jeudi 4 juillet 2024 08:30

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Les candidats à la naturalisation à l'épreuve du test de français

Depuis le 1er janvier 2012, les étrangers désireux d'acquérir la nationalité française doivent justifier d'une expression orale équivalente au niveau du brevet des collèges. Les épreuves, encore en rodage, sont parfois mal acceptées par les résidents étrangers de longue date ou ceux issus de pays dont la langue officielle est le français. Les files d'attentes s'allongent dans
les centres d'examen.
« Qu'est-ce que vous prenez au petit déjeuner ? Réponse A : à sept heures et demie ; réponse B : au café près de chez moi ; réponse C : toujours en famille ; réponse D : un thé et un croissant. » C'est à ce genre de questions à choix multiples (QCM) que 80 candidats à la naturalisation sont invités à plancher ce matin à l'école de langue Accord, dans le 9e arrondissement de Paris. Ce centre d'examen propose deux des quatre tests agréés par l'État en vue d'accéder à la nationalité française. Le « test de connaissance du français » (TCF) du Centre international d'études pédagogiques et le « test d'évaluation du français » (TEF) de la chambre de commerce et d'industrie de Paris. Ils sont facturés entre 85 € et 120 € aux postulants. L'examen, en deux parties, comporte une épreuve de compréhension orale et un
entretien avec un examinateur visant à mesurer la capacité à communiquer.
Pas de difficulté particulière au sortir du TCF pour Idris. Ce réfugié politique ivoirien, en France depuis un an, approuve l'exercice obligatoire. « C'est tout à fait normal d'être évalué.
Quand on veut vivre et s'intégrer dans un pays, il faut connaître sa langue, c'est le minimum », déclare ce francophone, qui estime en revanche que les questions s'enchaînent trop rapidement. Akdach, technico-commercial de 43 ans, a pris sa journée pour décrocher le précieux sésame. Cet Algérien, qui a quitté son pays il y a maintenant dix ans, adhère au principe du test, avec quelques bémols. « Quand un homme a connu un long parcours dans le monde du travail, qu'il vit dans son logement, qu'il sait remplir ses feuilles d'impôt, et qu'on lui demande s'il a l'instrument fondamental ou pas pour s'intégrer, je trouve cela un peu tardif », souligne-t-il sans aucun accent.
Le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, pour justifier la publication du décret imposant cette condition, avait estimé qu'un million d'étrangers présents sur le territoire national ne parlent pas le français. Mais c'est rarement le cas pour les prétendants à la naturalisation. En moyenne, les étrangers qui souhaitent devenir français peuvent justifier de huit ans de présence sur le territoire. Et sont donc souvent à l'aise dans la langue de Molière. Il y a toutefois des exceptions. Kalte, assise un peu à part des autres dans l'attente de l'épreuve orale, ne se fait pas beaucoup d'illusions sur l'issue du test. « J'ai compris un peu mais pas beaucoup », explique cette mère malienne de sept enfants, employée à l'aéroport de Roissy, en France depuis trente ans. Il lui était très difficile d'écouter les situations mises en scène dans le CD, de lire les questions posées, puis de cocher sa grille de réponse dans le temps imparti.
Cette année, les centres d'examen auront à absorber la demande d'environ 130 000 prétendants à la naturalisation. Les files d'attente s'allongent progressivement depuis la parution du décret. Les inscriptions au TEF, possibles dans un réseau de 120 centres d'examens en France, sont déjà bouclées jusqu'en mars. « Nous faisons le maximum pour accueillir les candidats dans les meilleures conditions. Nous savons qu'il y a de très forts enjeux pour eux, c'est pourquoi chaque évaluation est précédée d'une prise en main du test, avec une question “pour de faux” », assure Frank Desroches, responsable du Centre de langue française. Pour l'heure, environ 80 % des personnes atteignent le niveau requis.
De son côté, le Centre international d'études pédagogiques entend faire passer plus de 30 000 TCF en 2012.
Durant tout le mois de décembre, l'établissement public a croulé sous les appels téléphoniques. « Nous avons été obligés d'informer les candidats sur la marche à suivre, un peu à la place des préfectures », note Marie Rousse, responsable du TCF, répandu dans plus de 100 centres de langues dans l'Hexagone. La linguiste admet que des ajustements restent à faire, après avoir observé le déroulement des premières épreuves : « C'est un public nouveau pour nous, qui n'est parfois pas habitué à ce genre de test. Notamment, il faudra sans doute faire laisser davantage de temps pour s'assurer que tout le monde puisse répondre. »
31/1/2012, JEAN-BAPTISTE FRAN
Source : La Croix

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