jeudi 28 novembre 2024 09:05

 

 

Mardi 3 mars 2009

 

9h-9h30 : Accueil et inscription

 

9h30-10h00 : Lecture du Message de Sa Majesté le Roi Mohammed VI adressé aux participants de la conférence

 

10h-10h30 : Allocutions d'ouverture

Président : M. Abdellah Boussouf, Secrétaire général du CCME

  • M. Driss El Yazami, Président du Conseil de la communauté marocaine de l'étranger
  • M. Mohamed Ameur, Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger
  • Mme Lorena Escudero, Ministre pour les Equatoriens et Equatoriennes migrants
  • Message de Mme Maria Consuelo Rumi, Secrétaire d'Etat à l'immigration et à l'émigration

 

10h30-11h15 : Première séance : émigration et participation politique : problématiques générales

  • "La participation électorale des émigrés dans leur pays d'origine : état des lieux et enjeux" - M. Jean Michel Lafleur - Chargé de recherches du fonds de la recherche scientifique (FRS-FNRS) - Belgique
  • "Considérations éthiques et politiques sur la participation des émigrés dans leurs pays d'origine" -  Mohamed Berdouzi, Universitaire, politologue- Maroc

 

11h15-13h : Deuxième séance : les conseils de l'émigration et la participation politique : expériences nationales

Président : M. Mohammed Chaib, Président du groupe de travail « participation politique et citoyenneté » du CCME

  • "La diaspora portugaise et la participation civique et politique" - M. Paulo Marques,Membre permanent de l'Assemblée des Portugais de l'Etranger, Président de la Commission de la participation civique et politique - Portugal
  • "Vie politique, lois et institutions relatives aux Croates vivant à l'étranger" - M. Branko Barbic, Secrétaire du comité de l'immigration - Croatie
  • "La citoyenneté espagnole à l'étranger" - M. Augustin Torres Herrero, Directeur général de la communauté espagnole de l'extérieur - Espagne
  • "L'Assemblée des Français de l'étranger (AFE) et l'expérience française en matière de participation politique" - Mme Marie-Pascale Avignon-Ferre, Membre du Conseil d'administration de l'Association des Français du monde - France
  • "La politique de l'Italie pour les Iitaliens à l'extérieur" - M. Andrea Amaro, Conseiller du Président du Conseil Général des Italiens de l'étranger - Italie
  • Discussion générale

 

Déjeuner

 

14h30 : Troisième séance : les conseils de l'émigration et la participation politique : les expériences nationales (suite)

Présidente : Mme Siga Sarr Diouf, Directrice des affaires sociales des Sénégalais de l'extérieur, Ministère des Sénégalais de l'extérieur et du tourisme, Sénégal

  • "La nouvelle politique migratoire de l'Equateur : réalités et perspectives" - Mme Lorena Escudero, Ministre pour les Equatoriens et Equatoriennes migrants- Equateur
  • "L'expérience algérienne à propos de la représentation à l'étranger" - M. Mohamed Gahche, Député à l'Assemblée Nationale Populaire d'Algérie - Algérie
  • "Les Maliens de l'extérieur dans le processus de développement de leur pays" - M. Amadou Soulalé, Conseiller spécial du Président du Haut Conseil des Maliens de l'extérieur - Mali
  • "De l'immigration à la citoyenneté" - M. Francisco Ruiz Vazquez,Président du Conseil général de la communauté espagnole de l'extérieur - Espagne
  • "Les politiques de soutien de la Communauté autonome de Castille et Léon à ses citoyens de l'extérieur" - M. Angel Peña Castañeda, Chef de la migration de la Communauté autonome de Castille et Léon - Espagne
  • "Le Conseil des communautés galiciennes: création, évolution et effets" - M. José Antonio Villamayor Filloy, Sous-Directeur général chargé de la coordination, de la coopération et de la gestion budgétaire, Secrétariat Général de l'Emigration, Communauté autonome de Galicie - Espagne
  • "Avancées et limites des droits des Chiliens de l'extérieur. Une mise en perspective historique dans le contexte latino-américain" - Mme Cecilia Baeza, Doctorante en sciences politiques - France
  • "Les Iles Canaries et les migrations : Un Voyage Aller - Retour" - Mme Natividad Cano Perez, Vice conseillère de l'émigration et de la coopération - Iles Canaries, Espagne
  • "Les perspectives de participation des Libanais de l'extérieur" - Mme Rouba El Chidiac - Liban
  • "L'expérience marocaine" - M. Mohamed Chaïb, Président du groupe de travail « citoyenneté et participation politique » du CCME - Maroc
  • Discussion générale

 

 

 

Mercredi 4 mars 2009

 

9h-13h : Quatrième séance : Politiques publiques des différents Etats envers leurs communautés émigrées

Président : M. Paulo Marques, Membre permanent de l'Assemblée des portugais de l'étranger, Président de la Commission de la participation civique et politique, Portugal


  • "Difficultés de la gestion de la diaspora" - M. Djabia Joachim Anvire, Directeur du Département des Ivoiriens de l'Etranger - Côte d'Ivoire
  • "La participation de la diaspora dans le développement de leurs pays et communautés d'origine : l'exemple du Sénégal" - Mme Siga Sarr Diouf, Directrice des affaires sociales des Sénégalais de l'extérieur, Ministère des Sénégalais de l'extérieur et du tourisme - Sénégal
  • "Diaspora et construction nationale : l'expérience béninoise" - M. Jean Benoit Alokpon, Directeur Exécutif, Agence des Béninois de l'Extérieur - Bénin
  • "L'expérience tunisienne en matière d'encadrement de la communauté tunisienne résidant à l'étranger" - M. Frej Souissi, Directeur Général de l'Office des Tunisiens de l'Etranger - Tunisie
  • "Contexte général des politiques lithuaniennes relatives à la diaspora" - Mme. Vida Bagdonavicenne, Vice directeur général des minorités nationales et des Lituaniens vivant à l'étranger, Sous le gouvernement de la République de Lituanie - Lituanie
  • "Etablissement des liens avec la diaspora et politiques d'intégration dans le pays d'accueil" - Mme Elisa Díaz Gras, Institut des Mexicains à l'étranger - Mexique
  • "Expatriés belges et participation politique" - M. Didier Heiremans, Président, Union francophone des Belges de l'étranger - Etats-Unis

 

Déjeuner

 

14h30-16h   : Séance de clôture

Président : Francisco Ruiz Vasquez, Président du Conseil général de la communauté espagnole de l'extérieur, Espagne

 

 


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Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) organise, les 3 et 4 mars 2009 à Rabat, la première conférence internationale des conseils et institutions nationales dédiés par différents Etats à leurs populations émigrées.

Seize délégations officielles ainsi que plusieurs chercheurs devraient participer à cette conférence qui aura à traiter de trois thèmes au cœur de la mission du CCME : la participation politique, les organes consultatifs et les politiques publiques mises par les divers Etats en direction de leurs communautés expatriées. Sont ainsi attendus des responsables de conseils de l'émigration et des directeurs des administrations centrales des pays suivants : l'Algérie, la Belgique, le Bénin, la Côte d'Ivoire, la Croatie, l'Equateur, l'Espagne, la France, l'Italie, le Liban, la Lituanie, le Mali, le Mexique, le Portugal, le Sénégal, la Tunisie et le Maroc.

L'intérêt porté à l'initiative marocaine par les pays participants à cette conférence est à la mesure de celui qu'ils portent à leurs populations émigrées respectives. Les échanges et les éclairages comparatifs programmés promettent d'être d'autant plus intéressants que les législations et les politiques publiques des Etats d'origine envers leurs populations émigrées sont très variées et évolutives. En effet, il n'existe ni modèle unique, ni formule prédominante, notamment en ce qui concerne les conditions et les modalités de participation politique des émigrés à la vie démocratique des pays d'origine où une telle participation est prévue. De même, les organes officiels à vocation consultative dédiés aux émigrés s'avèrent, là où il en existe, fortement différenciés du point de vue de leurs attributions et de leurs modes de composition. Enfin, les politiques gouvernementales envers les populations émigrées varient fortement en ce qui concerne leurs priorités et leurs modes d'organisation et d'action administratives.

Ce sont précisément ces trois chapitres : participation politique, organes consultatifs et politiques publiques, qui constituent les axes des exposés et des débats programmés lors de la conférence. La revue vivante des expériences acquises ou en cours dans différents pays dans ces domaines permettra de capitaliser les meilleures pratiques, tout en identifiant les spécificités de chaque choix national.

Les participants devraient en outre discuter des modalités de coopération, de partenariat et de suivi de la conférence dont notamment l'institution de rencontres périodiques de ce genre.

Rappelons que le Dahir Royal portant création du CCME lui a attribué, entre autres missions, l'élaboration d'un avis consultatif sur la composition future du Conseil et un deuxième avis sur les modalités de participation politique des émigrés marocains. Cette conférence constitue l'amorce du vaste débat public et participatif que le CCME entend ouvrir tant au Maroc qu'au sein des communautés marocaines de l'étranger.

 

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La contribution économique de « la » MRE : cas du Royaume Uni


Comme l'a dit Margaret Thatcher
"If you want something said, ask a man; if you want something done, ask a woman. "
"Si vous voulez que quelque chose soit dite, demandez a un homme , Si vous voulez que quelque chose soit faite, demandez a une femme ».


Donc l'objet de l'intervention sera d'essayer de dire :

  • en quoi la migration des femmes marocaines vers le Royaume Uni est différente par rapport aux autres pays Européens
  • que sa contribution économique et financière est plus importante lorsque l'environnement politique, social et économique dans lequel elle évolue lui est plus favorable
  • un certain nombre de recommandations pour développer un lien différent qui ne se base plus seulement sur les transferts mais sur d'autres types d'investissements économiques et sociaux au Maroc.


Il existe très peu de statistiques et de recherche sur la migration féminine marocaine au RU. De ce fait nous avons base notre approche sur notre expérience et sur des données empiriques recueillies a travers plusieurs interviews de femmes marocaines établies au RU.


Brève histoire de l'immigration au RU

  • Historiquement et a la différence d'autres pays européens les femmes ont depuis le départ été plus nombreuses que les hommes dans la population immigrée en Angleterre.
  • la 1ere vague d'immigration a lieu au début des années 60 et concerne surtout des femmes sous contrat de 2 ans avec attribution d'un permis de travail et destinées a travailler dans le secteur agricole (cueillette de fruits et légumes) et en provenance essentiellement des régions de Berkane et Meknès.
  • la 2eme vague a lieu vers le milieu des années 60 avec des contrats de travail offerts dans le Nord du Maroc, particulièrement la région des Jbala (Khmiss Sahel, Beni Gharfet, Beni Arouss), Larache, Asilah ,Tetouan et Tanger et aussi une petite communauté de Meknes et Oujda. Ce mouvement a concerne plus les femmes, pour des emplois dans les secteurs de l'hôtellerie et les hôpitaux tout particulièrement.
  • Nous ne pouvons pas passer sous silence une petite vague d'immigration représentant plusieurs centaines de femmes recrutées comme call girls principalement a Casablanca et El Jadida a partir de 1977 et jusqu'à la mise en place du visa par l'Angleterre vers 1987. Ce mouvement correspondait au boom suivant les chocs pétroliers de 1973 et surtout celui de 1979 et a la volonté du Royaume Uni d'attirer les investisseurs des pays arabes du Golfe.


Type de migration et place de la femme immigrée dans la société Britannique :

  • la plupart des femmes migrant vers le RU venaient en tant que célibataires à la différence d'autres pays européens ou les femmes émigrent avec leur mari ou le rejoignent. Dans ce dernier cas la tendance est à la reproduction au sein de la famille des relations calquées sur les pratiques du pays d'origine. Même lorsque ces femmes travaillent elles sont souvent le seul soutien économique de la famille, le mari étant fréquemment au chômage, et de ce fait leur contribution économique au pays d'origine est moindre.
  • Par contre les femmes MRE en Grande Bretagne sont le plus souvent arrivées seules. Certaines sont restées seules ou se sont mariées à des non marocains. D'autres sont à l'origine du regroupement familial en ouvrant au mari, résidant au Maroc, la voie de l'immigration.


De ce fait la femme jouit d'une position plus favorable, sur le plan décisionnel et au niveau de son autonomie. Elle est plus actrice du changement et de l'intégration.

  • Le fait que la société britannique soit plus tolérante, plus cosmopolite , plus riche culturellement et surtout avec une dualité britannique-non britannique beaucoup moins prononcée que d'autres pays européens , va rendre plus facile l'ascension de la femme marocaine.
  • la catégorie socio-professionnelle de la femme marocaine au RU a énormément évolué de génération en génération : rarement simple femme au foyer elle était le plus souvent et dés le départ une employée venue avec un permis de travail.


Etant très ambitieuse pour l'éducation des ses enfants, elle assure aussi la continuité culturelle et un enracinement de l'identité marocaine.


De ce fait une partie non négligeable des marocaines de la 2eme génération occupent des positions de cadre dans divers secteurs (banques, cabinets d'avocat, entreprises multinationales, enseignement supérieur, organisations non gouvernementales, etc......).

Dans plusieurs pays européens, exemple de l'Allemagne et de la France, le secteur public, en particulier les services sociaux et hospitaliers sont fermés aux immigré(e)s ne disposant pas de la nationalité du pays d'accueil, mais ce n'est pas le cas au Royaume-Uni. De ce fait les femmes immigrées ne se concentrent pas dans le secteur domestique informel, et bénéficient d'une plus grande protection légale sur le marché du travail.

Les marocaines du RU sont représentées dans le commerce, les activités immobilières et financières, dans le secteur public, dans l'éducation, la santé et les services sociaux.


Investissement et attachement au pays :

La femme semble plus attachée que l'homme à sa patrie d'origine par le lien familial, culturel et économique (achat de la maison ou de terrain, affaire personnelle, ...).

A titre d'exemple la plupart des maisons de Larache ont été construites après la fin des années 60. Ces maisons, pour la plupart a 3 niveaux dont 1 a 2 réservés a la location, étaient finances en plus grande partie par la femme .Cet investissement au Maroc se faisait au détriment de leur qualité de vie au RU car la plupart louaient des logements sociaux au lieu d'acheter leur logement dans le pays d'accueil.

Concernant la 3eme génération un rapport datant de 1997 de la North Westminster Community School, ou est concentrée un nombre important d'élèves d'origine marocaine souligne que les filles marocaines réussissent beaucoup mieux aussi bien par rapport aux garçons marocains qu'aux aux autres groupes ethniques.


Le cas des marocaines diplômées venues récemment de France pour travailler en Angleterre :

  • mouvement qui a démarré vers le milieu des années 90 .Face a la discrimination a l'embauche et dans le travail a l'encontre des élites d'origine maghrébine en France, plus d'un millier de marocains, dont plus du quart sont des femmes , ont choisi de venir vivre et travailler au Royaume Uni.
  • Il existe un décalage sensible entre les 2 pays du fait que les candidats a un poste ne sont pas juges sur leur couleur de peau, leur patronyme ou leur adresse en banlieue, mais sur leur compétence et leur rigueur avec une spécificité des marocains qui ont au niveau de la City bancaire une réputation de matheux.


La plupart de ces femmes ont une formation d'école d'ingénieur ou d'école de commerce et beaucoup d'entre elles s'occupent de vente dans les salles de marché et certaines se spécialisent dans les modèles mathématiques prisés par les banques d'affaire.

  • Londres est la capitale financière Européenne et l'incitation financière est importante du fait que les salaires + bonus avec moins de 5 ans d'expérience peuvent atteindre facilement 250.000 £ en moyenne par an avec des pointes pouvant atteindre et même dépasser 1 M £.
  • un phénomène intéressant est qu'avec la crise actuelle certaines d'entre elles ont du quitter Londres pour aller travailler dans diverses institutions financières situées dans les pays du Golfe, en particulier Dubaï, Bahreïn et Abu Dhabi. Nous ne pouvons que mettre en évidence le rôle de ces femmes marocaines pour changer l'image de la femme marocaine dans les pays du Golfe.
  • la défense des droits de la femme au RU peut être mise en évidence par la compensation de 10 millions de livres sterling (plus de 12 millions €) obtenue il y a quelques semaines par les deux sœurs jumelles marocaines qui poursuivaient leur ex-employeur, le courtier TSAF à Londres, pour discrimination religieuse, raciale et sexuelle.

Ce niveau de compensation n'est pas pensable dans d'autres pays européens.


MRE en Grande Bretagne et Transferts d'argent

  • le nombre de MRE au RU s'élève à prés de 60.000 personnes disposant à prés de 70% de la nationalité britannique et concentrée pour la plus grande partie dans la région de Londres. Prés de 65 % de ces MRE sont des femmes.
  • les transferts MRE en provenance du RU représentent à fin 2007 prés de 2,5 milliard dh, soit prés de 4 % de l'ensemble des transferts MRE vers le Maroc. A signaler que ces transferts dépassent ceux de l'Allemagne qui dispose d'une population MRE bien supérieure.
  • Selon le Bureau de la Banque Populaire qui a ouvert au consulat en 1980, mais qui était présent de manière indirecte en Angleterre bien avant, des le départ  la majorité de la clientèle était des femmes et cette tendance ne s'est jamais démentie depuis.
  • D'après notre expérience depuis 1997 et le recoupement avec celles des responsables des autres banques marocaines établies au RU nous pouvons avancer sans gros risque de se tromper que « la » MRE représente  entre prés de 65 % des comptes et des transferts d'argent vers le Maroc (soit prés de 1,5 milliards de dirhams à fin 2007 à partir du seul RU).


Conclusions et recommandations

  • Egalité hommes-femmes: Le Maroc classé 125e

Selon le dernier classement mondial sur l'inégalité homme-femme, publié jeudi 8 novembre 2008 par le World Economic Forum, organisateur du forum de Davos (Suisse), Le RU a régressé de 2 places et est classé 11eme mais a toujours fait partie des 10 premiers pendant très longtemps.

La France a fait le plus important bond, soit 36 places, pour se classer 13eme contre 51eme l'année dernière grâce a une amélioration concernant l'égalité des salaires, et le % des femmes législateurs, haut fonctionnaires, responsables d'entreprises, parlementaires et ministres.

le Maroc figure a la 125eme sur 130 pays, avec le Yémen et l'Arabie Saoudite qui ferment la marche.

La question qui se pose est de savoir comment la femme marocaine au RU ou dans d'autres pays européens pourrait aider à changer le classement catastrophique de notre pays. Les représentantes du CCME ainsi que les femmes d'origine marocaine qui occupent des postes de responsabilité dans le secteur public et prive ont une expérience très riche en enseignements qui doit être prise en considération pour toute stratégie de développement de la société du Maroc.

  • La contribution financière des femmes MRE va elle continuer indéfiniment ? rien n'est moins sur.

Les femmes de la 3eme génération ne compte pas rentrer définitivement au Maroc, en raison de plusieurs décalages (barrière de la langue anglaise qui est encore peu parlée au Maroc par rapport au français, droits de la femme, travail, environnement socio- culturel, mentalités....).

Elles vont effectuer moins de transferts de solidarité vers l'arrière grand mère ou la famille éloignée. Comme le montre le cas du Mexique elles seront attires par des investissements ciblés.

