Entretien avec M.Issiaka Konaté, directeur général des Ivoiriens de l'extérieur*

mardi, 17 décembre 2013

Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) est un cas d'école en Afrique estime M.Issiaka Konaté, le directeur général des Ivoiriens de l'extérieur. Le responsable de la direction qui se consacre essentiellement à la communauté ivoirienne de près de 1,5 million de personnes nous déclare que l'idée de cette direction est née de la volonté du président ivoirien Alassane Ouattara. Le but étant de créer un cadre institutionnel à un niveau ministériel conduit par M.Ally Coulibaly, ministre de l'intégration Africaine et des Ivoiriens de l'extérieur. Cette direction générale présidée par M.Konaté a pour mission de répondre à la problématique de l'implication de l'engagement de la diaspora ivoirienne au développement de la cote d'Ivoire" nous affirme le responsable ivoirien.

Dans cet entretien accordé à la rédaction du CCME, M.Konaté qui a rencontré les responsables du Conseil du 9 au 11 décembre 2013, explique les raisons pour lesquelles l''exemple marocain en matière d'intégration de la diaspora suscite un intérêt soutenu en Côte d'Ivoire, mais il revient aussi sur la visite historique de SM le Roi Mohammed VI en Cote d'Ivoire le 20 mars 2013 et de l'axe Rabat-Abidjan.

Pourquoi avez-vous choisi de vous intéresser principalement au CCME?

D'abord, je suis au Maroc pour regarder et comprendre l'organisation du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger afin de voir comment mon pays peut s'inspirer de cet exemple dans le cadre de la mobilisation de la diaspora et sa participation au processus de développement, de reconstruction et de réconciliation. Pour nous en Cote d'Ivoire le Maroc est un exemple que l'on peut suivre du fait d'abord de notre proximité, ensuite de par l'importance de l'axe Rabat-Abidjan, pour preuve la visite de Sa Majesté le 20 mars 2013 dernier. Pour ce qui est du Conseil, il est actuellement considéré comme un exemple qui a permis l'intégration de la diaspora marocaine au développement. Beaucoup de pays africains se sont d'ailleurs inspiré de cette expérience. Nous, on vient à la suite de ces pays pour comprendre et bénéficier des conseils du CCME afin de mettre en place dans notre pays une politique en faveur de la diaspora qui sera un élément d'intégration historique dans notre pays. Cela répond d'ailleurs aux vœux du chef de l'Etat, M. Alassane Ouattara. Le président a confié la gestion de cette question à un ministre qui est à la fois en charge de l'intégration africaine et des ivoiriens de l'extérieur. Moi-même je suis directeur général des ivoiriens de l'extérieur, ce qui me donne la lourde responsabilité de mettre en place une politique gouvernementale en faveur des ivoiriens de l'extérieur. Il s'agit en vérité d'abord d'un voyage d'imprégnation pour comprendre la réalité et comment nous pouvons structurer une organisation autonome de la diaspora fondés sur l'exemple marocain.

Dans le cadre des visites d'imprégnation il s'agit du premier pays que je visite parce que c'est le pays que nous voulons suivre sur cette question. Mais aussi parce que les autres pays se sont inspirés de cet exemple qui est un benchmark essentiel lorsqu'on veut aujourd'hui gérer la diaspora. Ajouté à cela la proximité des peuples et nous sommes sur le même continent : les contextes sont pratiquement les mêmes, bien qu'à la différence du Maroc nous n'avons pas connu de vagues migratoires suite à des accords signés avec des pays de l'OCDE, le Maroc apparaît pour nous comme un pays qui a développé des structures, qui a développé l'expertise et qui constitue aujourd'hui un modèle d'intégration des marocains à l'étranger dans la gestion de leur pays. C'est pour cela que le Maroc est LE pays qui nous intéresse en terme de gestion de la diaspora. L'on n'oublie bien entendu pas le Mali et le Sénégal, pays qui se sont aussi inspirés de l'exemple marocain.

Vous êtes-vous déjà fait une idée du profil type de l'Ivoirien expatrié?

Nous avons une idée assez précise de la diaspora : l'ivoirien de l'extérieur est un être épris de justice et de paix, qui est profondément attaché à son pays et qui veut participer à la gestion et à son développement. Toutefois, il est frustré que nous ayons mis autant de temps avant de réaliser son rôle clé dans le développement. Nous avons aujourd'hui une occasion de nous « racheter » vis-à-vis de la diaspora à laquelle nous avons dit malgré vos différents politiques « soyez pro Côte d'ivoire» et « posez-vous la question de ce que vous pouvez apporter à votre pays ». Et lorsque nous avons posé la question de la participation au développement de notre pays, nous avons constaté un très grand consensus autour de cette idée. La diaspora ivoirienne est, comme la diaspora des marocains à l'étranger, fondamentalement attachée à son pays. Ce qui conforte l'idée chez nous de suivre l'exemple marocain.

Vous avez évoqué l'axe Rabat-Abidjan, pouvez-vous nous dire en quoi cet axe est important dans les relations maroco-ivoiriennes?

Cet axe a ceci d'important qu'aujourd'hui, les deux pays travaillent sur un mémorandum d'accord d'amitié entre nos deux pays suite à la visite de Sa Majesté en Côte d'Ivoire qui a été mémorable : le Roi a été accueilli dans la ferveur et le président Alassan Ouattara a toujours estimé que la Côte d'ivoire a pour devoir de s'inspirer des réussites en matière de développement, de gestion. Et pour nous le Maroc est un axe très important. N'oublions pas non plus qu'aujourd'hui de nombreux étudiants ivoiriens choisissent le Maroc pour venir faire leurs études ; ce qui devrait rendre l'Afrique fière, car on cherche des formations sur le continent. L'axe est en train de se développer avec le souhait que la visite prochaine du président, M. Alassane Ouattara au Maroc sera aussi un moment important pour nouer d'avantage les relations entre les deux pays. En tous les cas, nous avons été très heureux de la visite de Sa Majesté en Côte d'Ivoire et nous voulons poursuivre sur cette voie de la coopération, mais nous voulons surtout bénéficier de l'expertise marocaine dans plusieurs domaines.

Je ne saurais terminer sans remercier sincèrement le CCME pour son soutien et toute sa disponibilité lors de mon séjour dans votre si beau pays. Je remercie tout le personnel pour leur sollicitude et amitié à mon égard et à l'égard de mon pays. A travers moi, c'est la reconnaissance de mon Ministre, M Ally Coulibaly, et de tout notre ministère et même de notre pays.

* Entretien réalisé le 17 décembre 2013

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