Envoyer de l'argent à sa famille restée au pays occasionne des frais pouvant aller jusqu'à 20 % de la somme transmise. La France réfléchit aux moyens de les ramener à 5 % du montant envoyé, d'ici à 2014.
Les migrants de France sont les premiers contributeurs au développement de leur pays, devant les aides de l'État. En 2010, les transferts d'argent formels représentaient 2,87 milliards d'euros, selon les
données de la Banque de France.
Les pays du Maghreb arrivent aux premiers rangs des bénéficiaires avec 612 millions pour le Maroc,
devant la Tunisie (140,5 millions) et l'Algérie (119 millions). Les pays d'Afrique subsaharienne
arrivent derrière, avec 115 millions d'euros pour le Sénégal, 99 millions pour la Côte d'Ivoire et 60,5 millions pour le Cameroun. Selon les estimations, environ 80 % des sommes en provenance de France sont dépensés en consommation courante (nourriture, frais de transports, santé, éducation). Les 20 % restants sont investis dans le logement, et dans une moindre mesure dans l'économie locale.
Ces données, toutefois, ne font apparaître qu'une partie des envois. Selon les experts, au moins le double transiterait de façon informelle (sommes en liquide ou transmises par des commerçants ou de la famille).
Car passer par le canal des banques coûte encore beaucoup trop cher. Selon la Banque mondiale, le coût moyen du transfert depuis la France s'élevait en décembre 2011 à 11,63 % de la somme envoyée (1), contre 7,7 % au Royaume-Uni ou 8 % en Italie. « Ces frais représentent un sérieux manque à gagner pour les migrants, c'est autant d'argent qui ne parvient pas aux familles », a souligné la semaine dernière le ministre à la coopération, Henri de Raincourt, à l'occasion d'un colloque consacré à ce sujet. La France et l'ensemble des pays du G20 voudraient ainsi que, d'ici à 2014, ces coûts ne dépassent pas 5 % de l'aide envoyée.
Plusieurs pistes sont envisagées pour réduire les commissions des transferts en liquide. Une étude menée par l'association Épargne sans frontières préconise notamment de libérer la concurrence dans les pays d'origine. « Le marché est trusté par deux ou trois sociétés qui font signer à leur correspondant bancaire sur place des clauses d'exclusivité. Le Maroc et le Sénégal ont déjà réussi à les faire sauter, et sept autres pays pourraient également le faire dans le Maghreb et la zone franc », souligne le directeur de l'organisation, Saïd Bourjij. Il s'agirait également d'encourager la « bi-bancarisation », c'est-à-dire de faire en sorte que les migrants aient un accès aux banques à la fois en France et dans le pays d'origine. Ils pourraient ainsi transférer l'argent de compte à compte à frais réduits. L'espoir repose enfin dans le commerce bancaire par Internet et sur téléphone portable, dont les coûts sont encore inférieurs.
27/2/2012, Jean-Baptiste François
Source : La Croix
Des pistes à l'étude pour diminuer le coût des transferts d'argent des migrants
Publié dans Médias et migration
- Le cinéma et l’histoire des migrations : entretien avec Driss El Yazami
- Inhumation à Casablanca de Azzedine Hedna , « figure marquante de la restauration de Notre-Dame de Paris »
- Rachid Benzine reçoit « Le Grand Prix du Roman Métis 2024 »
- Le regard croisé d'un cinéaste tunisien sur l'immigration et l'émigration
- L’Observatoire du Travail Gouvernemental publie un rapport sur le rôle des MRE