce chantier médiatique, en ce qui concerne la communauté marocaine à l'étranger?

Il nous faut d'abord finaliser les rapports des quatre ateliers thématiques et des deux séances plénières et voir avec l'Instance du dialogue, comment tout cela sera repris dans le Livre blanc ... Au delà de cet aspect, il faut approfondir la réflexion sur l'offre du pôle public marocain et maintenir les échanges entre les journalistes marocains, en partant de leur situation concrète et de la diversité de leurs interrogations et attentes. L'idée de réunions par régions a été en effet évoquée et elle est légitime : la situation des journalistes travaillant dans le Golfe n'est en effet pas la même que celle de ceux qui sont en Europe par exemple. Une autre priorité immédiate est celle de la formation.

Comment le CCME compte-il s'impliquer par la suite dans ces différents chantiers, auprès des médias nationaux?

Le principe d'une réunion dans les prochaines semaines avec le directeur de l'Institut supérieur de l'information et de la communication (ISIC), a été arrêté, avec l'objectif d'examiner la question de la formation justement. Le CCME est disponible pour y contribuer de manière concrète. L'autre axe concret est de voir avec les directeurs des publications et les journalistes eux-mêmes, comment faciliter leur travail et il ya eu à ce niveau, de nombreuses idées concrètes qui ont été avancées: bourses de séjour dans les pays de résidence, stages dans des rédactions étrangères ou dans des médias communautaires, annuaire des chercheurs et des personnes ressources pour faciliter l'accès à l'information, etc. Il y a enfin la décision de rééditer l'événement. Nous avons en effet décidé de lancer «le forum d'El Jadida des journalistes marocains du monde» en l'élargissant, l'année prochaine, aux responsables des agences de communication et des maisons de production.

Dans quelle mesure est-il possible de constituer un réseau fort de journalistes marocains du monde, voir, même un véritable «Iobbying » comme en ont parlé certains lors des rencontres?

Je ne crois pas qu'il faille réfléchir dans ces termes. Notre première mission est d'offrir un espace pour que ces journalistes continuent à discuter ensemble avec leurs homologues du Maroc (c'est le but du  Forum d'El Jadida), de les informer de la manière la plus objective des dynamiques marocaines et des réformes en cours dans le pays, pour leur permettre de faire leur travail de la manière la plus professionnelle possible ( ... ). Je ne crois pas qu'il faille exiger d'eux de servir leur pays de résidence (dont ils sont de plus en plus des nationaux) ou leur pays d'origine, mais de veiller à les rapprocher.

Propos reccueillis par Sophia Akhmisse

Source : Les Echos

Amnesty international France (AI) a dénoncé les disparités dans l'octroi du droit d'asile dans la zone euro, regrettant une externalisation "aléatoire" de la procédure.

"Demander l'asile au sein de l'Union européenne s'apparente encore aujourd'hui, pour les demandeurs, à une loterie : leur protection dépend du lieu où leur demande sera examinée", a regretté l'Ong, lors d'une conférence de presse pour présenter son "Manifeste des droits humains û Constats et perspectives 2011-2012", lancé jeudi.

Dans ce manifeste, l'AIF demande aux futurs candidats à la présidentielle de 2012 en France de s'engager sur six objectifs politiques respectueux des droits humains, parmi lesquels la défense du droit d'asile et le droit des réfugiés, et la mise en place de politiques efficaces de lutte contre les discriminations.

Concernant le droit d'asile, l'Ong demande aux autorités françaises d'Âœuvrer au sein de l'UE pour réduire de "manière significative" les disparités dans l'octroi du statut de réfugié, quel que soit l'Etat membre où la demande est formulée.
Quelque 37 000 demandes d'asile ont été recensées en 2010 en France, selon AIF qui a rappelé qu'en 2007, (...) elle attendait du gouvernement qu'il s'engage à respecter le principe de non-refoulement en toute circonstance et que chaque demandeur d'asile ait droit à un examen "complet" et "attentif" de son dossier.

"En 2009, plus de 8 000 demandeurs d'asile se sont encore vu appliquer la procédure accélérée dite +prioritaire+ qui les prive d'un recours suspensif devant la Cour national du droit d'asile, les exposant à tout moment à être éloignés du territoire", a regretté l'Ong.

