Par un décret daté du 11 octobre dernier, le ministre place sous tutelle à compter du 1er janvier 2012 les organismes offrant aux migrants des formations en français langue étrangère. Pour continuer d’agir auprès des sans-papiers, ils devront dorénavant obtenir un label délivré par la place Beauvau, qui souhaite aussi la création d’un master de formation dans les facs intitulés « français langue d’intégration ». Ou plutôt « Flic », pour « français langue d’étrangère controlée », ont ironisé plus de soixante-dix universitaires, qui ont dénoncé, dans une pétition diffusée hier, le contrôle accru du ministère de l’Intérieur sur le contenu des formations en français langues étrangères (FLE), délivrées par les universités. Une mesure prise sans aucun doute pour s’assurer que la hausse du niveau de français imposée à la mi-octobre pour obtenir la naturalisation à un seuil très élevé (note B1 au regard du barème européen des langues) soit bien suivie d’effet, à savoir une plus grande limitation de l’immigration légale.
Non content de créer un diplôme de « français langue d’intégration » qui « ne correspond à aucune catégorie scientifique », le ministère de l’Intérieur envoie le message que « l’on apprend une langue uniquement pour avoir des papiers , regrette Catherine Carlo, du département FLE à l’université Paris-VIII de Saint-Denis, et signataire de la pétition. On n’apprend pas le français pour se mettre dans le rail ni parce que l’on a une kalachnikov dans le dos ! » Ancienne chargée de formation à la Cimade et doctorante à Paris-III, Véronique Laurens craint que le ministère, en imposant ce label, « prive de financement certains organismes de formation pourtant essentiels sur certains territoires ».
10/11/2011, Pierre Duquesne
Source : L’Humanité