dimanche 24 novembre 2024 03:31

Typologie des Marocains du monde

Des premiers immigrés embarqués pour la métropole du fin fond des campagnes du Maroc aux nouvelles générations de Marocains de l’étranger qui se revendiquent citoyens du monde
Des premiers immigrés embarqués pour la métropole du fin fond des campagnes du Maroc aux nouvelles générations de Marocains de l’étranger qui se revendiquent citoyens du monde, les choses ont bien changé. Il est difficile d’analyser la diaspora marocaine dans sa grande diversité, surtout à une époque où des sujets comme ceux de l’émigration, de l’exil, du statut de l’étranger, de l’identité s’invitent avec insistance autant dans l’actualité que dans la recherche académique.
S’il est intéressant de parler encore aujourd’hui du livre de Zakya Daoud, «La diaspora marocaine en Europe», paru en 2011 et qui a obtenu le prix du Grand Atlas en octobre dernier, c’est parce qu’il colle à l’actualité et que l’auteure anime une série de conférences pour le présenter. La dernière en date a eu lieu à Marrakech, le 15 mars dernier.
Ce livre ne se lit pas comme les romans historiques de l’auteure («Zaynab, reine de Marrakech», 2004, ou «les petits enfants de Zaynab», 2008) ou les épopées historiques qui nous ont passionnés («Abdelkrim», ou encore «Gibraltar»). Il exploite une enquête réalisée par un institut de sondage, mais aussi des entretiens menés par l’auteure elle-même pour dresser un bref historique de l’émigration marocaine depuis le début du XXe siècle. Il essaie aussi d’établir une typologie en fonction de plusieurs critères : la génération, l’immigration («légale», choisie ou clandestine), les liens avec la société d’origine (culturels, financiers, affectifs et identitaires), la plus ou moins grande intégration dans la société d’accueil et la naturalisation, l’émigration masculine et féminine, etc.
Le texte n’a cependant pas la prétention d’être une étude théorique sérieuse du phénomène. Il expose et décrit plus qu’il n’interprète et systématise. Il constitue une bonne entrée en matière pour explorer cette population mouvante de quelque 5 millions de Marocains qui ont essaimé un peu partout dans le monde depuis près d’un siècle. C’est un monde nouveau, éminemment complexe et qui amène autant les pays d’origine que ceux d’accueil, à se poser beaucoup de questions sur leur devenir, eux-mêmes et celui de leurs enfants, qu’ils soient naturels ou d’adoption.
TÉMOIGNAGE
“L’œil du tourbillon”
«On ne trouvera pas dans ce livre un récit suivant la chronologie d’usage, ni l’ordonnancement réglé des espaces qui découpe la terre en nations, en pays, en blocs.
Au contraire, les siècles semblent s’étirer, se chevaucher dans un présent sans fin, les espaces se déploient, se compénètrent, se déterritorialisent, leurs marches fluctuent ; tout y peut devenir marche, toute marche y peut devenir un royaume : pas de centre, ou alors, pour le dire à la manière du philosophe, un centre partout et une circonférence nulle part.»
Jean-Jacques Gonzales, 2001, à propos de «Gibraltar»
Biographie
Zakya Daoud, ce nom que Jacqueline Loghlam avait pris pour signer ses articles à la fin des années 50, elle allait ensuite le garder comme nom d’auteur. La journaliste et écrivaine s’est fait connaître dès les années 60 avec la revue Lamalif, dont elle était la rédactrice en chef. Après l’interdiction de la revue emblématique à la fin des années 80, Jacqueline Loghlam collabore à plusieurs publications et se consacre à sa carrière d’écrivaine. Depuis le début des années 90, elle a publié une vingtaine d’ouvrages qui manifestent l’intérêt qu’elle porte à l’histoire du Maghreb, aux mouvements d’indépendance, aux questions de l’immigration, des femmes. L’ouvrage dont il est question ici est le quatrième de l’auteure à traiter de l’immigration et de la question de la diaspora, après «Marocains des deux rives» (1997), «De l’immigration à la citoyenneté» (2003) et «Marocains de l’autre rive» (2004).
23 Mars 2012,  Hicham Abanouas
Source : LE MATIN

Google+ Google+