Gabriel. Mohamed. Arieh. Abdel. Myriam. Jonathan. Imad.
Voici les noms tragiquement célèbres des victimes de l'Horreur. De la Haine qui a resurgi dans notre pays depuis le 11 mars dernier laissant derrière elle consternation, désolation et doutes.
Depuis plus d'une semaine un ou des suspects sèment la mort choisissant leurs victimes, Nord-Africains, Antillais et Juifs à Montauban et dans la région de Toulouse. Si la piste néo-nazie semble privilégiée, ce n'est pas l'avancement de l’enquête qui me pousse à sortir de mon mutisme et à écrire.
A force de tragédies j'ai fini par me laisser convaincre que l'Histoire finissait inlassablement par se répéter. Hier encore elle a bégayé rejouant une de ses pires partitions. Si la folie d'un tel acte est imprévisible l'on ne peut s’empêcher de lire dans l'actualité des dernières semaines les soubresauts de la haine qui a éclaté sous nos yeux hier dans un collège juif à Toulouse.
Cette haine décomplexée, banalisée n'a pas toujours fait la Une de nos journaux pourtant elle en avait l'empreinte et prenait la forme ici d'un attentat devant une boucherie, là de graffitis de la honte devant des édifices religieux ou encore des tueries des soldats à Montauban dont les origines n'ont été révélées au grand public qu'hier.
Faisant face à un climat délétère entretenu par une période électorale indigne et propice aux petites phrases, aux faux débats tournant inlassablement autour de l'Autre posé comme problème, il est grand temps de sonner le tocsin et de retrouver de la sérénité au sein du débat national, et de se tenir unis et dignes face à l'horreur qui touche nos concitoyens peu importe la confession et l'appartenance.
Face à cette situation tragique chacun des acteurs de notre société doit prendre ses responsabilités. Médias et hommes et femmes politiques doivent assumer leur rôle, les uns celui de couvrir ces événements aussi fidèlement que possible, les autres d’arrêter et de prévenir ce déferlement de la haine.
Le temps ne doit pas être celui des divisions, des récupérations politiques ou des commentaires indignes sur les victimes ou sur les supposés suspects. La concurrence morbide que l'on voit apparaître ici et là est indigne tout comme le traitement différencié des victimes l'est.
Montauban et Toulouse doivent nous rappeler que la Haine ne connaît pas de divisions et qu'elle est là, tapie, prête à resurgir et c'est unis que nous devons la combattre.
J'observerai dès aujourd'hui une minute de silence avec mes lycéens pour qu'eux ne soient pas amnésiques et n'oublient pas que la Haine tue. Encore.
20/3/2012, Samia Hathroubi,
Source : Respect magazine