jeudi 4 juillet 2024 08:28

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Le FIDH s'inquiète des conditions de travail des saisonnières agricoles marocaines en Andalousie

La Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH), basée à Paris, a dénoncé les conditions de travail et de vie des femmes marocaines travaillant comme saisonnières dans des plantations agricoles dans le sud de l'Espagne, notamment à la cueillette des fraises à Huelva.

Recrutées au Maroc "selon des critères discriminatoires", ces milliers de femmes se trouvent totalement dépendantes de leur employeur sans lequel elles ne pourront revenir pour une autre saison en Espagne, souligne la FIDH dans un rapport sur les "conditions de travail dans les plantations de fraises à Huelva", publié jeudi.

Le nombre des travailleuses marocaines n'a cessé d'augmenter passant de 200 en 2001 à 13.700 en 2008, année où il fut annoncé qu'on arrêterait les contrats pour cause de sous-emploi national, dû à la crise. Quelque 5.427 travailleuses marocaines ont été recrutées pour la campagne 2010-2011.

Avec l'entrée dans l'UE de la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie, le recrutement à la source ne concerne désormais que des travailleuses marocaines.

La FIDH fustige les "critères d'embauche discriminatoires" qui président à leur recrutement, car ils sous-entendent que "l''idée que les femmes sont plus travailleuses et créent moins de problèmes".

"Dans le cas des travailleuses des fraises, cette situation est aggravée par des critères de sélection sexistes et paternalistes (selon lesquels choisir des femmes avec des enfants en bas âge est une garantie qu'elles retourneront chez elles), qui aboutit à dévoyer et bafouer le droit à une vie familiale pour faire de la volonté légitime de vivre en famille un instrument de pression contre les migrantes", souligne l'ONG.

De ce fait, le choix des femmes de 18 à 45 ans veuves, divorcées ou mariées avec des enfants de moins de 14 ans à charge et l'exclusion des célibataires, constitue selon l'ONG "une violation de la liberté de circulation des femmes".

Elle constate aussi que plusieurs de ces femmes sont privées de copie du contrat de travail et se voient confisquer le passeport par le propriétaire, sous prétexte qu'elles risquent de le perdre, un fait qualifié de "restriction à la liberté de mouvement" par la FIDH.
L'Organisation fait également état de l'éloignement des logements de ces travailleuses des municipalités, de problèmes psycho-sociaux de ces femmes, d'une sous-rémunération des heures supplémentaires et de l'absence de représentation syndicale dans les plantations.

En outre, ajoute-elle, le contrat de travail n'incluant pas de date de fin, celui-ci peut être interrompu à tout moment et les travailleuses recrutées à la source renvoyées dans leur pays, leur droit de séjour étant lié au contrat de travail.

Dans ce document intitulé "Main-d'oeuvre importée pour fraises exportées", la Fédération fustige les limites du système de la "contratacion en origen" (recrutement à la source) mis en place pour subvenir aux besoins en main d'oeuvre agricole temporaire du pays.

Ce système consiste à recruter dans leur pays d'origine quelques milliers de personnes qui seront convoyées puis répartis dans les plantations où elles travailleront jusqu'à la fin de la saison de la fraise, s'engageant à revenir dans leur pays dès la fin de leur contrat.

"Conjugué à un cadre juridique peu protecteur pour les travailleurs agricoles saisonniers en Andalousie, ce système induit des atteintes aux droits des travailleurs", constate la FIDH qui a dépêché une mission sur place en mai 2011.

Pour ce qui concerne l'ensemble des travailleurs, la fédération indique qu'"il n'existe pas de garantie de revenu minimal", les jours non travaillés n'étant pas rémunérés. Or, soutient-elle, les journées non travaillées "sont de fait nombreuses, la récolte de la fraise étant soumise aux aléas climatiques, et la main-d'oeuvre présente sur place souvent très abondante par rapport aux besoins moyens pendant la saison".

Par ailleurs, ajoute-t-elle, les règles de représentation syndicale "empêchent tout type de représentation des saisonniers agricoles qui ne peuvent quasiment jamais répondre aux conditions d'ancienneté requises".

La mission a pu constater que les conditions de logement (réservé en général aux travailleurs migrants) sont "très variables", un problème récurrent étant leur éloignement des centres urbains et l'absence de système de transport.

La FIDH recommande aux autorités espagnoles d'intensifier les inspections du travail et d'offrir un meilleur accompagnement social des migrants afin de renforcer la protection des travailleurs saisonniers agricoles, ainsi que de faciliter la possibilité pour ceux-ci d'obtenir des cartes de séjour permanent et de faire venir leur famille.

Elle recommande notamment aux autorités chargées de superviser l'embauche des saisonniers d'inclure les syndicats dans le recrutement au Maroc et dans le suivi de la mise en oeuvre de l'accord avec l'Espagne.

Finalement, la FIDH demande aux exploitants et aux acheteurs, en particulier les entreprises de la grande distribution, de veiller au respect des droits de l'Homme par leurs fournisseurs. Consulter le rapport intégral

26/1/2012

Source : MAP

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