Petit pays richissime devenu célèbre en France après des investissements très médiatisés, le Qatar suscite des ambitions chez un certain nombre de jeunes Français, d'origine maghrébine, qui pensent pouvoir se faire facilement une place dans ce nouvel eldorado.
En décembre, l'ambassadeur du Qatar à Paris avait fait sensation en annonçant la création d'un fonds d'investissement de 50 millions d'euros pour financer des projets économiques d'habitants de banlieues défavorisées.
Depuis, l'Association nationale des élus locaux pour la diversité (Aneld), des jeunes élus originaires du Maghreb chargés de recueillir les dossiers, a reçu plusieurs centaines de CV. Parmi eux, des dizaines de candidats à l'expatriation.
"Ce sont des diplô més bac+5/bac+6, plutô t des ingénieurs qui souhaitent travailler dans les domaines de la finance ou de l'informatique, par exemple. Une partie est issue de l'immigration", décrit un responsable de l'Aneld.
Fayçal Beddiaf, 24 ans, originaire d'un quartier populaire de Nanterre à l'ouest de Paris, a directement envoyé son CV à l'ambassade du Qatar en France.
"C'est un pays en pleine expansion. Je connais des gens qui sont partis là-bas, ils disent que ça recrute beaucoup et que c'est possible d'évoluer rapidement", raconte-t-il.
A l'inverse, "la finance de marché, en France, ça ne recrute pas du tout", déplore ce diplômé d'une école de commerce.
Le Qatar est devenu ces dernières années un partenaire politique, économique, financier et militaire privilégié de la France. Sa visibilité s'est accrue avec le rachat spectaculaire en juin dernier du club de football du Paris Saint-Germain (PSG), leader actuel du championnat français.
"Le Golfe, c'est là où il y a l'argent, il faut être clair. C'est là où il faut se positionner", estime Oualid Djella, un autre jeune diplô mé en économie.
Autre avantage, selon lui, la langue. "D'origine maghrébine, et parlant arabe, ça peut être un +petit plus+, même si la langue du business reste l'anglais. Et la discrimination n'existe pas là-bas", imagine-t-il.
Ces jeunes diplô més "sont appréciés car ils apportent de la rigueur, ont une expérience dans un grand groupe en France, et ils ont la culture arabo-musulmane qui facilite l'intégration", assure Zoubeïr Ben Terdeyet, président du "Collectif des dérouilleurs", une association qui vise à favoriser l'insertion professionnelle de jeunes d'origine immigrée.
"A compétences égales, c'est plus judicieux de prendre un Franco-maghrébin qu'un Français ou qu'un Anglais. Parce que ça ne va pas le déranger de pas travailler le vendredi où il peut aller à la mosquée, ça ne le dérange pas qu'il n'y ait pas d'alcool partout, il peut manger halal...", juge-t-il.
D'autres partent aussi "pour pouvoir pratiquer leur religion, pour que leurs femmes puissent porter le voile", explique M. Ben Terdeyet.
"Les jeunes d'origine maghrébine sont attirés par le Golfe, ils pensent retrouver quelque chose de similaire à leurs origines. Ils se trompent totalement", affirme quoi qu'il en soit Anis Ben Yahya, l'un des 3.000 Français expatriés au Qatar.
"Ce n'est pas les mêmes valeurs, pas la même culture, et les gens n'ont pas les mêmes droits qu'en France", poursuit cet ingénieur d'affaires installé au Qatar depuis sept mois.
"Toutes les semaines, on a des gens qui arrivent pour s'installer et qui se cassent les dents", témoigne un autre expatrié régulièrement sollicité par ces nouveaux venus en quête de réseaux.
"Ils attendent des salaires mirobolants et ils déchantent car il y a beaucoup de concurrence", relate ce directeur commercial d'une grande entreprise.
Pour Anis Ben Yahya, "il y a des opportunités" au Qatar "mais il faut être prêt à vivre dans un pays comme celui-ci", prévient-il, soulignant: "ceux qui se sont bien renseignés vont s'intégrer mais d'autres vont se planter".
12/02/2012
Source : AFPF
Le Qatar, nouvel eldorado pour des jeunes Français d'origine maghrébine
Publié dans Médias et migration
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