dimanche 24 novembre 2024 01:44

Les diplômés étrangers devront payer plus pour travailler

Les étudiants étrangers n'avaient pas été ménagés en 2011, 2012 ne s’annonce guère mieux. Fin décembre, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant paraissait reculer un peu sur la très contestée circulaire du 31 mai, dans laquelle lui et son collègue du Travail Xavier Bertrand demandaient aux préfets d’être encore plus tatillons dans l'examen des dossiers des étudiants étrangers souhaitant passer au statut de salarié. Et voilà que quelques phrases glissées au milieu de la loi de finances 2012 viennent remettre de l'huile sur le feu : les étudiants étrangers diplômés qui souhaitent entamer une carrière professionnelle en France devront payer plus cher pour obtenir leurs papiers.

Le passage en cause est un peu abscons. «L'étranger titulaire de la carte de séjour portant la mention : "étudiant” ou "stagiaire” qui se voit délivrer une carte de séjour à un autre titre acquitte le montant de la taxe prévue pour la délivrance d'un premier titre de séjour, mentionnée au A», est-il écrit à l'article 62.

En clair, à compter de ce 1er janvier, un jeune diplômé étranger demandant une carte de séjour «salarié» paiera plein pot la taxe due à l'Office français de l'immigration et de l'intégration : entre 200 et 385 euros, soit le régime «commun». Jusqu'à présent, il fallait payer autour de 85 euros – les étudiants bénéficiant d'une réduction au titre d'un régime dérogatoire.

Pour les étrangers qui demandent un titre de séjour pour étudier en France, ou qui renouvellent leur titre de séjour étudiant, la taxe due, aujourd'hui comprise dans une fourchette de 55 à 70 euros, n'augmente «que» de trois euros.

«C’est une bombe pour les étudiants et diplômés étrangers», dénonce Fatma Chouaieb, l'une des porte-parole du Collectif du 31 mai, créé par des diplômés étrangers pour réclamer le retrait de la circulaire Guéant et dénoncer le parcours du combattant en préfecture. «Au moment où le ministère paraissait donner un signal plutôt optimiste en amorçant un recul sur la circulaire du 31 mai, voilà qui est pour le moins incohérent.»

«Massacrer les conditions d'accueil»

«C'est une mesure de plus pour décourager, cette fois fiscalement, les diplômés étrangers à poursuivre leur carrière en France, dans la droite ligne de la circulaire du 31 mai», déplore aussi Vincent Chauvet, également membre du Collectif du 31 mai, diplômé de Sciences po et militant au Modem, qui a repéré l'affaire et s'en est ému dans une tribune publiée vendredi dans Les Echos.

A la Fage, deuxième organisation étudiante, on dénonce aussi cette disposition «perdue dans les méandres de la loi de finances». «Pour les étudiants diplômés souhaitant basculer au statut de salarié, c'est une augmentation très substantielle. Entre la circulaire du 31 mai, le relèvement des ressources demandées pour étudier en France [depuis un décret de septembre, il faut pouvoir justifier de 7 680 euros de ressources annuelles contre 5 400 en 2010, ndlr], et cette hausse, le gouvernement semble bien chercher à massacrer les conditions d'accueil des étudiants et diplômés étrangers en France», commente Thibaut Servant, vice-président en charge des Affaires sociales à la Fage.

Quant à la fameuse circulaire du 31 mai, Claude Guéant a promis une nouvelle mouture après une réunion «dans les premiers jours de janvier» entre les ministères concernés et des organisations de l’enseignement supérieur.

2/1/2012, CORDÉLIA BONAL

Source : Libération

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