Simo Ezoubeiri fait partie de ces jeunes cinéastes indépendants qui ont choisi de s'installer aux Etats-Unis. A Chicago, plus particulièrement, la 3ème plus grande ville des Etats-Unis connue dans le monde entier pour ses musées, sa culture, ses gratte-ciels, mais aussi ses artistes, dont la sublime Patti Smith, Bobby Fisher ou encore l'écrivain quasi mythique Dos Passos ami de l'autre monument de la littérature américaine Ernest Hemingway, puis ennemi à cause d'un profond désaccord sur la guerre d'Espagne (1936).
Simo Ezoubeiri ne nous donne pas les raisons exactes pour lesquelles il s'est installé dans cette ville cosmopolite qui fut la première à ouvrir ses portes aux étudiants noirs au moment du « I have a dream » de Martin Luther King dont on vient de fêter l'anniversaire du discours. Non, le jeune homme est heureux parce que son court métrage « A Day in Life» a été sélectionné par le plus ancien festival du documentaire en Bosnie - qui clôt ses portes le 31 août 2013.
C'est avec fierté qu'il nous déclare avoir été personnellement contacté par Tomislav Topic, le directeur du festival du film méditerranéen. Il nous rappelle qu'en dix ans ce festival est devenu un rendez-vous « incontournable pour les cinéastes des 22 pays de la méditerranée ». Il ajoute une nouvelle fois non sans fierté : « cette année je suis honoré de représenter le Maroc pour le prix du jury et celui du public.
Simo Ezoubeiri est surpris lorsqu'on lui demande s'il a encore des liens avec son pays natal: « Mon film "Inner Marrakech" a été diffusé en avant première au musée de Marrakech dans le cadre de Résonances, Artistes Marocains du Monde ». Il poursuit que ce même court métrage a été sélectionné lors de la 32ème édition du Festival du film de Montpellier et la 4ème édition du festival du film Thessaloniki en Grèce ».
Très gentiment, mais quelque peu vexé tout de même que l'on ne connaisse pas suffisamment son travail, il poursuit comme tous les jeunes de sa génération « j'ai écrit et dirigé « A Day in life », un film très personnel, puisqu'il parle de ma ville natale, Marrakech, et participé avec ce film aux festivals de Bologne , Rome(Italie), de Barcelone et Gijon (Espagne), du nouveau Mexique (Etats-Unis) Tanger et bien d'autres festivals.
Il poursuit avec le festival de San Francisco qui lui remet un prix dont il est particulièrement fier pour son film: "Flood of life in Marrakech", sans oublier le prix du meilleur court métrage de Dubaï pour son thriller « Popcorn ».
Lorsqu'on lui demande de se définir, il répond « à Chicago j'ai fait en sorte de mettre mon identité marocaine au service de mon travail –de cinéaste, photographe-« . Bien que Simo n'ait pas fait de grandes écoles du cinéma, il nous déclare « je travailles, j'étudie et je fais des films : mes créations sont très personnelles parce que je ne suis pas formaté et c'est pour cela que mon style évolue : chaque projet que je réalise est pour moi un enseignement, une nouvelle étape pour m'améliorer dans ce que je fais ».
Le fait qu'il fasse des films sur le Maroc, Marrakech plus précisément, c'est nous dit-il avec nostalgie « dû à mon lien avec ma ville natale...c'est une question de mémoire ». D'ailleurs « A Day in Life » (un jour dans la vie) qui résonne dans nos têtes comme « Una giornata particolare » d'Etore Scola (1977) est né d'un « grand amour et d'une passion infinie pour Marrakech où je suis fier d'être né ». Faire ce film était pour moi une sorte d'introspection, une inspiration d'une multitude de souvenirs ».