L'autre point jugé crucial sur lequel AIF interpelle les autorités françaises concerne la notion de pays d'origine "surs" dont l'existence même, estime l'Ong, demeure "inacceptable" et "contraire au principe de non discrimination" garanti par la Convention de Genève de 1951.

Est considéré comme pays "sur" celui qui "veille au respect des principes de liberté, de la démocratie et de l'état de droit, ainsi que des droits de l'homme et des libertés fondamentales".

10 février 2011

Source : APS

Le Sénat a maintenu, jeudi soir, lors de l'examen en première lecture du projet sur l'immigration, le dispositif actuel relatif au maintien en rétention administrative des sans-papiers en instance d'expulsion, allant ainsi à l'encontre des voeux du gouvernement et du vote de l'Assemblée.

Les sénateurs ont rejeté par 184 voix contre 153 un amendement de Gérard Longuet, le président du groupe UMP, qui visait à rétablir la réforme introduite par le gouvernement sur le régime de la rétention.

Cette réforme, approuvée en première lecture en octobre dernier par les députés, prévoit de retarder l'intervention, en rétention, du juge des libertés et de la détention (JLD) à cinq jours (au lieu de deux jours actuellement).

En commission, la semaine dernière, les sénateurs avaient déjà voté contre le dispositif proposé par le gouvernement, optant donc pour un maintien de la procédure d'expulsion actuelle des sans-papiers.

Gérard Longuet a longuement plaidé pour le rétablissement de la réforme qui, a-t-il dit, "constitue le coeur du texte" dans sa partie relative à l'éloignement des étrangers.

Il a fait valoir que cette réforme visait à une meilleure efficacité des procédures "actuellement enchevêtrées" devant les deux juridictions du JLD et du juge administratif.

Actuellement, moins de 30% des sans-papiers placés en rétention sont finalement reconduits aux frontières.

L'opposition socialiste comme l'union centriste ont soutenu que le dispositif proposé était "néfaste à la liberté et aux droits des étrangers".

9 février 2011

Source : AFP

La huitième édition du Festival Cinéma-Migrations d'Agadir, qui rend hommage cette année au cinéma africain, s'est ouverte mercredi soir, sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI.

Le festival offre un large éventail de choix entre œuvres  cinématographiques nationales et internationales, ayant toutes pour trame la  thématique de la migration. L'occasion est aussi idoine pour découvrir les  dernières productions des cinéastes marocains issus de l'immigration.

Le festival a été inauguré par l'acteur franco-camerounais, Eriq  Ebouaney, président de l'édition, qui a rendu hommage au Maroc "terre  d'accueil et de rencontres entre Africains du nord comme du sud".

"Cette manifestation est devenue un lieu incontournable et indispensable  d'échanges entre la diaspora du cinéma et les cinéastes africains", a dit le  comédien qui s'est illustré dans des films à succès comme "Lumumba" de Raoul  Peck ou "Disgrâce" de Steve Jacobs,  deux films que le public d'Agadir aura  l'occasion de suivre lors du Festival.

Selon Driss Moubarik, président de l'Association "l'Initiative  culturelle", à l'origine de cet évènement artistique, le Festival donne cette  année "la part belle au cinéma africain avec toujours comme devise de  rapprocher davantage le cinéma du grand public".

"Les spectacles, gratuits et ouverts, sont prévus dans différents  espaces afin de contribuer à une animation culturelle et artistique de valeur  et participer au rayonnement de la région", a-t-il poursuivi lors de cette  séance inaugurale marquée par la présence du wali de la région  Souss-Massa-Draa, Mohamed Boussaid.

Cette année, près d'une centaine de participants, cinéastes, acteurs,  producteurs, critiques et universitaires, marocains et étrangers, ont fait le  déplacement dans la capitale du Souss.

La séance d'ouverture a été marquée par la projection de deux films en  présence de leurs réalisateurs et plusieurs membres du casting. Il s'agit de  "Après l'océan" de Eliane de Latour et "Les oubliés de l'histoire " de Hassan  Benjelloun.
Le festival rendra hommage à deux figures marquantes du théâtre et du  cinéma maghrébins, en l'occurrence l'acteur marocain Abdelkader Moutaâ et  l'acteur et réalisateur algérien, Mahmoud Zemmouri.

