Claude Guéant aura marqué l’année 2011 d’une pierre noire. Il s’attelle avec un soin méticuleux à un défi que personne encore n’avait envisagé de relever : renvoyer chez eux, manu militari si besoin, les étudiants étrangers fraîchement diplômés et embauchés en France. Ces derniers ont découvert qu’une circulaire datée du 31 mai 2011 allait considérablement leur compliquer l’accès au marché du travail et les forcer à reconsidérer leur projet professionnel. Autre victime de cette circulaire : le monde universitaire qui bataille depuis des années pour attirer les étudiants les plus brillants. Enfin, il faut croire que les concepteurs de cette politique n'avaient pas imaginé que les entreprises pouvaient aussi avoir besoin de ces compétences et de ces qualifications, introuvables sur le marché du travail français.
Aujourd'hui, le gouvernement invoque pour sa décharge les excuses du « malentendu » et de « l'excès de zèle ». A en croire les dires de Guéant, la nouvelle circulaire du 12 janvier devrait apaiser les esprits et rétablir la situation.
Nous, diplômés étrangers et membres du Collectif du 31 mai, savons que, s'il rappelle quelques points législatifs qui ont été occultés par la précédente circulaire, le nouveau texte ne change rien dans la pratique.
Nous patientons toujours pour recevoir une décision qui était habituellement formée et communiquée en quelques semaines. Nous devons, une fois encore, quitter nos emplois, car notre titre de séjour arrive à expiration. Nous sommes toujours sujets à des refus d'autorisations de travail arbitraires fondés sur des motifs injustifiés. Nous nous retrouvons toujours sans papiers alors même que nous venons d'être embauchés.
La législation actuelle prévoit que si un étranger détient un master et une promesse d'embauche, il est autorisé à exercer une activité professionnelle. L'entreprise doit justifier de recherches préalables sur le marché du travail mais sans nécessairement y apposer le cachet de Pôle Emploi. Avec cette nouvelle circulaire, la loi n'est plus respectée.
De concert avec l'ensemble des femmes et hommes politiques, universitaires, chefs d'entreprises et personnalités des arts et de la culture qui nous soutiennent, nous souhaitons que la situation des diplômés étrangers s'améliore.
Nous souhaitons que le traitement des dossiers ne dépasse pas les deux mois et que les demandeurs de changement de statut puissent travailler pendant cette procédure, afin de ne pas pénaliser leurs employeurs.
Les entreprises se détournent déjà des diplômés étrangers et ont instauré, malgré elles, le jeu de la préférence nationale. Avec ce texte, aucun signal positif n'aura été envoyé aux étudiants du monde qui envisagent de poursuivre leurs études en France.
Nous demandons ainsi solennellement au gouvernement, et notamment à ceux de ses membres qui ont pris acte de la situation des diplômés étrangers, de choisir sa voie : faire appliquer la loi, ou la modifier.
27/2/2012, collectif du 31 mai
Source : Libération
Etudiants étrangers : que le gouvernement applique la loi !
Publié dans Médias et migration
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