  • une des priorités des représentants du CCME et du ministère est de faire du brain storming pour mettre en évidence les opportunités d'investissement qui sont offertes au Maroc et comment les packager pour les offrir a la communauté a l'étranger.
  • on a besoin au niveau du Royaume Uni d'une structure pour orienter et faciliter les procédures administratives de l'investissement au Maroc. A signaler que la Tunisie dispose au Royaume Uni d'une telle structure. Cette structure devrait donner une importance particulière a l'investissement immobilier car en donnant un large choix, en facilitant les procédures administratives et s'occupant de la location éventuelle des biens immobiliers achetés, car beaucoup de ces logements seront des résidences secondaires achetés par les 3eme générations et suivantes dans le « pays des parents »Conclusions et recommandations
  • encouragement a la création au Maroc d'entreprises basées sur un transfert de savoir. Les incitations a l'investissement sont multiples et comprennent aussi bien l'attribution de terrains et locaux , que des exonérations fiscales en passant par la création d'infrastructure et la formation de la main d'œuvre locale.
  • partenariats des MRE avec les association marocaines pour des projets concrets : un tout petit exemple concerne le centre de dialyse a Mont Aroui avec hôtel pour les malades venant de loin. Dans ce cas la contribution du ministère de la sante et des associations locales concerne le recrutement de médecins, l'entretien de l'hôpital, etc....
  • accords bilatéraux pour les soins de sante en faveur des MRE du 3eme âge désirant passer leur retraite au Maroc tout en recevant une couverture de soins de sante du RU. La aussi nos voisins Algériens et Tunisiens ont une longueur d'avance sur nous. Ce serait aussi un moyen d'attirer les générations futures vers un pays qui prend soin de leurs parents et grands parents.
  • Possibilité d'investissements collectifs regroupant une multitude de MRE. Il s'agirait de sortes de fonds de placement pour des projets spécifiques dans divers secteurs et gérés d'une manière efficace :exemple achat d'une seule chambre dans un projet d'hôtel avec participation aux bénéfices, projets agricoles structurés, projets industriels ou autres ciblant les régions d'origine des MRE, .....
  • Enfin le tissu associatif à l'étranger est un puissant moyen de vendre le Maroc auprès des gouvernements, entreprises et décideurs de toutes sortes. Par exemple il est aberrant que la British Airways ait supprime ses dessertes sur le Maroc, 2 par jour, alors qu'elle maintient ses vols sur l'Algérie et la Tunisie qui enregistrent pourtant un trafic beaucoup moins élevé. Si le Maroc avait un lobby puissant cette décision aurait pu être remise en cause.


L'enjeu fondamental pour notre pays est de développer un lien différent qui ne se base plus seulement sur les transferts. Tout dépendra de l'environnement que l'on aura préparé au Maroc pour attirer d'autres formes d'investissements, développer le tissu associatif et prendre en charge le 3eme âge. Si cet environnement n'est pas propice, ces marocains au lieu de devenir des « têtes de pont » a l'étranger préféreront investir et aussi s'investir localement ou dans d'autres pays plus incitatifs, et malheureusement bien loin du Maroc.


Le CCME a de ce point de vue énormément de pain sur la planche.

La femme a aussi un rôle essentiel a jouer, ne serait ce que parce que comme on dit chez nous :

« Ali bghatou lala mimouna, bghah lakrim moulana » !


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Nous sommes des parents, des travailleurs sociaux et des chercheurs issus ou non de l'immigration marocaine. Nous avons constaté que, d'une part il y a une forte demande d'apprentissage de la langue arabe et que d'autre part chez les jeunes issus de l'immigration marocaine  la demande de transmission des valeurs est très forte, signifiant ainsi leurs besoins de repères fondamentaux pour se construire et définir leur identité. Nous avons en commun la conviction que ces enfants, ces jeunes, pour devenir des citoyens responsables, entreprenants et utiles à leur pays, doivent non seulement maîtriser parfaitement la culture française mais également la culture du pays d'origine de leurs parents ou grands-parents.


Des cours d'arabe sont proposés actuellement  d'une part, dans le cadre du programme Langues Culture Origine (LCO) mais dispensés principalement  dans les écoles des quartiers sensibles ; avec un temps imparti aux LCO d'une heure seulement par semaine donc trop léger pour un programme aussi ambitieux. Et d'autre part, la langue arabe est aussi  enseignée dans le cadre des associations religieuses et dans les mosquées donc réservée aux musulmans.

En ouvrant l'apprentissage de l'arabe hors du contexte religieux, nous pouvons accueillir les enfants de toutes origines, de tous milieux sociaux et ainsi créer un espace de mixité sociale, de tolérance, d'ouverture culturelle et religieuse.

Il nous paraît aussi important d'isoler notre initiative de toutes lectures politiques et religieuses, privilégiant ainsi une approche culturelle ouverte, valorisant l'apprentissage d'une langue et d'une civilisation qui souffrent d'un regard stigmatisant. Nous souhaitons nous situer dans une posture favorisant une pédagogie des regards croisés.


En outre, une bonne connaissance de la langue et la civilisation arabe pour la jeunesse de demain. Contribuera à abattre les murs de l'incompréhension dont les fondations sont l'ignorance et la peur de l'inconnu.

Pour ce faire, nous avons donc constitué une association que nous avons dénommée « la maison d'Averroès ».

L'association a juste un an d'existence et déjà deux cours se déroulant à Dreux et accueillant des enfants marocains en majorité, mais aussi des enfants d'origines, de milieu social et de religions différentes aussi bien français de souche qu'issus de l'immigration ou de mariages mixtes.


Notre souhait est  que cette initiative puisse être exportée sur d'autres villes, voire d'autres pays. Actuellement, nous avons été approchés, lors du colloque organisé par le CCME, pour des projets similaires en France, aux Pays Bas et au Canada.



Naïma M'Faddel

Présidente

Directrice centres socioculturels

Sociologie appliquée à l'action sociale


Rachid Benzine

Vice-président

Universitaire, écrivain

Spécialiste de l'Islam


Secrétaire : Olivier Roy

Directeur de recherche au CNR, écrivain

Politologue - spécialiste de l'islam


Secrétaire adjoint : Hafid Ntidam

Chirurgien


Trésorier : Eugène Henri Moré

Consultant politique de la Ville


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On m'a demandé de faire un témoignage. Exercice difficile, vu la richesse et la densité du programme, la qualité et le nombre des participantes.

Mon propos ici n'est pas de vous livrer une analyse ou une synthèse des deux journées mais

Il s'agit plutôt de partager avec vous quelques impressions, et des questionnements qui m'ont interpellé


 

1 - D'abord des impressions sur le déroulement de ces deux journées d'échanges et de débats

  • Une atmosphère conviviale, non formelle qui facilite les échanges et les rencontres
  • Un nombre impressionnant de participantes.
  • Un programme dense,
  • Une forte participation.
  • Des témoignages d'une vibrante intensité
  • Des exemples de dépassement de soi, de courage
  • Des débats riches qui ont mis en en lumière des expériences, des recherches, venant d'horizons divers dans les domaines politique, social, économique, culturel
  • Des débats qui ont su dépasser certains tabous,
  • Des échanges parfois houleux, où l'on a opposé la marocaine d'ailleurs à celle d'ici, où l'on a opposé la langue arabe aux autres langues parlées.
  • Des débats et échanges qui n'ont pas comblé toutes les attentes des participantes, qui ont en frustré certaines. En effet, les attentes sont multiples : SOIF de rencontres, SOIF de (re)connaître l'autre et de se faire (re)connaître, SOIF d'échanger dans le respect mutuel, SOIF d'être informé en temps réel sur les avancées et les défis du Maroc, BESOIN de s'impliquer efficacement aux chantiers initiés, BESOIN D'ETRE EN LIEN AVEC LE MAROC.....

Des débats empreints d'une Forte charge émotive

 

2- Des Questionnements qui m'ont interpellée ?

Marocaines d'ici et d'ailleurs : Qui sommes - nous ET qu'est ce qui nous unit ?

  • Des femmes nées au Maroc ou ailleurs
  • Des femmes vivant au Maroc ou ailleurs
  • Des femmes parlant des langues différentes, certaines ne parlant pas l'arabe
  • Des femmes ayant des parcours, des vécus, des trajectoires de vie différents
  • Des femmes ayant des expériences et/ou des expertises variées
  • Des femmes ayant des perceptions, des représentations, des attentes et des aspirations parfois différentes


DIVERSES ET PLURIELLES MAIS LIEES PAR notre MAROCANITE

  • un fort attachement et un sentiment d'appartenance à un pays, le Maroc
  • une mémoire historique et culturelle commune : nous appartenons à une civilisation plus que millénaire (depuis la préhistoire), à la fois arabo-musulmane, amazigh, judaique, africaine, antiquo-romaine...Une Culture riche plurielle, diverse et variée où les religions, les langues, les traditions ont toujours vécu en symbiose.... Une spiritualité riche et un Islam Tolérant ....Une Histoire et une Culture ouverte sur le Monde ..... Une Histoire et une Culture où l'apport des Femmes a été considérable depuis des siècles ( Fatima Al Fihria, Kenza al Awrabia, Zineb Nefzaouia..... Malika Al Fassi....) et continue à l'être
  • le partage des mêmes valeurs : tolérance, respect, dignité, liberté, égalité, équité, justice, solidarité, hospitalité et ouverture


DIVERSES ET PLURIELLES MAIS LIEES PAR LE MEME COMBAT:

  • le même engagement : la lutte pour les Droits Humains (Femmes)
  • les mêmes défis à relever dans un monde globalisé, en constante mutation, avec une grande mobilité des populations, un monde en pleine crise : crise identitaire, crise financière, crise sociale, montée des extrémismes et des xénophobies, gestion sécuritaire des flux migratoires.
  • Comment s'intégrer ? Comment conserver sa marocanité et la transmettre à ses enfants, tout en vivant dans la modernité, que ce soit au Maroc ou ailleurs ?


DIVERSES ET PLURIELLES MAIS LIEES PAR LE MEME REVE:

  • un Maroc, un Etat de Droit, où l'égalité des chances et des opportunités est accessible à Toutes et à Tous, sans discrimination aucune, où les Femmes sont considérées comme des CITOYENNES A PART ENTIERE
  • un Monde Tolérant, ouvert sur l'autre, où l'on peut circuler librement, où l'on peut s'intégrer aisément et où les Droits Humains sont respectés


 

Questionnement - Rôle du CCME ?

En organisant un événement d'une aussi grande envergure, le CCME a initié une dynamique qui s'inscrit dans le moyen et le long terme.

Pour ce faire, le CCME, aura à mon avis à :

  • Instaurer de manière pérenne, un ESPACE DE DIALOGUE, d'ECHANGES, de CONCERTATION
  • (rencontres, visioconference ; internet..)
  • Réaliser un mapping de toutes les personnes ressources et initiatives d'ici et d'ailleurs
  • Mettre en place un système d'information aisément accessible, permettant de prendre connaissance des situations, des initiatives, des réformes, ....
  • Accompagner la mise en réseau, le partenariat entre femmes, groupes, associations ....


 

En conclusion

Nous sommes toutes Marocaines d'ici et d'ailleurs

  • Nous sommes à la fois citoyennes marocaines et citoyennes du monde.
  • Car nous partageons les valeurs universelles des Droits Humains et de la citoyenneté.


Nous sommes toutes Marocaines d'ici et d'ailleurs

  • Marocaines, différentes et une à la fois,
  • Marocaines, conscientes des défis et engagées à les relever


Nous sommes toutes Marocaines d'ici et d'ailleurs

  • Car nous portons en NOUS une part de Marocanité que l'on a hérité et que l'on contribue à enrichir.
  • Une Marocanité millénaire, une Marocanité plurielle, Une Marocanité tolérante, Une Marocanité ouverte sur le Monde.


Marocaines d'ici et d'ailleurs et Fières de l'Etre !

 


Najat M'jid, Raporteur spécial aux Nations Unies sur la vente des enfants

 


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Mesdames et Messieurs,


Je voudrais commencer mon intervention avec une expérience personnelle. Lundi dernier, je suis allée au consulat du Maroc à Amsterdam, ma ville natale, afin de renouveler ma Carte d'Identité Nationale.
Au consulat, on m'a demandé plusieurs documents et informations que je n'avais pas sur moi. Donc, je n'ai pas pu renouveler ma CIN, mais j'ai pu immédiatement obtenir un passeport marocain. En tant que marocaine, née aux Pays-Bas, de la seconde génération, je n'ai jamais eu un passeport marocain. Lorsque le passeport marocain vert m'a été donné, je me suis sentie fière de mon identité marocaine, mais en même temps, j'ai eu le sentiment d' avoir trahi les Pays-Bas, le pays vers lequel mes parents ont émigré et où je suis née. Ces sentiments et ces émotions confuses sont le résultat de l'actuel débat public et politique dans les pays européens, principalement aux Pays-Bas. L'hypothèse dominante dans ces débats est que les migrants et les implications des engagements avec les pays d'origine sont un obstacle à l'intégration dans le pays d'implantation. En outre, la double nationalité est perçue comme étant en conflit avec les intérêts nationaux.


Mes deux passeports, qui sont en fait des documents de voyage, symbolisent mon identité marocaine et néerlandaise, mais ne déterminent pas qui je suis ou ce que sont mes convictions. Avec cette expérience personnelle, je tiens à illustrer deux points importants. Tout d'abord, cet événement, ici à Marrakech, n'est pas incontestable.
Le fait que nous sommes ici aujourd'hui, en train de discuter des droits des femmes, inspire un débat public et politique chaud, dans lequel notre engagement à améliorer la situation des marocaines d'ici et d'ailleurs est assimilé à une déloyauté et une ingérence de plus en plus indésirables de l'Etat marocain dans la vie des migrants. Les partis politiques de droite aux Pays-Bas perçoivent les Marocains impliqués dans l'évolution de la situation au Maroc comme des suspects. Ces mêmes partis politiques pensent que les personnes détentrices de deux passeports devraient rompre les liens avec les pays où ils sont nés, eux ou leurs parents. Leur loyauté est remise en question.



Le deuxième point que je voudrais souligner est que la participation et les engagements dans le pays d'origine ne sont pas propres à la première génération. De plus en plus, nous voyons que les deuxième et troisième générations se sont engagées à contribuer au développement du pays et du peuple d'origine.


Cette manifestation de deux jours, ici à Marrakech, prouve que les décideurs dans les pays européens, en particulier dans les Pays-Bas, ont tort. Je suggère que nous ignorions ces irrationalités paternalistes et xénophobes et que nous continuions notre travail dans la promotion de l'égalité des droits pour les femmes marocaines d'ici et d'ailleurs. C'est ma profonde conviction que tous les Marocains dans le monde entier sont en train de devenir des citoyens de transition avec des engagements forts et des allégeances à la fois au pays de résidence et au pays d'origine.


Les historiens, comme moi, ont tendance à considérer le passé, avant de faire des prédictions sur ce qui est encore devant nous. Si l'on compare l'histoire du mouvement féministe nationaliste marocain avec l'histoire du féminisme et du nationalisme dans les autres pays du tiers-monde luttant pour se libérer de la domination coloniale occidentale, on trouve de nombreuses expériences similaires et parallèles. Dans tous ces pays, les sociétés traditionnelles ont été transformées par l'évolution économique capitaliste. L'émergence du nationalisme et des mouvements féministes a été parmi les résultats de ces changements économiques et sociaux. Plusieurs pays ont connu des mouvements réformistes qui ont appelé à l'éducation des femmes issues de la classe supérieure et les porter hors de l'isolement. La plupart de ces mouvements de réforme ont été socialement conservateurs, ayant pour objectif de renforcer les structures familiales traditionnelles, et donc de maintenir la subordination des femmes au sein de la famille. Dans la même période, la migration rurale-urbaine et les pressions économiques ont "émancipé" les femmes de la classe inférieure, créant un nouveau prolétariat urbain et amenant les femmes à quitter leur foyer pour se joindre à la main d'œuvre industrielle.



Bien que les femmes aient été impliquées dans le débat public qui a accompagné ces premiers mouvements de réforme - au Maroc, Malika El Fassi a commencé à écrire des articles sur l'éducation des filles au milieu des années trente - c'était le nationalisme qui comprenait des groupes de femmes impliqués dans l'action politique. Les mouvements nationalistes ont, pour la première fois, porté les femmes hors de la sphère domestique traditionnelle vers la sphère publique et politique. Mais ces mêmes mouvements nationalistes ont également mis de véritables limites aux mouvements des femmes. Ces messages confondus sur le rôle des femmes découlent des motivations doubles, et parfois contradictoires, des mouvements nationalistes eux-mêmes. D'une part, les nationalistes voulaient expulser les colonisateurs et moderniser leurs sociétés, en s'appuyant sur des modèles européens; des tâches qui ont exigé l'éducation et la mobilisation des femmes. D'autre part, ils ont voulu affirmer une identité nationale séparée et différente du colonisateur, une identité basée sur leur propre histoire et culture. Ceci les a amenés à souligner le rôle primordial des femmes au foyer, au centre de la famille, gardiennes de la tradition.


Après que l'indépendance ait été atteinte, l'Etat-nation établi et le droit des femmes au vote obtenu, les mouvements féministes ont généralement disparu ou se sont transformés en organismes de protection sociale subventionnés par le gouvernement et dirigés par la classe supérieure des femmes. Aucun mouvement organisé n'a essayé de remettre en cause le statut inférieur des femmes dans la famille. Les dirigeants politiques de sexe masculin, qui avaient consciemment mobilisé les femmes à participer à la lutte pour l'indépendance, les remettent maintenant, avec autant de conscience, à leur place habituelle. Au cours de la décennie de l'après indépendance, la conscience des femmes et leur visibilité dans l'arène politique ont sombré à un niveau très bas.
Pourtant, les femmes du mouvement nationaliste et de la résistance armée sont aujourd'hui reconnues comme étant les aïeules du mouvement de la femme marocaine moderne.


A partir du milieu des années 1960, la direction du mouvement des femmes est sortie des mains de l'ancienne génération de femmes qui avaient participé au mouvement de l'indépendance, et les jeunes générations ont pris l'initiative.
À ce moment, un grand nombre de jeunes femmes ont réussi à avoir accès à l'université, où elles ont adhéré à des mouvements estudiantins politiques et marxistes, qui ont fini par devenir une force politique. C'est au cours de cette période qu'un mouvement féministe marxiste a vu le jour, en reliant la cause des femmes à la lutte des classes sociales. Au milieu des années soixante-dix, le mouvement de gauche a établi une liste de revendications des femmes, afin de recueillir des informations sur la situation des femmes au Maroc, et de faire usage des médias pour attirer l'attention sur les questions relatives aux femmes, en reliant l'émancipation de la femme au socialisme.