Au total, une vingtaine de longs métrages et 15 courts métrages seront  projetés durant les quatre jours de cette messe cinématographique.

9/2/2011

Source : MAP

Une conférence des chefs de police de 68 pays d'Europe et d'Afrique s'est ouverte, mardi, à Naples (sud de l'Italie) pour débattre de questions ayant trait à l'immigration clandestine, à la traite des êtres humains, au trafic de drogue, à la criminalité organisée et au terrorisme.

La conférence, qui poursuivra ses travaux à huis clos en présence de quelque 300 délégués, devait se scinder ensuite en quatre groupes.
Consacré à l'immigration, le premier groupe se penchera sur les thèmes : "Continent africain, l'origine et le transit des flux migratoires vers l'Europe à travers la Méditerranée" et "Les phénomènes migratoires internes au continent africain, évaluation de la menace, initiatives bilatérales, multilatérales et les moyens d'y faire face".

Le deuxième groupe, dédié à l'examen de la question de la traite des êtres humains et de la criminalité organisée, se penchera, quant à lui, sur " les réseaux criminels impliqués dans le trafic d'émigrants : techniques d'investigations préventives et répressives, avec référence en particulier aux flux provenant de la Grèce et d'Afrique Centrale vers l'Europe".

Le groupe s'intéressant au trafic des stupéfiants planchera, pour sa part, sur le thème : "Continent africain : nouveau carrefour du narcotrafic vers l'Europe".

Le quatrième groupe, réservé au Terrorisme, examinera, enfin, le thème "Cyberspace, quelle nouvelle plate-forme pour la radicalisation ?".

Ont été également conviés, en tant qu'observateurs à cette conférence, des responsables du FBI, des agences américaines DEA (chargée de la lutte contre le trafic de drogue) et ICE (chargée des phénomènes criminels liés à l'immigration) ainsi que de pays des continents américain et asiatique.

9/2/2011

Source : Atlas info

 

Ne parlez pas d’intégration à Sam Touzani. L’acteur et dramaturge a séduit le public par ses spectacles comme "One human show" où il racontait son histoire de jeune belge d’origine marocaine désireux de se lancer dans le théâtre mais bridé par son père employé à la Stib et "Gembloux", où il mettait en scène avec Ben Hamidou une partie oubliée de notre histoire belge : le combat des Marocains aux côtés des Alliés à la bataille de Gembloux. Bientôt, il créera son nouveau spectacle, "A portée de crachat". " Le mot intégration a mal tourné", nous dit-il. "Je suis bien sûr pour l’intégration de tout, de tous, partout, tout le temps, dans le domaine politique, scolaire et culturel. Mais ce mot n’est utilisé aujourd’hui qu’à l’égard des gens issus de l’immigration et singulièrement marocaine. On ne l’utilise pas par rapport aux nombreux Français installés chez nous, ou pour les gens venus de l’Est. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas une intégration à faire, mais le débat est faussé quand un Belge d’origine marocaine, restera éternellement un Marocain immigré."

Fabienne Verstraeten est directrice des Halles de Schaerbeek. Elle mène un important travail vers les populations voisines (turques, marocaines, pays de l’Est) et elle poursuit une politique artistique ouverte aux cultures arabes qu’elle présente au public bruxellois (festival Masarat sur la Palestine, festival Beyrouth, Mondes arabes, festival Maroc en 2012). "On ne peut plus penser au terme intégration indépendamment de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde arabe et qui vient casser le fantasme né des attentats du 11 septembre qui assimilait tout arabe à un islamiste dangereux." Elle souligne que l’intégration est un processus lent. "On en est maintenant à la troisième génération installée en Belgique. " Sam Touzani parle de 50 ans déjà d’immigration, un tiers de l’histoire de la Belgique ! "Les jeunes issus de cela sont Belges", rappelle Fabienne Verstraeten, "et ils ont un rapport très décomplexé par rapport à leur histoire. Celle-ci devient largement belge". Et les choses bougent. Il aurait été inimaginable il y a quelques années encore d’avoir un ministre de la Culture française, Fadila Laanan, dont les parents sont des immigrés marocains. Quand on l’explique à des Français, ils écarquillent les yeux, ce serait impossible chez nos voisins.

