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Viser les Egyptiens de l’étranger

Le lancement de certificats égyptiens en dollars, dans les pays du Golfe et au-delà, pourrait présenter une source alternative réussie pour le gouvernement pour se procurer des devises.
Le gouvernement égyptien a lancé en mars des certificats de dépôts en dollars pour les Egyptiens résidant à l’étranger. L’Arabie saoudite a été choisie pour en être le premier destinataire. Ils seront lancés par la Banque arabe nationale en coopération avec la banque égyptienne Al-Ahly. Prochainement d’autres pays du Golfe suivront. Selon les ambassades égyptiennes dans différents pays comme les Emirats arabes unis, le Koweït et le Qatar qui devront suivre l’Arabie saoudite, les Egyptiens résidant dans ces pays se sont déjà montrés intéressés par ces certificats en dollars.
Le lancement se fera via les deux banques égyptiennes Al-Ahly et Misr ayant des succursales dans des pays étrangers. L’objectif essentiel est d’apporter des billets verts au trésor de l’Etat. Et ce, après l’érosion des réserves de change depuis février 2011, tombées de 36 milliards de dollars à moins de 15,7 milliards de dollars.
L’idée est donc de permettre aux Egyptiens résidant à l’étranger, et à eux seuls, d’acheter des certificats de dépôts. Ces certificats en dollars sont garantis par le gouvernement égyptien et lancés sous différentes catégories, variant entre 1 000 et 5 000 dollars. Le ministre égyptien des Finances, Momtaz Al-Saïd, a révélé que le gouvernement va octroyer un taux d’intérêt annuel fixe de 4 % sur ces certificats qui seront remboursables sur 3 ans. « Les investisseurs pourront revendre ces certificats au gouvernement, 6 mois après la date de leur lancement. En fait, les certificats seront renouvelés de manière automatique, au cas où la banque émettrice n’aurait pas annoncé d’autres instructions. De plus, le taux d’intérêt est payable tous les 6 mois », a-t-il souligné.
Ces certificats offrent au gouvernement une source alternative d’endettement à une période où les systèmes d’endettement traditionnels sont inefficaces. Ismaïl Hassan, ex-gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), note bien que le gouvernement a dû recourir au lancement des certificats en raison des difficultés à s’endetter auprès des institutions internationales ou du marché local. L’émission d’obligations en livres égyptiennes sur le marché international n’est plus efficace après les réductions successives de la note de la dette égyptienne par les agences de notation internationales.
Moataz Al-Rafeï, président exécutif de la banque Al-Ahly au Qatar, affirme que la campagne déclenchée pour la promotion de ces certificats a porté beaucoup de fruits. « Selon les estimations de l’ambassade d’Egypte au Qatar, les recettes estimées de la vente de ces certificats au Qatar peuvent être de plus de 100 millions de dollars », note-t-il, en soulignant que la campagne médiatique dans le Golfe a été une réussite. Il pense qu’il faut donner la même importance à la campagne médiatique en Europe et aux Etats-Unis, « car le taux d’intérêt très élevé accordé à ces certificats en dollars, par rapport aux taux très minimes en Europe et aux Etats-Unis, attirera sans doute l’appétit des Egyptiens résidant à l’étranger ». Al-Rafeï ajoute que ces Egyptiens résidant à l’étranger ont déjà l’habitude de déposer une partie importante de leur argent auprès des banques égyptiennes.
Cette approche est bonne
Pour sa part, Mohamad Abbass Fayed, vice-président de la banque Misr, la deuxième banque émettrice de certificats en dollars, a souligné que dans certains pays du Golfe, les certificats seront également vendus via les banques du Golfe ayant conclu des accords de coopération avec ces deux banques émettrices pour présenter ce service. Fayed pense que cette approche est bonne vu la hausse des transferts des Egyptiens à l’étranger. Selon le rapport de la BCE, le volume des transferts ont enregistré durant l’année 2011 son plus haut niveau, marquant 13,5 milliards de dollars. « La majorité des 10 millions d’Egyptiens travaillant à l’étranger se concentrent dans les pays du Golfe. Le lancement des certificats dans ces pays sera donc une priorité absolue », a-t-il noté. Il a ajouté que la seconde priorité pour les deux banques émettrices sera de conclure des accords avec des banques européennes et américaines à l’étranger afin de pouvoir émettre, à travers leurs succursales, les certificats égyptiens en dollars.
Selon Chérif Olwi, vice-directeur général auprès de la banque Al-Ahly, le gouvernement estime attirer au total 5 milliards de dollars comme recette du lancement de ces certificats. Le gouvernement espère engranger une somme de 3 milliards de dollars lors d’une première tranche, les 3 prochains mois. Quant à la deuxième tranche du lancement, qui se fera en coopération avec des banques du Golfe ainsi que celles européennes, elle doit rapporter deux autres milliards de dollars.
Cet intérêt prêté à ces certificats n’est étrange. Avec un taux d’intérêt de 4 % sur le dollar, ils sont parmi les plus chers pour le gouvernement, mais très attirants pour les investisseurs. Ahmad Sélim, responsable auprès de la banque Arab African International Bank, justifie cette hausse par les taux d’intérêt offerts par le gouvernement égyptien, malgré les moyennes internationales de moins de 1 % des taux d’intérêt sur le dollar, par l’existence des taux presque similaires dans les pays du Golfe où ils tournent autour de 3,5 et 3,75 %. « Ce qui a mené le gouvernement égyptien à élever le taux des certificats égyptiens lancés afin de pouvoir attirer les Egyptiens là-bas », remarque-t-il, en notant que les certificats égyptiens en dollars qui sont garantis par le gouvernement accordent un avantage incomparable par rapport à ceux lancés par des banques du Golfe.
Le gouvernement compte beaucoup sur la réussite de cette idée qui fait partie de son programme de réforme économique également présenté au Fonds Monétaire International (FMI), afin d’en obtenir un financement de 3,2 milliards de dollars. Dans le programme du gouvernement, le lancement des certificats en dollars fait partie d’une liste de procédures visant à atténuer les pressions de financement du déficit budgétaire. Les autres mesures proposées sont la vente de 40 000 à 50 000 terrains également aux expatriés, dans l’espoir de collecter entre 14 et 15 milliards de dollars. Enfin, il y a le lancement des licences 4G de portable et d’Internet. Le gouvernement vise par l’ensemble de ces mesures les expatriés dont le nombre est estimé entre 7 et 10 millions. Seuls 1,5 million sont enregistrés auprès des consulats égyptiens.
10/4/2012, Dahlia Réda
Source : Al Ahram hebdo

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