Mais ce n'est qu'en 1981, année de ma naissance, que le mouvement des femmes marocaines a pris une nouvelle dimension, avec la fondation du «8 Mars ». L'une des plus grandes dirigeantes de ce mouvement est Latifa Jbabdi, qui est un modèle et une source d'inspiration. Avec son groupe, elle a voulu aborder les questions des femmes et présenter une vision des femmes qui avait fait défaut jusqu'alors. Cela a été un grand pas en avant, car c'était la première fois qu'il y avait un discours féministe continu généré par des femmes. Pour la première fois, les femmes ont bénéficié d'une voix pour s'exprimer, et c'est ce discours qui a mis le rôle des femmes dans la Moudawana sur l'agenda politique. Par la suite, le groupe « 8 mars » est devenu une organisation politique appelée l'Union d'action féminine (UAF), qui a été la première organisation politique au Maroc à être dirigée par des femmes, faisant de l'émancipation des femmes sa première priorité.
Jusqu'aux années 1990, l'UAF s'est engagée pour la réforme de la Moudawana et a obtenu une première réponse de la part du Palais Royal. Mais ce n'est que dix ans plus tard que des réformes réelles ont été apportées à la Moudawana.


Pendant ce temps, des centaines et des milliers de femmes marocaines ont quitté le Maroc, principalement dans le cadre du regroupement familial.
Maintenant, peu de temps avant d'entrer dans la nouvelle année, de nombreux développements positifs et des avancées dans le domaine des droits de la femme ont eu lieu. Mais jusqu'à aujourd'hui, le défi le plus important et le plus urgent face à la femme marocaine d'ici et d'ailleurs, ce sont les amendments du code de la famille et la mise en œuvre de ces réformes. La mise en œuvre de ces changements est encore un processus long et difficile. Je crois que dans ce cadre, les organisations de femmes marocaines d'ici et d'ailleurs peuvent se serrer les coudes et travailler ensemble sur ces questions. Non seulement il est important de sensibiliser les femmes et les hommes sur les réformes de la Moudawana, mais il est également important de réunir des experts, des avocats, des conseillers juridiques et des juges, autour de la question des droits des femmes, ici et ailleurs, pour le plaisir de l'échange d'informations et d'expertise sur ces questions. Permettez-moi de vous donner un autre exemple: les femmes battues et la violence domestique sont des problèmes sérieux, ici et ailleurs. L'expertise qui existe en Europe sur des foyers sains et saufs pour les femmes peut être partagée avec les organisations de femmes marocaines au Maroc. En même temps, les organisations de l'extérieur du Maroc peuvent apprendre beaucoup de choses sur la façon de traiter des questions et problèmes culturels et sociaux spécifiques aux femmes marocaines. Les approches et les méthodes qui sont utilisées au Maroc peuvent être facilement exportées vers d'autres pays européens.


Pour ce qui me concerne, cette collaboration est une route à double sens: le Maroc ne devrait pas seulement se concentrer sur l'importation d'idées et d'expertise, mais aussi sur leur exportation.
Les organisations de femmes marocaines en Europe peuvent en profiter et apprendre des réalisations du mouvement des femmes, de l'histoire et de la société civile au Maroc, autant que les organisations marocaines peuvent apprendre de leurs homologues européens. Il est important et crucial dans la formation de notre identité d'être conscientes de notre propre histoire en tant que femmes marocaines. Dans ce sens, nous, en Europe et dans le reste du monde, pouvons apprendre beaucoup de cette histoire. En rassemblant les histoires des femmes marocaines et en organisant des réunions comme celle d'aujourd'hui, le CCME peut jouer un rôle important dans la collaboration internationale sur l'égalité des sexes.


Lors de cette conférence, nous sommes en bonne compagnie de talents et d'excellents chercheurs, de politiciens, de journalistes, de juristes, d'acteurs de la société civile, de militants et de représentantes d'organisations de femmes. Nous avons tous une chose en commun: notre genre.
Le genre est un élément important compte tenu de la prévalence de l'idéologie marocaine changeante des rôles et des espaces séparés pour les hommes et les femmes. Mais nous avons plus de points en commun: notre conviction que nous devons aller au-delà des rôles de genre. C'est cette conviction qui mène tout un chacun d'entre nous à se consacrer à la promotion de l'égalité entre les sexes, dans le respect des libertés individuelles et des différences. Il existe de différentes voies pour atteindre nos buts et nos objectifs, mais si nous travaillons ensemble sur une stratégie collective, nous serons en mesure de réaliser tout cela. Mais n'oublions pas les hommes. Le genre n'est pas sur les questions concernant les femmes seulement. Le genre est sur les mécanismes d'inclusion et d'exclusion. Dans la plupart des cas, les femmes sont exclues de l'espace public politique et social, non seulement au Maroc mais dans le reste du monde. Pour changer ce statu quo et faire un grand pas dans la promotion de la marche de la femme marocaine vers l'émancipation, nous devons rechercher des coalitions avec les hommes. L'égalité entre les sexes ne peut être atteinte que si la mentalité des hommes et des femmes change.


Quelle est la prochaine étape?


Le thème de cette conférence est extrêmement important et marque le début d'une collaboration internationale pour l'égalité des sexes. Nous devons mieux coordonner avec les organisations de femmes marocaines pour renforcer l'émancipation des femmes, ici et ailleurs. Nous avons besoin de plus d'échanges de connaissances et de compétences.
Nous ne devrions pas être dictés par une sorte de stratégie, mais par nos principes. Grâce à ces principes de l'égalité des droits, nous pouvons formuler une stratégie collective sur la base de nos principes communs. Parlons moins et agissons plus et soyons plus pratiques! Car que ce soit ici ou ailleurs, il nous reste un travail énorme à faire. Continuons à organiser des réunions comme celle-ci, et à partager et à échanger les idées et les pensées. Que ceci soit le début d'un long voyage.


Mesdames et Messieurs, le monde est ce qu'il est; les hommes et les femmes qui n'ont rien, qui ne se permettent de devenir rien, n'y trouveront pas leur place. Faisons un effort commun et considérons que c'est notre responsabilité collective de veiller à ce que toutes les femmes et les hommes, ici et ailleurs, jouissent du respect et de l'égalité dans ce monde.


Je vous remercie.


Nadia Bouras, membre du CCME




Pluralités et diversités des intervenant(e)s et des participant(e)s : représentant(e)s d'institutions publiques et d'administrations, des femmes du monde de la politique, d'associations, des praticien(e)s du terrain et des théoricien(e)s universitaires et des chefs d'entreprise, du privé. Venant du monde entier : Europe, Pays Arabes, Afrique, Etats-Unis, Canada et Maroc. Au cours des débats, il y a eu des descriptions des dispositifs en vigueur dans différents pays, des tendances, des monographies, des études de cas, des descriptions de situations individuelles et collectives... qui constituent des échanges de pratiques et de situations. Toutes les interventions et les discussions ont été passionnées et vives, montrant une implication très forte dans la défense de la cause des femmes Il a été évoqué et balayé les situations des femmes de tous les âges, jeunes, mères, âgées ainsi que leurs différents statuts : étudiantes, travailleuses dans le secteur tertiaire, femmes hautement qualifiées, prostituées et femmes à la retraite.


Les participant(e)s ont insisté sur l'invisibilité des femmes tout en précisant les différents contextes : femmes seules, femmes isolées rejoignant leurs époux, étudiantes, travailleuses, clandestines... De même, il a été rappelé que les femmes, dans la plupart des cas, étaient sous le joug d'une triple vulnérabilité sociale, économiques et juridique.


La question du droit a été longuement débattue. Différents problèmes ont été soulevés. Nous citerons dans un premier temps le problème de l'Application de la réforme de la Mudawana aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Des nombreux témoignages associatifs et d'experts juridiques montrent que les femmes marocaines sont inégales devant l'application de la Mudawana. Que cette inégalité territoriale de l'accès aux droits provient d'une part de l'insuffisance de la formation et de la sensibilisation des autorités en charge de ce dossier, et d'un déficit d'accès à l'information pour les femmes sur ce sujet.


Dans un second temps, il a été question des manques de coopération, voire de conventions qui octroient et protègent les marocains à l'étranger. Quand ces conventions existent, elles sont limitées et ne prévoient rien pour les ressortissants qui ont la double nationalité. C'est ainsi que les jugements ne sont pas reconnus. Il a été demandé de faciliter la circulation des décisions juridiques entre le Maroc et les pays tiers pour des situations tels que le divorce, les femmes abandonnées par leurs maris au Maroc, la nécessité de l'autorisation parentale de quitter le territoire pour l'enfant et la question de la Kafala.


Le séjour dans certains pays d'accueil reste lié à la figure du travailleur et l'accès aux droits essentiels tels que l'enseignement, la famille, la sécurité sociale, la participation politique... est tributaire de l'acquisition de ce statut de travailleur. En outre, ces femmes connaissent des situations de précarité liées au durcissement des lois régissant le droit de séjour et l'acquisition de la double nationalité dans les pays d'acc


Notons également, que les femmes sont de plus en plus visibles et ont accès à l'espace public. Elles occupent des postes à haute qualification et à grande responsabilité que ce soit dans les associations, dans les administrations, dans les entreprises et dans les municipalités. Même dans des situations de précarité extrême, les femmes se constituent en réseaux informels de solidarité et d'amitié. Elles participent activement à la lutte contre les discriminations, à la promotion de l'égalité, à l'accès aux droits pour toutes les femmes que ce soit dans le pays d'accueil ou d'origine.



En conclusion, des recommandations ont été fortement exprimées par les participant(e)s :

  • Une meilleure connaissance qualitative et quantitative du phénomène migratoire marocain féminin qu'il soit récent ou ancien : qui émigre, pourquoi, comment ?
  • L'importance de la donne statistique notamment pour certaines destinations tels que les pays africains, arabes et les Etats-Unis.
  • La lutte contre l'analphabétisme sur tout le territoire
  • L'accès à la formation professionnelle des femmes
  • L'intégration de l'approche genre dans l'éducation des enfants et ceci dès le bas âge
  • L'accès à l'information sur les droits



Le CCME est « un pont » entre les pays d'origine et les pays d'accueil notamment dans la prise en compte de la diversité des conditions de vie de la communauté marocaine à l'étranger et qui doit constituer un espace d'échanges de pratiques pour améliorer les conditions de vie, de travail et les aspects juridiques des Résident(e)s Marocains à l'étranger.



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Les femmes sont actrices de changement et doivent prendre place dans les processus de mutations socio-économiques tant au Maroc que dans les pays d'émigration, mais cette volonté se confronte à tout un ensemble de contraintes économiques, sociales, culturelles et de discriminations qui diffèrent selon les pays. Il faut également prendre en compte les nouvelles formes de migrations féminines (migrations autonomes) et les nouveaux pays d'émigration (Afrique, pays du Golfe, Europe du Sud) où la situation des femmes est encore plus marquée par la précarité, alors même que les associations et organisations collectives de défense des droits des immigrés sont peu présentes (voire totalement absentes) et ont moins d'antériorité d'expériences.


Cet espace a montré à la fois la diversité des situations des femmes qui doivent être prises en compte pour adapter les politiques de justice sociale, de liberté et d'égalité des droits, et l'universalité du combat qui reste à mener. Aussi, une collaboration passant par des partenariats et des échanges d'expériences entre le mouvement féminin (associations, syndicats, partis politiques, etc...) au Maroc et dans les pays d'émigration est-elle indispensable. Il faut faire avancer les fronts de l'égalité conjointement, et le combat des femmes marocaines d'ici et d'ailleurs doit s'inscrire dans un processus global d'accès aux droits et d'égalité des femmes.

A la lumière des interventions et des débats, 3 champs apparaissent comme fondamentaux et prioritaires :


- Le champ de l'éducation :

Malgré l'émergence depuis une vingtaine d'années d'une élite intellectuelle et professionnelle en migration et d'un accroissement sensible de l'éducation au Maroc qui a permis à de nombreuses femmes d'entamer des carrières professionnelles, les femmes sont encore largement tenues à l'écart de la formation et de l'éducation. C'est le frein majeur à l'accès aux droits et au marché du travail, et aucun changement ne pourra être véritablement opéré sans une généralisation de l'accès à l'éducation. Il faut donc continuer à encourager les actions allant dans ce sens et promouvant l'éducation pour toutes les femmes (en migration, en milieu urbain comme en milieu rural). Cependant, ces actions et cette sensibilisation ne peuvent être laissées aux seules initiatives associatives. Les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités et mettre en œuvre les politiques et les structures adéquates.

Cette thématique de l'éducation recouvre également la question de la transmission culturelle aux jeunes générations et en particulier celle de l'enseignement de la langue arabe qui reste une revendication principale des familles émigrées afin de perpétuer le lien entre les jeunes générations et le Maroc.


- Le champ du juridique et des droits :

La question de l'évolution du cadre juridique et de l'égalité des droits n'est pas résolue malgré des avancées tant au Maroc (réforme de la Mouddawana) que dans les pays d'émigration. Il y a notamment un hiatus entre le droit et ses applications, et l'accès à l'information sur les droits. Il est donc nécessaire de continuer à mener des campagnes de sensibilisation et d'informations au Maroc et dans les pays d'émigration. Ces derniers ont par ailleurs largement contribué à maintenir les femmes immigrées dans un statut marginalisé en ne leur appliquant pas toujours les droits des nationales. De la même manière, les mouvements féministes européens ne se sont que tardivement penchés sur les droits des femmes immigrées qui restent encore sur-discriminées, ainsi que les filles des générations suivantes, lesquelles semblent victimes d'une régression dans le domaine de la liberté personnelle. Le combat pour l'égalité des droits est un combat permanent qui n'est jamais gagné et qui concerne toutes les femmes tant sur les questions de la violence, des relations familiales et conjugales (mariage, divorce, filiation, etc...), des discriminations à l'emploi, etc... Les associations qui se mobilisent et engagent des actions pour l'égalité des droits et la justice ont besoin de relais et de visibilisation au niveau médiatique et politique.


- Le champ politique et de la représentation :

Toutes les discussions ont fortement appuyé sur la nécessité de placer ces questions dans l'arène politique qui est pourtant encore majoritairement dominée par les hommes. Les femmes restent largement sous-représentées dans les partis politiques et les instances élues. Les résistances à l'entrée des femmes, à des postes éligibles ou à responsabilités, dans les organisations politiques sont le fait même des partis, tant au Maroc que dans les pays d'émigration, davantage que des électorats. Leur combat commence toujours par un combat au sein même de leur famille politique. Le débat reste cependant ouvert sur les modalités à mettre en œuvre, sans qu'il n'y ait consensus par exemple sur la mise en place de quotas. Il apparaît cependant que seuls des règlements législatifs imposant une certaine représentativité puissent faire avancer rapidement et concrètement la situation. De nombreuses expériences de lobbiyng et de promotion au niveau national au Maroc et dans les pays d'émigration, et au niveau international européen, se mettent en place pour contribuer à une meilleure représentativité des femmes dans les instances politiques et décisionnaires, pour influer sur les politiques nationales et introduire la notion de genre. En migration, la difficulté d'être femme en politique se double du fait d'être perçue comme étrangère ou immigrée, c'est donc une double discrimination qui se pose dans la représentativité.


D'une manière générale, outre l'opportunité de confronter des regards et des expériences, ces rencontres sont l'occasion de poser les premiers jalons de collaborations futures. Ainsi, une base de données pourrait être constituée avec l'ensemble des personnes, collectifs et institutions participants, et pourrait être une ressource pour la mise en place de réseaux thématiques futurs.

La multiplication des interventions a pu certes provoquer des frustrations de ne pouvoir s'étendre davantage sur certaines questions, mais elles ont aussi contribué à faire entendre la diversité des situations et la multiplicité des approches. La nécessité de faire évoluer l'image de la femme au Maroc et en migration a été évoquée à de nombreuses reprises. Cet espace d'échanges a bien montré qu'il existait des trajectoires, des histoires et des contextes différents participant ainsi déjà à faire bouger cette image, en mettant en lumière les initiatives et le dynamisme des femmes et leurs contributions au changement, tant dans le domaine associatif, politique ou économique. Les discussions et les échanges ont également révélé la volonté des femmes émigrées et des femmes issues de l'émigration de contribuer au développement social, économique et démocratique du Maroc en mettant en œuvre des initiatives transnationales.

Des partenariats sont d'ores et déjà proposés ou mis en place, notamment sur la question de l'emploi et du retour des compétences (Manpower), des échanges économiques (développement du commerce équitable, Talouine), constitution et animation de réseaux scientifiques sur les questions de genre et migrations, des espaces d'échanges de pratiques dans le domaine politique (échanges entre élus de différents pays), de la santé (expériences de médiation et de continuité de prise en charge des maladies chroniques entre le Maroc et les pays d'immigration et des migrants âgés).


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Madame la Ministre du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité

Monsieur le Président du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger

Mes chers (ères) amis (es) et collègues présidents et présidentes des associations de femmes

Mesdames et Messieurs


Permettez-moi tout d'abord de féliciter le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger, en la personne de son président, Mr El Yazami, ainsi que toute son équipe, collaboratrices et collaborateurs, pour l'organisation de cet événement qui constitue une première rencontre des femmes marocaines du Monde.

A cet effet, je rejoindrais volontiers les organisatrices et les organisateurs de cette rencontre pour vous féliciter de l'engouement et l'enthousiasme qui ont imprégné vos débats et discussions.


Mesdames et Messieurs

Je ne serai pas le seul à vous énumérer combien d'étapes a traversé notre pays dans la voie de la promotion des Droits de la Femme.

Et même le contexte dans lequel vous vous êtes réunis, ces jours-là, coïncide la levée de toutes les réserves du Maroc par rapport à la Convention Internationale de l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW).

Ce nouvel engagement et ce positionnement progressiste vis-à-vis de la question féminine, prononcé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son message historique adressé au Conseil Consultatif des Droits de l'Homme, à l'occasion du 60ème anniversaire de la déclaration Mondiale, constitue une nouvelle étape que notre pays a franchi dans le processus de l'affranchissement socio-économique des femmes.

Votre rencontre a été honorée par un intérêt royal et une lettre royale vous a été destinée portant un message fort d'encouragement mais aussi une invitation à édifier un solide cadre de partenariat entre les instances qui représentent les femmes marocaines dans le monde tout en considérant nos causes nationales comme tronc unique de vos projets d'action.

Et nul n'ignore la valeur de ce nouveau positionnement national et l'impact positif qu'il y'aurait sur le statut de la femme marocaine en tant qu'actrice plutôt que sujette de développement.

Et je comprends profondément le souci actuel, surtout exprimé par les associations de femmes, sur les dispositions instrumentales et institutionnelles que le Maroc devrait prendre et mettre en œuvre pour assurer l'ancrage et l'enracinement de cette volonté politique qui vise l'instauration de l'équité et l'égalité entre les sexes dans tous les domaines.

Mais je suis de l'avis de celles et ceux qui considèrent la question de l'égalité des sexes, non seulement dans sa dimension conventionnelle et législative, mais aussi dans sa dimension sociétale, culturelle et pédagogique.


Mesdames et Messieurs

Permettez-moi de cerner ma brève allocution autour des défis que vous avez, sans doute, dégagés, et qui endiguent l'instauration complète d'une équité et égalité entre les sexes :

Il y'a d'abord l'enjeu de l'amélioration de la représentativité politique des femmes et la consolidation de leurs places dans les postes de prise de décision. Je ne nie point que notre pays a passé des étapes avancées dans ce sens, et je ne vous cache pas ma grande satisfaction de travailler aux côtés de femmes ministres qui ont montré d'un degrés d'efficience dans le traitement de questions politiques épineuses relative au social, à la santé, à l'éducation, à la jeunesse, à la culture et l'énergie...

