Pour le Père Jean-Jacques Rouchi, spécialiste de l'islam, "s'il existe des extrémistes, ce sont quelques enfants perdus en rien représentatifs des musulmans de Toulouse."
Le Père Jean-Jacques Rouchi, chargé d’enseignement à l’Institut Catholique de Toulouse, spécialiste de l’islam et du dialogue interreligieux, délégué diocésain aux relations avec l’islam, évoque les différents courants de l’Islam à Toulouse.
Comment qualifieriez-vous l’islam pratiqué à Toulouse ?
- C’est un islam modéré. On peut distinguer deux populations. De nombreux étudiants, souvent d’origine marocaine et des personnes issues de l’immigration des trente glorieuses, donc de troisième ou de quatrième génération, d’origine algérienne. Ils sont pour la plupart sunnites. Ce sont des gens que je qualifie de spirituels, pas de politiques. Après on retrouve tous les clivages présents dans l’Islam de France : certains sont proches de l’Union des Organisations Islamiques de France, d’autre de la Fédération Nationale des Musulmans de France. En tout cas, s’il existe des extrémistes, se sont quelques enfants perdus en rien représentatifs des musulmans de Toulouse.
Il ne faut surtout pas éluder le facteur social dans ces cas de radicalisation. Ils viennent souvent de quartiers défavorisés dans lesquels on n’a jamais pris à bras le corps les problèmes de logements et plus simplement le vivre ensemble.
Existe-t-il de nombreux échanges interreligieux ?
- Nous avons des contacts avec certaines associations comme les Scoutes Musulmans. Sur le terrain, le Groupe interreligieux d’Empalot travaille au vivre ensemble dans ce quartier. Mais il y a globalement une bonne entente. La plupart des responsables musulmans ont adressés immédiatement leurs condoléances à la communauté juive. Il n’existe aucune tension particulière à Toulouse.
Comment voyez-vous évoluer l’islam à Toulouse, ces dernières années ?
- C’est vrai qu’on note un léger durcissement identitaire. On a parfois des difficultés à rencontrer les simples croyants qui n’assument aucune responsabilité dans la communauté. On sent moins le désir de relations avec les autres communautés. Pour moi, c’est une réaction qui s’explique par la diabolisation dont ils ont été victimes depuis quelques années. Il y a une sorte de repliement identitaire, mais qui n’est pas propre à la communauté musulmane.
Quelles conséquences au sein de la communauté musulmane, pourraient avoir ce drame ?
- Depuis cet événement, il y a beaucoup de contacts au niveau des responsables des différentes communautés religieuses. On tente d’atténuer les conséquences négatives et les risques de tensions.
21/3/2012, Mathieu Molard
Source : Le Nouvel Observateur
"L'islam à Toulouse est plus spirituel que politique"
Publié dans Médias et migration
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