dimanche 24 novembre 2024 01:59

Le soutien du Qatar aux jeunes des quartiers embarrasse Lille

 Un courrier de l'ambassadeur du Qatar est arrivé au cabinet de Martine Aubry en décembre ... , afin de connaître les éventuels lauréats d'un prix Richesse dans la diversité (accompagné d'un chèque de 2 000 E). L'émirat adresse régulièrement cette demande aux mairies françaises.

Mais Lille hésite. « Nous préférons ne pas nous en mêler », indique le cabinet du maire. Une sorte d'embarras est palpable. En cause : des questions sur la nature de ce soutien aux quartiers.

Dans une ville de gauche, où l'on prône les valeurs de la laïcité, où l'on s'est péniblement sorti de l'ornière des horaires de piscine réservés aux femmes à Lille-Sud, un coup de pouce partisan du Qatar est-il recevable ? « Pourquoi nous donner des sous, parce qu'on est arabes ? », s'interroge un directeur d'association. « Pourquoi le Qatar choisit-il la France et les quartiers sensibles où se trouvent surtout des populations d'origine étrangère ? Des enjeux politiques finiraient-ils par émerger ? », interroge un président de club sportif. Dans les quartiers Politique de la ville, dont les crédits sont modestes, remis en cause, les fonds étrangers du Qatar peuvent-ils se substituer à l'État ?

« Pas un compagnon de route »

La suspicion est forte, d'autant que, dans le même temps, l'émirat a annoncé la création d'un fonds d'investissements de 50 ME pour les banlieues françaises, sans décrire les critères d'attribution. « Le but est de rétablir l'égalité là où des jeunes sont victimes de discrimination. Trop de banques ferment la porte aux porteurs de projets », répond Kamel Hamza, élu UMP de La Courneuve qui a soufflé l'idée au Qatar et président de l'Association nationale des élus de la diversité, se défendant de tout communautarisme. Pour l'UMP Christian Decocq, « ceci n'est pas habituel par rapport à nos pratiques républicaines et laïques. Le Qatar est un État théocratique, on n'a pas à en faire un compagnon de route. » Le Qatar lorgne aussi sur Euratechnologies. Mais là, cela flatte plus que cela n'embarrasse. « La ville n'ira jamais faire un marché parce qu'il y a de l'argent à prendre, répond le premier adjoint Pierre de Saintignon. Mais on ne ferme la porte à personne. Il ne se passe pas deux semaines sans qu'un groupement étranger vienne vers nous. Sur le Qatar, je ne suis pas contre l'idée que des gens de l'étranger, dans la diversité, s'intéressent à Lille ! » Des négociations, il y a trois ans, n'avaient pas abouti. Mais l'émirat ne s'interdira pas de revenir. • ST. F.

16.01.2012

Source : La Voix du Nord

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