Mais l'enjeu le plus grand est celui de la promotion du rôle politique des femmes dans la gestion communale et régionale. Si nous avons gagné des points importants au niveau de l'amélioration de la position politique centrale de la femme, sa position locale reste à consolider. Et déjà le défi de hausser le taux de représentativité locale des femmes élues de 0.54% à 12% dans les élections communales de juin 2009, est un défi important et significatif même si nous le jugeons insuffisant. Le chantier de la promotion de l'action politique féminine dans la région est à mon avis parmi les plus grands chantiers de la prochaine décennie.

Le deuxième défi est économique. Et apart les avancées réalisées au niveau de l'amélioration de la contribution économique des femmes, en tant que chefs d'entreprises, de cadres de gestion et d'entrepreneuses, le travail féminin en général est qualitativement limité.

Les indicateurs dont nous disposons sur la situation de la femme dans le monde du travail laissent penser aux nombres importants de chantiers qu'il faudrait ouvrir pour, premièrement reconnaître le rôle des femmes dans la production économique, et deuxièmement améliorer cette productivité.

Seulement 27.2% des femmes sont actives et plus de 70% des femmes travailleuses n'ont aucun diplôme et plus de 59% de femmes actives occupées travaillent dans des secteurs informels qui sont en marge de tout réajustement.

De ce constat, je passerai au troisième défi qui est justement celui de la qualification professionnelle de nos ressources humaines dans un système de formation professionnelle qui a pris le pari de s'adapter rapidement à l'environnement économique émergent en dotant celui-ci de l'énergie humaine nécessaire pour son évolution.

Le Plan d'urgence de la Formation Professionnelle que nous avons présenté à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, se donne l'objectif de former plus de 750.000 lauréats dans les secteurs économiques liés aux grands Plans de Développement tels que Emergence, le Plan Vert, le Plan Azur et sa vision 2010. et je suis très confient aux futures générations de techniciens et praticiens et les futurs lauréats de ce Plan de Formation dont une grande partie est constituée de jeunes femmes qui ont opté pour la qualification professionnelle comme moyen d'intégration socio-prefessionnelle.

Croyez-moi que, à part les branches de la BTP, de l'Agriculture et les Industries Mécaniques qui sont toujours masculinisées, les autres branches de l'Offshoring, des Services, de la Communication et de l'Industrie de Pointe vont connaître des taux élevés de féminisation d'ici 2012.

Et pour consolider ce processus de féminisation du système de la formation professionnelle, et consolider la position de la femme dans le monde du travail, le Ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle a initié un changement institutionnel profond en faveur de la culture Genre par la création de Points Focaux Genre dont la mission principale est d'établir une stratégie pour l'institutionnalisation de cette approche des droits de l'homme dans l'organigramme et les programmes du département. Et la première étape opérationnelle serait l'élaboration d'un Audit-Genre comme outil de diagnostic et de prospection.


Mesdames et Messieurs

Je finirai mon allocution par vous remercier d'avoir choisi l'axe des médias et de la culture comme grands leviers de changement en faveur de la femme.

Et j'exprime la disposition et l'engaement non conditionnée, de notre département pour la concrétisation des différentes recommandations en relation avec les domaines de notre intervention.


Merci pour votre attention


Jamal Rhmani


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Monsieur le Ministre,

Monsieur le Président du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger,

Saidati Sadati,

Aitma Istma,

Ladies and Gentlemen,

Señoras Señores,

Mesdames et messieurs,


Dans toutes les langues du monde et en particulier dans la langue du cœur, je vous salue chaleureusement et à travers vous toutes les marocaines d'ici et d'ailleurs.

Je voudrais également remercier les organisateurs et organisatrices, pour cette excellente initiative.

Elle nous permet la rencontre, la visibilité, l'échange, le partage, entre marocaines d'ici et d'ailleurs. Et je les remercie aussi de me donner le privilège et l'opportunité de m'adresser à vous et de partager avec vous autour des aspects multidimensionnels de la condition féminine.

Je félicite le CCME pour le choix de la thématique et la décision d'en faire un évènement annuel car l'égalité entre les sexes est une valeur transversale des droits humains.

Et cette manifestation coïncide avec des rendez vous heureux et pleinement en rapport avec notre sujet.
Le 60eme anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme :

Notre pays a fêté cette occasion la tête haute car nous avons de quoi nous enorgueillir de tout le chemin parcouru par notre pays en matière de droits humains et d'égalité et nous continuions à marcher résolument vers l'égalité.

  • Ainsi l'Annonce a été faite par Sa majesté de la levée des réserves sur la CEDAW.
  • Le 18 décembre en plus d'être la journée internationale du travailleur migrant est aussi la date anniversaire de l'adoption de la CEDAW en 1979 par l'AG des Nations Unies.
  • La 6ème campagne de lutte contre les violences faites aux femmes organisée durant 15 jours par le Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité

 

Mesdames et messieurs,

Les problématiques sur lesquelles vous avez travaillé sont au cœur des préoccupations du gouvernement (déclaration gouvernementale) et au cœur également de la mission et des programmes du Ministère du développement Social, de la famille et de la Solidarité.

J'ai relevé avec grand intérêt les recommandations issues des débats menés au sein des différents espaces thématiques.

Vous avez relevé les avancées réalisées dans la marche du Maroc vers l'égalité et notamment:

  • Au niveau des législations qui concernent les Marocaines d'ici et d'ailleurs à savoir le code de la famille, le code de la nationalité, etc..
  • Au niveau de l'accès aux postes de décision en particulier la participation politique des femmes dans les instances élues.

La représentation politique des femmes vient d'être affirmée pour les communes comme elle l'a été pour le parlement en 2002.

Aujourd'hui, le nouveau code électoral assure un seuil minimal de 12% des sièges pour les femmes (au lieu de 0,5% actuellement) mais ce seuil peut être porté au tiers des sièges si les partis politiques jouent le jeu et apportent un soutien ferme aux candidatures féminines.

Cela vient renforcer la politique volontariste du Maroc de promouvoir les femmes à travers la nomination de 7 femmes ministres, 5 femmes ambassadeures, 19 femmes caids, 35 femmes dans les Conseils des Oulémas etc.

La charte communale inscrit l'approche genre comme condition dans l'élaboration des plans de développement local.

 

Vous avez également débattu des inégalités et des situations de vulnérabilité

Ces questions constituent le socle de la stratégie nationale pour l'équité et l'égalité qui s'articule autour de l'intégration de l'approche genre dans les politiques publiques comme condition d'atteinte de l'égalité:

  • Au niveau des Budgets, la Réforme budgétaire axée sur les résultats et Budgétisation sensible au genre (rapport genre)
  • Au niveau des programmes de lutte contre la pauvreté, en particulier L'INDH, dont la majorité des bénéficiaires sont des femmes.

 

Vous avez discuté de lutte contre les violences faites aux femmes

Vous avez certainement évoqué les actions en cours qui viennent renforcer celles déjà en place depuis une dizaine d'années :

  • Un système d'information sur les violences basées sur le genre commun entre les principaux acteurs : police, gendarmerie, justice, santé et
  • Des dizaines de centres et cellules d'accueil ont été mis en place par ces institutions et par les ONGs qui animent 62 centres d'écoute à travers le pays
  • Notre ministère a même organisé récemment des sessions de formation au profit des policiers et gendarmes sur le thème de la violence fondée sur le genre.
  • Ces centres et cellules accueillent aussi les plaintes des femmes migrantes
  • Nous travaillons sur la mise en place d'une législation contre les violences faites aux femmes en particulier les violences conjugales qui sont les plus dominantes selon les déclarations au niveau institutionnel comme au niveau des centres d'écoute des ONGs(plus de 80% des déclarations)
  • Une enquête de prévalence a été lancée
  • L'institutionnalisation et la territorialisation de la lutte contre la violence basées sur le genre par la convergence des programmes de 13 départements Ministériels, ONGs et Universités dans 6 régions, en partenariat avec 8 agences des Nations UNIES, en plus des programmes appuyés par d'autres partenaires.

 

Vous avez souligné la persistance des stéréotypes et l'impact négatif des images véhiculées par les medias, l'école, etc :

La diffusion de la culture de l'égalité constitue un axe stratégique du Ministère car le changement des législations et les décisions politiques doivent être accompagnées pour les traduire en comportements, attitudes.

Toutes ces avancées prouvent que le Maroc entend fermement consolider sa marche vers l'égalité et le respect des droits humains des femmes.

Cependant la marche vers l'égalité est encore longue. Les défis restent nombreux et multidimensionnels : qu'il s'agisse de l'accès aux services de proximité ou de la mise en œuvre des législations. A ce sujet, nous devons avoir présent à l'esprit que le nouveau Code de la Famille est en soi un véritable projet de société basé sur l'égalité et que 5 ans de mise en œuvre c'est très peu par rapport à des siècles de traditions, de discrimination et d'assujettissement des femmes.

Mais la volonté politique est forte pour faire réussir ce chantier de règne. En témoigne la Proclamation du 10 octobre journée nationale de la femme marocaine en commémoration du discours de SM le Roi 10 octobre 2003 devant le parlement pour annoncer le code de la famille.

Le 10 octobre constituera un moment annuel pour faire le bilan en matière d'égalité entre les sexes à travers les politiques publiques et continuer à marcher sur le chemin de l'égalité.


Mesdames et messieurs,

Ces chantiers et débats ouverts nécessitent une large mobilisation de nos forces et l'engagement et la coopération de toutes les compétences qu'elles soient d'ici ou d'ailleurs.

Les contraintes et les résistances sont multiples, vous les avez évoquées mais les Opportunités sont également là :

  • Fort engagement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en faveur de l'égalité
  • la richesse et l'engagement de la société civile
  • les possibilités d'articulation entre la lutte pour vos droits, pour votre visibilité dans vos pays d'accueil respectifs et la lutte pour les droits des femmes au Maroc.

Je vous ait parlé de votre pays et de vos acquis dans votre pays mais j'aimerais aussi vous dire à quel point votre pays est fier de vous !

 

Vous constituez un trésor pour votre pays, non pas seulement par le transfert de devises, Non !

Mais parce que vous brillez de mille feux et vous fêtes briller le Maroc, sur le plan artistique, culturel, sur le plan scientifique et de la recherche, sur le plan économique, social et même sur le plan politique et que votre cœur continue à battre pour votre pays le Maroc.
Nous, vos frères et sœurs d'ici, nous sommes fiers de vous et vous disons bravo !

Nous sommes également conscients des difficultés et des problèmes que vivent certaines de nos sœurs et particulièrement dans certains pays.
Celles qui ont émigré dans des conditions difficiles ou qui sont vulnérables et exposées à différentes formes de pressions et de violences.
J'appelle à la solidarité avec elles et à leur soutien et je leur recommande de s'organiser pour faire entendre leurs voix, ici et dans leurs pays d'accueil. Nous avons entendu vos plaintes et vos souffrances. Vous vivez le problème. Les solutions nous appartiennent ensemble mais vous pouvez les construire avec le soutien des défenseurs des droits humains des femmes dans votre pays ou dans vos pays d'accueil et avec l'aide du gouvernement à travers ses différentes composantes.

Pour terminer sur une note optimiste j'aimerais enfin vous dire que vous êtes une richesse pour votre pays par la diversité culturelle que vous œuvrez à entretenir.

Quel bonheur d'entendre des marocaines parler avec autant d'aisance, le français, l'espagnol, l'anglais, l'allemand, l'italien, le néerlandais etc etc...

Notre diversité c'est notre richesse, nous devons la préserver et la développer et résister à toute tentative de nous réduire à une seule dimension.

Nous sommes arabes et musulmans et fiers de l'être. Mais nous sommes aussi amazigh, ouverts sur les langues, méditerranéens, africains. Nous avons une composante juive de notre population, composante authentique de notre histoire et nous en sommes fiers.

Nous devons nous approprier et préserver notre diversité car elle est notre richesse. Elle met à l'épreuve notre démocratie qui se doit de respecter notre droit à la diversité et elle est une des composantes de la modernité.

Je tiens à saluer particulièrement celles d'entre vous qui par leur présence ici, à travers leur parcours là bas, leur engagement ici et là bas, incarnent les valeurs qui battent en brèche les stéréotypes , et cassent l'image qui est collée à la femme arabo-musulmane et qui est loin de correspondre à la réalité.

Je voudrais aussi saluer votre patriotisme, vous qui êtes à l'affût des actions citoyennes à mener au service de votre pays, dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, en faveur de l'éducation, la protection de l'enfant, ou des personnes âgées, l'emploi ou encore l'intégration des personnes handicapées.

Vous êtes donc une composante du formidable trésor que constitue la société civile pour notre pays sachant que celle-ci est devenue un partenaire institutionnel des politiques publiques particulièrement depuis le lancement de l'INDH par SM le Roi Mohammed VI le 18 Mai 2005.
Notre département s'engage à étudier avec le CCME les possibilités d'une nouvelle initiative en partenariat avec la société civile d'ici et de là-bas sur les différentes problématiques de l'émigration.

Les résultats auxquels vous êtes parvenus, après des discussions substantielles revêtent une importance capitale pour l'élaboration de stratégies et programmes futurs impliquant les différentes instances, structures, organisations et individualités présentes avec nous.

Votre pays le Maroc est sur la bonne voie.

Il est porté par l'amour que nous lui portons tous et toutes, par notre mobilisation et nos actions citoyennes mais aussi par la chance que nous avons d'avoir un Roi, SM le Roi Mohammed VI aussi engagé en faveur des droits de l'Homme, de l'Egalité et de la modernité.

Merci à toutes et à tous !

 

Nouzha Skalli

 

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Le mouvement féministe au Maroc : Quelques repères historiques


Je rappelle que la société marocaine a connu deux générations de mouvements de défense des droits des femmes. Une première a vu le jour dans les années quarante et une seconde au début des années quatre vingt.

Il sera question, pour la présente communication, de s'arrêter sur l'expérience de la première génération et en particulier des deux composantes les plus importantes, à savoir : le secteur féminin du parti de l'indépendance et l'association Akhawat Assafa affiliée au Pari démocrate de l'Indépendance. (La traduction en français proposée par Zakya Daoud est « les sœurs de la transparence ou de la pureté »)

Cette expérience a vu le jour dans la zone qui était sous occupation française et elle couvre la période allant de la moitié des années quarante jusqu'au début des années soixante.


Le choix de remonter au tout début de cette expérience répond au besoin de questionner et d'examiner les points suivants qui restent encore d'actualité:

    • l'articulation entre le politique et le féminisme et les limites qui se posent aux structures féminines dans ce cadre.
    • le poids de la religion et l'importance cruciale qu'il revêt dans le débat public sur la question des droits des femmes pour tous les acteurs, toutes tendances confondues.
    • la tentative d'illustrer les moments où la supposée antinomie entre Islam et reconnaissance des droits des femmes, ou Islam et féminisme, s'avère loin d'être évidente.


        Rappel du contexte

        Je rappelle que les premiers balbutiements du mouvement pour les droits des femmes ont vu le jour dans un contexte marqué par la lutte pour l'indépendance, portée par les composantes du mouvement nationaliste marocain. Et c'est précisément dans le cadre de la lutte pour les réformes que va commencer à s'exprimer l'intérêt pour la question féminine.

        Les composantes du mouvement des droits des femmes se sont intéressées à une multitude de domaines dont les plus importants sont:

          • L'éducation des filles;
          • Les droits civils, notamment ceux relatifs au rapport hommes femmes dans le cadre de l'institution matrimoniale.


              La première composante de ce mouvement a vu le jour dans le giron du parti de l'Istiqlal et a pris la forme du secteur féminin qui suivait la même démarche organisationnelle que les autres cellules du parti.

              La seule différence résidait dans le fait que les femmes ne pouvaient pas se trouver ensemble avec les hommes, la mixité n'étant pas encore de mise. D'où la nécessité de mettre en place une structure à part.

              C'est un secteur qui s'est constitué des femmes issues de la bourgeoisie citadine, notamment celles qui avaient bénéficié de l'éducation.

              L'une des initiatrices et des animatrices principales de ce secteur est Malika Al Fassi (1919-2007), qui était aussi parmi les premières plumes journalistiques féminines. Ce qui rappelle des expériences semblables dans d'autres sociétés, notamment occidentales.

              C'est à elle seule en tant que femme, qu'est revenu le privilège de la signature du manifeste de l'Indépendance. Ce qui prouve son poids et son influence.

              L'éducation des filles était l'une des questions sur laquelle ce secteur s'est fortement mobilisé. Mais il faut rappeler que le droit d'accès des filles à l'instruction était au départ (dans les années 20 et 30) porté par certains lettrés, dont le savant Al Hajoui qui s'était illustré par une position très en avance par rapport à son époque.

              Époque marquée par l'opposition exprimée par certains dignitaires et représentants de l'élite marocaine. Mais surtout une résistance de la part de la population qui voyait d'un mauvais œil la sortie des filles en dehors du foyer.


              Les années 40 ont vu la mobilisation des différents acteurs en présence autour de la question de l'instruction des filles à savoir:

              • La monarchie avec une forte mobilisation de la princesse Lalla Aïcha, figure de proue de l'émancipation féminine, comme on aimait l'appeler à l'époque.
              • Les différentes composantes du nationalisme marocain à travers la mise en place des écoles privées, avec à chaque fois le déplacement royal pour inaugurer celles réservées aux filles.
              • Les composantes du mouvement des femmes à savoir le secteur féminin de l'Istiqlal et l'association « Akhawat Assafa ».

                   

                  C'est d'ailleurs cette forte mobilisation qui va rendre de plus en plus acceptable l'idée de l'accès des filles à l'école et va atténuer l'opposition qu'elle suscitait auparavant.

                  L'un des moments forts dans ce domaine, est celui qui illustre le combat du secteur féminin de l'Istiqlal pour l'ouverture du cycle supérieur de la prestigieuse université d'Al Qaraouiyyine à Fès, qui représente à elle seule tout un symbole puisqu'il s'agit d'une institution où l'on enseignait les sciences religieuses réservées jusqu'alors aux seuls hommes.


                  Les militantes de ce secteur se sont intéressées également à l'accès aux droits politiques qui, il faut le rappeler, n'a pas nécessité un combat de longue haleine puisque le Maroc a bénéficié de l'ambiance mondiale qui régnait à l'époque et qui a vu un certain nombre de pays reconnaître aux femmes le droit d'accès aux droits politiques.


                  Mais la priorité pour ces militantes était l'indépendance du pays, mot d'ordre du parti auquel elles appartenaient. Ceci a permis à ces femmes de s'imposer sur la scène politique et de rendre de plus en plus acceptable la présence des femmes dans l'espace public à travers l'encadrement et la sensibilisation qu'elles ont menés.

                  On peut dire que l'expérience de ce secteur s'inscrit globalement dans la tradition du féminisme politique. La question du rapport hommes femmes n'était pas à l'ordre du jour de cette structure.

