jeudi 4 juillet 2024 10:21

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Le mauvais conte de Marine Le Pen sur l'immigration en France

INTOX. C’est un cliché qui a la vie aussi dure que l’obsession migratoire du Front national. La France serait un pays ouvert aux quatre vents de l’immigration. Sur BFM TV, le 19 mars, Marine Le Pen a même fait de l’Hexagone le champion européen en la matière : «La France est le pays qui accueille le plus d’immigration de toute l’Europe.» Un propos qui, dans le climat de la campagne, trouve un écho dans le staff de Nicolas Sarkozy. Son conseiller, Patrick Buisson, évoquait récemment dans Le Monde le «déferlement migratoire» dont la France subirai. Hier, à Nantes, Nicolas Sarkozy lui-même parlait de «vague migratoire incontrôlée».
DESINTOX. Il est complexe d’opérer des comparaisons internationales en matière de flux d’immigration, étant donné la diversité des modes de décompte selon les pays. Mais les statistiques existantes infirment totalement l’assertion de la patronne du Front national. L’OCDE publie chaque année des données en se basant sur l’immigration permanente, excluant notamment les étudiants qui n’ont pas vocation à demeurer dans le pays d’accueil. Les dernières statistiques standardisées disponibles, celles de 2009 (les chiffres de 2010 ne seront connus qu’en juin prochain), montrent que le nombre d’immigrés entrés en France (178 700) est inférieur à celui de l’Italie (369 000), de l’Allemagne (197500), du Royaume-Uni (397 900) ou de l’Espagne (334000). Le propos de Marine Le Pen perd encore en pertinence si l’on se fie au nombre d’immigrés accueillis dans chaque pays comparativement à sa population. Le chiffre des entrées légales «permanentes» en France s’élevait en 2009 à moins de 0,3% de la population totale, loin de la moyenne de l’OCDE (0,6%) et de nombreux pays d’Europe. Ainsi, les flux migratoires en Finlande et en Belgique représentaient en 2009 0,35% de leur population respective. Aux Pays-Bas et au Portugal, ce pourcentage s’élève à 0,55%. Il est supérieur à 0,6% pour l’Italie et le Royaume-Uni. Enfin, le Danemark, l’Espagne et la Suède oscillent entre 0,7% et 0,8%. Un regard sur le stock d’immigrés résidant en France achève d’invalider la thèse frontiste. En 2009, on comptait environ 5,3 millions d’immigrés (personnes nées étrangères à l’étranger), soit 8,5% de la population. Cette proportion est inférieure à celle de nombreux pays européens dont les Pays-Bas (11,2%), le Royaume-Uni (11,5%), l’Allemagne (13%), l’Espagne (14,4%) la Suède (14,7%) ou encore l’Autriche (15,6%).
28/3/2012, Cédric Mathlot
Source : Libération

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