Fatema Hal fait partie de ces femmes dont on ne se lasse pas de raconter le parcours. Elle est l'exemple même de la self made woman capable de réussir là où l'on n'attend pas qu'une femme marocaine "explose" littéralement tous les clichés.
Elle est instruite, engagée, militante et mondialement connue pour sa défense de la gastronomie marocaine comme faisant partie de notre patrimoine culturel et historique.
Elle a réalisé son rêve en recueillant et en préservant les secrets de notre cuisine afin de les transmettre . Pour Fatema Hal, la cuisine est un des grands liens fort qui reste à l' humanité : "dans l'immigration la dernière chose que l'on conserve "c'est la langue ...la langue qui parle et la langue qui goûte" nous dit-t-elle.
Native d'Oujda et élève au collège Pasteur, l'un des meilleurs de l'époque dans la capitale Orientale, Fatema Hal fait un choix dès la fin des années soixante en s'installant en France.
C'est dans la République Française, qu'elle se marie et met au monde trois enfants. Ce passage par la case femme au foyer, n'entrave en rien son envie de Connaissance : en 1975, elle décide de reprendre ses études universitaires à Paris VIII (Vincennes). Parallèlement elle prépare une licence de littérature arabe et pour boucler la boucle, Mme Hal, milite dans les banlieues de la région Parisienne et donne des cours d'arabe et d'animation culturelle dans le groupe scolaire Jean Jacques Rousseau à Argenteuil .
En 1976 elle devient Interprète dans les hôpitaux pour Inter Service Migrants. Une année plus tard, en 1977, elle devient chargée d'études pour réaliser le programme " Femmes Nationales" (aide aux femmes a créer leurs propres association) à Toulouse : cité la briqueterie, Marseille et Grasse dans les alpes Maritime. En 1979, elle réalise avec la mairie de Grasse le premier festival de cinéma arabe.
Un peu comme si le temps ne s'arrêtait jamais pour Fatema Hal, son parcours académique continue : elle est acceptée pour préparer un doctorat a l'Ecole pratique des Hautes Etudes avec Camille Lacoste Dujardin comme directrice de recherche.
Elle donne de nombreuses conférences sur l'entreprenariat au féminin notamment à l'Ecole polytechnique, à l'université Georges Town a Washington et à Normal Sup (France).
Avec l'élection du président socialiste François Mitterand en mai 1981, elle devient dès 1982, conseillère technique au ministère des droits des femmes auprès de la déléguée de la ministre socialiste Yvette Roudy. Durant cette période, elle réalise une étude sur les « femmes et jeunes filles à la goutte d'or ».
C'est en 1984 qu'elle crée son restaurant « Le Mansouria » , sans aucune aide, en vendant les repas par avance et en faisant usage des micros crédits avant l'heure. Blessée par l'appellation injuste (cuisine orientale) pour désigner la cuisine Marocaine, elle part en croisade pendant plusieurs années afin d'expliquer, convaincre et enfin prouver que les cuisines du Maroc ont une identité : celle d'un grand pays.
Elle écrit son premier livre en 1996 sur « les saveurs et les gestes » (éd Stock). Sans surprise, le succès est au rendez vous. Depuis, la cuisine Marocaine n'est plus noyée dans le vaste...Orient.
De nombreux livres (14) seront publiés par la suite. En 1987 elle organise un stage pour former des futures chef cuisinières.
L'année 2001 est celle de la consécration : elle reçoit la Légion d'honneur. Presse française et internationale saluent le travail et les réalisations de cette battante qui n'a jamais baissé les bras. A l'époque, le Time Magazine la surnomme : « Le chef réconciliateur ».
Elle poursuit son ascension avec la création d'une gamme d'épices, de thés et l'obtention d'un stand aux Lafayettes gourmet. Et poursuit sa lancée avec une gamme de plats cuisinés marocains pour les magasins Monoprix .
Sa grande fierté : avoir été décorée par SM le Roi Mohammed VI dans la ville balnéaire de Saidia sa région natale.
En 2014 son restaurant parisien fêtera son trentenaire. Fatema Hal annonce qu'un « bel hommage sera rendu a toutes les femmes cuisinières».
La Rédaction