                   


                  C'est là un combat dans lequel, l'autre composante du mouvement des droits des femmes s'est illustrée.

                  Il s'agit de l'association « Akhawat Assafa » qui a vu le jour en 1946 et dont l'initiative de la création revient aux femmes issues de l'autre composante du nationalisme marocain, à savoir le parti démocrate de l'indépendance (PDI)

                  A la différence de l'autre composante, celle-ci a pris, sur le plan organisationnel la forme d'une association, qui disposait d'antennes dans les grands centres urbains.


                  Les membres de l'association représentaient également la bourgeoisie citadine et avaient, pour certaines d'entre elles, des liens familiaux avec les responsables du parti comme c'était d'ailleurs le cas aussi pour les femmes de l'Istiqlal.

                  Le PDI était réputé pour son libéralisme et son souffle réformateur aussi bien sur le plan politique que social. D'où la place qu'il avait réservée à la question de l'Indépendance mais également à la démocratie et à la réforme sociale. Il plaçait, ces deux questions parmi ses priorités et n'entendait pas ajourner la question démocratique jusqu'à l'avènement de l'Indépendance. D'où la divergence avec le PI, qui considérait que la priorité était l'Indépendance. Divergence qui aura des répercussions négatives sur la relation entre les deux partis après l'indépendance et qui influencera la vie politique dans son ensemble.


                  Tout comme le secteur féminin de l'Istiqlal, AKS s'était intéressée à l'éducation des filles.

                  La position exprimée par les deux composantes en la matière tranchait nettement avec la proposition défendue par certains responsables des commissions mises en place par le Sultan afin de réformer l'enseignement et qui le limitait au primaire avec un objectif : celui de rester dans le prolongement du rôle traditionnel des femmes.


                  Les femmes quant à elles, notamment de AKS, étaient conscientes que l'accès à tous les cycles de l'enseignement était la seule condition qui permettrait aux femmes de devenir de véritables acteurs dans les différents domaines de la vie, et donc de se libérer du carcan traditionnel où elles étaient enfermées.


                  Ce combat pour l'accès à l'éducation était une occasion où les défenseurs se sont vus dans l'obligation de mobiliser le référentiel religieux contre les arguments avancés par les détracteurs reproduisant en filigrane les fondements du patriarcat et véhiculant une image des femmes pour le moins dégradante.

                  Très tôt, les acteurs de l'époque ont mis le doigt sur l'importance de cet argument et l'ont utilisé contre les conservateurs, mais aussi contre le Protectorat français qui avait tenté de remettre en cause l'un des acquis réalisés avec l'arrivée de l'islam au Maroc.


                  Dans le cadre de ce qu'on appelait la politique berbère du Protectorat, qui visait principalement à séparer les arabes des berbères pour mieux régner, l'administration coloniale a tenté, à travers le dahir berbère de 1930, de réinstaurer une coutume très ancienne qui existait au Maroc bien avant l'arrivée de l'Islam, et qui privait les femmes de leur héritage. Une première tentative dans ce sens avait eu lieu en 1913, ce qui a suscité de la part des femmes, un soulèvement et l'organisation d'un grand rassemblement qui a obligé les français à se rétracter.

                  Ce qui d'ailleurs nous amène à nous interroger, au moins du côté des droits des femmes, sur cette fameuse mission civilisatrice du colonisateur, chère à Lyautey, et qui s'avère loin d'être vraie.

                  Mais là où les membres de AKS se sont le mieux illustrées, c'est leur combat pour l'adoption des juridictions équitables dans le cadre de l'institution matrimoniale.

                  Elles ont déjà soulevé à l'époque tous les aspects, qui ont été repris à la lettre, 40 années après, par la 2ème génération du mouvement des femmes qui a vu le jour dans le milieu des années 80.

                  Il s'agissait en l'occurrence, et à titre d'exemple, de revendiquer l'abrogation de la polygamie et la répudiation, en mettant en place le divorce judiciaire, l'élévation de l'âge du mariage et la lutte contre les agressions auxquelles les premières femmes dévoilées faisaient face dans la rue.

                  Pour protéger les femmes contre ces agressions, les militantes de AKS avaient saisi, à travers un rapport, le Sultan et les autorités locales afin de leur demander de prendre les dispositions nécessaires dans ce sens.

                  Ce faisant, l'association a clairement pointé du doigt la responsabilité de l'État à protéger les femmes contre des actes commis par des hommes et qui tirent leur légitimité du patriarcat. C'est une manière de dire clairement que rien ne justifie que les femmes soient l'objet d'agressions encore moins pour le fait de se dévoiler et d'investir l'espace public. Si les femmes se font agresser, ce n'est pas parce qu'elles n'ont pas respecté une prétendue instruction coranique (ce qui revient à leur faire endosser à elles seules la responsabilité) mais c'est parce que les hommes, admettent mal la présence des femmes, qui dans leur mentalité doivent rester confinées chez elles. D'où l'idée de les rendre responsables de leurs actes et par là, la nécessité de l'intervention de l'Etat. C'est une manière de rappeler que le privé est public.

                  Ce sont là les revendications qui ont vu la mobilisation des deux composantes.

                  Le Maroc va connaître après son indépendance un certain nombre d'évolutions. Il s'agira de la mise en place des institutions de l'État avec entre autres l'élaboration de la constitution et du code du statut personnel ainsi que l'initiation d'un certain nombre de programmes de développement dont celui de l'ouverture des écoles et des universités qui ont profité, entre autres aux jeunes générations des femmes, nées un peu avant et après l'indépendance.

                  Le code du statut personnel, qui est le fruit du travail d'une commission dont le rapporteur était Allal Al Fassi, un des responsables du PI, savant éclairé et adepte de l'ijtihad, ayant par ailleurs développé, dans l'un de ses écrits (l'auto-critique), une défense des droits de la femme, a été pour le moins décevant pour les membres de AKS.

                  Il s'agissait en gros de maintenir les femmes dans une situation d'éternelles mineures en stipulant la nécessité de la tutelle pour la femme lors du contrat de mariage, en autorisant la répudiation et la polygamie et en instaurant l'impossibilité pour les femmes de donner leur nationalité à leurs enfants nés d'un mariage avec un étranger consacrée.

                  Les seules réactions à ce nouveau code, sont celles qui ont été exprimées par AKS, qui se sont élevées avec virulence en mettant sur la table de nouveau le débat autour des formes diverses de la discrimination à l'égard des femmes reproduites par le texte de la Moudawana.

                  Elles se sont à l'occasion permises de s'interroger sur la responsabilité de l'Islam, ainsi que sur la tradition prophétique et le droit musulman.

                  Ce qui ne va pas tarder à susciter les réactions de certains savants qui, tout en défendant le bien fondé de la polygamie, de l'inégalité en matière d'héritage, n'acceptaient pas qu'on mette l'Islam en cause.

                  D'où, à notre avis l'amalgame flagrant entre ce qui relève du droit musulman, production par ailleurs humaine, et ce qui est du ressort du Coran.

                  Mais si cet amalgame était le fait de certains savants qui imposaient aux femmes, au nom de l'Islam, l'acceptation du traitement inégalitaire à leur égard, les femmes de AKS n'en ont pas été en reste. Essayant de dénoncer les discriminations dont les femmes sont l'objet, elles ont pointé la responsabilité de l'Islam. Ce faisant elles sont tombées dans le piège de ces savants qui au fond défendaient le droit musulman qui n'est qu'une lecture patriarcale du Coran. Or les causes de la situation inégalitaire sont à chercher ailleurs, dans ce qui est à présent mieux décelé, à savoir les fondements du patriarcat.

                  D'ailleurs la clarification de leur point de vue ne va pas tarder à tomber, puisqu'elles ont publié par la suite un article où elles ont tenu à expliquer qu'il ne s'agit pas d'une critique systématique de la législation musulmane, mais plutôt l'expression du désir de mieux en comprendre les fondements.

                  Voilà ce qui, dès l'amorce du débat sur les droits des femmes, va poser la question des arguments.

                  Ce débat fructueux n'aura plus lieu d'être puisque les évolutions que le Maroc a connues par la suite ne le permettaient plus.

                  Il faut rappeler que nous sommes à la fin des années cinquante. Période qui allait être marquée par les affrontements politiques notamment entre le PI et le PDI.

                  Le paysage politique marocain dans son ensemble, connaîtra un climat de confrontations et de règlements de compte qui allait affecter profondément la vie politique et la relation entre les différents acteurs. On assistera à la mise en place d'un Etat autoritaire et centralisateur avec la quasi absence de règles démocratiques pour le règlement et la gestion des différends politiques.

                  Dans ce contexte, la question des droits des femmes s'est trouvée reléguée au second plan. On a même développé à cette époque, l'idée selon laquelle le règlement de la question féminine se ferait automatiquement une fois réglée la question du pouvoir politique.

                  Dans ce climat, le PDI ne va pas longtemps résister aux péripéties des différents règlements de compte de l'époque. Il entrera en agonie pour ne plus avoir aucune influence par la suite.

                  L'association AKS fera les frais de cette situation et disparaîtra de la scène, et avec elle disparaîtra également l'intérêt pour les droits civils des femmes qui perdurera jusqu'à ce qu'une nouvelle génération s'en emparera dans la moitié des années 80.

                  Mais si le climat politique général de l'époque, ainsi que les choix conservateurs qui ont prévalu lors de l'élaboration du code du statut personnel, expliquent, en partie les raisons de la disparition de AKS, il n'en demeure pas moins que la dépendance de l'association vis-à-vis du PDI est à prendre en considération.

                  Malgré leur dynamisme, les actrices de AKS se sont trouvées dans l'incapacité de poursuivre seules, leur combat dans le Maroc de la fin des années cinquante. Un Maroc où l'espace des libertés publiques était réduit, ce qui n'encourageait guère "l'expression et la parole publique" quelle qu'elle soit.

                  Il s'ajoute à cela, le fait que les idées avant-gardistes qui ont caractérisé AKS n'ont pas trouvé un terrain fertile puisque l'analphabétisme, l'ignorance et le conservatisme étaient les éléments qui marquaient la société marocaine de l'époque.


                  Quelles sont les conclusions que nous pouvons tirer de l'expérience du mouvement des droits des femmes au Maroc ?

                    • Le mouvement des droits des femmes s'inscrivait dans la tradition du féminisme politique qui avait bénéficié de l'appui important apporté par les acteurs politiques de l'époque. C'est grâce au projet de réformes qu'ils avaient proposé, que la question des droits des femmes a trouvé sa place. Et c'est grâce à cela et dans ce cadre que les premières militantes ont pu forger leurs armes.
                    • Mais cette situation est à double tranchant puisqu'elle a créée une sorte de dépendance qui affectera par la suite, d'une manière négative le sort des structures féminines. Qu'ils aient été modérés ou radicaux, les groupes de femmes qui ont milité pour leurs droits ont connu quasiment le même sort, celui de disparaître en même temps que le parti ou de se diluer dans ce qui devient, à un moment donné, la priorité de ce dernier.
                    • La construction d'une identité féministe dans le cadre d'une structure autonome et puissante s'est alors avérée nécessaire pour avancer sur le terrain des droits des femmes. D'où le débat sur la question de l'autonomie qui a eu lieu parmi les militantes de le 2ème génration.
                    • L'essoufflement qui a affecté, après l'indépendance, l'intérêt pour les droits de la femme provient de ce que l'époque fut marquée par l'établissement d'un pouvoir autoritaire et centralisateur. Le courant qui avait placé la démocratie parmi ses priorités, a eu à en souffrir, de même que le courant féministe qui avait vu le jour dans son giron. (j'entend AKS). Le lien entre ces deux questions permet d'affirmer que c'est le renforcement du courant démocratique qui favorise les avancées sur la question des droits des femmes. L'expérience marocaine prouve, tout comme celles qui l'ont précédée et qui appartiennent à un autre espace géographique et à une autre civilisation, que la démocratie n'est certes pas une condition suffisante mais elle est absolument nécessaire pour avancer sur la question des droits des femmes.
                    • Les doléances de l'association AKS relatives au rapport hommes femmes dans l'institution matrimoniale, démontrent que c'est une dynamique interne à la société marocaine qui a donné naissance à un mouvement qui a remis en cause les fondements de l'ordre patriarcal. Une dynamique qui a permis l'émergence d'un groupe de femmes revendiquant l'appartenance à une civilisation, à une histoire et à une culture dont l'un des attributs est la religion musulmane. D'où l'intérêt porté à l'élément religieux mobilisé comme argument pour défendre les droits des femmes. La démarche adoptée cherchait, à travers l'effort de l'interprétation, à débarrasser le droit musulman des commentaires stériles et de l'emprise du conservatisme mêlée à l'esprit patriarcal qui l'ont fortement influencés. Ce qui va, avec certaines nuances, se répéter au sein de certaines composantes de la 2ème génération.
                    • Comme partout ailleurs, l'expérience marocaine prouve que c'est sur le terrain politique que le dénouement des questions de société dont celles relatives aux droits de la femme intervient. Et c'est le rapport de forces qui fixe la direction à emprunter. C'est là une évidence qui demande à être rappelée à un moment où l'on semble croire ou faire croire que le blocage vient de la religion et qu'il n'y a aucune possibilité d'avancer sans la rejeter.

                      Or la religion, survenue longtemps après le patriarcat, a servi et peut encore servir à travers l'effort de l'interprétation et à travers une multitude de démarches pour le renouveau de la religion proposées par les nouveaux penseurs de l'Islam, d'arme de défense pouvant conduire à l'égalité hommes femmes, et cela, selon la place que l'on occupe dans le rapport de force et selon l'ancrage que l'on peut avoir dans la société.


                      Latifa El Bouhsini


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                      Madame le Ministre

                      Monsieur le Ministre

                      Mesdames et messieurs les élus

                      Mesdames et messieurs

                      Chers amis


                      Je suis très honorée et ravie de vous accueillir dans cette ville magique et millénaire qu'est Marrakech, à cette première rencontre publique intitulée « Marocaines d'ici et d'ailleurs : mutations, défis et trajectoires» initiée par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) placée sous le Haut patronage de sa majesté Mohamed VI, en partenariat avec le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et l'Association pour la célébration au 1200ème anniversaire de la Fondation de Fès.

                      Ce n'est pas un hasard si le conseil a choisi pour sa première manifestation d'envergure la question de la femme marocaine d'ici et d'ailleurs. Depuis sa création, le Conseil a fait de ''l'approche genre et nouvelles générations'' une de ses priorités, notamment par la mise en place d'un groupe de travail transversal qui a pour mission de mener des activités et une réflexion propres, mais aussi de veiller à ce que cette dimension soit systématiquement intégrée dans l'ensemble des activités du Conseil. En effet, une féminisation croissante de l'émigration marocaine impose au Conseil de tenir particulièrement compte des défis spécifiques que cette mutation profonde et durable induit.

                      Prendre en compte la problématique du genre n'est ni une question de mode ni de slogan. Elle est placée au cœur du développement social des sociétés. C'est une question politique et une priorité du temps.

                      Elles sont nombreuses de Zayneb qui a fondé Marrakech, de Fatima El Fihria, fondatrice de la première et aujourd'hui la plus ancienne Université, Al Karaouine, à toutes ces Marocaines du monde qui ont œuvré par petites ou grandes touches à faire un Maroc nouveau enraciné dans la tradition et résolument tourné vers l'avenir.

                      La question et le rôle des femmes de l'émigration ont pris depuis quelques temps un relief nouveau aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Jusqu'à cette prise de conscience récente, les hommes apparaissaient comme les acteurs principaux des migrations et les femmes ou leurs filles, étaient les grandes oubliées des statistiques et de l'histoire.

                      Or l'émigration est en pleine mutation. Un certain nombre de constats peuvent être faits et seront développés dans les différents espaces durant ces deux jours : en moins de quatre décennies, l'émigration marocaine s'est profondément transformée. Elle connaît en particulier une très forte féminisation (près d'un émigré marocain sur 2 est une femme) et l'émergence des nouvelles générations.


                      Elle se caractérise par une grande diversité des profils migratoires et des parcours : développement d'une migration de travail de femmes seules, émergence de femmes politiques issues de l'immigration, travailleuses retraitées et chefs de famille mais aussi des domestiques en situation illégale et des femmes victimes de l'exploitation sexuelle dans certains pays.

                      Aujourd'hui, elles contribuent, de façon de plus en plus significative aussi bien dans le pays d'origine que dans le pays d'accueil au développement économique, social et culturel.

                      Ce sont autant de facteurs qui mettent en lumière les tendances lourdes de l'émigration marocaine au féminin et qui questionnent la capacité du pays d'origine et des pays de résidence à prendre en compte cette nouvelle donne.


                      Mais nombreuses sont les femmes de l'émigration qui ont su construire leur propre voie et s'inscrire avec succès dans des parcours de mobilité sociale. Performance et talents se conjuguent là aussi au féminin. Il n'en reste pas moins que pour bon nombre d'entre elles, les droits à la dignité, au respect, à l'intégrité de leur corps ne sont pas effectifs tandis que dans le monde du travail elles subissent le plus souvent encore une double discrimination en raison de leur origine et de leur sexe.

                      Le Maroc a entrepris de nombreux chantiers dans tous les secteurs permettant de changer irrémédiablement le pays et de l'inscrire dans un mouvement de modernisation. La question du genre en fait partie.

                      Les femmes très présentes dans le mouvement associatif ont revendiqué le changement de leur statut personnel qui les réduisait à des mineures. En cela, elles ont été entendues par sa Majesté Mohamed VI, conscient du rôle que la femme tenait désormais et permettant de l'inscrire comme acteur à part entière dans le développement de la société.

                      Et pour compléter cette ambition affichée et assumée, Sa Majesté ne pouvait faire plus grand cadeau que celui d'annoncer la levée des réserves enregistrées au sujet de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard de la femme (CEDEF).

                      Le code de la famille, profondément influencé par la philosophie des droits de l'Homme et par des principes d'égalité et d'équité, est un événement essentiel qui vient bousculer les mentalités même si le fossé reste énorme entre l'esprit et la pratique. Il a eu un grand retentissement sur les diverses institutions, associations des femmes marocaines vivant à l'étranger. En effet, les femmes de l'émigration se trouvent, trop souvent, confrontées à une situation complexe relevant du droit international privé, à un enchevêtrement de législations des pays d'origine et d'accueil et de conventions internationales, bilatérales ou multilatérales. Le nouveau code de la famille réduit considérablement les écarts qui existent entre ces législations.


                      Longtemps peu visibles dans l'histoire de l'immigration et plus récemment perçues comme de actrices positives de l'intégration, les femmes sont de plus en plus nombreuses à témoigner d'une prise de parole nouvelle et d'une volonté de faire évoluer les mentalités.

                      L'image de la femme marocaine s'est construite dans une richesse multiculturelle qui fait sa force et que lui envient de nombreuses femmes arabes. L'ancrage culturel est une force pour aller de l'avant. A l'étranger c'est elle, qui incarne cette dimension culturelle, c'est elle, qui est le vecteur de transmission des valeurs à la fois traditionnelles et modernes.


