Le gouvernement français a décidé d'assouplir la délivrance des titres de séjour aux diplômés étrangers "hautement qualifiés" pour faciliter leur accès au marché du travail, dans une tentative de mettre fin à la polémique suscitée depuis des semaines en France, au sujet d'une circulaire du ministère de l'Intérieur jugée dissuasive.
Afin de "dissiper tout malentendu", une circulaire "complémentaire" sera adressée aux préfets "dès la semaine prochaine", donnant les orientations applicables à "la situation spécifique des diplômés étrangers hautement qualifiés, de niveau au moins égal au master 2 (bac+5), qui souhaitent acquérir en France une première expérience professionnelle, conformément à la loi en vigueur", a annoncé le ministère français de l'Intérieur dans un communiqué publié jeudi.
Cette décision intervient à l'issue d'une réunion entre les ministres français de l'Intérieur, Claude Guéant, de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, et du Travail Xavier Bertrand, avec les principaux responsables des universités et des grandes écoles françaises, pour faire le point sur la question de l'accès des ressortissants étrangers récemment diplômés au marché du travail français.
Celle-ci avait été convoquée fin décembre après une rencontre entre le président français Nicolas Sarkozy et son ministre de l'intérieur Claude Guéant qui a été à l'origine de la publication le 31 mai dernier de la circulaire controversée, provoquant la grogne chez la communauté estudiantine et universitaire qui dénonce cette initiative visant à fermer le marché de l'emploi à des étudiants étrangers en fin de cycle et ayant eu des promesses d'embauche par des entreprises françaises.
Les ministres concernés ont tenu à préciser que la circulaire en question porte "une instruction générale sur la politique d'immigration professionnelle, qui rappelle et commente le droit en vigueur sur ce sujet", assurant qu'elle "n'aborde que succinctement la situation des étrangers récemment diplômés".
A travers leur circulaire complémentaire, ils invitent les préfets à faire en sorte que "la nécessaire maîtrise de l'immigration professionnelle ne se fasse pas au détriment de l'attractivité du système d'enseignement supérieur, ni des besoins de certaines des entreprises françaises en compétences spécifiques de haut niveau".
Le texte précisera "explicitement" que "la connaissance approfondie d'un pays ou d'une culture étrangère peut constituer une compétence spécifique recherchée, par exemple pour la conquête d'un nouveau marché", soulignent les ministres français.
Ces instructions complémentaires devront réaffirmer, selon eux, les principes de la politique d'accueil des étudiants étrangers en France qui reste "un pays ouvert".
Quelque 58.419 étudiants venant de pays non-européens ont été accueillis par la France au cours des onze premiers mois de l'année 2011, contre 50.656 en 2009, selon les chiffres du ministère français de l'Intérieur qui estime à 26 pc l'augmentation du nombre de changements de statut en 2011.
Rassemblés au sein d'un collectif dit "du 31 mai", les étudiants concernés jugent insuffisantes les instructions annoncées eu égard à l'ampleur des mesures de plus en plus dissuasives qu'ils subissent depuis quelques mois.
Pour résider en France, ils doivent en effet, depuis le 6 septembre, justifier d'un revenu de 620 euros par mois, contre 460 euros précédemment.
De plus, depuis le 1er janvier, une nouvelle taxe sur les titres de séjour est entrée en vigueur, allant de 280 à 385 euros, contre 55 à 70 euros auparavant.
Le collectif du 31 mai compte organiser mardi une séance de parrainage des étudiants étrangers par des personnalités publiques, alors qu'une centaine de personnalités, dont le prix Nobel de Physique Albert Fert, s'étaient déjà mobilisées en leur faveur en lançant une pétition demandant "le retrait" de la circulaire Guéant qu'ils jugent "moralement méprisable, économiquement suicidaire".
Les signataires s'étaient engagés à "parrainer les diplômés étrangers en les aidant concrètement dans leurs démarches dans les préfectures" et à les "protéger" pour qu'ils puissent rester en France, convaincus que "la matière grise est de toutes les couleurs".
5/1/2012
Source : MAP