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L’histoire de l'immigration par l'image par Génériques

Pour la première fois en France, 28 travailleurs mauriciens intentent en mars 1975 à Troyes un procès contre l’entrepreneur Celso Silvério pour trafic de main-d’œuvre immigrée. Les faits sont assez courants pour l’époque mais cette affaire a mis en lumière l’organisation de l’immigration clandestine par les employeurs. Tout commence par « le licenciement de travailleurs maghrébins pour fait de grève », comme l’indique un article publié par Libération le 4 mars 1975. L’immigration algérienne étant arrêtée par les autorités françaises, les quatre frères, qui démarrent un nouveau chantier de logements, se tournent vers l’Ile Maurice pour trouver de la main d’oeuvre bon marché.
Les Mauriciens embauchés par l’entreprise, qui ont souvent laissé leur travail dans leur pays d’origine, transitent par Ostende, en Belgique, pour rejoindre la France. Sans contrat de travail, ils ne peuvent pas passer la douane. Silvério prétend alors leur faire passer un « concours professionnel ». Alors que certains ont l’autorisation de passer la frontière, d’autres doivent rester sans activité jusqu’à 80 jours à Osetende. Libération relate le cas dramatique de Jacques Paulin rapatrié sur une civière car l’ « attente l’avait rendu fou ».
Les travailleurs qui sont acheminés jusqu’à Troyes y travaillent au noir, sans papiers, sans sécurité sociale, pour un salaire misérable. Face à cette situation, ils se révoltent et portent plainte contre Silvério, aidés dans leur lutte par des comités de soutien français. Le procès, ouvert le 4 mars, s’achève le 6 mai : les travailleurs mauriciens l’emportent sur le patron négrier. A la mi-juin, 1500 immigrés de l’Aube se rassemblent pour fêter cette victoire inédite. Si le trafic continue depuis l’Ile Maurice, le procès Silverio a eu pour effet de renforcer la lutte des travailleurs mauriciens qui multiplient les pétitions, occupations et actions afin d’exiger leur régularisation. Il a aussi fortement marqué l’opinion française et mauricienne et permis, sous la pression du gouvernement et des élites mauriciennes, la régularisation de tous les Mauriciens sans-papiers rentrés avant la fin 1975.
29/2/2012
Source : Génériques

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