L'exclusion des Français d'origine non européenne des responsabilités publiques constitue l'une des ségrégations les plus importantes à l'œuvre dans la société française. Parce que d'origine maghrébine, arabe, turque, africaine ou asiatique, les représentations sociales et politiques en font des étrangers. Leur condition politique ainsi infériorisée, par rapport aux autres Français, le champ politique et l'espace public en général leur sont bien moins ouverts.
Ces populations ne sont pas inactives. Comme elles l'ont fait par le passé contre le colonialisme, elles luttent pour leur émancipation, en mettant en avant la liberté et l'égalité, principes tant célébrés, à toutes les époques par les représentants de la République française, mais si peu appliqués à ces Français. Ceux-ci ont, aujourd'hui, obtenu une certaine reconnaissance qui, en raison des limites de leurs stratégies successives, demeure toutefois formelle.
Traiter de la condition de ces Français revient à s'interroger sur leur place au sein de la collectivité politiquement constituée.
Le propos de l'ouvrage s'appuie sur une hypothèse corroborée par des faits historiques et mise en œuvre, dans le champ politique, par ses acteurs dominants, les institutions et le droit : la mal-représentation est le résultat d'un processus fondé sur des représentations dévalorisantes dont le socle est idéologique. La condition politique de ces Français est ainsi déterminée en grande partie par ce caractère impensé, l'européocentrisme, qui est à l'œuvre dans leur différenciation du reste du corps social…Suite