dimanche 24 novembre 2024 05:11

Pays-Bas : le sort du gouvernement entre les mains de l'extrême droite

Le 6 mai 2002, le populiste Pym Fortuyn était assassiné par un Néerlandais écoeuré par ses attaques répétées contre l'islam. Mais sa mort n'a pas empêché que s'installent au soi-disant royaume de la tolérance les idées d'extrême droite et le rejet des musulmans. Presque six ans après sa disparition, le dandy homosexuel a un héritier qui ajoute à sa croisade contre l'islam un combat contre l'Europe et sa monnaie unique. Lundi, Geert Wilders a ainsi présenté une enquête réalisée par un bureau d'étude ouvertement eurosceptique de Londres, Lombard Street Research, sur les avantages et inconvénients de l'euro. "L'euro n'est pas une devise, l'euro coûte de l'argent", a lancé le chef du PVV, le Parti de la liberté.
Selon Wilders, les inconvénients de l'euro, notamment un ralentissement de la croissance et une baisse des dépenses des consommateurs, ont été plus importants que ses avantages : une baisse des coûts liés aux taux de change et une hausse de l'import-export. Il faut donc revenir au florin, conclut Wilders, pour qui la perte de 51 milliards d'euros occasionnée par l'abandon de la monnaie unique serait compensée par l'argent non dépensé pour sauver la Grèce et d'autres pays en difficulté.
"Une chance sur deux"
Le raisonnement est un peu court, mais Wilders veut le soumettre au peuple, par voie de référendum. Pour l'instant, son appel est rejeté par la quasi-totalité de la classe politique néerlandaise. "Son enquête est bâtie sur du sable", conclut l'économiste Ivo Arnold, de la prestigieuse université Erasme de Rotterdam.
Qu'à cela ne tienne ! Le chef de l'extrême droite, repérable à sa crinière peroxydée, a d'autres cartouches pour mener ses combats. Depuis lundi, Wilders, le Premier ministre libéral Mark Rutte ainsi que son partenaire au gouvernement, le parti chrétien-démocrate, sont engagés à huis clos dans d'âpres négociations pour économiser seize milliards d'euros en 2012, afin de redresser les comptes publics et la dette du pays. "Les mesures feront mal", ont prévenu les négociateurs. On parle de réduction des remboursements de soins médicaux, de gel de certaines indemnités sociales et de revenir sur la déductibilité totale des intérêts pour les emprunts immobiliers : un véritable tabou aux Pays-Bas.
Mais Geert Wilders a d'entrée de jeu posé ses conditions : il n'accepte de discuter économies budgétaires qu'en échange d'importantes concessions pour réduire l'immigration et l'asile aux Pays-Bas. Or Mark Rutte, qui dirige un gouvernement minoritaire, a besoin du soutien des vingt-quatre députés du PVV. Wilders le sait et fait monter la pression : "Je donne aux négociations une chance sur deux de réussite." Six ans après la révolution Fortuyn, son héritier s'est si bien installé dans le paysage politique qu'il tient entre ses seules mains la survie du gouvernement.
6/3/2012,  Alain Franco
Source : Le Point

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