La Libye et l'Italie ont signé samedi un nouveau pacte devant servir de "cadre politique" à leurs relations après la chute de Mouammar Kadhafi, à l'occasion de la première visite du chef du gouvernement italien Mario Monti à Tripoli.
La "déclaration de Tripoli" vise à "ouvrir de nouveaux horizons pour la coopération" entre les deux pays, à "renforcer leur amitié et leur coopération dans le cadre d'une nouvelle vision des relations bilatérales (...) et dans le respect de la souveraineté nationale", selon le texte de l'accord obtenu par l'AFP.
D'après une source diplomatique italienne, il s'agit d'un "cadre politique" destiné à définir les relations entre les deux pays après la chute de l'ancien régime libyen.
Pour sa première visite en Libye, M. Monti est arrivé à la tête d'une importante délégation, comprenant ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense ainsi que le patron du géant pétrolier italien ENI, Paolo Scaroni.
Ce dernier a indiqué que la compagnie était presque revenue à son niveau de production d'avant-guerre en Libye, avec 270.000 barils par jour actuellement contre 280.000 avant la révolution.
L'Italie, ancienne puissance coloniale en Libye, est le premier partenaire commercial du pays.
"La relation amicale entre l'Italie et la Libye restera comme elle est, nous essaierons même de trouver des moyens pour l'approfondir", a déclaré le Premier ministre libyen Abdel Rahim al-Kib lors d'une conférence de presse conjointe.
"L'Italie est un partenaire important, qui a eu un rôle essentiel dans l'économie libyenne. Nous croyons que la relation entre la Libye et l'Italie ne peut être que forte, tant que nous sommes d'accord sur le fait qu'elle respecte la souveraineté nationale et les accords internationaux", a-t-il ajouté.
M. Monti a pour sa part affirmé que son pays était prêt à assister la Libye dans "sa reconstruction et sa stabilisation démocratique".
Il s'agit "de ne pas considérer la Libye seulement comme un marché" mais d'oeuvrer "à une collaboration véritablement réciproque", a-t-il ajouté.
"Nous sommes prêts à réactiver notre coopération dans la lutte contre l'immigration illégale", a-t-il ajouté.
M. al-Kib a précisé qu'une lettre d'intention avait été signée entre les deux pays, selon laquelle l'Italie aidera la Libye à protéger ses frontières.
En signe de bonne entente, M. Monti a remis à son homologue libyen une tête de statue romaine datant du 1er siècle après J-C, volée à Sabratha, un site archéologique situé à l'ouest de Tripoli, et retrouvée selon lui par la police italienne.
Il n'était pas clair dans l'immédiat si la "déclaration de Tripoli" va remplacer le traité d'amitié signé en 2008 entre le colonel Kadhafi et le chef du gouvernement italien de l'époque, Silvio Berlusconi.
"Nous l'avons laissé de côté", a dit à l'AFP M. al-Kib après la conférence de presse, en réponse à une question sur le sort du traité d'amitié, suspendu fin février après l'insurrection en Libye.
"L'un des articles du traité dit qu'il est possible de (le) réexaminer. La Libye a changé. Une seule personne a signé le traité", a-t-il ajouté, en référence à Mouammar Kadhafi, tué en octobre.
Le traité prévoyait des investissements italiens en Libye de 5 milliards de dollars en compensation de la période coloniale, dont la construction, pour environ 3 milliards de dollars, d'une autoroute littorale de 1.700 km.
En contrepartie, le régime de Tripoli s'était engagé à limiter l'immigration clandestine depuis ses côtes. Le traité, qui permettait également le refoulement en Libye des migrants partis de ce pays, avait conduit à une chute de 94% de l'immigration illégale vers le sud de l'Italie.
En décembre, la Libye avait exprimé des réserves sur "certains points" du traité.
Par ailleurs, à Benghazi (est), des inconnus ont jeté une grenade artisanale sur les locaux du Conseil national de transition (CNT) sans faire de dégâts ou de victimes.
21/01/2012
Source : AFPF