Sam Touzani s’est beaucoup investi dans la création de l’Espace Magh, un lieu à Bruxelles qui permet de découvrir les cultures de la Méditerranée. Il souffre de ce regard qui reste discriminatoire et revendique le droit d’être interviewé sur la culture et sur sa pratique d’artiste et pas comme l’immigré de service. "Je ne veux pas", nous dit-il d’emblée, "être relégué dans la case immigration, éternel immigré à l’insu de mon plein gré. Dès qu’on voit un bronzé au théâtre, on y voit un côté exotique qui fait un peu peur. Il faut prendre le problème de l’intégration à la racine, pas à la race. Je revendique le droit, non pas à la différence, mais à l’indifférence. Foutez-nous la paix, évitez les préjugés."

Fabienne Verstraeten explique qu’il ne s’agit pas que les immigrés jouent nécessairement Molière pour être intégrés. C’est au Maroc, aujourd’hui, dit-elle, que des troupes théâtrales jouent Molière. Les artistes issus de l’immigration jouent souvent leur histoire en Belgique. Comme dans le film "Les Barons" qui ne parle pas de l’immigration mais de la vie d’aujourd’hui à Bruxelles, avec des Belges d’origines variées. Ben Hamidou raconte son enfance dans "Sainte Fatima de Molem" comme Sam Touzani l’a fait. A deux, ils ont montré dans "Gembloux" que l’histoire de l’immigration marocaine pendant la guerre est aussi notre histoire à tous les Belges. Jamila Drissi a raconté la vie de sa mère au pied d’un terril du Hainaut. "Ils inventent une écriture scénique, un genre artistique fait d’autofiction qui est intéressant et novateur", soutient Fabienne Verstraeten. "Il y a avec ces artistes un véritable apport à la production artistique et une création de textes qui devraient se retrouver dans nos écoles."

Jan Goossens, directeur depuis 10 ans, du KVS, le théâtre flamand de Bruxelles, a joué un rôle clé dans cette vision nouvelle : " Dès le début", dit-il, " mon analyse fut que les structures institutionnelles et culturelles de la ville ne reflétaient plus ses réalités. Une grande partie de la population bruxelloise était exclue des représentations politiques et culturelles. Nous avons pris ça comme point de départ pour notre projet artistique, tout en gardant le nom de théâtre flamand. Le KVS n’est plus une simple vitrine de la culture flamande mais veut devenir une plate-forme urbaine qui tisse des liens avec des artistes de plusieurs communautés ". Les initiatives furent spectaculaires : tout au KVS est en trois langues (français, néerlandais et anglais : surtitrages, programmes, sites Internet, etc.), le théâtre a multiplié les échanges avec les francophones via le Théâtre National, il s’est ouvert au slam, au hip-hop, aux musiques du monde (terrain fécond de l’intégration), il a invité des artistes d’autres communautés à créer des spectacles chez lui comme Sam Touzani et Ben Hamidou. Il a produit des spectacles franco-flamands comme "Stoemp" et a une politique proactive vers les communautés africaines de Bruxelles et, en particulier, les Congolais, poursuivant ce travail à Kinshasa même. Et il collabore avec les Palestiniens en Belgique et à Ramallah. "C’est une manière aussi de dire que la culture flamande peut être une culture ouverte qui intègre les artistes venus d’ailleurs. C’est une attitude "zinneke" pratiquée ici tous les jours. " Un exemple ? Le KVS vient de coproduire, avec le théâtre francophone des Tanneurs, "La rue du croissant", dont le texte est de l’auteur francophone d’origine iranienne Philippe Blasband et qui est joué par Mohamed Ouachen (qui fit "Djurassique Bled") et mis en scène par David Strosberg qui, après avoir travaillé au KVS, dirige les Tanneurs. Difficile de faire plus mélangé.