                      Cette première rencontre destinée à devenir un rendez-vous annuel va permettre d'établir un premier état des lieux de la situation des femmes tant au Maroc qu'au sein des pays d'immigration, et des dynamiques en cours. Elle sera l'occasion de porter un regard croisé sur les diverses expériences des femmes marocaines d'ici et d'ailleurs et d'analyser les avancées, les défis et les contraintes en matière d'égalité.

                      Nous avons délibérément choisi de porter la question du genre mais sans oublier, bien sûr, que le grand défi de nos sociétés est d'impliquer les hommes dans la réflexion sur les femmes.

                      Espace de travail, espace de rencontres, espace d'échanges et de partage, nous avons privilégié une démarche de consultation en amont afin de contribuer à la conception de cette conférence.


                      Les espaces qui vous sont proposés simultanément sont :

                      • les femmes actrices de changements,
                      • les situations d'inégalités et de vulnérabilités qui persistent malgré les progrès constatés,
                      • Images et représentations des femmes dans les arts et les médias.

                       

                      Par ailleurs, vous sera proposé dans chaque espace un temps dédié aux modalités de coopération et de partenariat entre le Maroc et les femmes marocaines du monde. Ces coopérations sont génératrices au delà du développement économique d'une véritable dynamique interculturelle sur les attitudes, les comportements et l'éducation.

                      La première rencontre des femmes marocaines du monde s'ouvrira aussi aux diverses formes d'expression artistique féminine marocaine.

                       

                      Je tiens à remercier très chaleureusement toutes les personnes qui sont présentes à ce séminaire et qui nous ont fait l'amitié d'accepter notre invitation.

                      Nous comptons parmi elles de nombreuses personnalités du milieu universitaire, économique, politique ou institutionnel, des artistes, des responsables associatifs, des journalistes qui jouent un rôle de premier plan dans l'évolution de nos sociétés.

                       

                      Témoins de leur temps, ce panel de femmes, réuni aujourd'hui, prouve si c'est encore nécessaire la richesse et la diversité des profils et des parcours des femmes de l'émigration qui vivent pleinement leur multiculturalisme. Elles sont des passeuses de messages dans un contexte de mondialisation.

                      Fortes de leur double appartenance culturelle, plurielles dans leurs trajectoires et leurs aspirations, source de dynamisme, d'inventivité et d'innovation, les femmes de l'émigration constituent un atout majeur pour l'économie mais aussi pour la démocratie. Elles sont une chance pour le Maroc et pour les pays d'immigration.

                       

                      Au nom de l'ensemble de mes collègues du CCME, au nom du groupe de travail « Approche genre et nouvelles génération », je vous souhaite de nouveau la bienvenue dans cette ville magnifique. Que ces deux jours soient l'occasion de rencontres, de création, de partenariats, de projets, de dynamiques et d'amitié. Vous êtes invitées à proposer toutes les idées qui pourraient permettre d'organiser la prochaine rencontre. Toutes vos remarques et propositions sont les bienvenues.


                      Je vous souhaite, je nous souhaite à toutes et à tous de très bons travaux.



                      Amina Ennceiri, Présidente du groupe de travail "Approche genre"

                       


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                      Monsieur le Ministre Délégué auprès du Premier Ministre, Chargé de la Communauté Marocaine Résidente à l'Etranger

                      Madame la Secrétaire d'Etat auprès du Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération

                      Monsieur le Président du conseil de la communauté marocaine à l'étranger

                      Madame la Conseillère auprès de la Ministre de la Culture et de l'Audiovisuel de la communauté française de Belgique,

                      Monsieur le Haut commissaire de l'Association 1200ème anniversaire de la Fondation de la ville de Fès.

                      Mme la présidente du groupe de travail  « Approche genre et nouvelles générations » au sein du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger

                      Excellences, Mesdames et Messieurs



                      Permettez moi de commencer mon propos sur le sujet qui m'a été suggéré par les organisateurs « Femmes, discriminations et changement social » en rappelant que toute réflexion sur le droit des femmes doit rappeler que leur statut inférieur par rapport aux hommes est un fait universel et transculturel. Face à cette inégalité, il existe une motivation historique des femmes de lutter pour leur émancipation.


                      Ces luttes de femmes ne sont pas nécessairement liées à un événement ou à un facteur ponctuel ou isolé, mais elles sont le fruit d'une maturation et se reflètent dans les principales évolutions et changements sociaux et politiques. Elles sont le produit d'un long cheminement de l'histoire politique, économique et sociale des pays.

                      Dans le monde entier, les femmes poussent pour les changements de leur société. Ainsi, dans son dernier rapport, lancé il y a deux jours au niveau de l'Afrique du Nord à Rabat, sur Les progrès des femmes dans le monde 2008/2009, l'UNIFEM examine ce combat des femmes pour influencer les politiques,les stratégies et les programmes nationaux et souligne les défaillances des systèmes nationaux dans la prise en compte des priorités des femmes.

                      Plusieurs exemples sont présentés, qui sont autant de raisons de luttes pour les femmes afin de changer leurs sociétés, que ce soit l'absence d'accès à l'eau comme en Afrique au sud du Sahara où 40 milliards d'heures sont dévouées par an à la collecte de l'eau, en grande partie par les femmes, (ce qui est l'équivalent d'une année de travail de l'ensemble de la population active en France), leur accès limité aux services publics, ou encore le droit à la terre dont les femmes sont privées. Il faut savoir que les Africaines fournissent 70 % de la production alimentaire mais ne disposent souvent d'aucun droit foncier. Ces droits sont, en grande partie, détenus par des hommes ou des groupes de parenté contrôlés par des hommes. La dernière mobilisation au Maroc pour le droit des femmes aux terres collectives s'inscrit dans cette lutte globale du droit à la succession pour les femmes.


                      Mesdames et Messieurs ;

                      On ne peut pas occulter la question centrale du statut des femmes au sein de la famille, des luttes qu'ont menées les femmes à l'échelle de toute la planète pour remettre en question la hiérarchisation des rôles et l'infériorisation institutionnelle dont elles sont victimes. Ce statut au sein de la famille a été considéré par les mouvements des femmes du monde entier comme l'une des principales entraves à leur libération ; l'égalité dans la sphère publique ne pouvant être atteinte si les femmes restent soumises dans la sphère privée. Selon le rapport de l'UNIFEM sur les progrès des femmes dans le monde 2008/2009, les femmes éprouvent des difficultés à faire prévaloir leurs droits du fait que leurs voix et leurs preuves n'ont pas le même poids que celui des hommes.

                      De multiples exemples peuvent être cités pour illustrer toutes les résistances, et je parlerai enfin de la question du partage du pouvoir et de l'accès aux postes de décision. A ce niveau encore, on peut noter que l'accès des femmes aux partis politique reste très limité, cela est particulièrement flagrant dans les postes de prise de décision, ce qui limite la capacité des femmes à influer sur les politiques. Cet état de fait, à quelques nuances près, est une réalité partagée par les femmes mondialement. Malgré les progrès, le taux de progression actuel, la parité dans les espaces de prise de décision nationales ne sera atteint qu'en 2045 dans les pays en développement.

                      On comprend dès lors que les femmes à travers leurs mouvements se positionnent dans une perspective de transformation des sociétés et sont de ce fait un acteur doté d'un projet politique et social cohérent et ambitieux, à savoir celui de rétablir les femmes dans leurs droits et dans leur dignité et, par conséquent, de contribuer à transformer les structures familiales et sociales des pays.

                      C'est donc un choix de progrès qui ne se limite pas au domaine des relations hommes femmes mais qui englobe des prises de position par rapport aux questions de l'égalité en général, du respect des droits de l'Homme et de la démocratie.

                      Grâce à leurs luttes, on peut aisément affirmer que les femmes du Maroc ont contribué aux changements survenus dans l'évolution de leur statut et jouent un rôle leader dans la mobilisation à l'échelle régionale, ceci grâce aux réseautages qui sont établis, dont le dernier en date est celui de la levée des réserves à la CEDAW.

                      Mais plus largement, en luttant pour leur droits, les femmes contribuent directement à l'instauration d'une bonne gouvernance des pays.


                      Ainsi, Mesdames et Messieurs,

                      Pour parler du rôle des femmes actrices de changement, il est important de bien valoriser leur rôle dans l'exercice de responsabilisation des institutions. Comme l'UNIFEM l'a analysé dans son Rapport biennal intitulé Qui est responsable envers les femmes, le cycle de redevabilité exige de passer par l'autorisation (par exemple, les élections, le mandat législatif), la mise en oeuvre (d'un mandat électoral, d'un programme gouvernemental en directives, ressources et mesures incitatives), l'examen et le suivi des performances et enfin les mesures correctives en cas de besoin. Or dans toutes ces étapes, les femmes sont engagées fortement pour influer sur le cycle de la redevabilité et provoquer le changement.


                      J'ai choisi d'axer mon intervention sur 4 caractéristiques qui me paraissent centrales pour illustrer le rôle des « femmes transformatrices » de leurs sociétés.


                      Premièrement, Les femmes sont « porteuses d'Alternatives ». Bien qu'étant une force de contre pouvoir, les femmes ne se contentent pas de revendiquer des droits mais proposent des alternatives, ceci dans tous les domaines. En ce sens c'est un mouvement porteur d'une vision et d'un projet de société. Leurs actions de terrain permettent une prise sur la réalité du vécu des femmes et donc une connaissance empirique et militante des problèmes et préoccupations de genre.

                      Tous les domaines sont investis: juridique, économique, politique et social. Les femmes constituent une force de pression et mènent des plaidoyers pour changer les lois, les politiques et les mécanismes institutionnels en faveur d'une plus grande prise en compte des besoins des femmes. Au Maroc, ceci a été particulièrement illustré par les batailles menées en faveur de la réforme de la Moudawana, du code du travail, du code pénal, du code électoral, du code de la nationalité, de la politique d'éducation nationale, du budget national, de la lutte contre les violences, etc. En agissant pour un nouveau rapport entre les sexes, les femmes sont porteuses d'un projet novateur plus global pour l'ensemble de la société.



                      Deuxièmement, les femmes sont une « force de mobilisation ». Par exemple, ces femmes ouvrières au Bangladesh, entrées dans le secteur de la confection poussées par la pauvreté et qui ont réussi à revendiquer leurs droits par des actions de groupe et obtenir la promulgation d'un nouveau Code du travail adopté par le gouvernement après 12 ans de délibérations. Ou encore l'exemple du réseau de soutien au plan d'action au Maroc, initié par le mouvement des femmes et qui a réussi à fédérer de larges pans de la société pour le soutien à un projet gouvernemental en faveur des droits des femmes est également une belle illustration de la capacité de mobilisation. Les mobilisations sur la réforme du code de la famille sont un formidable exemple de force d'influence du mouvement, ainsi que les toutes dernières mobilisations menées au sujet de la participation politique: d'abord parce que le sujet est difficile, ensuite parce qu'il ouvre la perspective de nouvelles formes d'alliances du mouvement des femmes sur les acteurs politiques. A titre d'exemple, au Philippines, une mobilisation réussie a permis d'obtenir des dispositions offrant à des groupements sociaux non conventionnels de se présenter aux élections. C'est ainsi qu'une Association de Femmes (GABRIELLA) a pu se présenter aux élections et gagner suffisamment de voix pour avoir deux représentants dans le Parlement.



                      Troisième point, les femmes, « constructrices d'opinion ». L'expression de l'avis des femmes sur des questions publiques, est un saut qualitatif important dans les modalités de travail des organisations féminines. Il s'agit ici de la systématisation de la « veille » par rapport au politique. Cette responsabilité des mouvements des femmes est tout aussi importante que celle des gouvernants, dont la responsabilité est l'élaboration et la mise en œuvre de politiques. Les ONG quant à elles, ont la responsabilité de s'exprimer sur ces politiques. Aussi, la pratique de la critique systémique dans le sens d'une interaction positive des forces en présence consacre le rôle du mouvement en tant que force politique influente exprimant son opinion, la faisant connaître et surtout partager par le plus grand nombre.

                      Enfin, la quatrième caractéristique de ces femmes transformatrices est qu'elles sont un « vecteur de l'idéal égalitaire » : il s'agit là de leur action visant le changement des mentalités. Le travail d'éducation aux valeurs d'égalité entre les sexes, au progrès et à l'ouverture est une tâche difficile et une responsabilité immense que le mouvement des femmes a investi. Nous voyons, ces dernières années une multitude d'initiatives d'universités d'été, de sessions de sensibilisation mais également de développement d'outils, de guides ou de manuels, déclinant une conception égalitaire des rôles sociaux des sexes pour une société respectueuse des droits des femmes. Cette conception est également portée dans leur plaidoyer en direction des politiques afin que le système éducatif s'engage sur l'universalité des droits. Ce projet à long terme est celui de tous les avocats de l'égalité, femmes et hommes, et devra réussir à modifier les partis pris et les préjugés culturels qui sont profondément ancrés.


                      Mesdames et Messieurs,


                      Permettez moi pour conclure de saisir l'occasion de la célébration du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et de l'annonce de SM le Roi Mohamed VI relative à la levée des réserves à la CEDAW, pour rendre hommage à toutes les femmes marocaines d'ici et d'ailleurs, qui luttent tous les jours pour que les femmes vivent une vie exempte de violence, pour qu'elles bénéficient des fruits de leur labeur, pour qu'elle aient accès à des services sensibles à leurs besoins, pour qu'elles puissent décider librement, entre autres, de leur façon de vivre, du nom de leur époux, du nombre d'enfants qu'elles auront, de leur lieu de résidence et du moyen de gagner leur vie.
                      En bref, pour toutes ces femmes qui luttent pour une plus grande redevabilité des sociétés envers leurs citoyennes.


                      Merci pour votre attention.



                      Zineb Touimi Benjelloun, Directrice régionale des programmes de l'UNIFEM pour l'Afrique du nord



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                      Mme la conseillère de Sa Majesté le Roi

                      Mesdames, monsieur les ministres

                      Monsieur le Président du CCME

                      Mesdames, Messieurs,


                      Permettez-moi d'exprimer ma joie et ma fierté de partager avec vous ce moment fort qui s'inscrira sans aucun doute dans l'histoire du Maroc et en particulier celle de la femme marocaine. Car cette réunion qui regroupe une élite féminine marocaine d'ici et de plusieurs pays du monde est un rendez-vous extrêmement remarquable qui s'inscrit pleinement dans les démarches innovantes de Sa Majesté le Roi visant l'édification d'un Maroc moderne, démocratique et solidaire. Un Maroc profondément enraciné dans son histoire mais rigoureusement tourné vers l'avenir...


                      Comme vous le savez, nous fêtons cette année 12 siècles de l'histoire du royaume du Maroc. Cette commémoration a été fondée avant tout sur une lecture des grands enseignements tirés à partir du parcours historique du Maroc et des Marocains à partir de la fondation de la ville de Fès qui a marqué un tournant dans l'évolution de l'histoire de notre pays plusieurs fois millénaire. Ces enseignements ont été traduits à des axes majeurs qui ont été à la base de l'ensemble des activités et des programmes initiés, menés ou labélisés par l'association 1200e anniversaire de la fondation de la ville de Fès. Parmi les axes établis suite à une lecture approfondie de l'expérience marocaine, un qui porte sur le Maroc au Féminin qui visait à rendre hommage au rôle éminent joué par la femme Marocaine à travers les âges.

                      C'était d'ailleurs le thème le premier temps fort intitulé « le Maroc au féminin » organisé juste après la cérémonie d'ouverture des célébrations, où un colloque qui tenu à Fès à la Bibliothèque de la Karawiyyine a tenté de dévoilé le rôle joué par les femmes dans l'histoire politique, sociale, économique, intellectuelle et religieuse du Maroc. L'objectif était de lancer un processus de recherche auprès des universitaires et des gens du savoirs pour s'intéresser de près à l'histoire de la femme marocaine d'une part, et, d'autre part, d'attirer l'attention du grand public à l'apport, souvent méconnu, de la femme dans la construction de la l'état et la société marocaines.


                      Bien évidemment, la contribution de la femme marocaine à la construction de l'identité et la nation marocaines a commencé depuis la préhistoire. Pour nous, la célébration 1200 ans de la fondation est aussi un moment d'arrêt sur la contribution des femmes marocaines à l'édification du Maroc et à la construction de sa personnalité historique et de son identité culturelle. Il avait fallu lancer un processus de réhabilitation des actrices de la mémoire marocaine collective et mettre en valeur la femme marocaine qui, de par son courage, sa créativité et son dévouement, à travers l'histoire du Maroc a contribué à la formation du qualificatif « maghribi ».

                      Vous allez certainement comprendre notre grande satisfaction à s'associer au CCME dans l'organisation de cette rencontre qui s'inscrit dans la suite logique de cette démarche qui vise de s'inspirer des valeurs de notre passé pour un meilleurs avenir de notre pays. Un avenir qui ne peut se construire sans la contribution efficace -comme elle l'a toujours été - de la femme. Aujourd'hui et avec vous, Mesdames, cette contribution va au-delà des frontières du Maroc car là où vous vivez, le Maroc vie avec vous... ce que vous construisez là où vous êtes vous le construisez aussi pour le Maroc.


                      Remerciements :

                      Je tiens avant de terminer à adresser mes vifs remerciements au CCME qui mène depuis sa création un travail remarquable et extrêmement professionnel, dont la rencontre d'aujourd'hui n'est qu'une de ses nombreuses expressions. Je tiens à féliciter Monsieur le Président Driss Yazami et Monsieur le Secretaire général Abdallah Boussouf et toute l'équipe du Conseil pour la qualité de leur travail.

                       

                      Saad Kettani, Président de l'association mille deux cent ans de Fès

                       

                       

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                      Monsieur le Ministre,

                      Mesdames, Messieurs, en vos titres et fonctions,


                      Retenue par d'autres obligations en Belgique, je n'ai pu être présente pour prendre part à vos travaux et je vous prie de m'en excuser.

                      Je voudrais néanmoins profiter de la parole qui m'est donnée, via ma collaboratrice, pour remercier le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger ; en particulier son Président, Monsieur Driss El Yazami, qui a tenu à ce que je sois ici représentée.

                      Je salue également les autorités marocaines pour la mise en place et le démarrage des travaux de ce Conseil. Je lui souhaite tout le succès dans la réalisation des larges attributions qui sont les siennes.


                      Une telle structure peut en effet être un organe précieux pour le débat démocratique et pour la défense des émigrants Marocains, qui aujourd'hui encore, sont nombreux à vouloir quitter vers d'autres territoires.

                      A l'heure où les phénomènes migratoires nous mettent face à des modèles, à des stratégies, à des profils d'acteurs migrants très éloignés des connaissances et des conceptions que nous en avions développées sur base des immigrations économiques des années 1960 ;


                      A l'heure aussi où les enjeux sociaux et humains liés à ces phénomènes migratoires ne sont plus posés qu'en termes juridiques ; il est important que les sociétés démocratiques ouvrent des pistes de réflexion et d'action, visant à repenser les mouvements de populations ; qui, je le rappelle, sont au fondement des sociétés humaines.


                      Nous avons là un défi commun. Et effectivement, il me paraît important, que les sociétés d'origine s'inquiètent du sort réservé aux plus fragiles de leurs ressortissants et qu'elles puissent en effet les renforcer dans leurs droits les plus élémentaires.


                      En matières juridiques, ce Conseil a devant lui une perspective de travail largement ouverte sur des questions touchant tant les anciennes que les nouvelles émigrations.


                      De prime abord, les missions qui sont attribuées à ce CCME le chargent d'un travail d'ouverture, d'écoute et de réparation, qui nécessite une attention toute particulière envers « l'absent ».


                      Personnellement, cette nouvelle ouverture me touche. Elle tranche singulièrement avec une option qui donnait à penser que « l'absent » avait toujours tort.


                      Je salue donc, cette démarche visant à rendre la parole à des hommes et des femmes, jusqu'ici oubliés de l'histoire, au travers de leurs témoignages ; mais aussi au travers des analyses, des réflexions et de productions artistiques, qui telle le film de Yamina Benguigui qui est prévu dans votre programme, ont levé le voile sur cette parole oubliée.


                      En concordance avec ses missions, ce CCME cherche aussi à impulser, en toute sérénité, un dialogue aujourd'hui plus qu'utile à la connaissance et à la reconnaissance mutuelles entre des populations marocaines et des communautés d'origine marocaine, établies ou nées ailleurs. Le programme de vos deux journées intitulé « Marocaines d'ici et d'ailleurs : mutations, trajectoires et défis » en est une preuve et je m'en réjouis.


                      En tant que Ministre de la Culture, je me réjouis également que l'on puisse travailler au croisement des points de vue entre ceux 'd'ici' et ceux 'd'ailleurs'. Ces croisements et échanges sont signes de créativité et de dynamisme culturels. Ils ne peuvent être que bénéfiques tant à nos scientifiques qu'à nos artistes ; qui ont beaucoup à gagner de la rencontre et de la confrontation entre toutes nos différences.


                      Loin des discours et des démonstrations, le champ de la Culture et des Arts est, à mes yeux, un domaine privilégié pour approcher de manière sensible ces différences qui nous constituent et qui en définitive font nos richesses.


                      Je peux vous assurer à cet égard que je suis très attentive au travail des artistes et aux programmes de coopération qui lient nos deux pays.


                      Du point de vue identitaire, les hommes et les femmes ; qu'ils soient nés ici ou là-bas, qu'ils y reviennent ou qu'ils n'y reviennent plus ; témoignent d'un lien très diversement construit et entretenu avec la société marocaine.


                      Cette construction, on ne doit pas l'oublier, s'est aussi élaborée sur des investissements et des parcours qui les intègrent différemment dans leur contexte de vie ; témoignant, en immigration également, d'une grande diversité sociale, générationnelle, générique, mais aussi culturelle, linguistique, philosophique,...


                      Ici comme ailleurs, les identités ne sont jamais univoques et figées. Elles sont le fruit de nos héritages, de nos luttes et de nos acquis : complexes et en mouvement.


                      Les familles immigrées marocaines et les générations qui en sont nées ont vécu des réalités qui les ont différemment ancrées dans les sociétés d'accueil ; dans des trajectoires qui les ont socialement et culturellement marquées différemment, mais qui les ont aussi très inégalement dotées.


                      La rencontre d'aujourd'hui repose sur les travaux de la commission qui au sein du CCME est chargée de développer une « Approche genre et nouvelles générations ».


                      Ces deux thèmes : celui des générations nouvelles qui ne sont plus des 'migrants' et celui du rapport aux femmes, ouvrent deux perspectives importantes sur les immigrations. Importantes, au sens où elles en interrogent les non dits, les vérités officieuses et silencieuses ; les espoirs contrariés et oubliés ; les marches en avant sans voies de retour... bref, des processus qui les ont mis, eux ainsi que leurs familles, en mouvement autrement et ailleurs que là où ils étaient attendus.


                      C'est dire combien la thématique des femmes est importante et aborder les faits migratoires au travers de l'intérêt féminin est prometteur quant au développement des connaissances que nous pouvons en attendre.


                      Puisque nous assistons ici à l'une des grandes sessions d'ouverture des travaux du Conseil, permettez-moi de formuler quelques remarques, visant à renforcer les enjeux tant du point de vue de la société d'émigration que de celle d'accueil.


                      Ici comme ailleurs, les femmes ont à leur niveau et selon les ressources dont elles disposent, développé des résistances et mené des luttes qui restent de part et d'autre fort peu connues. Un travail de mise en lumière des enjeux est à ce stade utile pour renforcer les femmes d'ici et d'ailleurs dans leurs droits collectifs et individuels.


                      Sur ce plan, l'associatif féminin et les organisations féministes ont un rôle primordial à jouer.

                      La collaboration entre les associations actives sur ces questions dans nos différents pays est également une piste à explorer. En effet les femmes d'ici et celles parties doivent pouvoir être relayées au Nord comme au Sud, là où se pose leur intérêt.


                      Cette première rencontre des femmes qui se tient à Marrakech est donc une première pierre à un édifice qui je l'espère de tout cœur, va permettre de poser les jalons de liens de solidarité solides entre elles.


                      Dans cette optique, la coopération bilatérale et multilatérale entre nos deux états (Maroc / CF) pourrait inclure un tel axe de travail.


                      J'espère aussi que ce rassemblement va donner aux femmes, les présentes et les absentes, de nouvelles forces, de nouvelles ressources pour faire face aux défis qui leur sont posés.


                      Je vous souhaite un excellent travail

                       

                      Madame Fadila Laanan, Ministre de la Culture et de l'Audiovisuel

                       

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                      Louange à Dieu,
                      Prière et salut sur le Prophète,
                      Sa famille et Ses compagnons


                      Mesdames, Messieurs,

                      Il Nous est agréable d'adresser Nos souhaits de bienvenue et l'expression de Notre considération aux participantes et aux participants à cette première rencontre des Marocaines du monde.

                      Nous saluons, à cet égard, l'initiative prise par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger de réunir cet aréopage de femmes de l'émigration sur la terre de leur mère patrie.

                      C'est pour Nous l'occasion de réaffirmer Notre ferme volonté de faire de la promotion des droits de la femme, la pierre angulaire dans l'édification d'une société démocratique moderne. Nous entendons en faire la clef de voûte dans la construction de la citoyenneté pleine et entière, et Nous souhaitons que puissent en jouir tous les Marocains, où qu'ils soient, sans exclusive ni la moindre discrimination.

                      C'est dans cet esprit, en effet, que s'inscrivent les réformes dont fait état le Code de la famille. Elles visent à assurer l'égalité entre l'homme et la femme et à faire régner dans la famille des rapports d'équilibre et de soutien mutuel.

                      Ces réformes sont censées produire leurs effets bénéfiques au Maroc, mais pas seulement, puisqu'elles ont vocation à faire bénéficier la femme marocaine d'un statut juridique comparable à celui que confèrent à la femme les lois des pays avancés, et que lui reconnaissent les conventions et accords internationaux y afférents.

                      C'est, d'ailleurs, le même esprit qui a présidé à la révision de la loi sur la nationalité. En effet, celle - ci permet désormais à la mère marocaine de transmettre sa nationalité d'origine à sa progéniture, quelle que soit, par ailleurs, la nationalité de son époux.

                      Si elle permet de renforcer les attaches de ses enfants avec le Maroc, cette réforme apporte, en outre, à ces enfants qui font partie de la génération montante dans les pays d'émigration, la garantie juridique de pouvoir maintenir leurs attaches avec la mère patrie. Elle constitue également pour eux un puissant motif d'attachement aux valeurs culturelles et civilisationnelles de cette patrie.

                      Dans un contexte plus large, le Maroc a entrepris des réformes audacieuses et édicté des lois avancées, tout en veillant à assurer l'harmonisation de ses législations nationales avec les dispositions des conventions internationales et des pactes mondiaux qui en sont issus et auxquels le Royaume a adhéré.

                      Notre dessein, en définitive, est de promouvoir le statut social, juridique et institutionnel de la femme en général, et des Marocaines de l'émigration en particulier.

                      Ainsi se trouve réaffirmé notre attachement au référentiel universel des droits humains, qui sont en accord avec notre identité religieuse et civilisationnelle.

                      A cet égard, Nous continuons à œuvrer pour doter la femme marocaine des moyens à même de lui permettre d'être partie prenante dans le processus institutionnel et démocratique, en l'encourageant à s'impliquer dans la vie de la nation et à occuper les différents postes de la fonction publique sans exclusive. Nous veillons également à ce qu'elle puisse bénéficier d'un taux croissant de représentation équitable au sein du gouvernement, du parlement, des collectivités locales et de tous les centres de prise de décision.

                      Eu égard aux qualités qui sont reconnues à la femme marocaine, en l'occurrence celles de compétence, de rigueur et de patriotisme, outre sa fibre sociale, Nous entendons conforter la contribution efficiente qu'elle apporte, à l'instar de l'homme, à la construction démocratique et au processus de développement.

                      Voilà pourquoi l'approche genre et l'intérêt attentif qui doit être accordé aux questions concernant les Marocaines de l'émigration, figurent en bonne place dans toutes les actions du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger.

                      Pour donner corps à ces orientations, le gouvernement se fait un devoir d'intégrer cette approche dans les différentes politiques publiques. Mais, pour importante qu'elle soit, il n'en reste pas moins que la préservation des acquis juridiques de la femme marocaine demeure tributaire de la promotion de ses droits économiques, sociaux et culturels.

                      Aussi, avons-Nous placé en tête des programmes et des chantiers de l'Initiative nationale pour le Développement humain (INDH), la promotion de la condition des femmes, notamment en milieu rural où elles comptent parmi les catégories les plus vulnérables.



                      Mesdames, Messieurs,

                      Nous appuyons cette démarche globale par l'adoption d'une politique spécifique à l'égard des Marocaines de l'émigration, tant pour ce qui est de veiller à leurs droits et à leurs intérêts dans les pays d'accueil et de les y prémunir contre la discrimination sous toutes ses formes, que de favoriser leur contribution au développement de la mère patrie. Nous nous attachons également à garantir leur participation à la vie démocratique de leur pays et à les associer à la bonne gouvernance de ses affaires, aux niveaux local, régional et national.

                      Nous saisissons cette occasion pour dire Notre fierté de relever la présence active et la réussite remarquable des Marocaines résidant à l'étranger et occupant de hauts postes de responsabilité dans les pays d'accueil. En effet, on les retrouve dans tous les secteurs d'activité et au sein de toutes les institutions, qu'ils soient politiques, gouvernementaux et parlementaires, ou économiques, sociaux, culturels, artistiques et scientifiques, ou qu'il s'agisse des différentes instances et organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales.

                      C'est là un parcours digne d'intérêt, qui mérite d'être encouragé par tous les moyens disponibles, notamment les échanges d'expériences, l'élargissement des réseaux de communication et l'action commune, outre une organisation libre et efficiente. A cet égard, Nous attendons de la première Rencontre des Marocaines du Monde qu'elle contribue à consacrer cette orientation.

                      Que les femmes marocaines apportent leur contribution citoyenne dans tous les domaines, voilà qui reste tributaire de la nécessité de favoriser plus de communication et d'entraide entre les composantes de la société civile féminine, tant à l'intérieur du pays que dans les pays de l'émigration.

                      Par ailleurs, Nous appelons à la mise en place et au développement de relations d'échange et de partenariat entre les organisations des Marocaines du monde et leurs homologues étrangères, le but étant d'étendre le rayonnement de notre pays dans le concert des nations et d'en défendre les causes justes.

                      A cet égard, Nous vous engageons, chères concitoyennes de l'émigration, à œuvrer pour mieux faire connaître la cause juste de notre intégrité territoriale, notamment en déployant tout votre potentiel pour dénoncer, au sein de toutes les instances et de tous les forums, les conditions inhumaines dans lesquelles vivent les Marocains séquestrés dans les camps de Tindouf. Vous devez, pour cela, vous employer plus particulièrement à marquer votre solidarité avec vos sœurs marocaines et leurs enfants en vous mobilisant activement auprès de la communauté internationale afin que soit mis un terme aux exactions dont elles font l'objet, en violation flagrante de toutes les conventions et traités internationaux des droits de l'homme. Il s'agit notamment d'atteintes à leur dignité, de violences à leur encontre et d'actes les privant de la possibilité de regroupement familial et les empêchant de retrouver les leurs au sein de la mère patrie, le Maroc uni et démocratique.

                      Pour conclure, Nous prions pour que cette assemblée bénie soit couronnée de succès, de sorte que les Marocaines du Monde puissent œuvrer activement à l'avènement d'un Maroc avancé, moderne et doté d'un plus large rayonnement régional et international.

                      Wassalamou alaîkoum warahmatoullahi wabarakatouh.



                      Mohammed VI, Roi du Maroc

                      Fait au Palais Royal de Tanger, le 18 décembre 2008.





                      Vendredi 19 décembre 2008


                       

                      9H00-10h00 : Inscription des participant(e)s


                      10H00-10h15 : Mme Zoulikha Nassri, Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Lecture du Message de Sa Majesté le Roi Mohammed VI adressé aux participant(e)s de la rencontre.


                      10h15- 10h45 : Pause café


                      10H45-12h00 : Allocutions d'ouverture

                      • M. Mohamed Ameur, Ministre délégué auprès du Premier Ministre, chargé de la communauté marocaine résidante à l'étranger.
                      • Mme Latifa Akherbach, Secrétaire d'Etat auprès du Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération.
                      • Mme Nouzha Bensalah, conseillère au Cabinet de Madame Fadila Laanan, Ministre de la Culture et de l'Audiovisuel de la communauté française de Belgique, Communication de Madame Fadila Laanan.
                      • M. Saad Kettani, Haut commissaire de l'Association 1200ème anniversaire de la Fondation de la ville de Fès.
                      • Mme Zineb Touimi-Benjelloun, directrice régionale des programmes de l'UNIFEM pour l'Afrique du Nord, Maroc, Femmes, discriminations et changement social.
                      • Mme Amina Ennceiri, membre du CCME, présidente du groupe de travail  « Approche genre et nouvelles générations », Introduction aux travaux.


                      12h00 - 13h30 : Conférences d'ouverture

                      • Mme Latifa El Bouhsini, historienne, Institut national d'action sociale, Maroc, Le mouvement féministe au Maroc : quelques repères historiques.
                      • Mme Nasima Moujoud, anthropologue, maître de conférences à l'Université de Grenoble, France, Le genre dans la migration marocaine d'hier et d'aujourd'hui.
                      • Mme Naima Chikhaoui, anthropologue, Université Mohammed V de Rabat-Agdal, Maroc, Les femmes aujourd'hui au Maroc : évolutions, freins et leviers.
                      • M. Abdeslam Marfouk, chercheur, Université Libre de Bruxelles, Migration internationale des femmes marocaines : une composante sous-estimée.



                      15h00-18h00 : trois espaces thématiques en parallèle



                      Espace 1 : Les femmes actrices du changement

                      Accès à la vie active, emploi et entreprenariat


                      Présidente: Mme Mina Rhouch, membre du CCME, rapporteure du groupe de travail « Approche genre et nouvelles générations », Espagne.
                      Modératrice : Mme Hinde Taarji, écrivain, journaliste, Maroc.

                        • Mme Aïcha Belarbi, professeur chercheur, membre de la Commission mondiale sur les migrations internationales, Maroc, Les femmes migrantes : entre tradition et modernité.
                        • M. Younès Ouinaimi, conseiller auprès de M. Jamal Rhmani, Ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle, Maroc, Femmes et emploi au Maroc.
                        • Mme Alima Boumediene-Thiery, sénatrice, France, Parcours de femmes dans l'émigration.
                        • M. Mohamed Hamadi Bekouchi, sociologue, professeur des Universités (Paris IV, Moncton au Canada, Hassan II à Casablanca), Maroc, la diaspora féminine marocaine, entre de grands changements et de fortes inquiétudes.
                        • Mme Sadia Jammy, directeur conseil en communication et associée chez Philéog France, La communication d'entreprise, femmes d'influence ou sous influence.
                        • Mme Véronique Manry, chercheure à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme (MMSH), Aix-en-Provence, France, La mobilité comme voie de promotion sociale ? Pratiques, stratégies, contraintes et contournements.



                        16h00- 16h30 : Pause café


                        • Mme Simone Susskind, présidente de Actions in the Mediterranean, Belgique, Femmes et sociétés en transition.
                        • M. Abdallah Alaoui, directeur de banque, Londres, Royaume-Uni, La contribution économique des femmes en Angleterre.
                        • Mme Nadia Bouayad, présidente de l'Association des femmes architectes marocaines (AFAM), Femmes en profession libérale : le cas des femmes architectes.
                        • Mme Rachida Belliard, chef d'entreprise, France, Femmes et chefs d'entreprise.
                        • Mme Bichara Tazi Saoud, membre de la commission Genre au sein de l'association des femmes chefs d'entreprise, Maroc, A propos de l'employabilité des femmes au Maroc, l'expérience de l'AFEM.



                        Espace 2 : Inégalités et situations de vulnérabilité

                        Atteintes aux droits fondamentaux et violences sociales et domestiques

                         

                        Présidente : Mme Souad Talsi, membre du CCME et du groupe de travail « Approche genre et nouvelles générations », Royaume-Uni.
                        Modératrice : Mme Farida Moha, journaliste, Maroc.

                        • M. Smaïn Laacher, sociologue, chercheur au Centre d'étude des mouvements sociaux CNRS-EHESS, France, Femmes étrangères et d'origine étrangère : de la violence privée à la reconnaissance du tort.
                        • Mme Malika Benradi, professeur à la faculté de droit Rabat-Agdal, Maroc, Genre et migration : le travail domestique des femmes marocaines en Espagne et le travail sexuel dans les pays du Golfe : deux nouvelles formes d'esclavage.
                        • Mme Fatima El Almi Jenn, chef d'entreprise et adjointe au Maire de Mulhouse, France, La violence intra-familiale, l'exemple de l'observatoire sur la violence intra-familiale faite aux femmes.
                        • Mme Fouzia Elbayed, chercheure, formatrice en journalisme et en communication institutionnelle, Maroc, La misère est au féminin.


                        16h00- 16h30 : Pause café

                        • Mme Carmen Ruiz, professeur de droit à l'Université de Grenade, Espagne, La situation juridico-familiale des Marocaines en Espagne.
                        • Mme Zineb Doulfikar, assistante sociale, directrice de l'association « Les Chibanis », Nice, France, La problématique des femmes âgées émigrées.
                        • Mme Cynthia Plette, membre de SSR, Stiching Stern Remigranten (association d'aide au retour et de rémigration à Berkane) et membre du groupe de travail Mudawwana, Pays-Bas, L'impact du changement de la Moudawana sur les migrantes marocaines au Pays-Bas.



                        Espace 3 : Cultures et représentations : création, arts et médias

                        Présidente: Mme Najat Azmy, membre du CCME et du groupe de travail « Cultures, éducation et identités », France.

                        Modératrice : Mme Narjis Rerhaye, journaliste, Maroc.