"Notre démarche", poursuit Jan Goossens, "est d’abord artistique et veut refléter la pluralité bruxelloise où 40 à 50 % des gens ont leurs racines ailleurs qu’en Belgique". Mais qu’en est-il du public ? Se mélange-t-il ? Celui de la Monnaie n’est pas celui du Parc, ni du KVS. Et la présence de Bruxellois d’origine marocaine se voit plus dans les soirées slam ou hip-hop que dans les théâtres. "Cela avance ", nuance Sam Touzani. " Mais pour continuer, il faut passer par l’école. Si on n’investit pas dans les questions scolaires et sociales, on créera un vide dans lequel s’engouffrera l’intégrisme. Il est très dangereux de constater que 50 % des jeunes issus de l’immigration n’obtiennent pas le diplôme secondaire. Or l’ascenseur social passe par un métier. L’intégration passe par l’école, le langage, les mots. La culture peut fortement aider. Elle peut travailler là où ça fait mal. Mais il faut pouvoir apprendre aux jeunes les codes culturels. J’ai eu la chance à 12 ans d’avoir un professeur qui m’a appris à lire Norge (pas Tahar Ben Jelloun !) et, tout jeune, j’ai eu un prix pour suivre pendant 15 jours le festival d’Avignon. Ce sont des possibilités comme ça qu’il faut stimuler."

Jan Goossens constate que la mixité des publics est un long combat. 25 à 30 % du public du KVS n’est pas néerlandophone. Un score qui varie selon les spectacles. "Gembloux" fut applaudi par des publics très mélangés. "Le plus important est d’avoir des lieux où on peut faire la connaissance de ce que les autres communautés considèrent comme leur héritage culturel." Et Bruxelles offre des possibilités particulièrement grandes, voire uniques en Europe, d’avoir ces champs d’exploration et d’hybridation artistique. "La culture, permet mieux que l’école ou l’urbanisme, créer des espaces libres où se rencontrer." "La culture est plus dans le rapport à l’autre que l’école", appuie Fabienne Verstraeten.

La directrice des Halles invite ses "voisins" dans des journées spéciales. "Quand on invite spécialement un groupe, ils viennent." Mais le processus est lent, comme il l’est à l’égard des classes sociales les plus pauvres. "Lors du festival Masarat sur la Palestine, on a pu réparer une certaine stigmatisation. J’ai vu des femmes de Molenbeek venir aux Halles écouter des poètes. Nous organisons un cycle autour de la littérature arabe contemporaine, car nous avons remarqué que, si dans les pays arabes, les écrivains occidentaux sont très connus, l’inverse n’est pas vrai et les Occidentaux ne connaissent pas la riche littérature arabe. On reste dans une situation post-coloniale à l’égard du monde arabe."

Mixité des artistes, mixité des publics. Mixité aussi des équipes. Aux Halles comme au Wiels, on veille à employer des personnes d’origine étrangère. Et au Théâtre National, le restaurant est marocain.

10/2/2011, Guy Duplat

Source : Lalibre.be

Le gouvernement danois a préparé un projet de loi visant à donner moins de salaires aux immigrés musulmans. Selon le projet de loi du ministre danois des Finances Claus Hjört Frederiksen, les immigrés musulmans travailleront à un salaire plus bas et devront accumuler des points pour profiter des droits sociaux.

Ce projet de loi prévoit également le réexamen des musulmans retraités invalides et la pression sur certains de ces gens pour les faire retourner au travail. Le projet de loi ne contient aucune modification concernant les conditions de travail des immigrés venus des pays occidentaux.

Critiqué par les experts pour ouvrir la voie à la discrimination, le projet de loi suscite également la colère de l’opposition danoise, le qualifiant de renversement de la politique d’intégration en vigueur depuis neuf ans.

Les membres du gouvernement critiquent aussi le projet de loi. Birthe Ronn Hornbech, le politicien le plus important du gouvernement concernant les immigrés, a qualifié ce projet de loi de “désagréable. “

10 février 2011

Source : fdesouche

Ils sont jeunes, africains, pauvres et fous de foot. Ils rêvent de devenir pros à l’étranger, et échouent en Asie dans des clubs de bourgade après avoir payé un pactole à un «passeur».