                        • Mme Isabelle Felici, maître de conférences à l'Université Sud- Toulon, France, La représentation littéraire de la femme marocaine émigrée.
                        • Mme Siham Bouhlal, écrivain, France, Ecritures de femmes dans la littérature.
                        • Mme Nadia Benjelloun, directrice internationale du Festival de Fès, France, De la muse à la créatrice.
                        • Mme Laila Ibnlfassi, maître de conférences, chercheure, Department of Humanities, Arts and Languages, London Metropolitan University, Royaume-Uni, Voix de femmes : appropriation et représentations.


                        16h00- 16h30 : Pause café

                        • M. Rachid Chafai El Alaoui, journaliste, producteur d'émissions télévisées, Royaume-Uni, L'image des femmes marocaines en Grande-Bretagne.
                        • Mme Izza Génini, productrice-réalisatrice-documentariste, Maroc, Le documentaire au féminin au Maroc : un art, un outil ou une arme.



                        Samedi 20 décembre 2008


                        9H00-12h00 : Poursuite des travaux dans les trois espaces thématiques en parallèle


                        Espace 1 : Les femmes actrices du changement

                        Luttes pour l'égalité, actions politiques et associatives

                        • Mme Aicha El Hajjami, professeur de droit à l'Université Cadi Ayad de Marrakech, Maroc, La participation politique des femmes au Maroc, acquis, obstacles et défis.
                        • Mme Véronique Lefrancq, responsable de la cellule égalité des chances, cabinet de la Vice-Première Ministre, Belgique, Lutter contre la violence faite aux femmes : l'exemple du plan d'action national contre les violences conjugales en Belgique.
                        • Mme Bassima Hakkaoui, présidente de la commission des secteurs sociaux au sein de la chambre des représentants, Maroc, Femme, politique et aspects de changements au Maroc.
                        • Mme Fatima Yadani, chercheure, adjointe au Maire du treizième arrondissement de Paris, France,  Parcours d'une femme politique en France.


                        10h30- 11h00 : Pause café

                        • Mme Zakia Mrini, présidente de l'association Ennakhil à Marrakech, Maroc, Le rôle des associations dans la promotion des femmes marocaines.
                        • Mme Esma Salama, présidente du SIPI (centre interculturel d'intégration), Pays-Bas, L'émancipation et l'intégration des femmes issues des minorités dans le marché du travail.
                        • Mme R'Kia Laroui, professeure en sciences de l'éducation, Université du Québec à Rimouski, Canada, La femme marocaine au Québec et l'éducation interculturelle : la gestion éducative au féminin.
                        • Mme Sihame Arbib, consultante en communication politique, Bruxelles, Le mentorat politique au sein des universités marocaines.
                        • Mme Zohra Sadik, membre de la Ligue démocratique des droits de la femme (LDDF), Maroc, Impacts de l'immigration, échanges, partenariat et femmes initiatrices du changement.
                        • Mme Myriam Salah-Eddine, élue de la communauté urbaine de Marseille, France, Femmes, quels regards sur la politique ?



                        Espace 2 : Inégalités et situations de vulnérabilité

                        L'accès aux droits : obstacles et alternatives

                        • Mme Rabia Chaouchi, conseillère en développement communautaire à la ville de Montréal, Canada, A propos du plan municipal égalité hommes-femmes et son impact sur les femmes issues de l'immigration.
                        • Mme Emmanuelle Massalve, responsable de projet au sein du FIJIRA (Femmes Informations Juridiques Internationales Rhône-Alpes), France, Femmes marocaines et droits en France.
                        • Mme Alcinda Cabral, professeure d'anthropologie à l'Université de Porto, Portugal et Mme Dolores Vargas, professeure d'anthropologie à l'Université d'Alicante, Espagne, Femmes marocaines immigrées dans la péninsule ibérique : Caractéristiques d'une évolution.


                        10h30- 11h00 : Pause café

                        • Mme Fatima El Mouttqi, association Timrarine, Bologne, Italie, Femmes marocaines immigrées en Italie.
                        • M. Souhair Abel, avocat à la cour, président de l'Association des avocats marocains en France, L'accès et les limites du droit des femmes d'origine marocaine en France.
                        • Mme Nada Elmajdoub, chef de projet adjoint, Etats-Unis, Showcase : des femmes marocaines résidentes aux Etats-Unis.
                        • Mme Saida Idrissi Amrani, présidente de la section de Rabat à l'Association démocratique des femmes marocaines (ADFM), Maroc, Changement et femmes marocaines : le cas de la Moudawana.



                        Espace 3 : Cultures et représentations : création, arts et médias

                        • Mme Fatéma Chahid, poète, écrivain, consultante en communication, Maroc, Poésie féminine.
                        • Mme Myriam Cherti, chercheure visiteur à l'Université du Sussex au sein du centre de recherche sur la migration, Londres, Royaume-Uni, Espaces transnationaux et Identités locales.
                        • Mme Hakima Fassi-Fihri, avocate du droit des affaires, présidente du groupe culture à l'association Terrafemina, France, Valorisation des métiers de la culture à travers les femmes dans les pays en développement.
                        • Mme Leïla Bousnina Dubelski, photographe, France, Photographies des femmes migrantes, l'expérience de Noisy-le-Grand.


                        10h30- 11h00 : Pause café

                        • Mme Soumaya Naamane Guessous, professeure de sociologie à la faculté des lettres et des sciences humaines de Casablanca, Maroc, Les femmes vues par les hommes.
                        • M. Abdallah Bouhamidi, psycho-photographe, directeur d'une institution de protection de l'enfance, France, Femmes, migration et cultures, entre mémoire et émancipation.
                        • Mme Leïla Ghandi, photographe, France, Les arts comme support d'engagement et vecteur de changement.
                        • Mme Jamila Ouzahir, attachée de presse, France, Parcours d'une femme marocaine dans le milieu du cinéma en France.


                        14h30-17h00 : Poursuite des travaux dans les espaces

                        Quelles modalités de coopération et de partenariat entre femmes du Maroc et femmes marocaines du monde ?


                        16h30- 17h00 : Pause café


                        17h00-18h30 : Séance plénière

                        Président : M. Jamal Belahrach, Directeur général des filiales extérieures chez Manpower, Maroc.


                        Synthèse des trois espaces

                        La parole aux grands témoins

                        • Mme Najat M'jid, Rapporteure spéciale aux Nations Unies sur la vente des enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants.
                        • Mme Nadia Bouras, Chercheure, spécialisée des problématiques du genre de l'immigration marocaine aux Pays-Bas. Membre du CCME et du groupe « Approche genre et nouvelles générations ».
                        • Mme Jacqueline Loghlam, Zakia Daoud, Fondation Lamalif, écrivaine et romancière.


                        Allocutions de clôture

                        • Mme Souheir Belhacen, Présidente de la fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).
                        • Mme Nouzha Skalli, Ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité.
                        • M. Jamal Rhmani, Ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle.
                        • M. Driss El Yazami, Président du CCME.

                         


                        Activités en parallèle à la rencontre


                         

                        Vendredi 19 décembre 2009


                        18h00- 19h00 : Célébration du 18 décembre, journée internationale du travailleur migrant.

                        • M. Driss El Yazami, Président du CCME.
                        • M. Hamid El Jamri, membre du CCME et président du comité des Nations Unies sur la protection des droits des migrants.
                        • M. Johannes Vanderkl, coordonnateur de la thématique migration au Maroc pour les Nations Unies.
                        • Mme Naima Senhadji, administratrice des programmes du Bureau International  de Travail, Plan d'action du BIT pour les travailleurs et travailleuses migrants.
                        • M. Stéphane Rostiaux, chef de la mission de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Maroc.


                         

                        Soirée du 19 décembre 2008

                        Soirée avec la troupe de musique Al Ikhlas, groupe des femmes de Tétouan dirigé par Madame Assri Wafaa.


                         

                        Soirée du 20 décembre 2008

                        Dîner-Gala consacré aux diverses expressions musicales amazighes



                         

                        Et pendant toute la durée de la rencontre

                        • Exposition de peinture, avec le concours de l'Association 1200ème anniversaire de la Fondation de Fès et des galeries Nadar et Marsam. Cette exposition met en scène des tableaux de femmes peintres : Malika Agueznay ; Bouchara Benyezza ; Noufissa Benjelloun ; Rabéa Echahed ; Fatna Gbouri ; Meriem Laalaj ; Ahlame Lemseffar, Meriem Meziane ; Waffa Mezouar ; Fatéma Nejm ; Nawal Sekkat ; Fatiha Zemmouri.
                        • Un espace documentaire ;
                        • Une librairie ;
                        • Un espace audio-vidéo qui permettra à tous les participants de découvrir ou de redécouvrir des films en lien avec les femmes marocaines d'ici et d'ailleurs. C'est ainsi que des films documentaires ont été choisis tels que :
                        • Yamina Benguigui, France, film documentaire, Mémoires d'immigrés, paroles de femmes : les Mères ;
                        • Izza Génini, France-Maroc, film documentaire, Aïta ;
                        • Meriam Chadid, astronome, France, Les pionnières ;
                        • Rachid Chafai El Alaoui, Royaume-Uni, film documentaire en partenariat avec Al-Hasaniya Moroccan Women Centre-UK, Héroïnes inconnues ;
                        • Fondation CIMME (Centro internacional medico para migrantes y extranjeros), documentaire, Saisonnières à Huelva / Andalucia ;
                        • Ministère du développement social, de la famille et de la solidarité, Maroc, documentaire, Le Maroc en marche vers l'égalité.

                         

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                        Femmes et Migrations - Quelques points de repère


                        Une mondialisation continue
                        Longtemps polarisée sur quelques pays du nord-ouest européen (en particulier la France, mais aussi la Belgique, les Pays-Bas et dans une moindre mesure l'Allemagne), l'émigration marocaine a connu une croissance démographique soutenue alors même que les pays d'Europe occidentale suspendaient au milieu des années 1970 l'immigration de travail. Parallèlement, le taux d'instruction et de qualification des émigrants est de plus en plus élevé et la base sociale de cette émigration n'a cessé de s'étendre, touchant aujourd'hui l'ensemble des couches sociales et des régions du Royaume. Cette généralisation de l'émigration va de pair avec une globalisation en termes de destinations. Généralisée et globalisée, l'immigration connaît un processus de sédentarisation largement avancé. Les Marocains constituent aujourd'hui une des premières communautés immigrées en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie et en Espagne. Dans ces deux derniers pays, les Marocains constituent désormais la première communauté étrangère.


                        Le regroupement familial : la première vague de féminisation
                        Jusqu'à la fin des années 1960/début des années 1970, les immigrés marocains en Europe sont majoritairement des hommes seuls, jeunes et célibataires. Selon l'Enquête sur les Marocains Résidant à l'Étranger réalisée en 2000, 78% environ des émigrants avaient moins de 30 ans au moment du départ et 65% étaient célibataires. Aujourd'hui, plus de 90% d'entre eux ont 30 ans et plus, et plus de 86% sont mariés. Alors que 90% partaient seuls à l'étranger, près de 65% vivent aujourd'hui en couple avec enfants.
                        En raison du développement du regroupement familial, l'immigration connaît des transformations sociales et démographiques avec trois évolutions fondamentales : le vieillissement des premières générations, la féminisation et le rajeunissement, avec l'émergence des générations nées et socialisées ailleurs qu'au Maroc. Conséquence des vagues successives de regroupement familial, la structure par sexe et par âge devient plus équilibrée et le taux d'activité des hommes a tendance à baisser alors que celui des femmes s'affirme, y compris pour les femmes peu qualifiées. En France, en Belgique et aux Pays-Bas, les femmes représentent désormais 47% de la population migrante ; 33% et 30% en Espagne et en Italie. C'est également le cas dans les pays arabes.

                         

                        La deuxième vague de féminisation
                        Aujourd'hui encore, et en dépit du durcissement des législations, les migrations familiales continuent d'être la source principale de développement de l'immigration dans les pays européens, aux Etats-Unis et au Canada. Néanmoins, les femmes forment désormais un groupe à part entière et leur émigration n'est plus dépendante du seul mari. Des femmes célibataires, divorcées, voire mariées partent de plus en plus nombreuses. Ce phénomène, universel et commun à tous les grands pays d'émigration, n'épargne pas le Maroc. Les Marocaines émigrées sont de plus en plus présentes sur le marché de l'emploi avec des taux variables, entre 45 % en France et 14% en Espagne pour les femmes âgées de 25 à 50 ans.
                        Ce développement de la migration féminine s'explique bien évidemment par la forte demande des pays riches en emplois réservés traditionnellement aux femmes (travail domestique, nettoyage, soins aux personnes âgées, travaux saisonniers, notamment dans l'agriculture,...) et les expose plus que les autres catégories de migrants aux violences et aux discriminations. Mais ce ne sont pas là les seuls moteurs du développement de l'émigration féminine. De plus en plus de femmes plus ou moins qualifiées, pourtant insérées dans le marché du travail national, prennent la décision d'émigrer, en exploitant toutes les possibilités offertes par la mondialisation.

                         

                        Autonomie et changements sociaux
                        Ces évolutions, encore trop peu étudiées, révèlent les processus d'émancipation qui sont à l'œuvre dans la société marocaine, où de plus de plus de femmes agissent comme des acteurs autonomes de leur projet de vie. Leur parcours migratoire révèle ainsi et renforce la transformation des rôles traditionnellement assignés aux deux sexes : des femmes, de plus en plus nombreuses, se retrouvent dans la situation de chefs de familles, émigrant seules et organisant après l'arrivée de leurs familles dans le cadre du regroupement familial, ou prenant en charge celles qui sont restées au Maroc. Les études menées au niveau international sur les migrations féminines (FNUAP, 2006) montrent que les femmes émigrées envoient généralement plus d'argent aux familles restées au pays, de manière plus régulière et ont une plus grande propension à affecter ces ressources à l'éducation des enfants. Elles sont globalement plus engagées dans le développement local. « Les enquêtes sociologiques qui ont été réalisées au Maroc montrent leur rôle méconnu d'agent social et culturel, qu'il s'agisse de l'évolution des pratiques alimentaires et vestimentaires, de l'usage social de l'espace privé et public, comme des comportements en matière de fécondité » (Gildas Simon, l'Atlas des migrations, 2008).


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                        Organe consultatif et prospectif destiné à émettre des avis à Sa Majesté le Roi concernant les questions d'émigration, le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME) a pour vocation de mettre en place les mécanismes nécessaires pour assurer une participation accrue des Marocains résidant à l'Etranger dans la vie politique, socio-économique et culturelle de leur pays d'origine.

                         

                        Le CCME a fait de la problématique religieuse une de ses priorités, notamment à travers la mise sur pied d'un groupe de travail « cultes et éducation religieuse ». Véritable thème d'intérêt pour l'opinion publique en Europe, l'islam apparaît en effet de plus en plus comme un élément constitutif de l'identité européenne. L'islam interpelle l'Europe et à l'inverse, la société européenne interpelle aussi l'islam.

                         

                        Dans son souci d'approfondir le débat sur le culte musulman en Europe, le CCME organise, sous le Haut Patronage de sa Majesté le Roi Mohamed VI, un Colloque international intitulé « Statut juridique de l'islam en Europe » les 14 et 15 Mars 2009 à Fès. Le colloque rassemblera des chercheurs et des juristes marocains et étrangers spécialisés en la matière ainsi que plusieurs représentants politiques et acteurs culturels et sociaux qui aborderont les divers aspects législatifs et sociaux associés à la pratique du culte musulman en Europe.

                         

                        Une présentation de la problématique soulevée par le statut juridique de l'islam en Europe viendra en introduction du colloque, dont les travaux s'articuleront en second lieu autour des axes suivants : les législations européennes et la liberté de culte, les législations européennes et les spécificités du culte musulman, les politiques publiques et le culte musulman et enfin l'organisation du culte musulman en Europe. Une table ronde sur la gestion de l'islam dans la cité, animée par les Maires de quelques villes européennes sera également organisée dans le cadre de ce colloque. Les intervenants y débattront et confronteront leurs expériences en matière de gestion du culte musulman dans leur cité.

                         

                        Le CCME souhaite faire de cette première rencontre un forum de dialogue et d'échanges d'expériences permettant d'établir un premier état des lieux de la situation juridique du culte musulman au sein des pays européens marqués par une « laïcité culturelle », de porter un regard croisé sur leurs expériences et d'analyser les avancées, les défis et les contraintes en la matière.

                         

                        Télécharger le communiqué

                        • Massimo Vari, juriste, professeur, président de section de la cour des comptes, ancien vice-président de la Cour constitutionnelle italienne, Rome, Italie.
                        • Francis Messner, juriste, directeur de recherches au CNRS, Strasbourg, France.
                        • Stéphane Papi, juriste, chercheur associé au CNRS, Aix-en-Provence, France.
                        • José Maria Contreras Mazario, Directeur Général des relations avec les confessions, Ministère de la Justice, Madrid, Espagne.
                        • Laurent Touvet, conseiller d'Etat, Directeur des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur, Paris, France.
                        • Alain Garay, juriste chargé de cours à la faculté de droit et science politique d'Aix-Marseille III, Paris, France.
                        • Jaime Rossell Granados, professeur de droit ecclésiastique, Caseres, Espagne.
                        • Ruud Peters, professeur de droit musulman, Amsterdam, Pays-Bas.
                        • Francesco Zannini, professeur à l'Institut pontifical des études arabes et islamiques, Rome, Italie.
                        • Felice Dassetto, professeur émérite, Louvain-la-Neuve, Belgique.
                        • Mathias Rohe, juriste, spécialiste de l'Islam, Nuremberg, Allemagne.
                        • Muhammad Habibur Rahman, universitaire, Londres, Royaume-Uni.
                        • Franck Frégosi, chercheur au PRISME CNRS, Strasbourg, France.
                        • Françoise Lorcerie, Directrice de recherche au CNRS, Aix-en-Provence, France.
                        • Peter van Koningsveld, professeur d'Histoire de l'Islam en Europe de l'Ouest, Pays-Bas.
                        • Catherine Wihtol de Wenden, Directrice de recherches au CNRS, Paris, France.
                        • Heidrun Tempel, Déléguée du Ministre Fédéral des Affaires étrangères au dialogue interculturel, Berlin, Allemagne.
                        • Salah Echallaoui, inspecteur de l'enseignement religieux, Bruxelles, Belgique.
                        • Jacques Rifflet, spécialiste des questions juridiques, politiques, Bruxelles, Belgique.
                        • Ivan Jimenez-Aybar, Docteur en droit, spécialiste de l'Islam, Saragosse, Espagne.
                        • Mohamed Moussaoui, Président du CFCM, Paris, France.
                        • Vaughan Jones, chef exécutif de PRAXIS, Londres, Royaume-Uni.
                        • Michel Tubiana, président d'honneur de la ligue des droits de l'Homme, France.
                        • José Maria Ferré de la Peňa, Ambassadeur en mission spéciale au Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération, Madrid, Espagne.
                        • Birgit Simon, Maire d'Offenbach, Offenbach, Allemagne.
                        • Roland Ries, Maire de Strasbourg, Strasbourg, France.
                        • Marie-Françoise Duthu, Maître de conférences à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Paris, France.
                        • José Manuel López Rodrigo, directeur de la Fondation Pluralismo y Convivencia, Madrid, Espagne.
                        • Marco Pieroni, professeur, spécialiste du droit et de l'islam, Rome, Italie.


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