Drogba dribble, adresse un centre qui trompe le gardien et se glisse sous la transversale. Le joueur est fidèle à sa réputation de meilleur buteur de l’équipe de Cap Skirring, village de la Casamance, région du sud du Sénégal. En vérité, Drogba s’appelle Aliou, il a 17 ans, il est élève en 3e et ce sont ses copains de classe, admiratifs, qui lui ont donné le nom de l’attaquant du Chelsea FC, capitaine de l’équipe de Côte-d’Ivoire. Aliou habite à deux minutes du terrain de cailloux et de sable où il réalise ses exploits. Tous les jours, il croise les toubabs (les «Blancs») du Club Med où son père a travaillé pendant des décennies. «Il est décédé en mars, et depuis, c’est difficile», dit Aliou. Il n’aura jamais les moyens d’aller au lycée, le Clud Med n’a pas enrichi sa famille de sept enfants mais il a forgé dans la fratrie le mirage européen. Alors, il rêve que ses pieds d’or l’amènent au-delà des mers où il deviendrait footballeur professionnel et gagnerait des mille et des cents. «S’il faut trouver de l’argent pour aller faire un essai en Europe, je me débrouillerais», dit Aliou. Le grand frère acquiesce.

2 000 euros nécessaires au «transfert»

Dans son infortune, Aliou a de la chance. Cap Skirring est trop paumé pour figurer sur la carte des «négriers du foot». Dénoncés dans un livre publié en mai par Maryse Ewanjé-Epée (1), il s’agit de ces agents véreux qui jouent aux «passeurs» de jeunes espoirs, profitant de la libéralisation de l’industrie du football, de la réussite d’équipes africaines lors des compétitions internationales et de l’organisation de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Ils arpentent les clubs de formation et les championnats provinciaux du continent, font miroiter à des gamins d’illusoires carrières au sein des clubs prestigieux, empochent un pactole que les familles ne pourront jamais rembourser et disparaissent, laissant leurs jeunes poulains sans papiers et sans argent, livrés à eux-mêmes en terre étrangère. Le trafic est dénoncé en France par les associations Culture foot solidaire et Manifootball. Mais l’horizon de ces escrocs s’étend à présent vers l’Asie. Dévorée, elle aussi, par la passion du ballon rond, elle est devenue le nouveau mirage des fous de foot africains.

Christian Manga, qui vit depuis deux ans en Thaïlande, en sait quelque chose. Il s’est trouvé en 2006 sur le chemin d’un passeur, au Cameroun. Il avait alors 19 ans, il était plein d’espoir. Il avait fait ses classes au centre de formation du quartier de Mokolo, à Yaoundé, il jouait en deuxième division. Ses copains le surnommaient «Inzaghi», du nom de la star du foot italien, se souvient-il avec fierté. Quand un «agent» camerounais lui propose une place dans une équipe du championnat de Lituanie, il décide de tenter sa chance. Sa mère institutrice n’a pas de quoi payer les «frais» et la commission d’un million et demi de francs CFA (2 000 euros) nécessaires au «transfert». Mais l’avenir de son garçon, et peut-être même de la famille, est en jeu. A force d’emprunts, la somme est réunie et Christian Manga s’embarque pour Vilnius via l’Egypte.

«Deux sont devenus fous et ont dû être rapatriés»

Arrivé au Caire, son agent se volatilise avec tout son argent. «Je ne savais pas quoi faire. Ma mère a payé pour que je sorte. Et je ne savais pas comment j’allais rentrer comme ça, subitement. Ma mère avait dépensé toutes ses économies», raconte Christian Manga. Préférant rester dans la capitale égyptienne plutôt que rentrer bredouille au pays, il passe des tests dans un club égyptien. Un contrat de quatre ans lui est proposé : succès inespéré car le championnat égyptien est de bon niveau. Mais une fois de plus, l’appétit du gain qui hante le milieu du foot s’applique à broyer ses espoirs. Le directeur de son club au Cameroun réclame une somme extravagante pour lui fournir la «libération internationale», un document visé par la fédération camerounaise qui seul lui permettra de jouer légalement dans une équipe à l’étranger. Le montant est hors de portée. Faute de ce document, le contrat s’envole.

Christian Manga est au point zéro. Grâce à l’entremise d’un ami, lui aussi footballeur en Egypte, il finira par atterrir dans une équipe de seconde division dans le sud de la Thaïlande. Dans la charmante petite ville de Chumphon, à 400 kilomètres au sud de Bangkok, bien loin de la Vilnius promise aux confins de l’Union européenne, il s’entraîne sur un terrain détrempé par les pluies de mousson avec une trentaine de Thaïlandais. Le directeur du FC Chumphon, lui, est satisfait : «Les Africains sont forts et ils ne sont pas chers. On les paie 12 000 bahts par mois [300 euros], c’est bien mieux que ce qu’ils pourraient gagner chez eux.»

Des centaines d’Africains se retrouvent ainsi, par des chemins plus ou moins tortueux, à jouer sur les pelouses d’Asie. «La plupart ont été dupés. Pour eux, quand tu viens d’Europe, ça veut dire que tu as de l’argent. Si tu te fringues un peu et que tu joues au manager, tout le monde viendra derrière toi», assure Landri Féverin-Mbimingou, directeur de l’agence Black Tigers Football Agency, une société basée à Bangkok qui place des footballeurs dans des clubs en Asie. Certains «pigeons» débarquent directement en Thaïlande, comme ce Camerounais qui préfère conserver l’anonymat. «On m’avait raconté qu’un club m’attendait ici. Mais quand je suis arrivé, je n’avais même pas un endroit où dormir», dit-il. Quelques rares joueurs s’en sortent haut la main, intègrent des équipes de Ligue 1, et touchent environ 2 500 euros. Pour les autres, la survie est un enfer. Certains sombrent dans la drogue, la prostitution, le trafic de faux papiers. «Deux sont devenus fous et ont dû être rapatriés. D’autres, sans papiers, finissent à la prison de l’immigration», raconte Landri Féverin-Mbimingou.

Christian Manga, 24 ans aujourd’hui, veut encore y croire après deux ans en Thaïlande. «Je ne regrette pas. J’ai beaucoup mûri. Tout cela a changé ma façon de penser», dit-il. Même le «rêve européen» plane toujours : «Beaucoup d’Africains ont trouvé ici des connexions pour des pays qui paient mieux, comme la France ou le Portugal. Il y a plein d’opportunités à partir de la Thaïlande, vers le Japon aussi», insiste-t-il. Tout plutôt qu’un retour au pays sans l’auréole de la gloire.

Le problème, estiment beaucoup de ceux qui échouent en Thaïlande, doit être réglé à la source, en Afrique où les complicités locales et la permissivité des règlements des diverses instances du monde du ballon rond assurent la prospérité de cette traite des footballeurs. Mais rares sont ceux qui s’indignent.

Et encore plus rares ceux qui travaillent à redorer l’éthique de ce sport, comme les fondateurs du projet sénégalais Diambars («les Guerriers») - qui compte le joueur de Manchester City, Patrick Vieira. «Malheureusement, dans nos pays, l’industrie du foot est devenue concurrente de l’école. Notre philosophie est de faire de la passion foot un moteur pour l’éducation», dit Saer Seck, un des pionniers du centre ouvert en 2003. Basé à Saly, sur la «Petite Côte» au Sénégal, le centre accueille une centaine de fous de foot.Les jeunes, recrutés à 13 ans ou 14 ans sur leurs valeurs sportives, vont en cours avant d’aller courir sur l’un des deux terrains synthétiques de l’institut Diambars. «Nous formons des footballeurs, mais surtout des hommes», poursuit Saer Seck.

Un contrat de stagiaire au FC Sochaux

Parmi eux, Joseph Romaric Lopy, 19 ans. Il est né comme Aliou dans les faubourgs de la Casamance. Mais sa chance à lui, c’est d’avoir rencontré l’équipe des Diambars. Après cinq années au centre, il vient de signer un contrat de stagiaire au FC Sochaux, dernière marche avant le statut de pro, mais c’est son baccalauréat décroché en 2010 qui réjouit ses coachs.

Seul regret pour Saer Seck, l’absence de soutien des instances nationales et internationales du football. Pas un signe, pas un coup de pouce alors qu’il s’agirait de multiplier ce genre de programme. «Un pays comme le Sénégal ne se développera jamais par le football. Mais par l’éducation.»

Aliou, pour sa part, n’est riche que de ses illusions. Son seul espoir de gain réside dans le match du lendemain, un Get the money où chacun mise 1 000 francs CFA (1,5 euro), avec l’espoir de gagner le double en cas de victoire.

9/2/2011, ARNAUD DUBUS

Source : Libération.fr

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